Chapitre 16 📸
« Elle était si belle. Elle semblait si heureuse et indifférente. Sa joie me faisait l'effet d'une décharge électrique. Tout ce que je pouvais me dire, c'était qu'elle ne m'appartenait pas.»
📸 Aiden 📸
Un sourire franc esquisse mes lèvres. Je sélectionne l'angle avec précision, avant de figer l'instant dans mon appareil. Les couleurs sont sublimes et le cadre parfait. Un cliché de plus, un souvenir en moins retiré à la nature.
⏳ Deux semaines plus tard ⏳
— On va revenir dans quarante-cinq minutes environ, explique Austin en rangeant ses chaussures de sport dans son sac.
Iliana hoche la tête pour toute réponse. Dos à nous, on ne voit que ses cheveux.
— Oh, Iliana ? Tu m'écoutes ?
Elle hoche la tête de nouveau. Austin s'approche d'elle et lui donne un coup sur la tête. Une petite claque sur sa demi-queue qui fait voler son casque avec.
— Mais quoi Austin ?! râle-t-elle.
— T'es chiante avec ta musique là !
— "We got all the ways to be. W-I-C-K-E-D. We got all the ways to be. W-I-C-K-E-D" Chante-t-elle.
Austin soupire alors que je ne comprends pas trop le délire.
— "Crashin' the party, guess they lost my invitation. Friendly reminder, got my own kind of persuasion"
Austin lui tape la tête à nouveau.
— Surtout pour chanter ça quoi ! La musique de Descendant tu es sérieuse ?!
— N'empêche que tu as la référence alors ça veut dire beaucoup de chose... insinue-t-elle avec son petit sourire narquois.
— Bon, on s'en va. On revient dans quarante-cinq minutes. Tu ne bouges pas toi ? Aucun programme ?
— Non, j'étais tranquillement en train de lire et de me faire des films sur ma musique avant que tu n'interviennes !
— A tout'.
— Oui, salut ! lance-t-elle en remettant sa musique.
Le terrain est vide, comme à notre habitude. Juste quelques passes. Juste quelques tirs et quelques paniers.
— T'es vraiment motivé pour demain ? me demande Austin en driblant.
— Un max. Je veux reprendre ce qui m'appartient.
— C'est rien qu'une équipe.
— C'est ma place Austin. La mienne. Pas celle d'Evan.
— Pfff. Jaloux.
Je me stoppe un instant, pour analyser ce qu'il veut vraiment dire.
— Juste parce que tu veux avoir de nouveau la côte, pour les filles !
— Et alors ?! Qu'est-ce que ça peut te faire à toi ?
— Rien, rien, je te soutiens dans ta lutte mon pote, rit-il en marquant.
— Y'en aura d'autre ?
— Non. Personne ne veut être capitaine de l'équipe de basket. À part vous deux, bande de tarés !
— Cool. Un petit face à face.
— Dans les règles, précise Austin.
— Evidement, qu'est-ce que tu crois !
— Je te connais.
Cette précision semble anodine, pourtant il a bien raison de la soumettre à ce moment là.
— Pardon ?
— Tu es souvent prêt à tout pour atteindre ton but.
— N'importe quoi !
— Devant tout le lycée en plus.
— Quoi ?!
— Ouais, personne ne veut rater ça. Un match avec vous deux de chaque côté. C'est un peu le combat des titans quoi !
— T'es con.
— C'est la vérité.
— J'ai la pression maintenant, remarqué-je.
— Tu as intérêt. C'est décisif ce genre de moment.
— Merci de me rassurer Austin.
— On s'entraîne depuis deux semaines, ça va le faire.
Iliana se joignait parfois à nous. Elle disait que ça lui faisait du bien, pour reprendre un peu possession de ses appuis. Elle expliquait que le basket et le volley se ressemblaient beaucoup et qu'elle se préparait à reprendre.
Maintenant elle marche comme une personne normale, ou presque. Plus d'atèle, de kiné... C'est assez simple de la balader d'un bout à l'autre du terrain, vu qu'elle n'arrive pas à analyser nos mouvements. Mais nos quelques parties sont toujours comblées par des rires fous et des envies de meurtres à la fin ! Elle est contente de jouer avec nous, et généralement, c'est elle qui arrive la première sur le terrain à nous attendre.
Même si demain, tout sera différent. Évidement. Elle viendra avec son copain. Son chéri. Sa perfection et tout ce qu'on veut. Et c'est parfaitement normal. J'ai hâte de jouer et de lui mettre la raclée de sa vie devant sa chouchoute tellement amoureuse. Leur amour m'étouffe vraiment. Le problème ce n'est pas elle. C'est Evan.
Je ne peux toujours pas le supporter. Et une sorte de compétition s'est installée depuis les premières semaines. On a toujours besoin de se défier l'un et l'autre. On est ensemble en sport. On est toujours en binôme contre. Pour prouver qui des deux est le meilleur. On n'a pas vraiment de motivation particulière. Juste une blessure encore ouverte pour moi, et une page tournée pour lui. Il a ignoré ce qu'il avait fait. J'ai promis que je me vengerai. Et bien l'heure de la vengeance a sonnée...
Pour le moment, tout ce qui sonnait c'était mon portable. La tête de ma frangine énervée comme photo de profil, sur laquelle j'ai passé mon doigt.
— Allô ?
— Aiden.
— Quoi ?
— Je meurs de faim ! s'écrie-t-elle en pleurnichant.
— Bonjour à toi aussi Cléa. Tu ne m'as pas du tout manqué depuis la dernière fois.
— Parce que tu crois que toi, tu me manques ?!
— Dis pas le contraire chérie.
— Pff. Ta cuisine me manque.
— Notre cuisine à l'appart me manque. Celle de papa et maman est incompréhensible.
— Bah reviens alors !
— Certainement pas. Ne plus voir ta tête est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis les six derniers mois.
— Ton côté de l'armoire est la meilleure chose qui me soit arrivé, rectifie-t-elle.
— Connasse.
— Connard.
— Toi d'abord.
— Même pas vrai !
— Fais pas ta gamine.
— Je me mets juste à ton niveau mon coco.
— On est jumeaux, on a le même âge choupette.
— Pas le même âge mental. Arrête de m'appeler comme le chien du voisin.
— Tu as la même tête ! Un vrai cocker avec cette coupe de cheveux.
— On en parle du balais brosse que tu as sur la tête ?
— Pff, petite joueuse.
— Pff, petit con.
— Moi aussi je t'aime, minaudé-je d'une voix niaise.
— C'est ça, bon salut !
— Attends, c'est pour ça que tu m'appelles ?
— Bah oui, Emile était pas encore arrivé j'avais envie de faire chier quelqu'un et oh, étrange, mon frère était tout en haut de la liste de mes victimes. Te faire chier était un plaisir j'espère que je suis le soleil qui a éclairé ta misérable journée.
— Ouais, salut Modestie. On se rappelle. À jamais.
— Salut le raté !
Ma sœur, dans son élégance et son raffinement. Qu'est-ce que je ferais sans elle.
— On rentre ?
— D'accord, répliqué-je en lançant un dernier ballon dans le panier.
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— Iliana, on est là ! prévient Austin.
— Pourquoi tu la préviens à chaque fois ? demandé-je en le suivant dans la cuisine.
— Parce qu'imagine qu'elle soit sous la douche, la porte ouverte ou je n'en sais rien. Imagine qu'elle danse en culotte ou qu'elle est avec Evan ? Pour ma santé mentale et pour le reste du temps qu'on doit passer sous le même toit elle et moi je préfère lui dire quand je suis ici tu vois.
— Elle est comme ça elle ? Tranquille à danser en sous-vêtement.
— Ouais. Tout à fait le genre. Elle n'est pas hyper pudique on va dire. Mais c'est surtout pour toi quoi. Je ne veux pas que tu la vois en sous-vêtement.
— Ah bah merci, soupiré-je. Pourquoi, toi tu l'as déjà vu ?
— Bah oui. Elle dort comme ça.
— Ce qui veut dire que tu as déjà dormi avec elle.
— Je n'ai pas dit ça. C'est juste que le matin, elle enfile un tee-shirt et ça suffit.
— Wow. Sympa dès le matin.
— Arrête, c'est comme un maillot de bain, je m'en fiche.
— Mais pas moi ! éclaté-je de rire.
Il me pousse violement du tabouret où j'étais assis. J'éclate de rire avec lui.
— De toute façon, il n'y a que les pros qui font la différence entre sous-vêtement et maillot de bain. Ce qui disent que c'est pareil, sont faibles.
— Aussi faible que toi quand t'étais avec Courtney ? sourit-il méchamment.
Je lui offre un doigt d'honneur comme belle réponse, bien rédigée.
— Austin ?! s'écrie Iliana depuis l'étage.
— Oui ? demande celui-ci en faisant une tête bizarre.
— Oh merde, merde, merde, l'entend-on jurer.
— Quoi ?
— Heu... je... s'exprime sa voix, paniquée et totalement étouffée de là où on est.
— Un problème ? demande-t-il en s'écartant du bar.
— On peut dire ça comme ça, répond-elle, beaucoup plus proche.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?!s'inquiète-t-il en sortant de l'espace cuisine.
— Comment ça se fait que vous soyez déjà rentrés ?! s'écrie-t-elle en criant presque.
— Je t'avais dit quarante-cinq minutes.
—Retournez faire des paniers tranquillement à l'autre bout de la ville, implore-t-elle.
— Pardon ?
— Allez ailleurs !
— Pourquoi, on te dérange ?
— Oui, je suis... occupée.
— Tu es occupée ?
— Oui Austin, je suis occupée !
— Mais c'est-à-dire ?! Développe tu es en train de me chasser de chez moi !
Elle apparaît dans le salon, totalement décontractée mais avec la mine sévère. Les cheveux lâchés et en désordre, les joues un peu plus roses que d'habitude. Mais surtout, un long drap enroulé autour d'elle pour dissimuler son corps, qu'elle maintient à la base de ses seins.
— Je suis assez claire comme ça ? dit-elle en roulant des yeux.
— Evan est là haut ?
— Non, non. Le fils du voisin gros débile. Bien sûr qu'il est là haut !
— Oh merde.
— Oui, oh merde. Et j'aimerais bien y retourner tu vois. Tu me coupes dans mon élan alors que je n'ai pas encore atteint l'orgasme. Aller dégagez d'ici ! Sauf si vous voulez vous taper les bruits d'un porno, y'a des pop corn dans le tiroir !
Je la regarde, mon regard dur et les lèvres serrés.
— Mais tu es nue dessous ? demande Austin, presque en l'engueulant.
— Oui Austin, je ne fais pas l'amour toute habillée. Désolée de te décevoir.
— Pas du tout pudique tu disais ? murmuré-je à mon ami.
— Qu'est-ce qu'il veut canard laqué ? Il profite bien du spectacle ? dit-elle en souriant.
— Heu...
— Et ouais, tu n'es pas le seul à trouver des surnoms ridicules liés à la bouffe.
Je suis étonné par tant de cran. À première vue, ce n'est pas du tout ce qu'elle dégage. Pourtant, c'est bel et bien de l'audace qu'elle dégage à cet instant.
— C'est bon, vous pouvez partir maintenant ? demande-t-elle à nouveau.
— On va chez moi, lâché-je à Austin.
— Merci mon p'tit canard. T'es adorable. On se voit demain en anglais, je serai habillée cette fois, dit-elle en agitant la main vers moi.
Je la regarde porter son drap comme si elle était vêtue d'une robe de bal. Avec tant d'élégance que ça me ferait presque oublier ce qu'elle faisait avant. Je dis bien presque. Evan est là haut, et il l'attend. Elle se dessine un sourire avant de disparaître dans sa chambre.
Elle est si belle. Elle semble si heureuse et indifférente. Sa joie me fait l'effet d'une décharge électrique. Tout ce que je pouvais me dire, c'est qu'elle ne m'appartenait pas.
C'est à ce moment là que j'ai compris que la fille en question n'avait rien à voir. Peu importe que ça soit elle ou bien une autre. Evan avait une copine, comme moi j'en avais une avant son passage. Mais à cause de lui, j'ai tout perdu. J'étais décidé à lui montrer ce que ça faisait. J'étais décidé à faire la même chose.
Peu importe que la victime soit Iliana ou bien une autre.
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Elle tira sa chaise bruyamment et se posa tranquillement a côté de moi.
— Salut ! lance-t-elle joyeusement.
— Tu es habillée aujourd'hui, remarqué-je.
— Bien observé. Tu as l'air déçu mon p'tit canard.
Elle fait la moue, telle une petite fille. Elle ressemble à une enfant toute mignonne aujourd'hui. Elle est en jupe, une assez courte en jean noire avec un sweat long blanc et noir de la marque Vans avec des damiers sur les manches et une photo de David Bowie représente dessus au niveau de son dos. Elle a aussi des Vans aux pieds, montante cette fois. Ses mèches sont pour une fois disciplinées et enfermées dans deus tresses longues et collées, qui viennent passer à côté de ses boucles rondes.
Elle note attentivement ce que dit le prof, aligné et propre sur ses petites fiches.
— Tu es très studieuse aujourd'hui, remarqué-je pour l'embêter.
—Oui, tu vois, le prof me regarde chelou depuis vingt minutes et vu que j'ai été absente une semaine entière, je préfère faire bonne figure.
— Hum. C'était y'a deux semaines quand même.
— Il me fixe, là, tout de suite. Regarde, me chuchote-t-elle.
Effectivement, le prof la fixe à travers ses nouvelles petites lunettes carrées.
— Mademoiselle Midden ? Une intervention à proposer à la classe ?
Tous les élèves devant nous se retournent pour nous fixer. Je baisse légèrement la tête.
— Je me faisais simplement la réflexion que, le romantisme s'étendait bien plus loin que les frontières que vous nous avez décrites plus haut.
— Savez-vous seulement ce qu'est le romantisme mademoiselle ? Après tant de jours d'absence, lance le prof sans la lâcher des yeux.
— Oui. Je crois le savoir, soutient-elle.
— Un définition à nous proposer peut-être ?
Elle replace sa petite fiche devant elle afin de pouvoir la regarder.
— Sans vos notes évidement mademoiselle. Si vous êtes aussi studieuse que vous voulez me faire croire.
— Mais évidement, déclare-t-elle avec le sourire.
Elle retourne sa pile de feuilles, et ajoute avec assurance en le regardant.
— C'est un mouvement culturel et littéraire. Qui s'étend dans toute l'Europe au... 18ème siècle je crois ? Et qui atteint son apogée au 19ème.
— Il me semble que c'est exactement ce que j'ai dit, se défend le prof.
— Sauf que le cours est terminé depuis une semaine et qu'il n'est question de la France nulle part, explique posément Iliana en croisant les mains.
— Désireriez-vous venir à ma place mademoiselle ? Pour nous faire don de vos connaissances merveilleuses ? ironise-t-il.
— Ce serait un plaisir. Mais voyez-vous, j'ai encore un peu de mal à marcher et la hauteur de l'estrade me serait fatale. Je ne pourrai d'ailleurs pas rester debout.
— Alors je vous prie de stopper vos bavardages incessant avec votre voisin, surtout lorsque ça concerne autre chose, que mon cours. Entendu ?
— C'est très clair, dit-elle en hochant la tête.
Le prof la fixe un instant, avant de reprendre.
— On ne peut pas étudier le romantisme sans parler de Victor Hugo, râle-t-elle.
Elle croise les bras sur sa poitrine, perturbée.
— Nous entrons dans le vif du sujet. Avant l'intervention affable de mademoiselle Midden. Ce travail comptera pour la majorité de votre année. Le coefficient sera entre dix et quinze selon vos productions. Autant vous dire qu'il pèsera dans votre moyenne.
Des soupirs s'échappent alors que le prof tape dans ses mains pour le silence.
— Et oui, ma matière est l'une de vos principales cette année. Vous avez interdiction de vous plaindre. Il consistera en une étude complète sur plusieurs thèmes, rendu au mois de décembre sous la forme d'un manuscrit de trente pages minimum. Des comptes rendus, des analyses, des avis personnelles, objectifs... tout ce que nous allons étudier en méthode devra vous servir. On en parlera en détail au prochain cours. Pour l'instant, je veux des groupes. Vous avez deux minutes.
La classe s'agite d'un seul coup. Les voix excitées ou dépitées des élèves se croisent et s'interrogent sur les futurs binômes. Je vois qu'Iliana guette du coin de l'œil Josh, qui semble déjà bien occupé avec une jolie rousse devant lui. Moi, je la regarde elle. Ça serait tout simplement l'excuse idéale. Le motif parfait pour me rapprocher d'elle. Elle note quelques mots sur son calepin, encore.
— Tu sais, si tu veux qu'on se mette ensemble, tu n'as qu'à demander, dit-elle.
— Tu dis ça seulement parce que tu n'as personne avec qui te mettre.
— Pas du tout. Je sais que Josh veut se rapprocher d'Elya. Ce n'est pas nouveau il m'en a parlé dès le premier jour.
— Pff. C'est ça oui. Et qu'est-ce qui te fait penser que JE veux me mettre avec une emmerdeuse comme TOI ?
— Argument numéro un : tu me bouffes des yeux depuis trois minutes non stop.
Argument numéro deux : tu ne dis plus rien depuis trois minutes. Signe que tu attends quelque chose de ma part. Argument numéro trois, et irréfutable. Courtney te fait des signes depuis trois minutes, et tu ne l'as pas regardée une seule fois.
— Tu te trompes sur toute la ligne Iliana, soufflé-je.
— Ah, ok.
Pas une once de regret. Super. Je ne vais pas la supplier quand même.
— C'est terminé ! nous indique le prof.
Je regarde autour de moi, paniqué. Elle, note des trucs sur son putain de carnet.
— Iliana Midden, qui est votre binôme ? demande le prof en arrivant à son nom.
— Il semblerait qu'Aiden Miller meurt d'envie de faire ce devoir en ma compagnie.
Je deviens écarlate alors qu'elle fait tourner son stylo entre ses doigts fins. Toute la classe nous regarde, moi carrément mal à l'aise. Elle, avec l'assurance qui la caractérise.
— T'as pas fini de faire ça ? chuchoté-je vers elle.
— Quoi donc ?
— Ta manière de m'envoyer des pics en public.
— C'est toi qui a commencé. Mais en m'envoyant des pics discrets. C'est tellement plus drôle de te voir t'effondrer sous mes mots devant tout le monde.
Un sourire, presque sadique apparaît sur ses lèvres, humides.
— On s'arrange plus tard pour la répartition, ça sonne, déclare-t-elle en rangeant ses affaires furtivement dans son sac à dos.
Elle s'en va, alors que je reste collé à ma chaise, comprenant que tout va vite devenir plus compliqué que prévu...
📸📸📸
Les gradins se remplissaient progressivement. Mon regarde dérivait par ici, puis par là. La majeure partie du lycée était présente, et avait assisté avec énergie à la première partie du match. Les deux équipes étaient ex æquo avant l'arrêt du temps. Et avant le panier à 3 points d'Evan. Le bâtard.
— Le coach fait que te regarder, me dit Austin, c'est bon signe ça !
— Hum, répliqué-je le regard ailleurs.
Le regard posé sur la furie blonde qui s'approche du terrain, et du capitaine de l'équipe adverse.
— C'est bon, ça va tranquille tu mates bien ma demi-sœur ?
— Je la mate pas. Je l'observe. Tu crois qu'elle va l'embrasser ?
Elle s'approche de lui en lui faisant un geste de la main. Argh. Elle se hausse sur la pointe des pieds, et l'embrasse sur les lèvres. Devant l'ensemble du lycée. Quelques cris perdus dans la foule s'échappent de la foule lorsqu'il passe son bras derrière son dos à elle pour la serre contre lui. Attendez, c'est le « couple goal » quand même. C'est le grand Evan et sa copine, pas n'importe qui.
Ridicule.
— Dégueulasse, en conclus-je.
— De quoi ?
— Il doit être plein de sueur, dis-je en grimaçant et en montrant l'autre là.
— Et tu crois que quand ils couchent ensemble ils ne sont pas en sueur peut-être ? Et crois-moi, ils sont bien plus proches je pense.
— Mais ta gueule en fait, déclaré-je en le regardant.
— Mais la tienne aussi, me répond-il en refaisant ses lacets.
Elle s'avance vers nous, son petit air joyeux scotché au visage. Ouais, super, ton copain est en train de gagner. Joie. Bonheur. Et euphorie.
— Tout va bien ? demande-t-elle.
— Super, on est en train de perdre quoi, marmonné-je.
— Je parlais à Austin.
Et voilà, Aiden c'est pour toi !
— Oui, tranquille, déclare-t-il en riant et en prenant la bouteille qu'elle lui tend.
— Bon ça va al...
— Salut poulette ! intervient un garçon de l'équipe adverse qui arrive derrière elle en lui chatouillant le ventre rapidement.
— Mikeeeee ! Arrête ! se débat-elle en riant.
— On se voit après, hein ?
— Dans tes rêves ! crie-t-elle en lui faisant signe de la main.
Je la regarde incrédule. Mike Jackson. Rien que ça. Le plus gros pervers du lycée.
— Oh, ne fais pas cette tête mon petit canard. Tu sais, je ne suis pas aussi associable que tu peux le penser.
Je cligne des yeux plusieurs fois, sans savoir quoi répondre. Tiens, dans ta tête petit canard. Bien fait.
— Je vais retourner dans les tribunes, dit-elle en désignant derrière elle.
Austin part chercher je ne sais pas quoi un peu plus loin, alors que je me lève.
— Bonne chance du coup, murmure-t-elle en souriant.
— Merci.
— Je crains que vous n'en ayez besoin.
— Oui, c'est vrai que devant la grandissime équipe du grand Evan Brown nous n'avons aucune chance, m'énervé-je.
— Wow. Je n'ai jamais dit ça. C'est juste qu'ils ont des joueurs en or. Evan, oui mais aussi Mike, Justin, Alex...
— Je meurs de peur. Vraiment.
— Serait-ce de la jalousie que je décèle au son de ta voix ? formule-t-elle.
— Mais bien sûr. En plus d'être nul en basket et incapable en littérature du 18ème siècle je suis jaloux. J'ai tout pour plaire.
— 19ème. Le romantisme c'est au 19ème siècle en fait.
— C'est tout ce que tu as retenu ? Que je me suis trompé de siècle ?
— Si je dois être en binôme avec toi, je préfère autant que tu connaisses un minimum les époques ! rit-elle. Et je n'ai rien d'autre à ajouter, tu as tout dit !
Aller. Encore un dans ta tête Aiden. Tu donnes le bâton aussi.
— Je dois réviser un peu, c'est tout.
— C'est clair. Bon, bon courage. Je croise les doigts pour vous.
— Tu ne tiens pas avec ton petit ami ?
— Je n'ai pas d'équipe particulière. D'un côté il y a mon copain et de l'autre mon demi-frère. C'est difficile de choisir. J'espère que vous allez vous en sortir.
— Tu sais ce qu'on dit, l'important c'est de participer, répliqué-je.
Elle éclate de rire. Avant de reprendre, difficilement son sérieux, et de dire :
— C'est exactement ce que disent les bons perdants ça. Allons Aiden. Personne ne fait de sport juste pour s'amuser. Moi j'en fais en compétition seulement pour gagner. Sinon ça n'a aucun intérêt. Les perdants trouvent des excuses, alors que les gagnants trouvent des moyens. Ne l'oublie jamais.
Elle me fait un clin d'œil avant de s'éloigner, la tête de David Bowie se foutant aussi de moi.
— Iliana : mille et Aiden : zéro. Clash royal ! s'écrie Austin en m'ébouriffant les cheveux.
— Casse-toi gros lourd !
— D'accord mon « p'tit canard » !
Mais quel connard lui. Heureusement que c'est mon meilleur pote...
Le jeu reprend alors que les ballons s'enchaînent rapidement. On est encore au coude-à-coude. J'ai égalisé et il ne reste plus beaucoup de temps au chrono. Tout le monde crie, encourage son équipe. Iliana et ses amis en premier lieu. Mon équipe se passe la balle entre les joueurs, alors qu'on s'avance vers le panier adverse.
Franchement, les placements sont vraiment bien je trouve pour le moment. Notre petite guerre a commencé depuis 10 minutes avec Evan. On se fait chier mutuellement. Un de mes joueurs envoie le ballon dans ma direction, mais avant que je n'aie le temps de faire quoi que ce soit, Evan débarque devant moi et l'intercepte.
Il est sérieux ? Je me mets à courir afin de le bloquer mais voilà déjà qu'il fait une passe et que deux points supplémentaires leurs sont attribués. Il ne va pas s'en sortir comme ça. Je meurs d'envie de passer à la vitesse supérieure. L'adrénaline augmente dans mes veines et traverse tout mon corps lorsque je me rapproche de lui. Le jeu a repris, et c'est son équipe qui a la balle maintenant. Ils vont lui faire la passe, pour qu'il marque.
Et à ce moment-là, je lui prendrais le ballon, comme il a fait. Les dribles s'enchaînent, les cris augmentent tout comme ma respiration. Une once d'adrénaline en plus. Un soupçon de colère et d'envie me traversent pour me faire sauter afin de poser mes mains sur le ballon qui arrive dans notre direction. Evan en fait de même, et j'ai l'impression que ça se passe au ralenti. L'extension que je fais, lui juste devant moi, la balle qui passe, mes doigts qui l'effleurent...
Puis elle retombe subitement au sol, rebondissant plusieurs fois d'affilées. Je me réceptionne durement, totalement déséquilibré sous le choc. Par ma faute. Sous la violence du contact dont je suis à l'origine, moi, dont je suis la cause. Merde.
C'est bien mon adversaire qui retombe lourdement au sol à ma suite.
En étouffant des hurlements de douleurs qui font taire la foule. Instantanément.
📸
___________________________
Hey ! Enfin les vacances !
Pour fêter ça, un nouveau chapitre !
On dirait qu'il y a de la jalousie dans l'air, vous ne trouvez pas ?
Pourtant Aiden n'est pas prêt de l'admettre...
Est-ce vraiment qu'un simple jeu pour lui ? Une simple vengeance comme il dit ? 😏
Personnellement j'ai hâte de vous poster le prochain chapitre, qui est très important pour la suite 😊
D'après vous, qu'est-ce qui a bien pu se passer au match ?
La suite demain, avec de nombreuses réponses...
Des bisous, Lina 😘
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