4/6 - Doute.
J'ai beaucoup douté dans ma vie, pour tout un tas de choses, mais je me souviens de ces deux semaines particulièrement abominables pour moi. À notre retour du Duplex, le soir du vingt-septième jour, Elie et moi avions dormi ensemble. Je m'étais réveillé au petit matin seul dans ses draps, tandis qu'il s'en était allé je ne sais où dans Paris. À son retour à l'appartement en fin de journée, alors que j'avais passé mon samedi à gratter du papier pour un devoir de fac', je m'étais attendu à ce qu'il se montre un tantinet attentionné envers moi. Sauf que cela n'avait pas été le cas.
Bien sûr je ne m'étais pas attendu à ce qu'il me serre dans ses bras, mais un simple bonjour ou ne serait-ce qu'un sourire n'auraient pas été de refus.
Et il m'avait évité ainsi pendant deux semaines. Les deux semaines les plus longues de toute ma vie. Je vivais avec un fantôme, toujours cloîtré dans sa chambre et froid et distant envers moi lorsqu'il daignait en sortir, notamment lors des heures de repas. Même si nous avions passé les cinq premières semaines sur la même longueur d'ondes, à rire et à partager des moments ensemble, cette soirée au Duplex semblait avoir tout remis en question.
J'avais passé des nuits à me demander quel était le problème et si j'avais fait quelque chose de mal. Je savais qu'il était saoul ce soir-là et que c'était l'alcool qui l'avait fait se coller contre moi, danser avec moi et dormir dans mes bras. Je regrettais, moi aussi, d'avoir été incapable d'anticiper la suite et de m'être laissé aller dans ses bras. J'avais flashé sur lui dès les premières secondes et, dès les premiers jours, j'étais tombé amoureux.
Sauf que suite à cette fichue soirée, j'ai payé cash d'avoir été trop naïf. Il me manquait, à ne plus me parler sauf pour des broutilles et à ne plus me regarder. Je me suis demandé un moment ce qui clochait chez moi, ce qui avait bien pu le dégoûter ou je ne sais quoi avant de finir par comprendre que le problème ne venait pas de moi mais certainement de lui.
Il me fuyait, à longueur de journée, comme s'il avait eu peur. Je m'étais fait tout un tas de films, me disant qu'il avait peut-être peur de s'attacher, ou qu'il n'assumait pas d'être homosexuel, ou tout un tas d'autres choses aussi étranges les unes que les autres. À force de me torturer l'esprit et d'en souffrir, à force d'attendre après lui malgré mes vaines tentatives pour l'approcher, j'avais fini par abandonner.
Je vivais avec un fantôme, et même si cela faisait mal, je m'y étais finalement habitué. Il me manquait.
Et le Rubik's Cube posé sur le comptoir, qu'il n'avait plus touché depuis la résolution de la face rouge, semblait à l'abandon.
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