Chapitre 23 🌊
« Je crois que moi aussi je voudrai un câlin. »
🌊 Iliana 🌊
7H40. C'est l'heure à laquelle je suis rentrée. J'ai croisé mon père, un regard étonné tapissé sur son visage. Il devait penser que j'étais rentrée avec Austin je suppose. Peu importe. Je monte directement, épuisée.
J'enlève ma jupe, et garde le sweat d'Austin. Austin... Est-ce qu'on peut considérer qu'on s'est disputé ? J'y réfléchis pendant 5 bonnes minutes. On s'est vraiment disputé ? J'en sais rien moi ! Je me suis disputée avec Lindsay, ça c'est certain. Mais avec Austin ? C'est considéré comme une dispute ça ?
Je n'arrive même pas à imaginer qu'on ait eu notre première vraie dispute de frère et sœur sans être au courant. Peut-être qu'il me fait la tête ? Il avait l'air en colère, c'est vrai mais l'est-il encore ? En même temps, je me suis énervée contre lui, alors que j'aurais réagi exactement pareil, si ce n'est pire.
Merde... Comment voulez-vous que je dorme sans savoir si on est fâché ? Je ne pense pas l'être, mais peut-être que lui oui ?
Toc, toc, toc.
Je suis vraiment débile. Il doit dormir à l'heure qu'il est.
- Ouais ?
Ah bah apparemment non.
- Je peux entrer ? Interrogé-je en passant la tête par la porte.
- Bien sûr, viens.
J'entre prudemment. C'est la première fois que je viens dans sa chambre. Je sens que vous me jugez... Oui, ça fait 4 mois que je suis dans cette maison, deux mois à plein temps et avec ma
« nouvelle famille ». Et non, je ne suis encore jamais allée dans sa chambre. Où est le problème ?
- Tu me fais là tête ? Demandé-je en baissant les yeux.
- Bien sûr que non, pourquoi tu dis ça ?
J'hausse les épaules, je n'aurais jamais dû venir dans sa chambre...
- Viens là... dit-il en tapotant la place à côté de lui.
Je grimpe sur son lit et m'assois en face de lui. Sur mes talons et les mains sur les genoux. Je le regarde, sans savoir quoi dire.
- Pourquoi tu penses que je te fais la gueule alors ?
- Bah... t'étais en colère contre moi et je...
- J'étais énervé parce que j'étais inquiet, c'est tout. Tu pensais que j'allais plus te parler pour ça ?
Je hausse de nouveau les épaules. Bah oui, c'est exactement ce que je pensais.
- Je ne suis pas du tout comme ça. Ajoute-t-il avec un sourire.
Je lui rends son sourire. Il était tranquillement dans son lit, et moi je suis venue le faire chier en plus. Quelle connasse...
- T'as dormi ?
- Un peu. Mais j'ai plus trop sommeil malheureusement.
- J'ai bu trois cafés. Même si je suis fatiguée, je ne pense pas que j'arriverai à dormir.
- Tu m'étonnes... Avec toute la route qu'il y avait à faire, ça a dû être horrible.
- J'avais surtout peur qu'Evan vomisse. Encore.
- Quel boulet celui-là. Remarque Liam était à la limite du coma je crois, rit-il.
- T'as vu tout ce qu'ils ont bu avec Lindsay ? Ils étaient torchés en même temps.
- Et elle, tu lui fais la tête ?
- Oui, murmuré-je, une colère froide en moi.
- Tu sais, même si ce qu'elle a dit est horrible et que ce n'était vraiment pas cool de sa part de te comparer à ta mère, je suis sûr qu'elle ne le pensait pas. Elle n'était pas totalement sobre, et elle était énervée comme moi.
- Je sais. Mais je n'ai pas envie de lui pardonner tout de suite. Elle sait pourtant, jamais ma mère.
- Ouais, je sais bien.
Il me fait un sourire triste. Un sourire rempli de pitié.
- S'il te plaît, garde ta pitié pour toi. Je t'en prie.
Il hoche la tête, et désigne la place à côté de lui.
- Tu veux dormir avec moi ?
- Heu...
- T'as déjà adopté mon sweat à ce que je vois. Mon lit c'est rien, rit-il.
- Ton lit a l'air génial, bien mieux que le mien. Le seul problème tu vois, c'est toi. Dis-je en le désignant.
- Moi ? Alors quoi tu veux me chasser de mon propre lit juste pour faire ta sieste ?
- C'est l'idée.
- Bah tu rêves ma chérie. Je garde mon lit. C'est un pack. A prendre ou à laisser.
- Ok, ok. Je prends alors, répondis-je en lui envoyant un cousin dans la tête.
Qui pour une fois atteint sa cible ! Il a un mouvement de recul sous le choc, et se laisse tomber sur son matelas. Puis, il passe le cousin derrière sa tête.
- C'est con, maintenant, t'as plus d'oreiller. Se moque-t-il.
- C'est con, maintenant, ça va être toi mon oreiller. Répondis-je en posant ma tête sur son torse.
- J'espère que je suis confortable.
- Pas trop mal. Tu n'es pas à mémoire de forme par contre. Point négatif.
- C'est 50€ de l'heure au fait.
- Une plat de macaronis au fromage demain ça t'ira à la place ?
- Dac.
On se tape la main pour honorer notre contrat.
- On se connaît depuis combien de temps ? Me demande-t-il tout à coup.
- Heu... Je me suis installée définitivement ici il y a 2 mois et demi je crois.
- On est le combien aujourd'hui ?
- Le 12 octobre.
- Ah bah ouais c'est à peu près ça.
- J'ai l'impression que je te connais depuis une éternité. Murmuré-je.
- Non, non. J'ai l'impression que moi je te supporte depuis une éternité, rectifie-t-il.
- Mais ! T'es méchant !
- Oh, ça va ! Je ne peux pas te faire des compliments tout le temps non plus. Après tu vas croire que je t'apprécie sinon.
- Je te retourne le compliment.
- Merci bien. Je suis flatté.
- T'es juste dégoûté d'avoir dû débarrasser ta salle de jeu, avoue.
- Ne parle pas de ce sujet sensible, tu vas finir dehors sur la terrasse.
- Oh non, il fait trop froid !
- C'est ça, c'est ça. Et l'eau de la mer elle n'est pas trop froide peut-être ?
- Comment tu sais ça toi ? M'offusqué-je.
- T'es revenue avec mon meilleur ami. Il m'a prévenu que tu rentrerais après.
- Le connard.
- Qu'est-ce que t'es allée foutre sur la plage d'ailleurs ?
- J'avais besoin de me dégourdir les jambes, répliqué-j'en levant celle blessée.
- Un jour tu vas vraiment te faire mal à force de forcer dessus.
- Ne parle pas de ce sujet sensible, tu vas finir dehors sur la terrasse.
- Copieuse.
- Je suis chiante hein ?
- Je l'ai su dès l'instant où t'es arrivée honey.
- Le retour de mon surnom ! Il m'avait manqué lui.
- Je pourrais t'en trouver un plus ridicule. On est frère et sœur après tout. Je te traite avec trop de gentillesse je trouve.
- Continue comme ça, c'est mieux je t'assure. Moi aussi je peux faire de ta vie un cauchemar.
- J'attends de voir ça.
- T'as déjà entendu la même musique, toute la journée ? Exactement la même sans jamais changer ? Parce que moi, ça ne me dérange absolument pas. Toi, je suis certaine que ça peut te rendre fou.
- Ok, ok. Je reste gentil pour l'instant.
- Merci beaucoup.
Il joue avec mes cheveux, en les faisant rouler entre ses doigts.
- Qui c'est qui a conduit au retour ?
- Aiden et moi.
- Tu ne bois pas d'alcool, je me trompe ? Avancé-je pour vérifier mon hypothèse.
- Toi non plus, je me trompe ? Répond-il du tac au tac.
- Pourquoi ça ?
- Exactement pour les mêmes raisons que toi honey.
- Je crois pas.
- Je crois que si.
Je le regarde dans les yeux, en me tortillant un peu, c'est vrai.
- Comment tu peux être au courant.
- Désolé de te le dire comme ça, mais je le connais plus que toi.
- Je pensais qu'il ne le faisait qu'avec moi. Parce que je lui rappelais Will.
- On se partage un père honey. On se partage les problèmes qui vont avec.
Je hoche la tête. Il a carrément raison sur ce point-là.
- Enfin, partager tu vois ce que je veux dire hein. Rectifie Austin.
- Arrête de prendre des pincettes lorsqu'on parle de ça. Je la vois bien la vérité, et je l'accepte parfaitement. C'est plus ton père que le mien Austin. Je le sais. Je l'accepte.
- C'est faux. C'est ton père à toi aussi.
- Alors le terme de « partager » est très bien utilisé. Tu ne me prends rien du tout, je t'assure. Je suis même heureuse qu'il réalise son rôle de père avec toi et Célia. C'est rassurant d'un côté.
- Ne parlons pas de ce sujet sensible, on va finir dehors sur la terrasse. Répond-il en souriant.
- Exactement.
- Et toi alors ? Ce n'est pas que par rapport à notre père. Ça se voit à ta manière d'en parler. T'en parle posément alors que c'est carrément un fardeau d'avoir un
père qui boit parfois trop.
Des fardeaux j'en porte un nombre incalculable. Un de plus ou un de moins, c'est pareil pour moi, pensé-je intérieurement.
- C'est vrai.
- C'est Evan, c'est ça ?
- En partie, répondis-je détachée.
Je serre la couette entre mes doigts. J'ai horreur de parler de ça. C'est encore à cause de ces étiquettes à la con qu'on nous colle dessus au lycée. « Iliana est en couple avec Evan, ils doivent avoir une relation parfaite ». « Rien ne peut leur arriver ». « C'est le couple goal ».
Tu parles. On a tous des problèmes et des secrets. Pas la peine de faire semblant.
- C'est-à-dire, insiste-t-il.
- Il perd vite le contrôle, on va dire.
- Il t'a déjà fait du mal ? Il a déjà été violent avec toi ? Se crispe-t-il.
- Quoi ? Avec moi ? Non, jamais voyons ! Ni avec moi, ni avec personne !
- Si un jour ça doit arriver, il est mort et enterré avant même d'avoir vu ce qu'il t'a fait.
- Jamais il ne lèvera la main sur moi Austin. Pas plus que mon père ne le ferait. Ils ont des réactions violentes, c'est vrai, mais ni l'un, ni l'autre ne me ferait de mal. Jamais.
- Mouais.
- J'ai assez confiance en eux pour en être sûre. Jamais ça n'arrivera.
- Et pour papa ? Tu l'as su comment ?
- C'était il y a tellement longtemps. Pendant la semaine annuelle que je passe avec lui. Un soir, j'avais 9 ans je crois ? Je suis redescendue pour voir la télé en douce. Et je l'ai vu. Il était dans une colère folle quand il m'a vue. J'ai eu la peur de ma vie ce jour-là. Non pas parce que j'avais peur qu'il me fasse du mal, mais parce que je ne comprenais pas ce qui pouvait le mettre dans cet état-là. Puis il a recommencé. Et l'année suivante aussi. Et encore celle d'après. Et j'ai compris.
- Je l'ai appris il y a deux ans. J'ai vu ma mère lui crier dessus sans raison apparente. J'ai tout de suite su ce qu'il se passait. Ma mère était simplement en train de le calmer. Mon premier réflexe a été d'aller chercher Célia dans sa chambre et je suis parti avec elle. Marcher sur la plage.
- Protecteur.
- Toujours. On a tous nos problèmes. Mais ce sont les siens. Et ils ne doivent jamais avoir de répercussions sur ses enfants. Ça ne doit jamais nous concerner.
- J'aimerais tellement penser la même chose.
- Mais ?
- Mais je ne peux pas. De toute manière, je suis déjà concernée.
- Tu parles de papa ou d'Evan ?
- Les deux, malheureusement. Répondis-je avec un soupir.
- Tu ne veux pas en parler, c'est ça ?
- Pas trop, non, répondis-je en haussant les épaules.
- Comme tu veux.
Je pourrais lui dire. Après tout, ce n'était pas réellement un secret. Cette partie- là de l'histoire, tu veux dire... Me hurle ma conscience à m'en vriller la tête. Je lui fais confiance, et ça crève les yeux qu'Evan dépend de l'alcool.
- Je ne veux pas te parler de ça, précisément et en détail. Je vais plutôt te raconter quelque chose.
- Je t'écoute.
- Je t'ai vu boire une bière à la « soirée » lors de mon emménagement.
- Ouais, ça m'arrive, une bière de temps en temps. Mais c'est rare. Je ne vois pas le rapport.
- Moi aussi, j'ai forcément déjà bu. J'ai expérimenté. Plus par vengeance que pour autre chose. Je savais parfaitement ce qu'il se passait avec mon père, et avec Evan. C'était y a 7 mois, évidement. Une soirée banale du mois de mars, qui m'a handicapée, à vie.
- C'est la soirée où tu...
- Exactement. La seule et unique fois où j'ai été bourrée. Mon père avait abusé la veille, et il m'avait fait peur comme à chaque fois qu'il réagissait comme ça. Je suis allée à cette soirée en faisant le mur, et arrivée là-bas, je me suis disputée avec Evan. Pour une connerie, comme d'habitude. Notre première dispute de couple, elle a bien réussi... Je voulais boire. Pour voir ce que mon père ressentait lorsqu'il dépassait les limites. Je voulais montrer à Evan ce que ça me faisait quand il était bourré. Je voulais qu'il me voit comme ça, comme lui. J'ai échangé les rôles, et évidement, je ne tiens pas l'alcool. Encore moins à cette soirée, où j'ai bu pour la première fois de ma vie autant. Et voilà, comme une ultime punition, je suis tombée sur ces putains de marches d'escaliers et je me suis cassée la cheville. Depuis, je t'assure que je crois au karma.
- Tu voulais montrer à notre père, ce qu'il faisait avec nous ?
- Je voulais qu'il me voit comme lui. Qu'il comprenne ce que ça fait.
- Je ne savais pas que ça s'était passé comme ça.
- On a tous nos secrets. Les souvenirs le sont davantage, murmuré-je.
- Aller, on parle d'autre chose.
- Dac. Lance un sujet.
- Heu... On a terminé plan cœur hier ?
J'éclate de rire.
- C'est vrai.
- Va falloir se trouver une nouvelle série. Vite.
- On trouvera. Netflix en est rempli !
- Tu crois qu'on va dormir ?
- Je pense que c'est trop tard maintenant.
- On pourrait déplier le canapé et mettre une série. On finira bien par faire des siestes.
- C'est un super plan ça !
- Faut qu'on soit en forme pour demain.
Je souris tristement. Allez, dis-lui Iliana.
- Je ne veux pas que tu t'inquiètes, ok ? Commencé-je doucement.
- C'est déjà fait vu comment tu commences ta phrase !
- Je ne viendrai pas manger avec vous demain.
- Ah ? Changement de programme ?
- Pas vraiment. Je le sais depuis longtemps c'est juste que je n'avais pas trop envie d'en parler non plus. La version officielle c'est que demain je ne me réveillerai pas à l'heure parce que j'étais vraiment crevée. Et vu que t'es un amour, tu m'as laissée dormir tranquille.
- Et la vraie version ?
- Demain ça fera 6 mois que ma mère sera plongée dans le coma.
Boum. Gros blanc. Evidement.
Austin ne sait absolument pas comment réagir, ni quoi dire.
Logique.
- J'ai envie d'être seule. J'ai besoin de l'être. Pas parce que ça va être triste ou quoi, mais j'ai besoin de... m'isoler un peu ? Je ne vais en aucun cas me morfondre et tout, je te rassure. Je n'ai aucune raison de le faire, parce que je sais qu'elle se réveillera un jour. J'ai confiance en elle, je suis certaine qu'elle finira par revenir. C'est juste que je vais aller voir mon frère je pense, et je préfère être seule.
- Je comprends tout à fait. T'inquiète, je dirais rien.
- Merci.
- En plus ton acolyte de littérature n'est pas là non plus.
- Ah bon ?
- Il mange avec son père dès qu'il sort du boulot. C'est tellement rare que quand ça arrive, Aiden laisse tomber tout le reste.
- Il a bien raison. Dis donc, ils n'assurent pas beaucoup les papas de notre génération.
- C'est clair. Répond-il.
- Pfff. On n'a pas besoin d'eux.
- Non. On s'en sort très bien.
- Exactement. Tu sais qu'en réalité t'es pas plus mon demi-frère que mon frère ? J'ai réalisé ça tout à l'heure. Je te présente comme mon demi-frère partout où je vais alors qu'en réalité biologiquement parlant...
- Je n'avais jamais fait gaffe.
- Bon, c'est en partie parce que tu vis avec mon père que tu considères comme le tien depuis tout petit.
- Bah alors on n'a pas à s'appeler demi-frère ou quoi. Autant s'appeler directement frère et sœur non ?
- Mais carrément. Avoué-je.
- Le jour où on comprendra qu'une vraie relation frère et sœur ce n'est pas ça, on va prendre chère.
- C'est clair. Vu les cas qu'on connaît qui ont des frères et sœurs, on est très, très loin de ça. On est beaucoup trop gentils l'un avec l'autre.
- Pour l'instant ça me va.
- Pareil.
- Un jour on apprendra à se
connaître et on se supportera plus.
- Un jour peut-être, ris-je.
- Vivement qu'il arrive que j'ai une bonne raison de te jeter toute habillée dans la piscine.
- Connard va.
Je passe par-dessus lui pour attraper le cadre posé sur sa table de nuit.
- C'est quoi ça ? Déclaré-je en observant la photo, sublime d'ailleurs.
- La toute première photo d'Aiden.
- C'est Célia ?
- Ouais. Avec son abominable matou. Tu comprends pourquoi on ne peut pas l'approcher, il a été éduqué comme ça je crois, rigole-t-il. Elle est tellement protectrice envers cette petite chose qu'elle nous a interdit de l'approcher.
- Elle est trop belle.
- Ça c'est ma p'tite sœur. Ça se voit à son profil.
- N'importe quoi. Elle n'a pas ton intelligence c'est sûr. Elle est beaucoup plus douée que toi.
- C'est vrai. Elle a un QI bien plus élevé que le mien. C'est prouvé.
- Sérieux ?
- Bah oui. Elle est tellement intelligente cette enfant que c'était surhumain quoi. Elle a fait les tests parce que c'est dans le protocole lorsque tu as ce genre de maladie et elle a un QI bien plus élevé que la moyenne.
- Tu m'étonnes.
- En même temps elle se souvient des rues de New York alors qu'elle y va une fois par an. Rien d'étonnant.
- Ouais, pas faux. En tout cas, la photo est vraiment sublime.
- Il m'en faudrait une de toi. Juste à côté.
- Moh, tu veux que la dernière chose dont tu te souviennes ça soit mon visage avant de dormir.
- Ne rêve pas, ça va me filer des cauchemars. C'est juste pour me rappeler de te faire chier le lendemain matin et de finir les céréales avant ton réveil.
- Le jour où tu fais ça mon pauvre... tu peux considérer que ta douche se passera le soir au lieu du matin et que...
Toc, toc, toc.
- Ouais ? Lance Austin.
La porte s'entrouvre doucement. Et comme par magie, c'est une petite brune en chemise de nuit qui entre. Ses petits pieds nus résonnent sur le parquet. Sa chemise de nuit, n'en est d'ailleurs pas une, c'est un tee-shirt à Austin qui lui fait une robe tellement ça lui va grand.
- Je peux rentrer ?
- Bien sûr ma puce, tu viens de te réveiller ? Demande Austin en se relevant.
Je m'écarte de lui en venant me laisser tomber sur les cousins de la tête de lit.
- Oui. C'est Pearl qui m'a réveillée.
Pearl c'est le nom de son chat. Oui, oui. Pearl comme Pearl Street, une rue de New York. Ça vous étonne ?
- Il va finir à la casserole un de ces quatre lui, ajoute Austin.
Je lui envoie un coup de coude dans les côtes. Il est fou de lui dire ça !
- Oh, le méchant chat, rectifié-je avec une voix enfantine.
- Il n'est pas méchant, il avait juste faim. Austin aussi fait du bruit quand il a fait et qu'il va au frigo pourtant il n'est pas méchant. Mon chat c'est pareil, il n'est pas méchant, il avait juste faim.
- Comment se faire clasher par sa petite sœur en trois étapes... Grogne-t-il.
- Elle est a-do-rable.
- Ouais, trop chou.
J'éclate de rire. Célia me regarde bizarrement avant de dire d'une voix douce.
- Je ne comprends pas du tout.
- Quoi donc ?
- Je ne comprends pas pourquoi vous vous faites des câlins dans le lit tous les deux.
Elle semble sur le point de pleurer chouchoute !
- Hey, calme. Commence Austin. On a le droit de se faire des câlins, et...
- Même si vous êtes des faux frères et sœurs.
Je souris, totalement attendrie par l'innocence de cette petite.
- On est des vrais frères et sœurs.
- Mais vous n'avez pas le même papa ni la même maman. Comme moi. Moi j'ai le papa d'Iliana et la maman d'Austin. Pourquoi vous n'avez pas ça vous ?
Oh... Elle est tellement mignonne ! Elle doit être complètement perdue c'est vrai.
- On n'a peut-être pas le même sang mais ce n'est pas ce qui compte le plus, expliqué-je.
- Moi je suis que ta moitié de sœur. Et je suis la moitié de sœur d'Austin seulement. Mais vous vous n'êtes pas les moitiés du tout parce vous n'avez pas le même papa ni la même maman. Comme moi. Moi j'ai le papa d'Iliana et la maman d'Austin.
- Tu n'es pas ma moitié de sœur Célia, rit-il en tendant sa main vers elle. Dans mon cœur tu es ma petite sœur tout court.
- Tu es mon frère dans mon cœur ?
- Exactement.
- Et Iliana aussi.
- Bien sûr, Répliqué-je en souriant.
- Et vous vous êtes frères et sœurs dans vos cœurs ?
- Je crois, oui, murmuré-je d'une voix rassurante.
Elle s'assoit sur le bord, mais vraiment le bord du lit en face de nous. On dirait que je vais la manger toute crue. Elle nous regarde un moment, et demande :
- Donc, on a le droit de faire des câlins même si on n'est pas amoureux ?
- Bien sûr, confirme-t-il. Pourquoi ?
- Iliana elle a le droit de te faire des câlins ?
- Oui.
- Donc moi aussi ?
- Si... si tu veux...
Il me regarde étrangement. Houlà. Je crois que c'est la première fois qu'elle lui fait un coup pareil cette petite.
Comme vous vous rappelez sans doute, elle a le syndrome asperger. Les contacts avec les autres sont extrêmement limités.
Elle le regarde un instant, elle semble réfléchir.
- Je crois que moi aussi je voudrais un câlin. Finit-elle par chuchoter.
La petite brune fait son chemin jusqu'à son grand frère et après avoir hésité, elle se colle contre lui, et passe ses bras autour de lui.
Il n'ose pas tout de suite la serrer, mais il sourit comme un idiot en la regardant dans ses bras. Je jurerais avoir vu des larmes se former dans le fond de ses yeux bruns. Je souris aussi, parce qu'ils sont trop mignons.
- Célia, reviens, ne va pas embêter les grands qui... Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demande sa mère, choquée.
- Elle est venue me faire un câlin, bredouille Austin.
Sa mère sourit aussi, exactement comme nous. Elle plaque sa main devant sa bouche, en affichant un air parfaitement satisfait.
- Vous êtes magnifiques, tous les trois, sourit-elle.
Je suis carrément étonnée d'être englobée moi aussi.
- C'est vrai qu'on est beau-gosse. Ajoute Austin. Allez, viens là toi aussi, dit-il en passant son bras autour de mes épaules et en m'attirant vers lui.
Je ris, appuyée contre lui la tête sur son épaule. Célia pas loin, qui approche de plus en plus sa main de la mienne. Et Austin qui lui caresse les cheveux délicatement. Sa mère, ravie de nous voir comme ça. J'ai l'impression d'avoir eu ce genre de relations toute ma vie. Qui l'aurait parié ? Certainement pas moi.
Et dès le lendemain, grâce à leur mère, une nouvelle photo trônait sur mon mur, avec tous mes souvenirs heureux que je veux absolument garder en mémoire.
🌊
___________________________
Hey ! Et voilà le chapitre du jour !
Un chapitre tout mignon entre notre petite triplette de frère et sœurs de cœur 🙃
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre et de cette complicité ?
A demain 😏
Des bisous, Lina 😘
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