3 - Sophie's choice
Mon téléphone portable personnel – que j'avais laissé à l'appartement – s'est mis à s'exciter tout seul quelques secondes à peine après que je sois rentré chez moi – mon vrai chez-moi – et que je l'aie rallumé. Certes, il y avait des tas de SMS, plusieurs messages vocaux et des dizaines d'appels manqués. À tous les coups les trois-quarts provenaient de ces connards de vendeurs à distance. Et comme mon répertoire de contacts avait décidé de faire grève, impossible de savoir qui était quoi. Je décapsule une bière et j'appuie sur la commande permettant d'ouvrir les volets électriques de mon appartement. Je louche sur le numéro de l'inconnu qui tente pour la troisième fois de me contacter.
— Aaaaallô ?
— Ove ? Je pensais que tu rentrais plus tôt que ça.
Je me détends : c'est Jonah Bosede, mon supérieur français.
— Ah, salut, Boss.
— Ove, je t'ai déjà demandé de...
— Eh ! C'est toi qui dérange ton meilleur agent alors qu'il sort tout juste de ses vacances, dis !
— Je t'appelle pour te donner un head's up : j'ai eu la visite d'agents d'Interpol quand tu étais absent.
Mes mâchoires se serrent : ma dernière virée avec un des membres de cette agence a été plutôt mouvementée et ne s'est pas forcément finie sur une bonne note : Interpol a failli signer l'arrêt de mort – pour raisons pratiquement administratives – d'un des potes avec lesquels Tina et moi nous étions retrouvés contre deux mafias sanguinaires. Un genre de Club des Cinq, si vous voulez. Jin Lin-Ma, le dernier des agents avec qui j'ai eu contact, a réussi – officieusement ou illégalement, j'en sais rien – à éviter à Raven Orlov de se retrouver dans une situation plus qu'épineuse. L'autre, « Sawyer », c'est un Irlandais hyper désagréable : lui, je pense qu'il avait plutôt intérêt à remettre Raven Orlov entre les mains de ses patrons. Je ne dis pas qu'Interpol est une mafia, attention ! Mais bon. Disons que finir dans une obscure prison militaire, ça n'avait pas l'air d'enchanter Raven tant que ça.
— Interpol, tu dis ?
— J'ai fait les vérifications d'usage : je leur ai proposé de faire une réunion avec toi au bureau.
— Boss, franchement t'abuses !
— Prends une douche et arrête de râler. Si tu n'es pas là dans une heure, ils viendront directement te débriefer chez toi.
— Tu leur as donné l'adresse de ma piaule ?!
— Non, mais tu as une heure.
Je ronge mon frein et j'ouvre un tiroir de la cuisine impersonnelle au possible – oui, je loue un meublé et oui, j'ai autant d'affinité avec la décoration d'intérieur qu'avec la concierge de mon immeuble dont le bain de bouche est probablement un mélange de jus de tabac et de sueur de catcheur. Avec une rage peu commune – je précise que j'avais sélectionné une bière Chimay vieillie en fût en whisky – je chope un bouchon de bouteille de vin surmonté d'un pirate breton – cadeau de mon boss qui adore le Finistère – et je condamne ma Chimay aux rigueurs du frigo. Avec un peu de chance je la retrouve d'ici la fin de la soirée, mais j'ai rarement ce genre de chance.
*
Lorsque Ove débarqua au bureau de mission, il y trouva Jonah en compagnie du Chinois grinçant qui l'avait rapatrié en France avec Tina mais aussi du rouquin – à la peau presque aussi laiteuse que celle du Suédois – qui toisait tout le monde d'un air désagréable.
— J'suis en vacances, Boss, marmonna aussitôt Rapp en soutenant le regard de l'Irlandais – Sawyer quelque chose.
— Vous êtes avant tout membre réserviste de l'armée suédoise, je me trompe ? l'interrompit le rouquin désagréable.
Il était le plus petit du groupe mais exsudait la suffisance et le contrôle de soi.
— Ils avaient ton adresse, Ove, s'excusa Jonah en secouant la tête désabusé.
— J'étais Marine, finit par répondre le Suédois en levant les yeux au ciel et en s'asseyant à demi sur un bureau couvert de papiers.
— Il y a eu du mouvement du côté des deux pôles mafieux que vous et vos amis avez titillé cet été, lâcha l'Irlandais.
— Oui, ils ont un sacré manque à combler, sourit Ove en repensant aux centaines de milliers de dollars que Tina avait sans fait s'envoler sous le nez des mafieux.
— Et vous tirez une tronche de dix kilomètres parce que... ?
— Il nous semble que, simultanément, Orlov et Quigley ont quitté leur safe house de Monterey tandis qu'Aveterco a décidé de prendre des vacances en Catalogne espagnole. Dans une petite ville balnéaire. Autant le village « historique » où se trouve l'appartement familial d'Aveterco est plutôt calme, autant la partie moderne de la ville est gangréné depuis au moins trente ans par les Russes.
— La mafia russe, précisa Jin Lin-Ma.
— Il y a énormément de groupes mafieux russes, contredit Ove en croisant les bras.
Malgré tout, une sueur froide se glissait dans son dos.
— Peut-être que ça vous intéressera de savoir que nous avons de fortes raisons de penser que Raven Orlov et Boyd Quigley ont reçu la visite – à Monterey même – du père d'Orlov en personne.
— Igor Orlov ?! s'écria le Suédois en décollant ses fesses du bureau en pagaille.
— Lui-même, grinça Sawyer.
— Si je dis qu'vous avez l'air d'avoir apprécié cette réplique, vous m'en voulez ?
— Non.
— Et si je dis que ça fait de vous un sociopathe à tendance...
— Rapp ! gronda Jonah.
— Oui, Boss.
— Igor Orlov n'a commandité aucun meurtre, à ce que nous savons. Seulement nous avons perdu les traces de Raven et de Boyd dans la foulée.
— Pour aller où ? Je croyais qu'Interpol voulait mettre la main sur Raven pour l'embarquer en Russie d'ailleurs !
— Oui, afin de réaliser une forme d'échange avec son père. Si son père le trouve avant nous, il gagne la partie. Dont acte.
— Donc vous venez m'emmerder pour une raison particulière ou juste parce que votre Spider-sense a fait guili quand je me suis posé chez moi avec une bière ?
— Non, parce que nous avons pensé qu'Igor Orlov a envoyé son fils et son compagnon dans la pampa – ou plutôt dans la jungle – quand il a appris que Tina, qui lui doit toujours quelque chose, se trouve en dehors du territoire français.
Ove déglutit son angoisse mais parvint à donner le change :
— S'il avait voulu la flinguer, il l'aurait fait depuis notre accrochage au Mexique.
— Ou alors il cherche à se venger de façon exemplaire.
— Ou alors il a déjà foutu beaucoup d'argent en l'air pour elle, moi, son fils et son gendre.
— Ah ? Ils se sont mariés ? s'intéressa aussitôt le vieil agent chinois en levant les sourcils.
— Non, espèce de vieux Bravoholic (1). Ils m'auraient invité. Garçon d'honneur, minimum. On a niqué une certaine quantité de mafieux ensemble, ça compte pas pour rien.
— Et j'imagine que le docteur Aveterco aurait été témoin attitrée ?
— Vous ne l'avez pas revue, me semble-t-il, glissa l'agent Sawyer.
— Non, j'étais au travail, répliqua acerbement le Suédois. Mon chef ici présent trouve toujours une agence qui est ravie de bénéficier de mes services !
— Mais tu as droit aux congés compensateurs qui s'imposent, rétorqua à son tour Jonah avec un demi-sourire.
— M'ouais. J'étais en plein dedans, mes congés compensateurs. Bon, non, j'ai pas revu Tina. On est pas mariés.
— À notre grand regret, glissa Sawyer. Ceci dit sans ironie, cette fois, parce qu'au moins on aurait été un peu plus rassurés sur sa santé et sa prise de risques vis-à-vis de son entourage.
— C'est quoi ce discours macho ? Avec ou sans moi, cette fille prend tous les risques.
« Et c'est ça qui me fait kiffer... » songea le Scandinave in petto.
— ... je pense même, de ce que m'a dit l'agent Rapp, glissa Jonah qui avait juché une paire de lunettes sur son nez, que cette femme est relativement accro au risque. C'est l'ancien diplômé de psychiatrie criminelle qui parle, crut-il bon de préciser.
— Au risque et au travail, précisa l'Irlandais en saisissant une tablette tactile qu'il avait posée derrière lui. Elle s'est épuisée ces derniers mois, son congé lui a été imposé, d'après nos sources.
— Vous la surveillez ?!
— Oui, agent Rapp. Elle ne bénéficie pas d'un programme de protection des témoins – si c'était le cas, nous ne ferions pas appel à la France pour ça – et elle a... relativement peu apprécié les conseils que mon collègue Jin lui a faits.
— Elle a de l'autorité, admit le vieux Chinois comme s'il approuvait le manque d'appréciation des conseils qu'il avait tenté de fournir à Tina. Je ne suis pas sûr que tu sois de son envergure, petit, ajouta-t-il avec familiarité à l'adresse de Ove. Surtout si tu n'as pas daigné la rappeler pendant plus de deux...
Le Suédois fusilla l'agent d'Interpol du regard, ce dernier dissimula un sourire carnassier derrière un air faussement surpris et accusa également le regard menaçant de Sawyer.
— Au fait ! s'exclama ce dernier, toujours aussi sec. Nous aimerions qu'un agent extérieur à Interpol enquête sur l'officier américain Quigley ainsi que le jeune héritier Orlov.
— Son père l'a déshérité, grogna Ove qui voyait une fois encore l'opportunité de contredire l'irritant rouquin. Raven Orlov se cache de son père, c'est pour cela qu'il était primordial qu'il ne soit pas rapatrié de force en Russie.
— Depuis la disparition – et surtout la déchéance, remerciez Aveterco pour ça – d'Ivan Orlov, fit Sawyer en plissant les yeux, le vieil Igor a tourné ses vues encore une fois vers son aîné.
— Raven est gay. Ou bi, je sais plus, en tout cas aux dernières nouvelles, il est toujours en couple avec Boyd, et ça ne plait pas du tout aux Russes, au cas où Interpol ne soit pas au courant... ironisa Ove.
— L'argent achète absolument tout, murmura Jin qui avait cette fois l'air sérieux. Nous pensons qu'Igor s'est tourné vers son aîné justement pour le récupérer dans ses filets. Donner la succession de son groupe financier à une personne extérieure au clan Orlov ne lui ressemble pas.
— Bon, écoutez : si vous venez me demander d'utiliser mon amitié envers Raven et Boyd pour qu'Interpol – ou n'importe quelle autre agence, d'ailleurs, mette la main sur Raven, vous pouvez toujours rêver. Et puis Jonah, fit le jeune homme d'un ton accusateur, ne me donne pas ce genre de mission, je suis sûr qu'un article sortirait, un genre d'article dénonçant les risques que ça f'rait courir à Raven en tant qu'homo s'il est renvoyé dans son pays natal.
— Ove, le gronda son chef, je n'ai rien dit. Et tu m'as bien regardé ? La convergence des luttes, ça te dit quelque chose ?
— Ah, parce qu'à Lagos y'a une Pride organisée tous les ans (2) ? siffla le Scandinave en ignorant l'œillade courroucée de son chef. Laisse-moi rire. Donc non, vous deux, merci pour la proposition, mais j'ai mieux à faire que de vous aider à capturer un couple gay.
Ove allait partir sans demander congé – après tout, il n'était plus à l'armée, merci bien – mais la voix sèche de Sawyer s'éleva à nouveau :
— Et si je vous dis que vos amis sont justement repartis de leur plein gré au Mexique sur ordre d'Igor Orlov, afin de ramener Ivan Orlov sain et sauf – ou de s'assurer de son décès, vous ne trouvez toujours pas cela plus qu'étrange ?
Rapp se figea dans son élan. Ivan Orlov. Voilà autre chose...
— Je pensais que ce petit salopard avait été éliminé par l'Alligator en personne... grogna-t-il.
Il se retourna avec lenteur. Les trois hommes étaient particulièrement grave.
— Non. Du moins nous pensons qu'Igor Orlov est quasiment convaincu que son jeune fils est encore en vie – ou a survécu assez longtemps pour que des villages isolés dans la forêt parlent de lui.
— Raven ne serait pas retourné au Mexique. Pas si Boyd...
— En tout état de cause et malgré leurs précautions, ces deux hommes sont actuellement au Mexique, au Yucatan. Nous craignions que Raven Orlov abandonne son... compagnon ? tenta Sawyer avec une certaine gêne. Qu'il l'abandonne ou qu'il l'exécute.
— Raven Orlov n'était pas un made-man (3), fit remarquer Ove sans cacher son appréhension.
— Un Vor (4), le contredirent en chœur Jin et Jonah.
— Oui, bon... c'en était pas un, que je sache.
— Oui, admit Sawyer en faisant la moue. On a vu des hommes tuer leur fiancée, leur frère, même leurs parents, pour devenir vor. Vous ne connaissez pas Raven Orlov, agent Rapp, admettez-le.
— Je sais juste qu'il a mis sa vie en jeu pour deux parfaits inconnus, rétorqua le Suédois qui dut pourtant placer la déclaration du rouquin dans un coin de sa tête, tout antipathique était-il. Et que son frangin l'a contacté pour lui proposer de nous livrer à lui – enfin plutôt de livrer Tina – afin que Raven soit épargné. Et Raven a tout fait pour mettre des bâtons dans les roues de ce connard d'Ivan.
— Toujours est-il que votre jeune ami a obéi sans coup férir à son père. Et que nous craignions qu'il utilise son amitié et... si je peux dire sans vous vexer : la naïveté relative d'Aveterco.
— Elle est médecin-légiste, je pense que...
— Rappelez-moi le contexte de votre rencontre ? fit l'Irlandais d'un ton acide mais d'un air rapace. Ah, oui, c'est vrai, elle s'était tellement alcoolisée au cœur d'un paradis fiscal qu'elle avait débarqué comme une fleur pour affronter toute seule deux groupes mafieux ! Et comment s'était-elle retrouvée dans un tel état ? Parce qu'elle... ?
Sawyer avait pris un ton d'institutrice qui fait repasser ses leçons à un élève particulièrement médiocre, ce qui eut le don d'irriter Ove encore plus qu'il ne l'était déjà. Il serra les poings et Jonah Bosede dut lui faire un petit signe de la main pour qu'il se détende.
— Parce qu'elle venait de convoler en justes noces – annulées peu après, bien entendu – avec un criminel sexuel. Ce qui me laisse à penser que, malgré de longues et brillantes études, à la fois en criminologie et en médecine, elle présente une certaine presbytie relationnelle.
— Je veux même pas savoir c'que ça veut dire. Mais oui, elle avait tendance à peut-être pas assez se méfier. Ça n'en fait pas une mauvaise personne, que je sache ?
— Ça en fait une personne qui se trouve hors de son territoire, seule, dans une ville encore gangrénée par la mafia russe, et qui risque de ne pas se méfier si elle reçoit un appel – ou pire : la visite – de deux compagnons de vacances.
— J'imagine que vous ne vous êtes pas déplacés tous les deux ici simplement pour me faire un résumé de la situation ?
— Correct, reprit Jin. Nous allons vous demander un service.
Il lui lança un coup d'œil appuyé. Ove savait que tous les quatre, Tina, Boyd, Raven et lui, en devaient une au vieux Chinois. Et Sawyer n'avait pas l'air d'être au courant. Ou s'il l'était, son collègue n'avait pas souffert de procédures disciplinaires.
— J'écoute ?
— Nous aimerions avoir un temps d'avance sur Igor, si ce que nous craignions est avéré, à savoir qu'il cherche à la fois à récupérer Raven Orlov dans ses rêts et à se débarrasser de Quigley et d'Aveterco.
— Je pense qu'il cherchera à se venger du Dr Aveterco, glissa Jonah. Si ce que vous m'avez dit est juste.
Les trois autres hommes partagèrent un hochement de tête.
— Nous pensons que vous, Rapp, à cause de votre dernière mission qui vous a complètement effacé du radar – y compris du nôtre, je dois le confesser –, vous avez la capacité de vous faufiler un peu partout sans être repéré.
— Ce qui peut paraître surprenant, vu son physique... sourit Bosede en regardant son agent par-dessus ses lunettes.
— Je peux refaire une réflexion désagréable sur le Nigeria, Boss.
Les deux collègues échangèrent un regard amusé : ils n'avaient pas l'habitude de recevoir les membres d'une agence internationale prête à prendre le contrôle de n'importe qui. Jin reprit la parole :
— Il faudrait que vous alliez au Yucatan, pour tenter de retrouver vos deux amis. On pourra user de quelques ressources d'Interpol...
— ... même si le budget est très limité, glissa aussitôt l'Irlandais.
— Oui, plus que limité, regretta le Chinois d'un ton presque plaintif.
Ove leva les yeux au ciel : Jin avait utilisé son jet personnel pour les rapatrier en France, Tina et lui (5).
— Au Yucatan ?! finit par percuter Ove. Mais...
— Si l'objectif de Raven Orlov – ou de son père, qui peut l'utiliser comme proxy – est de retrouver ensuite Tina Aveterco, vous parviendrez à le savoir, j'en suis certain. Nous pourrons alors intervenir et la mettre à l'abri.
— Vous voulez pas juste mettre des agents de protection sur son dos ?
Le vieux Chinois lui lança un regard lubrique :
— J'imagine que ça vous plairait bien d'endosser ce rô...
Sawyer lui avait donné un coup de coude dans les côtes.
— Pas la peine de se lancer dans un concours de grivoiseries. Et non, une fois encore : la présence d'agents peut justement attirer l'attention sur elle. L'avertir dès maintenant, nous y avons pensé, mais nous craignons à juste titre qu'elle soit aussi réfractaire – voire plus – que vous à l'idée que Raven Orlov décide de retourner dans le giron paternel. Et nous ne pensons pas qu'elle soit capable de maintenir une couverture sérieuse, elle n'est absolument pas entraînée à ça et, honnêtement, ne présente pas les compétences intellectuelles pour.
À nouveau, Jonah fit un petit signe à Ove qui avait pris la dernière phrase de l'Irlandais personnellement : son sang n'avait fait qu'un tour.
— Elle m'a quand même sauvé la vie et conservé un sang-froid admirable à de nombreuses reprise, au Mexique, gronda-t-il.
— Dans des situations où elle vous avait placés tous les deux – tous les quatre – en raison de son inconséquence. Mais si vous préférez la rejoindre en Espagne tout de suite, alors que vous l'avez complètement ignorée pendant des mois, d'une je ne peux pas garantir qu'elle vous accueille à bras ouverts – et je la comprends, ajouta Sawyer avec un brin de cruauté dans la voix. De deux : vous profiterez de votre farniente jusqu'à ce qu'un des agents d'Igor Orlov vous tombe sur le râble.
— Ou ceux de l'Alligator, menaça Jin. Nous avons trop peu de données sur lui, mais je suis certain qu'avoir gardé Ivan Orlov en otage – a minima – ne lui suffira pas à étancher sa soif de vengeance. Aveterco n'a pas humilié qu'une mafia.
— Aveterco croit déjà que vous vous foutez amplement de votre relation, lâcha à son tour l'Irlandais d'un ton plus venimeux. Peut-être même qu'elle a fait un trait dessus et qu'elle s'est trouvé un beau catalan. Vous avez le choix entre : la Costa Dorada avec une potentielle douche froide sentimentale et l'assurance de doublement risquer d'alerter la bratva (6) d'Orlov, ou le Yucatan et la possibilité de sauver à la fois Aveterco et Quigley. Voire Raven Orlov si ça peut vous faire plaisir, mais quand on parle de la nature intrinsèque de l'homme, je suis du genre pessimiste.
— Ove, dis-toi au moins que tu n'as pas à faire le choix de Sophie(7).
Un silence de plomb tomba sur le bureau, tous les regards avaient convergés vers le Suédois qui eut une pensée endeuillée pour la bière vieillie en fût de whisky qui l'attendrait bien longtemps dans son frigo.
*
(1) Contraction anglophone de Bravo et alcoholic, soit « addict de Bravo TV », qui est une chaîne amplement dédiée à la télé-réalité (telle que les Real Housewives, Under Deck, VanderPump Rules, Married to Medecine ou encore Botched, NdA, qui a dû prendre la relève de son traducteur, indisposé par l'étalage de tant d'âneries et par le fait que l'auteure soit elle-même une Bravoholic assumée.
(2) La loi d'état du Nigéria propose jusqu'à 14 ans de prison ferme pour homosexualité. On retrouve malheureusement des peines bien supérieures dans la partie nord du pays (à majorité musulmane) : notamment la peine de mort par lapidation en raison de l'intervention légale de tribunaux religieux appliquant la Sharia, outrepassant le tribunal d'état. La loi interdisant l'homosexualité dans les autres tribunaux non-religieux est la Same-Sex Marriage Prohibition Act, qui légifère sur tous les types d'union homosexuelle. La majorité de la population nigériane (près de 90% en 2019) estime que l'homosexualité ne pas être acceptée dans la société. NdA.
(3) Litt. « Homme Fait », terme propre à la Cosa Nostra, immense famille mafieuse italienne et souvent détournée (en nom ou en acte) dans d'autres groupes criminels, c'est un homme reconnu par ses pairs (supérieurs) pour sa loyauté envers le groupe, un meurtre étant de nos jours requis afin d'être considéré comme Made-Man dans bon nombre de groupes criminels, quelle qu'en soit l'origine. Dans la tradition italienne de la côte est-américaine (nous ne donnerons pas de nom pour des raisons de santé personnelle), les Made-Men étaient nommés chaque année à un congrès mais d'énormes dissensions (lire : des assassinats au sein du groupe mafieux) ont entraîné l'arrêt de la nomination de Made-Men pendant plusieurs années et l'affaiblissement du clan en question dont les descendants se sont récemment retrouvés dans des séries Netflix ou dans des télé-réalités. NdA.
(4) Litt. « Voleur » : équivalent du Made-Man sicilien, reconnu par son Pakhan, terme désignant le chef d'un groupe criminel russe (équivalent du Parrain, Kingpin ou Don), ces groupes slaves étant bien moins monarchiques que les groupes italiens mais tout aussi délétères. NdA.
(5) Voir le tome 1 de Get Away : Le Suédois qui n'aimait pas l'été, disponible en broché et eBook sur Amazon ou en lecture en ligne sur Wattpad. NdA.
(6) Nom donné à un groupe mafieux russe. NdA.
(7) Non, ceci n'est pas une inside joke en référence à l'héroïne de l'excellente série Vampire Consultant, mais une référence au livre éponyme de William Styron, NdA, qui vous suggère d'acheter ses livres pour Noël, parce qu'ils sont à un prix vachement abordable pour des brochés grand formats de plusieurs centaines de pages !
*
ENFIN !!! C'est sorti !!
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ;-)
Merci pour votre lecture !!!!
Sea
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