Chapitre 12
« Réveil difficile et réalité brutale. »
Le sable est blanc, et il le restera toujours. Quoi qu'il arrive, notre sable restera toujours. N'oublie jamais ça Iliana.
Ces paroles ne veulent rien dire, je m'y raccroche comme à un souvenir, une évidence vide de sens. Ce ne sont que cinq mots, ajoutés ensemble pour former une phrase, insensée, incompréhensible et vide.
Le sable reste toujours blanc.
Mes pieds s'enfoncent sur la plage, dégringolant la dune qui surplombe l'océan. Une femme tout de blanc vêtue regarde ce paysage magnifique, ses cheveux blonds comme le blé s'envolant autour d'elle. Je m'arrête à quelques pas de sa silhouette, incapable d'avancer davantage.
— Maman ? murmuré-je.
Elle me sourit en tendant sa main vers moi. Je m'apprête à la saisir, mais m'arrête à quelques centimètres de sa peau. Et si j'étais en train de mourir ? Et si c'était elle qui devait m'emmener ? Il ne faut surtout pas que je la touche...
— Tu as beaucoup grandi ma chérie, murmure-t-elle.
— Tu es partie depuis longtemps maman.
— Je sais bien, ma toute petite fille, dit-elle en caressant ma joue.
Elle n'est pas réelle, je le sais. Pourtant, sa main me touche, sa peau entre en contact avec la mienne sans passer au travers.
— Mais comment tu...
— Je te l'ai toujours dit Iliana. Les mamans sont réelles, elles restent toujours auprès de leurs enfants.
— Tu n'es pas réelle, je gémis d'une voix faible.
— Dans ton cœur set dans ton esprit, si. Je serai toujours là, ici, dans cet endroit que tu as créé. C'est comme ça que tu souhaites me voir, alors me je suis là.
— Je veux que tu te réveilles maman. Quand est-ce que tu vas revenir, pour de bon ?
— Iliana... murmure-t-elle en me serrant dans ses bras.
— J'ai encore besoin de toi maman. Je sais que tu peux revenir, j'y crois, pleuré-je dans ses bras.
— Tu ne m'oublieras jamais ma chérie. Quoi qu'il arrive tu ne m'oublieras jamais. Le temps répare les blessures.
— Tu as besoin de plus de temps, c'est ça ? demandé-je avec espoir.
— Nous avons toutes les deux besoin de temps Iliana. Tu en as besoin tout comme moi. Ma chérie, je ne suis pas réellement là, tu le sais ? dit-elle en prenant mon menton entre ses doigts. C'est arrivé, c'est vrai. Mais maintenant Iliana, tu dois me laisser partir ma chérie. Ce n'est pas parce que je ne suis plus là, à côté de toi, ce n'est pas parce que tu ne me vois plus que je t'ai abandonnée. Je serai toujours là pour toi.
— Je refuse de l'accepter, maman.
— Il le faut mon ange, c'est un poids trop lourd pour toi. Tu dois l'accepter, t'en rendre compte.
Je m'écarte d'elle avec violence, et recule précipitamment.
— Jamais, tu m'entends ? Jamais je n'accepterais une chose pareille ! hurlé-je.
— Iliana !
Je m'enfuis en courant à l'autre bout de la plage. Loin de ce fantôme qui est tout, sauf ma mère. Malheureusement, ma course est stoppée net, heurtée brutalement par quelque chose en route, me forçant à lever les yeux de mes pas.
— Courtney... murmuré-je.
— Qu'est-ce que tu fais Iliana? Tu as l'occasion rêvée pour disparaître simplement, saisie-là bordel. Abandonne, crache-t-elle, acerbe.
— Qu... Quoi ?
— Va rejoindre ta mère, noie-toi. Il paraît que c'est ton élément, alors prouve-le. Disparais avec dignité, disparais dans ses hautes vagues, et ne reviens jamais ici.
Je secoue la tête, mes joues envahies de larmes. Ce n'est pas réel, rien de tout ça n'est réel.
— Evan ! l'appelé-je en le reconnaissant au loin, cherchant désespérément une échappatoire.
— Qu'est-ce que tu fais là Iliana ? m'interroge ce dernier avec méchanceté.
Je recule, paniquée à l'idée de voir Evan se pencher tendrement pour coller ses lèvres à celles de ma rivale, cette dernière essuyant son rouge à lèvre à l'aide de son pouce.
— Non... Ce n'est pas réel.
Je me laisse tomber sur cette immense plage, au sable si blanc. Tout s'obscurcit, tout devient noir, même le soleil finit par disparaître, le sable s'envole avec lui, et les vagues s'éloignent. Je suis seule, à présent debout dans l'obscurité totale. Je reste droite, immobile, complètement aveugle et plongée dans une obscurité totale.
Je fais un pas en avant après une éternité, et de larges mâchoires d'acier se referment sur ma cheville. Je ne peux que tomber, entraînant avec moi un bruit de chute terrible, résonnant en un écho infini qui se tait après de longues minutes intenables. Mes gémissements restent silencieux, retenus par mes lèvres serrées, alors que la douleur est assourdissante lorsque j'essaie d'écarter le piège pénétré dans ma chair. Chaque mouvement est une torture, chaque pleur, une réponse. Je ne peux pas crier, totalement bloquée par ce silence de plomb, pleurer est ma seule possibilité, soumise à la douleur insoutenable et constante qui se diffuse dans mon corps. Puis une l...
— Iliana ? résonne une voix faible et étouffée dans ma tête.
Je remue doucement le visage, laissant ma tête glisser sur le côté pour rejoindre l'oreiller. Allongée sur le dos, la jambe gauche légèrement surélevée, mon cœur est maltraité de droit à gauche, comme prisonnier d'un bateau naufragé. Une envie de vomir me noue la gorge, et secoue douloureusement mes entrailles. Je remue mes doigts pour retrouver quelques sensations, fronçant les sourcils, un peu perdue.
— Iliana ? Tu m'entends ?
Mes paupières papillonnent à l'entente de mon nom, mes pupilles essayant de leur côté de retrouver une vision normale.
— Hey... Salut petite marmotte, ajoute une voix tendre en posant sa main sur la mienne, déposée contre mon ventre.
Je plisse les yeux pour essayer de déchiffrer son visage, désavantagée par la lumière est crue qui m'attaque sauvagement. Mon regard dérive vers la machine, tentant de la déchiffrer avec difficulté. Je ne porte aucune attention à la voix pour le moment et me concentre sur le moniteur. Une longue ligne de vie de trace sous mes yeux, se terminant par un chiffre qui ne m'évoque absolument rien.
— Iliana Midden est-ce que tu es avec moi ? tente-t-elle à nouveau.
Mes yeux descendent vers cette voix, à présent qualifiée d'agaçante. Si son propriétaire n'était pas en train de caresser délicatement ma main avec son pouce, il serait sûrement retourné dans le couloir à attendre.
— Austin ? chuchoté-je avec le sourire.
— C'est moi.
Je soupire de soulagement, parfaitement consciente que s'il est présent à mes côtés, c'est que je vais bien. Ses lèvres laissent également passer un sourire, dû à ma mine enjouée par cette nouvelle.
— Je suis vivante, répliqué-je plus fort, comme pour me convaincre.
— Oui, tu es bien vivante.
— C'est chouette, lui dis-je, sûrement encore un peu dans le coltar.
— Ma demi-sœur s'est transformée en légume. Ce n'est pas vrai... soupire-t-il.
Bien que contente d'avoir préserver l'usage de chacun de mes membres, et d'avoir retrouvé un peu de ma lucidité, je me redresse sur un coude en épiant les alentours. Il n'est pas à côté de moi. Non, je ne le vois pas, lui.
— Où est Evan ? interrogé-je Austin, le regard suspicieux.
— Il attendait ton réveil, dans la salle d'attente.
Soupir de soulagement de ma part, comme si mon cœur reprenait un rythme normal.
— Et toi ? Qu'est-ce que tu fais encore là ?
— Vu que je suis le seul membre de ta famille, Il n'y a que moi qui puisse te voir, explique-t-il en passant une main dans ses cheveux bruns.
— Mais tu devais repartir, murmuré-je.
— Tu croyais sincèrement que j'allais partir ? Tu penses que je t'accompagne pour ensuite te laisser seule et rentrer tranquillement à la maison ? C'est vraiment mal me connaître dis donc.
— Je n'en sais rien moi, peut-être que tu n'avais pas envie de venir et que ça...
— Il va falloir que tu apprennes à gérer ce truc, me coupe-t-il. Je ne sais pas si c'est un manque de confiance en toi, mais arrête de penser que chaque chose qui te concerne est forcément un poids pour les autres.
J'ai eu la naïveté de le croire, c'est mon plus gros défaut tout comme ma meilleure qualité. Je donne ma confiance aux mauvaises personnes et elles me trahissent ensuite. « Ma naïveté est un trésor, mais elle est aussi le fruit de mes plus grandes blessures », évidemment.
— Un merci m'aurait suffi tu sais, chuchote-t-il en caressant toujours ma main.
Je le regarde, étonnée. Il me sourit avec sincérité, alors que j'articule.
— Merci, de ne jamais m'écouter. Surtout quand je te demande de partir...
— Et que tu n'en as pas envie, complète-t-il. Aucun problème, te désobéir était un plaisir.
Je ris nerveusement, puis inspecte ma jambe blessée. Seul la forme du plâtre permet de distinguer sa présence, mais je plus important, c'est que j'ai encore la possibilité de la bouger.
— Je vais pouvoir faire du surf à nouveau, j'ai mes deux pieds, lancé-je, souriante.
Il éclate de rire, ce qui me surprend vu le son agréable qu'il dégage.
— Bien sûr que tu pourras continuer à surfer, mais aussi à marcher, courir... C'est le principe d'un pied !
— Wow... trop génial, souris-je en entrant dans son jeu.
— Ton médecin a dit que c'était normal si tu avais du mal à bouger au début. Ils t'ont chargée en antalgiques pour que tu puisses te reposer.
— C'est vrai. Je m'en souviens... vaguement, expliqué-je en plissant les yeux. C'était un peu flippant d'ailleurs, pendant un moment, j'ai cru que j'allais y passer ! Rien que d'y penser à nouveau, ça me donne des frissons partout. Et puis... Avec ma mère, c'est un peu... compliqué on va dire. J'ai fait un transfert et c'était horrible. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive mais celui là il était intense, terminé-je.
— N'y pense plus, me chuchote-t-il, c'est terminé maintenant et tu es tranquille à présent, une bonne chose de fait.
Je lui offre un petit sourire en coin.
— Mais tu vas bien, et c'est le principal. C'est fini la phase de réveil où je suis gentil avec toi en te faisant de nombreux compliments mignons ! Maintenant, retour à la vraie vie, poursuit-il.
— Réveil difficile et réalité brutale oui ! renchéris-je.
— Tu m'as entendu te parler ? demande-t-il.
— Oui, je pense que c'est ce qui m'a permis de revenir.
— Wow, j'ai moi-même contribué au réveil de mademoiselle Iliana ! Tu m'en dois une énorme chérie !
— Toi et ton égo surdimensionné, vous m'aviez vraiment manqué, ris-je de bon cœur.
֍
— On va vous faire signer quelques papiers, puis vous pourrez sortir, m'indique-t-on. Avez-vous des questions ?
— Oui, répliqué-je. Quand est-ce que je peux manger ?
— J'en étais sûr ! se moque Austin.
Je lui envoie un coussin en pleine tête afin de lui manifester mon désaccord.
— Pour le moment, l'anesthésie a encore des effets sur votre organisme. D'ici une à deux heures tout redeviendra dans l'ordre.
— Et pour mon copain, quand pourra-t-il me voir ?
Bien qu'Austin soit présent, j'ai besoin de mon petit ami. Le tenir dans mes bras et pouvoir le serrer sera sûrement le plus beau réconfort.
— Je vais te laisser, je ne tiens pas particulièrement à voir Evan, pas la peine de faire semblant de l'apprécier, m'explique Austin en se levant.
Je croise les bras sur ma poitrine. Il me tire la langue, alors je lui offre le même geste comme réponse.
— Allez, va voir ailleurs ! ordonné-je en riant.
Il rit en reculant, s'arrêtant devant le miroir pour replacer ses mèches à l'aide de sa main et referme la porte après mon médecin.
À quel moment on est devenus aussi proches l'un avec l'autre ? Je n'en ai aucune idée. Avant il s'apparentait plus à un petit con arrogant. Maintenant, il semble plus...
— Salut...
Je lève les yeux, arrêtée net dans ma liste des défauts d'Austin.
— Evan ! murmuré-je avec enthousiasme en tendant les bras vers lui, comme une enfant le ferait.
Il me sourit tout de suite. Le genre d'expression qui me fait fondre tout en me réchauffant le cœur en un instant. Je secoue la tête pour faire taire la question qui se dessine sur ses lèvres et les suivantes avec. Me contentant de sourire comme une belle imbécile devant mon copain si parfait à mes yeux.
— Viens, s'il te plaît j'ai besoin d'un câlin, arrivé-je miraculeusement à aligner.
Il me sourit de nouveau, plutôt attendri cette fois. Il passe d'abord sa main sur mon visage, d'un geste souple et timide. Je ne lui laisse pas le temps de se poser plus de questions sur la manière dont il doit me toucher, ou non, et je me colle à lui, nichée contre son torse. Même assise, je passe mes bras autour de sa taille pour le serrer contre moi.
Je sens son cœur s'affoler juste là, au creux de sa poitrine. sans que je puisse expliquer pourquoi, j'éclate en sanglots dans ses bras.
— Iliana ? Tu pleures ?
Je hoche la tête. Pour une fois, mentir ne servirait à rien.
— Qu'est-ce que tu as ? me demande encore Evan.
— Rien, ne t'inquiète pas. Je suis seulement heureuse de te voir, murmuré-je.
— Ohhh, chuchote-t-il en caressant mes cheveux d'un geste de main.
Je continue de pleurer contre lui pendant un moment, jusqu'à ce que je me calme totalement.
— Ça va mieux ? demande-t-il.
— Oui, je ne sais même pas pourquoi je me suis mise à pleurer comme ça c'est...
Il m'embrasse pour me faire taire; avec délicatesse et force à la fois.
— Tu as aussi le droit de pleurer de temps en temps, comme tout le monde.
Je confirme d'un mouvement de tête, avant de serrer des dents pour masquer ma grimace.
— Quoi, tu as mal ? panique-t-il.
— Oui, confirmé-je en en fronçant les sourcils.
C'est en sensation assez étrange en réalité, comme un long étirement qui me donne l'impression que ma cheville et que surtout le ligament qui va avec vont lâcher très prochainement.
— Merde, souffle-t-il en caressant ma joue.
— C'est normal, t'inquiète pas. Ça se réveille c'est tout.
— Tu veux que j'aille chercher quelqu'un ?
— Oui, pour que mon médecin signe les papiers et confirme mon autorisation de sortie, dis-je avec le sourire.
— Ça marche.
Il embrasse le haut de mon crâne en partant, le sourire aux lèvres lui aussi.
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Hey ! Salut à tous !
Un petit chapitre pour se mettre de bonne humeur avant la révision du bac blanc de français en ce qui me concerne 😪
Et vous, comment s'annonce votre week-end ?
Qu'avez-vous pensé de ce nouveau chapitre ?
C'est vrai, il ne se passe pas grand chose...
Considérez ça comme le calme avant la tempête 😈
Le premier rêve d'Iliana est plutôt étrange, vous ne trouvez pas ?
Mes amies vous diront sans doute à quel point elles aiment les rêves que j'écris 😂
Quelque chose de particulier à dire ?
Des bisous, 😘 Lina
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