Chapitre 28 🌊
« Ce midi c'est spaghetti bolognaise...
Youpi. »
🌊 Iliana 🌊
⏳ Une semaine plus tard⏳
Et avec Evan, ça se passe bien ? Demande-t-il en buvant une gorgée de ma canette d'ice tea.
- Très. Vraiment, c'est une bonne période.
- Tant mieux alors.
Il pose sa main sur la mienne, déposée sur le haut de ma cuisse. D'un geste doux, il la carresse avec son pouce.
- Austin m'a appris la nouvelle. C'est pour ça que tu es bizarre depuis un moment ?
Je relève les yeux vers son visage, en souriant délicatement.
- Je ne suis pas bizarre du tout, je suis parfaitement normale, comme d'habitude.
- Même sans vraiment te connaître, je vois que quelque chose a changé. Alors imagine tes amis, et ton frère.
- Je n'ai absolument rien de différent. Je suis toujours la même, répliqué-je sur la défensive en buvant une autre gorgée.
- Tu le dirais, si ça n'allait pas ? Pas forcément à moi vu qu'on se connaît pas vraiment, mais aux autres ?
- Non, bien sûr que non.
Bon, j'avoue, ma réponse ressemblait plus à ça :
- Oui, évidemment.
- Si tu le dis.
- Et puis, on commence à se connaître tous les deux quand même ! Arrête de faire comme si on était des inconnus !
- Ce n'est pas faux.
- Bien sûr, j'ai toujours raison, sourié-je en croisant les jambes.
- Tu n'as pas répondu. À ma première question.
- Laquelle ?
- Ce que vous ont annoncé vos parents.
- Oh, je suis contente pour eux. Vraiment Aiden. Conclus-je.
Il hoche la tête en reportant son attention sur la musique qui défile.
Oui, après tout, je n'avais aucune raison d'être triste, ou en colère.
J'étais sincèrement heureuse pour eux. Pour nous.
Après tout, ce n'était qu'un mariage...
🌊🌊🌊
Les cicatrices disparaissent. Elles finissent toujours par le faire. Je tourne et retourne mes mains, à la recherche de fines lignes blanchies. Mais rien. Seulement deux coups successifs sur le bord de mon index, c'est tout ce qui reste. Ces nouvelles cicatrices font partie de moi.
Elles symbolisent des blessures guéries. Elles représentent une histoire, qui attend d'être racontée. Elles signifient : j'ai réussi. J'ai survécu. Je suis plus forte que ces petites traces de douleur dans importance. J'ai survécu.
Terminé les sweats à manches longues qui devaient impérativement descendre sur mes mains. J'ai relevé mes cheveux, et j'ai mis un blaser. J'étais bien décidée à lui montrer qu'elle ne m'atteignait pas du tout.
MAINTENANT que, la « crise » était passée, et qu'elle allait payer. Je n'allais certainement pas m'effacer derrière cette pute mal baisée en manque d'amour et remplie de jalousie. Faut pas déconner non plus.
- Austin ! Mais putain mais qu'est-ce que tu fiches encore ! Crié-je vers l'escalier.
- Je suis là.
Je sursaute, un bon d'au moins un mètre, je vous jure. Il était juste derrière moi ce con.
- Tu m'as fait peur ! Espèce de malade j'aurais pu avoir une attaque !
- Merde, raté. Jure-t-il en prenant un biscuit dans la boîte.
Je le fusille du regard. Il fait chier !
- Y'a Mahé qui demande comment t'es habillée sur le groupe.
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle veut s'accorder avec toi.
- Pff. Elle n'a pas de personnalité cette enfant.
- En réalité elle veut juste savoir si t'as mis le haut Levis rouge. Et des lunettes de soleil. Mais je suis ravi d'apprendre que t'as autant de sympathie pour ton amie. Rit-il.
- Heu, c'est quoi ces jugements de bon matin là ?
- Non mais j'ai compris hein, vaut mieux être ton frère que ton ami !
- Toi tu m'as été imposé c'est différent ! Crié-je.
- Bon, arrête de râler et pour une fois fait une belle tête que je lui envoie la photo.
J'attrape les lunettes de soleil de Célia, trop grosse pour elle et pour moi, juste pour la photo. Je pose en affichant une mine réjouie et les doigts en V.
- Mais quelle belle gosse, soupire Austin.
- T'es en train de te moquer là ?
- Ouais, ces lunettes sont vraiment horribles. Je ne sais pas qui a acheté ça, mais elles sont ridicules.
- Tu ne comprends rien à la mode, soupiré-je à mon tour ironiquement.
Je range soigneusement la paire de ma sœur pour prendre les miennes.
- On dirait que j'ai les cheveux de deux couleurs sur ta photo. Elle est trop mal prise.
- Bon, ce n'est pas que tu me fais déjà chier, mais si en réalité.
Ma vengeance a été très simple. Terminer son chocolat chaud d'une gorgée...
🌊🌊🌊
Midi. L'heure de ma vengeance avait sonné. Je ne mange jamais dans le réfectoire, et sûrement pas le lundi parce que je n'ai pas cours avant. Mais aujourd'hui, c'est l'exception. Oui. Ce midi c'est spaghetti bolognaise...
Youpi.
J'augmente le volume de mes écouteurs, afin d'entendre ma musique, et uniquement ma musique. Break the Rules, Charli XCX. (En média)
Voilà de quoi me motiver jusqu'au bout. J'entre d'un pas décidé dans le réfectoire, et repère rapidement ma cible. Je me fiche pas mal de ce qui va m'arriver après, parce que je sais pertinemment que la direction va me le faire payer. Mais honnêtement, je n'en ai rien à faire.
Je roule des hanches aux milieux des allées, pour remonter jusqu'à sa table. Où tous mes amis sont assis également, parfait. Je n'entends ni le brouhaha, ni leurs questions sur ma subite venue.
Mahé me regarde étrangement, je crois qu'Austin me parle, et Courtney, hausse les sourcils.
Ses lèvres dessinent un « tu veux quoi ? » des plus arrogants, vu l'expression de son visage. Je me contente de lui sourire, d'une manière tout aussi provocante.
Mes mains se sont posées calmement sur la table, devant son assiette remplie de spaghettis gluants, pleins de sauce tomate, qui tache à la perfection.
Je referme mes doigts sur le bord de l'assiette, et sous les regards étonnés de tout le monde, dont celui de ma victime, je soulève l'assiette à toute vitesse. Je lui écrase sur le visage en un mouvement, colorant ainsi l'ensemble de son visage, son chemisier blanc et toutes ses jolies petites mèches blondes.
Malgré le volume, j'entends son cri d'horreur alors qu'elle se lève précipitamment pour essuyer ses joues à l'aide de ses mains.
Je retire un écouteur, et la regarde, totalement conquise. L'ensemble du groupe est dans un état second, choqué. Et la salle est silencieuse. Excepté les plaintes successives de Courtney qui s'essuie avec tout ce qu'elle trouve.
- Mais t'es complètement tarée ma pauvre ! Hurle Montgomery en essuyant le visage de son amie, en pleurs avec une serviette.
- Oh, toi aussi t'en as un peu sur le bout du menton, répliqué-je.
Pendant que cette idiote cherche la sauce, imaginaire, je saisis la cruche d'eau et lui verse sur la tête. L'acolyte se met donc à crier elle aussi, beaucoup plus aigüe d'ailleurs que Courtney.
- Putain, mais ça va pas ! Commence un de mes amis en se levant.
- Iliana mais qu'est-ce qui se passe dans ta tête ! Crie Liam en tendant le paquet de serviette à mes deux cibles adorées.
- T'es complètement tarée ma parole mais qu'est-ce qui va pas chez toi !
- Toi... je te jure que tu vas le regretter... Commence Montgomery.
Courtney sanglote en se cachant entre ses doigts. Ouais, c'est ça cache-toi mocheté.
Je claque ma main avec force à plat sur la table, et la regarde avec un air menaçant lorsque daigne enfin me regarder.
- Alors écoute-moi attentivement maintenant, commencé-je. Tu veux jouer selon tes règles, très bien. Mais sache que je peux jouer moi aussi ! Je veux que tu gardes cette honte Courtney. Et que tu la ressentes à chaque fois que tu me vois maintenant. Que tu te demandes qu'elle sera ma prochaine vengeance à chaque fois que tu oseras m'attaquer c'est clair ?
Elle se remet à pleurer, plus bruyamment cette fois. Je replace mon écouteur, et m'enfuis l'air de rien, sourire aux lèvres.
Un surveillant vient m'attraper par le bras et m'entraîner vers le bureau de la CPE. Mais peu importe. Je suis maintenant vengée...
🌊🌊🌊
Un jour d'exclusion. C'est le prix à payer pour ma vengeance. Il est salé, mais il vaut le coup.
J'ai joué la sécurité. Le cliché du cliché. Mais j'assume totalement. Ça manque cruellement d'imagination. C'est misérable par rapport à ce qu'elle m'a fait.
Mais tout est parfaitement calculé.
Vous ne croyiez quand même pas que ma vengeance allait s'arrêter là ? Si c'est le cas, vous me connaissez mal et vous n'avez rien compris au personnage.
Je vous l'ai déjà dit, je mens comme je respire, et je manipule les autres avec une facilité déconcertante.
Un petit peu de sauce tomate alors qu'elles ont failli me couper un doigt ? La bonne blague.
J'ai décidé que tout allait s'arrêter, aujourd'hui. Je dois parler. J'y ai longuement réfléchi, et je vais tout raconter. Peu importe ce qu'elles me feront ensuite, je refuse d'être humiliée comme ça, à nouveau. Je vais parler, mais j'ai besoin de preuves. Je veux faire ça sans mêler mes amis, sans qu'ils soient au courant.
Et je compte bien y arriver.
Les provoquer en public, était la meilleure chose à faire pour obtenir une réponse immédiate de leur part. Même si ça allait très certainement dégénérer, comme toujours vu qu'elles sont deux contre moi, je m'en fiche.
Parce que tout s'arrête aujourd'hui.
C'est horrible à dire, mais je sais pertinemment que ça va mal finir. Après tout, elles me font des choses horribles lorsque je n'ai rien fait, imaginez quand je les ai provoquées. Elles seraient capables de me tuer. Je n'espère pas...
Mais je suis prête. Venez, venez. Je vous attends avec impatience.
🌊🌊🌊
Je me lave les mains avec attention. Des pas emplissent le silence, et je ne prends même pas la peine de me retourner. Je sais qui c'est.
Je me contente de serrer les dents et les mains sur le rebord du lavabo.
- Qu'est-ce qui t'a prie de faire une chose aussi stupide, crache Courtney.
Je la regarde dans les yeux. Qu'est-ce que je suis en train de faire bordel.
- Tu es devenue complètement folle, comme ta mère apparemment. Ajoute l'autre.
C'est de la provocation Iliana. Rien que de la provocation. Calme-toi.
- Quand est-ce que tu vas comprendre que tu ne fais pas ce que tu veux ! Crie Courtney en s'approchant.
- Quand est-ce que tu vas comprendre que ton avis et tes ordres ne représentent rien pour moi ?
Elle me plaqua contre le mur, faisant résonner un bruit ignoble.
- Je n'ai pas besoin d'un garçon ou d'une paire de ciseaux pour te faire du mal. Tu le sais ça ?
- J'ai cru comprendre, répliqué-je agacée.
- C'est tellement pathétique ce rôle que tu joues. Cette image de toi que tu veux envoyer aux autres. Une fille décidée et motivée, désintéressée et prête à tout. Ce n'est qu'une simple façade tout ça. Tu n'es rien en réalité, et tu le sais bien. Alors tu t'inventes une vie pour te faire remarquer. C'est ridicule ma chérie.
- Arrête de m'appeler comme ça. Grogné-je en saisissant son poignet.
- Tu n'es pas obligée de faire semblant avec moi tu sais ?
- Tu crois que je joue là ? Je peux très bien être méchante aussi, tout comme tu l'es. Je peux être une vraie garce et remettre les filles comme toi à leur juste place.
- Oh... mais que va donc penser ta petite maman de la pute qu'est devenue sa fille ?
- Tu joues sur les passés des autres, tu ouvres les plaies déjà cicatrisées pour faire encore plus mal Courtney. Mais c'est un petit niveau que tu me présentes là. Tu commences déjà à t'essouffler.
- Ah oui ? Ce n'est pas ce que tu pensais il me semble la semaine dernière, quand en un seul mouvement je pouvais décider de l'avenir de ta main.
- Oh... mais que penserait donc ta maman de la salope qu'est en réalité sa fille parfaite ? Réutilisé-je ses mots.
- On ne joue pas dans la même catégorie Iliana chérie. Tu m'as aspergée de sauce tomate. C'était la vengeance la plus ridicule de l'histoire.
- Je t'ai aspergée de sauce tomate devant le lycée tout entier. Qui t'as vu chialer comme un petit bébé parce que tu avais tâché ton joli petit haut brodé.
Elle serra la mâchoire, avant de passer le bout de sa langue sur ses lèvres.
- Tu n'es rien. Et tu ne me fais pas peur. N'oublie pas qui tient qui à cet instant.
- C'est seulement parce que vous êtes deux. Seule tu ne sers à rien Courtney.
- Ah oui ? Et bien l'union fait la force comme on dit, réplique-t-elle en laissant Montgomery s'approcher de moi.
J'ai l'impression d'être une proie. Une vulgaire proie qui a le droit d'être approchée par d'autres que par la reine des salopes.
- Ne lui fait pas trop mal, je ne voudrais pas qu'Evan soit dégoûté de sa gueule d'ange tout de suite. Lâche Courtney en s'écartant.
Montgomery me regarde dans les yeux. Elle bat des cils avec audace.
- Tu es tellement idiote que tu vas te laisser approcher simplement, réplique-t-elle.
- Tes mots ne me font rien. Tu crois vraiment que tu me fais peur ? Tu n'es qu'une simple suiveuse Montgomery. Une pièce rapportée qui réalise bêtement les ordres de sa chef. C'est toi qui me dégoûte le plus.
- Ah ouais ? Tu sais ce qu'elle te dit la suiveuse ?
Son coup fût tout aussi brutal qu'inattendu. Je n'aurais pas imaginé une seule seconde qu'elle me ferait du mal, elle. Comment pouvait-elle cacher tant de force dans un si petit corps ? Elles m'avaient eue de nouveau. Mais cette fois, c'était à moi de les prendre dans mon piège. Même au sol, et rongée par la douleur, aucune larme n'a dévalé mes joues. L'adrénaline qui parcourait mes veines à cet instant me semblait être le meilleur antidouleur de l'univers.
🌊🌊🌊
- C'est profond, comme as-tu pu te faire ça ? Demande l'infirmière en levant mon menton à l'aide de ses doigts pour mien observer ma plaie.
- Je me suis pris le lavabo, répliqué-je à voix basse.
- Toute seule ? Demande-t-elle en haussant les sourcils.
- Non, on m'a poussée. Avoué-je, enfin.
Elle hoche la tête, avant de farfouiller dans ses affaires.
- Tu as des noms à donner ?
Je secoue la tête, refusant d'en parler à quelqu'un d'autre que la CPE. La deuxième CPE évidemment.
- Et toi, tu as vu quelque chose ?
- Non, elle était par terre quand je suis arrivée. En train de nettoyer les gouttes de sang sur le sol.
Lindsay croise les jambes en posant son menton sur sa main. Elle me regarde avec le même air perplexe qu'il y a 20 minutes.
Pourquoi il a fallu que tu ais terminé de manger avant tout le monde Lindsay ? Pourquoi il a fallu que tu ailles dans ces toilettes là plutôt que ceux d'en face ? Pourquoi ?
- Je... je dois aller voir Mme Thomson. Bégayé-je.
Je pose mes pieds sur le sol, en me lavant de la petite table d'osculation de l'infirmerie.
- Certainement pas, je ne peux pas te laisser partir avec une plaie aussi à vif. Reste assise jeune fille.
Je soupire, en remontant à ma place initiale.
- De toute manière, Mme Thomson n'est pas là aujourd'hui.
- Quoi ?
Ma voix n'était qu'un simple murmure. Non, c'était impossible. Je ne pouvais pas avoir fait ça... pour rien ?
- J'irai la voir demain dans ce cas.
- Je ne peux pas te laisser repartir du lycée tant que tu n'as pas vue une CPE. Il s'agit d'un rapport d'accident là.
- Pas du tout. Rien de grave ne s'est produit. Je vais assister aux cours comme si de rien n'était, ne vous inquiétez pas, affirmé-je.
- Ce n'est absolument pas une question Iliana. Tu as une plaie sévère au visage qui a été provoquée par un autre élève. La question ne se pose même pas tu ne resteras pas en cours le reste de la journée. C'est grave jeune fille ce qui t'arrive là. Je suis en train de me demander si je ne ferais pas mieux d'appeler les pompiers alors te laisser repartir en classe est impensable.
Je crois que je dois pâlir d'un seul coup. Parce que mes joues se vident de toute chaleur à cet instant.
- Non, pas l'hôpital, s'il vous plaît, murmuré-je.
Elle plisse les yeux en me regardant. Elle semble réfléchir avant d'annoncer.
- On va appeler ton père pour qu'il vienne te chercher.
J'ouvre la bouche pour répondre, puis renonce. C'est la meilleure solution.
- Et tu vas aller voir la CPE tout de suite.
Je passe mes mains sur mon visage. La mère de Montgomery. C'était la pire situation imaginable. J'avais tout parfaitement calculé, à part le geste violent du petit clone qui m'a tapé la tête contre le rebord. J'avais tout prévu, sauf la CPE.
- Laisse-moi regarder un peu, m'interrompt de nouveau l'adulte en face de moi.
La pire chose à cet instant, n'était pas la douleur lancinante qui me vrillait le crâne. C'était très certainement la manière dont Lindsay me fixait.
Je n'ai pas grimacé une seule fois pendant qu'elle désinfectait. Je n'ai pas pleuré une seule larme pendant qu'elle collait les strips tout comme je n'ai pas froncé les sourcils un seul instant lorsqu'elle m'a posée un pansement.
Je n'ai montré ma douleur à aucun moment.
Seulement parce que je refusais d'inquiéter mon amie.
🌊🌊🌊
- Tu as des noms à me donner Iliana ?
Je regarde l'air sec et froid de la CPE. Cette femme ignoble qui a enfanté une fille encore pire qu'elle.
- Montgomery et Courtney. Lâché-je quand même.
Peu importe la personne qui se tenait devant moi, je me suis sentie instantanément soulagée. Même si elle allait probablement garder le nom de sa fille sous silence, Courtney au moins, payera. Et cette perspective m'a fait sourire.
- Ma fille ne ferait jamais cela, déclare-t-elle d'une voix, étrange.
- Pourtant elle l'a fait. Elle m'a attrapé les cheveux, et m'a cognée la tête contre le lavabo. Et ça, ce n'est qu'un simple exemple parmi tant d'autres.
Mes cicatrices aux doigts me brûlèrent. Mon bleu sur la côte gauche devint lourd et difficile à porter. Chacun des ses mots résonnèrent en boucle.
- Mais as-tu vraiment des preuves de ce que tu avances Iliana ?
J'hoche la tête, pas vraiment fière du moyen que j'avais utilisé pour les piéger.
« Qu'est-ce qui t'a prie de faire une chose aussi stupide ».
« Tu es devenue complètement folle, comme ta mère apparemment ».
Les yeux de la femme en face de moi se perdirent sur l'écran, en entendant la voix de sa fille chérie.
« Quand est-ce que tu vas comprendre que tu ne fais pas ce que tu veux » !
« Quand est-ce que tu vas comprendre que ton avis et tes ordres ne représentent rien pour moi » ?
C'est ma voix qui résonnait à présent dans la pièce. Oui, j'avais soigneusement enregistré toute la scène à l'aide de mon téléphone. Je ne sais absolument pas comment ça peut vous paraître, mais moi, c'était certainement la chose la plus logique que j'ai faite depuis ces derniers mois. La vidéo se termine en un fracas assourdissant, qui me donne des frissons le long du dos.
- Qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas un montage ? Demande la CPE d'une voix blanche.
- Un montage ? Sérieusement ?
- C'est toi qui a commencé Iliana. En les provocant ce matin même dans le réfectoire. Après tout, c'est peut-être une fausse vidéo, réalisée par vengeance.
- Elles... elles sont venues dans les toilettes et elles m'ont blessée. Vous en avez la preuve devant vos yeux, et sur mon visage. Ça fait des mois que ça dure.
- Ce ne sont que des suppositions, très chère.
- Qu... quoi ? Répété-je incrédule.
- Jamais le nom de ma fille n'apparaîtra. Tout comme celui de son amie. Tu es tombée parce que le sol glissait. Il y avait bien des gens dans ces toilettes, mais tu n'as pas eu le temps de les voir. Ils étaient plusieurs, et toi tu étais sonnée. C'est clair ?
- Non, certainement pas ! Je sais parfaitement qui m'a fait ça !
- Plus maintenant.
Je la regarde, incrédule. Vraiment, je suis sous le choc. C'était vraiment la CPE de notre lycée ? Cette personne censée être responsable et mature ? Censée être la figure de l'autorité et de la justice ?
- Si vous pensez vraiment que je ne vais pas en parler... soupiré-je, déçue.
- Oh, mais vas-y ma chérie. Mais qui vont-ils croire d'après toi ? Moi, la CPE de ce lycée ? Montgomery et Courtney qui sont des élèves exemplaires et investies dans la vie de cet établissement ? Ou alors toi, qui est suivie par une psychologue en dehors des cours, qui est en pleine période de deuil et sous traitement antidépresseurs ?
Je baisse la tête, subitement rattrapée par toutes ces affirmations. Elle a raison, mes mots ne valent rien.
- J'ai... j'ai des preuves. Affirmé-je à demi-voix.
- Ah bon ? Lesquelles ?
Elle me rend mon portable, et je remarque avec horreur que ma vidéo n'y est plus. Elle vient de la supprimer...
- Comment... enfin, comment pouvez-vous faire ça !
- Une mère protège toujours ses enfants Iliana. Je protège simplement ma fille.
- Malgré tout ce qu'elle me fait subir.
- Peu importe ce qu'elle peut faire. Je la ferais toujours passer avant.
- Et vous osez vous prétendre CPE de ce lycée. Vous ne valez pas mieux qu'elle.
Elle soupire en se levant vers la fenêtre. Puis, elle me détailla gentiment.
- Ecoute, voilà ce que je te propose. Je n'ai pas encore envoyé mon rapport au proviseur sur l'incident de ce matin, et l'exclusion qui va avec. Je peux changer radicalement ma version, et la punition qui va avec. Je peux considérer que cet incident est clos, et réglé. Tout comme toi, tu peux admettre que tu ne sais pas qui t'as fait du mal.
- Vous me faites de chantage ?
Ma bouche s'ouvrit légèrement, aussi bien sous la surprise que sous le choc.
- J'appellerai plutôt ça comme une... proposition. Vois-tu, quoi qu'il arrive, leurs noms n'apparaîtront pas dans ce dossier. Alors vois le bon côté de la chose Iliana.
- Vous n'êtes qu'une...
- Une exclusion ne fait vraiment pas beau sur ce dossier si parfait. Les universités ne prennent en compte que l'avis du lycée, sans regarder celui des médecins. Ce qui veut dire que tu auras l'opportunité de recommencer à zéro. Plus d'avis médicaux ou de passé pour venir t'embêter. Repartir sur de nouvelles bases. Je pense que la gâcher à cause d'une simple chamaillerie entre camarades serait réellement stupide.
Je me mords la lèvre. Cette connasse avait malheureusement raison sur tout.
- Je ne crois pas que Stanford accepte ce genre de comportement. Ajoute-t-elle.
Une larme coula le long de mon visage, fermé et baissé. Alors que mes lèvres libérèrent un simple « c'est d'accord », si douloureux à admettre.
Elle supprima devant moi les lignes négatives de mon dossier, et ouvrit son dictaphone.
- Bon, je sais que c'est très compliqué pour toi d'en parler une nouvelle fois Iliana. Commence-t-elle d'une voix douce. Mais il faudrait que tu me racontes encore une fois ce qu'il s'est passé.
Mes mains se serrent sur mes genoux, une rage incontrôlable naissant en moi.
- J'étais aux toilettes, et deux personnes sont arrivées derrière moi. Sans que je comprenne pourquoi, l'une d'entre elle m'a poussée violement. Le sol était recouvert d'eau, comme toujours. Alors j'ai glissé. Et je n'ai pas réussi à me rattraper. C'est pour ça que je me suis blessée. Murmuré-je d'une voix, indescriptible.
- Tu n'as pas vu qui t'as fait ça ma puce ? Me demande-t-elle une nouvelle fois.
- Non, pleuré-je face à la cruauté et à l'injustice de la situation. Non, j'étais de dos. Et après, je... je crois que j'étais sonnée parce que... je ne me souviens de rien avant que Lindsay arrive et je... non, je ne sais rien.
- Tu as bien fait de venir m'en parler Iliana. Je te promets qu'on trouvera qui t'as fait ça et qu'on les punira comme il se doit.
J'éclate en sanglot alors qu'elle éteint son appareil.
- Tu as pris la meilleure décision, tu peux en être certaine, me dit-elle en ouvrant la porte pour me faire sortir de son bureau.
Je n'arrive pas à faire taire mes pleurs. J'étais abattue, et dégoûtée. Quoi qu'il arrive, elle aura toujours ce pouvoir sur moi. Elles auront toujours cette supériorité et l'appui d'une figure importante du lycée. Jamais on ne me croira.
Parler ne sert à rien. Comme tout ça n'a servi à rien. J'aurais mieux fait de me taire et d'accuser le coup toute seule.
C'est ce que je ferais à présent.
- Lindsay, je voudrais te parler également, intervient-elle en me poussant doucement vers la sortie.
Mon amie hocha la tête, en posa sa main d'un geste doux sur mon épaule.
Encore de la compassion. Encore et toujours plus.
Avec un air grave, elle entra, et raconta sa version. J'ai attendu une éternité à l'accueil. Et j'avais terriblement peur de la réaction de mon père. Je venais de le déranger pendant qu'il travaillait. Et dieu sait combien son travail avait de l'importance pour lui.
Remplie de remords, je n'ai pas dit un mot.
Honteuse de ma naïveté, je n'ai pas levé les yeux.
Je l'ai déjà dit. Mais je vais répéter.
« Ma naïveté est un trésor, mais elle est aussi le fruit de mes plus grandes blessures ».
On dirait que c'était de nouveau d'actualité.
Lorsque mon père est arrivé, il avait la mine fermée, et je n'arrivais pas à lire en lui. Etait-il en colère ? Etait-il fou de rage ? Inquiet ?
Je n'en savais rien.
Il a rempli quelques papiers rapidement, et nous sommes partis.
- Je suis vraiment désolée, c'était un accident, je ne voulais pas qu'ils t'appellent je le jure. M'excusé-je.
Il m'a détaillée, d'un regard bienveillant.
Bienveillant ?
- Ma puce mais qu'est-ce que tu racontes... A-t-il simplement ajouté en m'attirant dans ses bras.
Je me suis mise à pleurer dans ses bras comme si mes larmes d'avant n'avaient pas suffi. Il m'a serrée, sans poser plus de question. Et je l'en remercie. J'aimerais tellement lui parler, lui avouer...
Mais ça ne changerait absolument rien.
- J'ai eu tellement peur Iliana, tellement peur, m'a-t-il murmuré-je tout bas en me frottant doucement le dos.
J'ai quand même souri. Attendrie par tant d'attention de la part de mon père. Pourtant même dans ses bras,
Je me suis sentie plus seule que jamais...
🌊
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Hey ! Voilà un nouveau chapitre !
La « vengeance » de notre héroïne était vraiment... nulle.
Et la cruauté des filles à un niveau tellement élevé que notre petite surfeuse commence à être dépassée.
Je vous avais prévenu, je peux être sadique 😈
Iliana avait vraiment pensé à tout. Malheureusement c'est sur la mère de Montgomery qu'elle est tombée.
Pour continuer le barbecue de connasses, c'est par ici 👉🏻
À plus tard pour la suite !
Des bisous, Lina 😘
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