Chapitre 26 📸
« Et son crayon se brisera dans sa main. »
📸 Aiden 📸
- Sortez vos affaires, dans le silence s'il vous plaît !
La plupart des élèves font comme s'ils ne comprenaient rien. Juste parce que c'est en français. Mais cette phrase est la première qu'on nous apprend, justement pour éviter ce genre de brouhaha.
- Je fais l'appel et après on continuera le cours de la dernière fois. Continue la prof.
Enfin, le bruit cesse. Les prénoms défilent, les uns après les autres. Les lettres de l'alphabet se rapprochent de la fin, pourtant, elle n'est toujours pas là. Mais qu'est-ce qu'elle fiche encore ?
Mon binôme, alphabétique c'est vrai, mais mon binôme quand même n'est pas encore là. Elle n'y pouvait rien, l'alphabet nous liait.
Je froisse ma feuille de brouillon et envoie la boulette sur le dos d'Evan, deux rangs devant moi. Je lui désigne d'un signe de tête la place, vide, à côté de moi, et il me répond en haussant les épaules.
Bon...
- Miss Midden ?
Blanc. Elle n'était toujours pas là.
- Miss Midden n'est pas encore là ?
- Pff, c'est certainement à cause de sa jambe boiteuse ? Ironise Courtney.
- Ta gueule, répond le « copain protecteur » (oui j'insiste sur mes petits guillemets !) en lui tirant une mèche de cheveux parfaitement lissée.
- Mais ! Evan, arrête ! Râle-t-elle.
- Evan, que faites-vous enfin ?! On ne fait pas cela à une jeune fille ! Intervient la prof depuis l'estrade.
On n'arrive jamais à savoir si elle est sérieuse, tellement sa voix est ridicule.
- Quoi ? C'est une jeune fille ça ? Pardon, mais moi j'appelle ça une connasse.
- Je te demande pardon ?! Hurle Courtney en se levant.
- On va faire comme si je n'avais pas compris, Soupire la prof en revenant à la liste.
- J'ai dit. Ce personnage est connasse. Explique Evan en français.
Même s'il manque la moitié des mots, je ne peux qu'éclater de rire. Les clashs de bon matin m'ont toujours régalé. Ils éveillent mes journées, surtout quand c'est pour la remettre à sa place celle-là...
- Stop ! Arrêtez tous les deux.
Les deux concernés se tournent en soupirant.
- Qui aime bien châtie bien comme on dit. Ajoute, mon idole du jour.
J'éclate de rire, et toutes les têtes se tournent vers moi. Normal, je suis le seul à avoir compris ! Tout le monde doit me prendre pour un fou...
Mais qu'ils se fassent tous les deux reprendre par la prof avec ce genre d'expression... si seulement elle savait, la petite Courtney ! Je ne sais pas pour vous, mais je sens que ma journée va être bénie entre toutes !
- Midden Iliana ?
- Présenteeeeeeeee !
La principale intéressée arrive en se pliant en deux. Cherchant visiblement son souffle.
- En français s'il vous plaît.
- Heu bah je... Je être ici ?
Iliana et le français... une grande histoire d'amour. Je me demande comment elle peut comprendre ce que je dis sans savoir conjuguer le verbe être.
Un génie du mal qui comprend tout sans les verbes ou alors simplement une menteuse ?
Option numéro deux Aiden... t'es vraiment trop con ma parole.
- Salut, chuchote-t-elle à la hauteur d'Evan.
Elle lui envoie un petit bisou, posé sur sa main. Vraiment trop mignon. Ironie, bien sûr. Iliana arrive au fond et s'assoit à côté de moi, puis me fait la bise.
- T'as perdu ton réveil ?
- Non. Mais j'aurais bien aimé perdre mon frère. Malheureusement, on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie.
- Comme avoir deux heures de français en première heure ?
- Comme ce genre de chose par exemple.
- La vie est un cadeau. Faut profiter... Répliqué-je.
- « La vie est un cadeau, pour nous, pour nous, pour nous ! » Chante-t-elle.
- C'est quoi ça encore.
- Bah la reine des neiges, tu ne connais pas ?
- Bah si.
- « Libérée, délivrée ! » chuchote-t-elle pour illustrer son propos.
- Mon dieu, notre travail de littérature vient de tomber à l'eau.
- Et encore tu ne m'as pas encore entendue chanter du Katy Perry.
Je la regarde comme si elle était... un ovni ? Oui, clairement.
- Bah quoi, on a tous nos plaisirs coupables. Katy Perry fait partie des miens. Explique-t-elle.
- Et te faire manger la table, c'est dans ma liste de plaisirs coupables à moi. Pourtant je ne vais pas le faire, si ? Non, alors tu gardes tes horribles chansons pour toi.
- Houlà... tu t'es levé du pied gauche dit donc.
- J'étais de bonne humeur. Puis t'es arrivée. Pouf. Nuage dans ce ciel bleu.
- Rien que ça... mais quel honneur.
Elle note tout ce que dit la prof sur son éternel petit calepin. Comment peut-il encore avoir des pages ? Elle en utilise 20 par jour au moins.
- T'es encore en train de me fixer Aiden.
- Faux. Je regarde ta main.
- Ah.
- Ah ?
- Ah, confirme-t-elle.
- Bah B.
- T'es lourd, tu sais.
- D.
- Hein ?
- Tu sais. Le C.
- Putain, mais qu'il est con.
- Et toi tu n'es pas drôle. T'aurais pu continuer.
- Moi, je te dis T comme « ta gueule » parce qu'on a C comme « contrôle » dans une semaine. Toi comprendre quand moi je parle ?
- T'aurais fait un tonnerre à « des chiffres et des lettres » toi.
Elle me regarde étrangement. Evidement. Elle ne connait pas. Cette enfant vit dans le déni...
- T'écris quoi de ta jolie petite main gauche ?
- Celle qui va terminer dans ta tête dans deux secondes ?
- Je préfère la droite. Vu que tu es gauchère, (je crois ?) la claque sera moins violente.
- Mais vu que je suis ambidextre les deux seront d'une violence inouïe et elles te feront perdre toutes tes dents.
- C'est qui, qui s'est levé du pied gauche maintenant ?
- T'as genre, un train entier de retard ?
Elle plonge ses yeux bleus dans les miens. Me fixant avec insistance.
- Tu es encore en train de me fixer Iliana. Soupiré-je.
- Ok. Je te laisse sur le quai. Je serais peut-être enfin tranquille.
Je pouffe, un peu trop fort. Vu les quelques visages qui se tournent vers nous. Courtney lève les yeux de son téléphone, bien caché dans sa trousse. Elle dérive sur Insta, comme d'habitude. Courtney qui joue constamment avec son crayon gris, qui le fait gigoter et tourner entre ses doigts, se stoppe en nous regardant.
- T'as écouté quoi ce matin ?
- Le reste de ta playlist.
- Alors ?
Iliana sourit timidement en replaçant sa mèche. Mèche qui était très bien placée, comme toutes les fois où elle est gênée. Elle touche ses cheveux. Austin fait pareil, c'est assez drôle d'ailleurs.
- Bah, je crois que je peux avouer que tu as bon goût petit canard. J'en ai adoré plusieurs. J'ai hâte d'écouter la suite.
- Tiens. Ecoute celle-là dès que tu peux...
Je lui donne une clé USB, que je pose dans sa main. Avec une enveloppe. Elle m'interroge du regard.
- Les paroles. C'est la traduction.
- Oh. Merci...
J'adore cette chanson. Etrangement c'est un artiste que j'ai découvert en France, et ma sœur se transforme en folle dès qu'elle entend une de ses chansons. Je me suis mis à écouter aussi. Et à aimer apparemment.
- Bon, sinon on peut travailler quand ? La questionné-je encore.
Elle soupire. C'est vrai que je dois être chiant à force. Elle essaie juste de suivre le cours !
- Ce soir ? A la plage ?
- Ok. Je ne peux pas avant 18h.
- Aucun souci. C'est bon pour moi. Murmure-t-elle.
On doit quand même faire du bruit, vu que la prof regarde dans notre direction les sourcils froncés. On se tait un instant, avant de continuer la discussion.
- Regarde ce que j'ai reçu hier...
Iliana me tend discrètement son portable, en me montrant une photo.
- Wow. Enfin ! M'exclamé-je. Alors, tu l'as testé ?
- Evidement ! Californication à plein volume.
- Il est super beau en tout cas.
- Les autres arriveront demain je crois. Pour varier un peu les chansons quoi !
- La photo est très jolie aussi.
- Faut dire que je m'améliore. J'ai un bon prof. Réplique-t-elle avec un petit sourire en coin.
- T'as encore des progrès à faire, mais c'est un bon début.
- On continue quand d'ailleurs ? Demande-t-elle en se penchant vers moi.
- Quand tu veux.
Un sourire radieux illumine son visage. J'aimais passer ce temps avec elle. On l'avait fait quelque fois, pour d'autres raisons que pour travailler. On se voyait pour prendre des photos. A H-2 du coucher de soleil. Comme d'habitude.
- Cool.
- Tu peux plus te passer de moi, avoue-le.
Elle m'envoie un coup de coude dans les côtes, en riant doucement. Je me mets à rire avec elle.
Un bruit sec retenti proche de nous. Je lève les yeux, pour voir Courtney nous fixer encore plus intensément. Son crayon remuant beaucoup plus vite qu'auparavant.
Je n'y prête pas attention, et me contente d'avancer ma main jusqu'aux hanches de ma voisine pour l'embêter. Elle fait un bon sur le côté, chatouilleuse comme me le répète souvent Austin.
Et son crayon se brisera dans sa main.
Courtney bat des cils plusieurs fois de suite, les deux morceaux de son crayon chutant au sol. Après quoi, elle se retourne en croisant les bras.
- Bon, aller arrête un peu, me gronde Iliana.
- Pourquoi ?
- Parce que j'aimerais suivre.
- Tu ne parles pas un mot de français, fais pas genre.
- C'est faux. Je comprends beaucoup plus que ce que tu crois.
- Alors pourquoi tu ne conjugues pas tes verbes ?
- Déjà, y'a une différence entre le parler, et l'entendre. Ensuite, je parlais à la prof. Si je fais des fautes à l'oral et que je ne les fais plus ensuite, hop. Je suis considérée comme une élève attentive et qui fait des progrès. Tu comprends ?
Un génie du mal. C'est décidément cette option que je choisis.
- Tu es diabolique.
- Tu n'as même pas idée. Mais plus tard, j'écoute là.
- Tu ne participes jamais à l'oral.
- Je n'aime pas. Parler les langues étrangères devant tout le monde alors que je peux me tromper radicalement c'est quelque chose qui me fait peur.
- Bah ça va t'as le droit de faire des fautes quand même.
- Hum.
Elle continue ses petites notes, alors que je continue de la faire chier. Il reste 25 minutes pour la rendre folle. En plus, elle ne peut vraiment pas s'échapper.
Je cherche toujours à me rapprocher d'elle. C'est devenu un jeu. Encore plus dangereux mais surtout excitant. J'aime passer du temps avec elle. Et j'aime voir le regard d'Evan lorsqu'on poste des photos tous les deux sur la plage.
- Mais du coup tu... commencé-je.
- Aiden. Laisse-moi écouter, s'il te plaît.
- Mais quoi, c'est vrai tu ne sais pas dire grand-chose concrètement et tu...
Elle lève le bras pour attirer l'attention de la prof.
- Heu... tu fais quoi là ? Chuchoté-je.
- Oui ? L'interroge la prof.
- Je peux changer de place ? J'ai un petit problème de voisinage.
Je lui fais des gros yeux, alors qu'elle a le sourire jusqu'aux oreilles. Maligne...
- Je ne parle pas l'anglais Iliana.
- Ah... c'est dommage ça. Je peux échanger la place ? Traduit-elle en français.
- Si tu veux.
Elle prend toutes ses affaires l'une après l'autre, qu'elle fourre dans son sac à main. Elle me sourit encore, en se levant.
- T'es sérieuse là ?
- Très sérieuse, mon vilain petit canard.
- Mais...
- C'est vraiment dommage.
- J'ai gagné vu que tu fuis.
- Tu sais ce que je peux dire en français ? Petchi con.
Son accent et son air décidé me font sourire.
- Ce sont les mots les plus importants de la langue, c'est sûr. Grogné-je.
Mes yeux se perdent sur elle. Sur son chemisier bleu nuit maintenu par son jean noir moulant, taille haute, qui met bien en valeur ses hanches. Vous savez, ce genre de chemisier ouvert d'une ou deux pressions... Les petits cols en V qui donne de l'élégance et un charisme fou. Bref. Je m'égare. Le tout avec des cheveux serrés dans une queue de cheval très haute et ses éternelles créoles.
Une apparence soignée qui ne laissait personne indifférent.
Le mec devant moi la regarde avec énormément d'insistance, si bien que j'ai envie de lui faire manger son cahier. Ouais, c'est l'humeur du jour. Pas que ça soit Iliana ou quoi. Mais il la regarde avec ce genre d'air... celui qui veut dire, « je vais te manger toute crue, je t'attends à la sortie ». Inacceptable.
Elle va quand même s'assoir à côté de son copain, et lie ses doigts aux siens.
Dommage, ça avait si bien commencé...
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Le reste de la journée s'est déroulé, tranquillement. On a mangé tous ensemble, on s'est séparé pour aller en cours... la routine lycéenne quoi. On est allé en littérature, où on a commencé une petite liste de potentielles musiques. Doucement, mais sûrement.
Vers 16h30, une fois l'entraînement terminé, j'attendais Austin, patiemment mais plus pour longtemps, hors des vestiaires. Je ne supportais pas de les attendre dedans comme un con alors que j'étais prêt à partir.
Mais cette fois, je n'avais pas attendu tranquillement, appuyé sur le mur...
Je fronce les sourcils en entendant des plaintes étouffées. Pas de cris, ou de mots, juste des intenses gémissements. Au début, je n'arrivais pas à déterminer si c'était par peur, douleur, ou par plaisir (excusez-moi mais les gens de ce lycée sautent sur tout ce qui bouge). J'ai fini par comprendre que c'était tout, sauf des bruits de plaisirs.
Un cri suivi de violents sanglots m'ont fait lâcher mon sac, pour voir ce qu'il se passait dans le bâtiment d'à côté.
Un claquement sec et violent, puis des paroles dictées avec force ont retenti.
Une dispute. Ce n'était qu'une dispute.
Donc, pas mes affaires.
Bordel, j'aurais dû aller voir...
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Iliana est sortie de nulle part, traversant le parvis d'un pas décidé, en se tenant la main fermement. Elle a disparu rapidement, avant de faire un demi-tour digne des plus grands maîtres dans sa voiture.
Et plus rien. Juste Austin qui a enfin terminé. Nous sommes partis quelques secondes plus tard, pour rentrer chez nous.
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Ce n'était pas son genre. Quelque chose n'allait pas. Même si je ne la connaissais pas parfaitement ni depuis très longtemps, ce n'était pas son genre...
De : Iliana à 17h34
La chanson est magnifique.
Les paroles me touchent beaucoup, j'ai adoré.
Merci de me l'avoir proposée.
Peux pas venir ce soir. Désolée...
A : Iliana à 17h34
Content qu'elle t'ait plu.
Tout va bien ??
De : Iliana à 17h40
Oui. Aucun souci.
Me sens pas très bien.
On reporte ?
A : Iliana à 17h40
Si tu veux...
J'espère que t'as rien de grave ?
De : Iliana à 17h51
Non, ne t'inquiète pas.
Je suis juste fatiguée.
Je préfère regarder une série tranquille avec mon frère.
Plutôt que de ressortir. Je crois que j'ai attrapé froid !
A : Iliana à 17h51
Ok, pas de problème.
On se voit demain.
De : Iliana à 17h51
A demain.
J'aimerais la croire. Mais je commençais à la connaître. Et elle mentait. Elle disait qu'elle n'allait pas bien, et qu'elle voulait rester avec son frère tranquillement. Comment savoir ce qu'elle avait ? Même si je savais assurément qu'elle mentait, je n'ai jamais bougé. Je suis resté, et j'ai éteint mon portable.
Même si Austin se tenait juste devant moi, et qu'il l'était depuis plus d'une heure déjà...
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Hey ! Bonjour à tous !
J'ai finalement trouvé le temps pour vous poster un chapitre supplémentaire 😏
J'espère que ça vous a plu !
Encore un petit rapprochement entre les deux personnages principaux 😏🙃
Que pensez-vous qu'il est arrivé à notre petite surfeuse pour qu'elle réagisse comme ça ?
Vous avez des hypothèses ?
A samedi pour la suite, avec les réponses à vos questions !
Des bisous, Lina 😘
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