II-9/ Se préparer au combat
Mon fils à terre ? S'étonna la mère de Seiji qui se tenait aux côtés du Seigneur
Maimiti relâcha alors son étreinte et se releva non sans tendre la main à son adversaire. Seiji, blessé dans son orgueil comme l'avait prévu Heicho, la refusa et se hissa lui même pour saluer ses parents. Maimiti ne s'en offusqua pas, il aurait été même anormal qu'il agisse autrement. Elle remit de l'ordre dans ses cheveux et sa tenue et tendit son bâton redevenu couleur de bois à son maître d'armes.
Quel plaisir de te revoir parmi nous mon fils. Ta notion du temps s'est quelque peu altérée durant ton absence ... dit il d'un ton ironique.
Nous discuterons de cela à l'intérieur si vous le voulez bien père ! Nous partons en guerre !!
En guerre ? Demanda l'épouse du Seigneur Mon fils ? Que se passe-t-il ??
Rien de plus que ce qu'il est prévu !! Mais (se tournant vers le maître d'armes) Heicho comment as-tu réussi un tel miracle sur elle ?!! (Désignant Maimiti du doigt)
Elle est juste là et elle s'appelle Maimiti au cas où tu l'aurais oublié ?!! S'indigna-t-elle en ne permettant pas à Heicho de répondre
Toujours aussi vive et impulsive !!! En la toisant du regard !!
Toujours aussi prétentieux et imbus de sa personne !! Rétorqua-t-elle
Allons les enfants !! (D'une voix calme mais imposant le silence)
Père !! C'est elle ....
Seiji !! Silence !! S'énerva Daisuke !! J'aurai cru que ces 7 années t'auraient fait grandir !! Maimiti n'est plus l'adolescente impressionnable que tu pouvais taquiner à ta guise !! C'est devenu une puissante guerrière, plus puissante que tous nos meilleurs hommes et elle est une princesse future souveraine de son Royaume !! Et tout cela a été rendu possible grâce à Heicho qui a veillé sur elle pendant ton absence !!
De plus en plus vexé de l'humiliation subie à peine rentré, il ne put s'empêcher de se comporter tel un rustre :
J'imagine bien comment il a pu veiller sur elle si elle lui a ouvert ses cuisses ...
Bien avant que le maître d'armes puisse réagir et se défendre de telles accusations, Maimiti avait décroché son bâton et l'avait violemment projeté au niveau du plexus du brun qui se plia en deux en crachant du sang. Elle lui asséna un coup dans le dos de sorte qu'il s'écroula face contre terre dans un bruit sourd. Il avait perdu connaissance.
Maimiti !! S'indigna Heicho alors que le Seigneur et son épouse étaient sans voix. Depuis quand tu perds ton sang froid de cette manière !!! Je ne t'ai pas appris cela !!! puis regardant Seiji au sol. Et occupes-toi de lui ! Tu y est allée un peu fort pour une simple remarque sans fondement en plus !
Pardon mon seigneur de m'être emportée après votre fils alors qu'il vient juste de rentrer.
Oh Maimiti je comprends que vous n'ayez pas aimé les remarques de mon fils, mais effectivement j'aurai aimé que vous soyez moins impulsive !! Mais il en a toujours été ainsi entre vous. La moindre remarque est toujours l'étincelle qui met le feu aux poudres !!! Ne vous inquiétez pas, nous ne vous en voulons pas, de toute manière vous ne lui ferez jamais de mal mortellement n'est-ce pas princesse ?
Bien évidemment Seigneur Daisuke.
Le Seigneur et son épouse regagnèrent l'intérieur de la demeure pendant que Heicho prenait sous son bras le corps inerte de Seiji. Ils allèrent dans la chambre du brun où le maître d'armes l'allongea sur le lit. Lors de sa chute, Seiji s'était légèrement blessé au front.
Je te laisse t'en occuper. Je te fais confiance pour ne pas aggraver son état !
Oui Heicho, ça va aller. Il est juste dans les vapes et ce n'est qu'une égratignure. Je veillerai à ce qu'il se réveille avant de vous rejoindre.
Bien ma petite Mai'.
Il s'en alla, laissant Maimiti seule avec Seiji. La princesse regarda le brun allongé devant elle et commença à appliquer les sorts de soin. Elle n'était plus en colère mais plutôt calme et concentrée. Sans vraiment trop s'en rendre compte elle se mit à parler à haute voix :
J'ai vraiment été déçue que tu puisses penser ça de moi. C'est donc tout ce que tu retiens : ma condition de femme et le fait que je puisse avoir eu besoin d'assouvir les besoins d'un homme. Même pas tu ne t'intéresses à ce que j'ai dû endurer pendant ton absence pour enfin maîtriser l'art du combat. Je ne te demande pourtant pas grand chose, mais juste que tu constates mes progrès... elle soupira alors que sa main s'appliquait à vérifier qu'il n'avait pas d'autres lésions cachées. Elle sursauta quand elle entendit sa voix :
Bien évidemment que j'ai constaté tes progrès. Tu ne m'aurais jamais mis au tapis aussi facilement.
Elle arrêta alors sa main et baissa son regard vers celui du brun. Ils se regardèrent fixement pendant plusieurs secondes puis il ajouta :
Je suis désolé de t'avoir contrariée.
Hmm.
Vraiment Maimiti. Je n'aurai pas dû dire ça.... c'était ...
C'était plus fort que toi ! Tu as été vexé que je te batte, que je puisse être plus forte que le grand Seiji !!!
Certes. Mais j'ai vu comment Heicho te regarde !!! Ce n'est pas un regard neutre comme le mien ! C'est le même regard que mon père quand il regarde ma mère !!
ET un simple regard te fait dire que je me suis donnée à lui ? ET PUIS en quoi ça te regarde ??? J'ai le droit d'être avec qui je le souhaite. Tu n'as aucun droit sur moi et sur mon corps.
Je n'ai peut-être aucun droit sur toi comme tu dis, mais j'avais donné l'ordre que personne ne devait te toucher sous peine d'être décapité.
TU avais donné l'ordre : et bien tu peux être fier de toi, UN seul a osé désobéir et s'est vu tranché la gorge par Heicho !!!
Il la regarda les yeux écarquillés, une sourde colère lui enserrant le coeur mais elle ne le laissa pas finir : Heicho est arrivé à temps, rien ne m'est arrivé. Personne ne l'avait donc touché, elle était donc toujours pure. Mais à la réflexion, pourquoi s'en inquiétait-il autant ? Elle était libre et il n'avait effectivement aucun droit sur elle et encore moins sur son corps. Autant effectivement quand il l'avait laissé, elle n'avait que 17 ans mais à présent elle ne semblait plus une jeune fille fragile : elle était devenue une femme, ça il ne pouvait pas le nier. Le tirant de ses réflexions elle lui dit : Puisque tu es en forme et réveillé, tes parents nous attendent et j'ai envie de connaître les raisons de ta si longue absence et surtout savoir ce que tu as à nous dire sur mon Royaume.
Oui j'en ai des choses à dire sur ton Royaume. Des bonnes comme des mauvaises choses. Allons-y.
Il se leva de son lit et suivit Maimiti jusqu'à la salle à manger de la maison. Ses parents étaient en pleine conversation avec Heicho et les autres responsables de l'armée. A leur arrivée, Heicho leva la tête vers la princesse et lui lança un regard interrogateur auquel elle répondit d'un hochement de tête signifiant que tout était réglé. Seiji salua les membres de l'assemblée qu'il n'avait pas encore vu et il s'installa en bout de table. Maimiti s'était assise à côté de Heicho comme elle le faisait habituellement, le brun le remarqua mais se retint de faire la moindre remarque. Il se nota à lui-même de discuter seul à seul avec l'homme aux cheveux blancs.
Bien, après ce petit contre-temps à mon arrivée (en lançant un regard accusateur vers Maimiti qui haussa les yeux aux ciel) j'ai de grandes nouvelles à annoncer. Je sais que mon séjour a duré plus longtemps que prévu et je suis heureux de constater que vous avez tous veillé sur notre précieux Pays. Mais nous devons nous préparer à partir en guerre, non pas pour conquérir un autre royaume, mais pour sauver un peuple d'une tyrannie abjecte. Je suis resté près de 7 ans sur l'Île et j'ai découvert des paysages magnifiques mais le peuple souffre sous l'oppression, la cruauté et la peur. Aucun rire ne s'entend, tout n'est que chuchotement et angoisse. Pourtant, l'île continue de prospérer malgré ce climat de terreur, mais le temps est venu de libérer ces gens. Le souverain Arono est enfin décédé et son fils, le sanguinaire Teririnui, doit être couronné dans 4 mois. Donc nous devons prendre la mer dans 3 mois pour pouvoir empêcher au plus vite son accession au trône.
Mais pourquoi ne partirions nous pas immédiatement ? demanda un des généraux présents
Pourquoi ? parce que malheureusement j'ai promis de revenir à cette date avec comme cadeau une bonne dizaine de concubines.
QUOI ?? hurlèrent toutes les personnes autour de la table, Maimiti s'étant levée de colère.
Je n'ai pas vraiment l'intention de sacrifier une douzaine de nos plus jolies femmes pour cet homme infect qui n'a aucun respect de l'être humain. Mais j'ai pensé que ce stratagème était le plus adéquat pour assurer le retour de Maimiti parmi les siens.
Tous se rassirent sauf Maimiti, qui, les poings serrés sur la table, attendait qu'il s'explique plus amplement. Il ne s'en offusqua pas et continua donc en se tournant vers les maîtres d'armes dont Heicho qu'il interpella :
Heicho et les autres, serait-il possible de former sommairement une dizaine de nos plus jolies femmes ? Disons pas à l'art de la guerre mais à l'auto-défense, les techniques de base en somme et ce en moins de 2 mois ?
Heicho répondit pour les autres : Deux mois seront inutiles mon seigneur.
Comment ça ? s'étonna le brun
Heicho sourit et se tourna vers Maimiti pour lui laisser la parole :
Parce que les femmes m'ont prises comme exemple. Elles ne voulaient plus avoir peur pour leur vie et de la violence que vous les hommes pouvaient faire preuve envers elles. Depuis 3 ans, je leur enseigne l'art de la défense. Elles ne sont certes pas prêtes pour le combat au front, mais elles n'ont plus à redouter d'être faibles devant vous.
Heicho et les autres hommes autour de la table hochèrent de la tête, Daisuke et son épouse avaient même le regard fier de l'influence positive qu'avait eu cette princesse en leur pays. Le peuple l'avait acceptée et l'aimait comme si elle était une princesse d'ici. Seiji fut surpris d'entendre cela et de voir les réactions de fierté et de contentement autour de la table.
Bon et bien c'est une très bonne chose. Cela va nous faire grandement gagner du temps et beaucoup mieux préparer notre arrivée là-bas.
Il se lança alors dans le récit le plus complet et le plus détaillé possible de tout ce qu'il avait tiré comme enseignement de son long séjour au Royaume de l'Île. Maimiti avait fini par se rasseoir et écouta avec une vive émotion qu'elle tenta de maîtriser notamment lorsqu'il aborda les conditions désastreuses que subissaient les femmes avec qui Teririnui s'accouplait avec tant de violences. Seiji expliqua qu'il fut tenté plus d'une fois de mettre fin aux agissements de cet individu mais il savait que cela n'était point son destin et qu'il devait laisser ce privilège à Maimiti à qui lui revenait la tâche. Il expliqua ensuite que Teririnui était addict aux drogues et à l'alcool et que grâce à l'existence de certaines plantes il avait eu accès à un état hallucinatoire voire prémonitoire. Il ne cessait de voir dans ses cauchemars une fureur rouge flamboyante s'abattre sur lui. Seiji expliqua qu'il était arrivé à la conclusion, grâce à sa rencontre avec grand-mère Karui, que cette fureur n'était que la représentation de Maimiti terrassant enfin ce fléau. Cela rassura les généraux et les maîtres de guerre, mais point la princesse qui ne pouvait donc plus reculer. Même si elle se savait prête à affronter son destin, elle savait que ce n'était pas en princesse victorieuse qu'elle sortirait de cette bataille.
En effet, lors de ses travaux sur la maîtrise de la magie combinée des deux pouvoirs, elle avait ouvert une voie d'accès à la prémonition. Au début de cette manifestation, elle n'avait prêté attention plus que cela à ces visions les prenant pour des rêves. Mais plus d'une fois les visions s'étaient réalisées et plus elle maîtrisait la magie, plus les visions se faisaient précises. Depuis plusieurs semaines son sommeil était beaucoup moins reposant car elle avait vu, pour ce qu'elle en avait interprété, sa propre fin. Elle ne pouvait dire comment ou par qui, mais elle savait qu'elle ne survivrait pas au combat final qui l'attendait en son Royaume. Elle était certes Princesse mais elle ne deviendrait jamais la souveraine. Après tout, cela correspondait parfaitement à ce qu'elle avait envisagé : libérer le peuple mais ne pas le gouverner.
Heicho avait remarqué qu'elle semblait préoccupée et beaucoup moins reposée alors que les entraînements n'étaient plus aussi difficiles qu'avant. Mais elle lui avait répondu que les affaires de femmes pouvaient malheureusement contrarier l'état de forme d'un soldat et que c'était sûrement la raison pour laquelle aucune armée ne comptait de femmes dans ses rangs. Le maître d'armes s'en était contenté, elle avait sûrement raison : qu'est-ce qu'il en connaissait lui sur la physiologie féminine. Les femmes étaient faites pour le plaisir charnel, l'enfantement et les taches domestiques. Maimiti avait juste cette faculté en plus : l'art du combat, mais elle restait une femme comme les autres.
Une fois son récit terminé, Seiji expliqua une partie de son plan de bataille mais qu'il devait d'abord faire l'état des lieux de l'armée avant d'en dire beaucoup plus. Ils conclurent cette soirée en se donnant rendez-vous dans 5 jours afin d'établir beaucoup plus en détails la stratégie à adopter.
Maimiti se dit en elle-même qu'elle aurait au moins 5 jours de tranquillité sans que le brun ne soit dans ses pattes. Elle lui avait déjà prouvé sa valeur à peine était-il rentré, il n'allait quand même pas lui faire l'affront de la tester devant tout le reste de l'armée ! De toute manière, le seigneur Daisuke avait lui même mis un terme à ses entraînements quotidiens et elle était donc libre d'organiser ses journées comme elle l'entendait. Elle s'entraînait toujours, mais seule et surtout elle coordonnait ses actions avec la magie de sorte qu'elle n'avait besoin d'aucune aide puisqu'elle était seule à juger de l'utilité ou non de telle combinaison de sortilèges.
Le dîner allait donc pouvoir être servi, mais la nuit était déjà fort avancée et Maimiti s'excusa auprès de l'assemblée et quitta la table pour regagner ses appartements. Elle jeûnait régulièrement ce qui lui permettait d'être plus en phase avec les incantations et surtout le pouvoir de prémonition. Elle avait besoin de ces moments de calme et de silence intérieur pour se ressourcer et surtout trouver comment s'assurer de la victoire sur la folie destructrice d'Il demoniaco à l'état brut.
Elle n'avait pas réussi et surtout elle n'avait pas cherché à rentrer en contact télépathique avec Urepikari et Mohikitu même si elle en avait été plusieurs fois tentée. Elle affronterait son destin sans l'aide des Dieux. Ils avaient bien assez veillé sur elle et ils lui avaient donné tout ce dont elle avait besoin pour rétablir l'équilibre des choses. Maimiti avait étudié vraiment très longuement l'Encomio de sa mère et avait rajouté toutes ses propres connaissances et approfondissement. Elle avait notamment revu le sort de l'incantesimo ultimo : elle en avait compris les rouages, les conséquences. Mais elle souhaitait un sort d'annihilation de toute magie, la sienne comme celle de son adversaire. Maintenant qu'elle savait qu'elle n'avait plus que Teririnui à abattre et que d'après les dires de Seiji aucun autre îlien n'avait développé Il demoniaco, il fallait qu'elle trouve un moyen de détruire toute possibilité qu'un autre individu le développe. C'est pourquoi, elle devait trouver un moyen sûr de protéger le peuple tout en lui ôtant toute trace de magie. Elle savait que cela pouvait être possible puisque les Dieux eux-mêmes en avait parlé avant leur départ. Si elle échouait, ils détruiraient non seulement l'Île mais le monde entier qu'ils avaient crééer pour que toute chose revienne à l'état de poussière.
Maimiti ne souhaitait pas la destruction du monde. Non, juste sauver son peuple et le libérer de tout pouvoir maléfique. Elle regagna donc sa chambre où elle s'installa à nouveau au balcon afin d'apprécier le silence de la nuit et la brise fraîche qui parcourait ses longs cheveux. Tous ses sens étaient en alerte bien qu'elle commença à se plonger en méditation intense. Avant même qu'un seul mot ne soit prononcé, elle brandissait son bâton de chêne chargé de magie à quelques centimètres du cou de l'individu qui s'était introduit dans ses appartements, brisant ainsi son état de méditation.
QUE FAIS-TU LA ? maugréa-t-elle entre ses dents en reconnaissant l'homme en face d'elle.
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