Tehakanui se demandait qui était cette magnifique apparition : il n'avait jamais vu une aussi belle femme parmi toutes les jeunes filles du clan. Elle devait sûrement venir d'une autre région de l'île, c'était obligé ou bien c'était une magicienne et qu'elle exerçait un pouvoir de séduction et d'envoûtement sur ceux qui posaient son regard sur elle. Pourtant le jeune homme aux cheveux roux n'arrivait pas à détourner ses yeux de cette splendeur qui continuait d'avancer vers la table royale. Il crut que son coeur sortirait de sa poitrine lorsque la belle Manahere croisa son regard. Les deux jeunes gens se fixèrent sans dire un mot, comme si plus rien n'existait autour d'eux. Une sorte d'attraction s'exerçait entre eux deux, sans que ni l'un ni l'autre puissent l'expliquer.

De son côté, Manahere avait d'abord traversé la salle du banquet en se dirigeant lentement vers la table royale, son père et le chef Arono n'avaient pas du tout l'air d'avoir remarqué son arrivée. Elle sentit pourtant un regard se poser sur elle et elle se retourna pour chercher celui ou celle qui semblait être fixer dans sa direction. Son coeur cessa de battre pour accélérer d'un seul coup : elle croisa les yeux brillants d'un jeune homme aux cheveux roux. Elle ne l'avait pas encore vu depuis leur arrivée à la chefferie. Il était mince mais terriblement bien fait. Les muscles de son torse apparaissaient et ne laissaient aucun doute sur sa force. Son visage était agréable à regarder, tout en finesse mais tout autant masculin. Il dégageait une aura de puissance et de virilité, mais pas du tout brutale comme Teririnui.

D'ailleurs, ce dernier arriva et interrompit le lien visuel qui s'était produit entre les deux jeunes gens. Le fils d'Arono marcha d'un pas assuré avec un air arrogant et hautain, tel un prédateur vers sa proie. Il était sûr de lui et de son charme naturel, aucune Tepahere ne lui résistait, cela devait en être autant avec la princesse Manahere. Il s'approcha rapidement d'elle et sans lui laisser le temps de réagir, il l'attrapa par la taille et la plaqua contre son torse puissant taillé en V. Toutefois, Manahere était loin d'être faible et savait parfaitement repousser cette étreinte forcée. A l'aide de l'Incanto divino elle se dégagea vivement de Teririnui et lui lança un regard noir avant de parler d'une voix forte.

Pour qui te prends-tu, Teririnui, pour oser poser tes mains sur moi ?

Oh Manahere, nous ne sommes pas des étrangers !

Je te rappelle que tu t'adresses à ta future souveraine et que à ce titre tu me dois le respect : que tu sois fils de chef ou pas.

Teririnui serra le poing, aucune femme ne l'avait repoussé et encore moins tenu tête comme elle venait de le faire. Il sentit la colère affluer en lui et n'avait qu'une idée : faire taire cette princesse. Sentant son ami perdre patience, Tehakanui s'approcha à son tour et posa sa main sur l'épaule du châtain.

Teririnui ? Qui est cette jeune femme que tu sembles connaître ?

Je doute que la princesse Manahere s'intéresse à toi, Tehakanui. Elle repousse déjà le fils du chef de clan, alors toi, vulgaire futur soldat, inutile de te présenter. répondit-il sans prêter attention à ses mots.

Le rouquin écarquilla les yeux, il avait devant lui sa future Souveraine : la princesse Manahere en personne. Il comprenait mieux pourquoi il avait trouvé ses mouvements si gracieux et si élégants et surtout pourquoi elle avait repoussé avec autant d'ardeur les familiarités de Teririnui. Les manières trop rustres de ce dernier ne pourraient jamais émouvoir la princesse, bien au contraire, elles la rebutaient. Manahere était certes une femme, mais elle ne semblait pas être comme toutes les autres : elle lui résisterait et ne succomberait sûrement pas à ses façons brutales de séduction.

Tehakanui s'inclina respectueusement devant la princesse en se présentant :

Veuillez excuser le manque de manière de mon ami, votre Majesté, nous n'avons pas l'habitude de recevoir d'aussi illustres personnes à la chefferie. Nous passons beaucoup de temps à nous entraîner ce qui restreint nos contacts avec d'aussi délicates personnes telles que vous.

Pensez-vous, Tehakanui ? c'est ça ? - il acquiesça d'un hochement de tête, que toutes les femmes du Royaume doivent subir et se taire lorsque vous les hommes exigez d'elles qu'elles assouvissent vos besoins primaires, comme si nous n'étions que des objets sans sentiments ? rétorqua-t-elle durement en affrontant du regard le roux et le châtain.

Teririnui serra encore plus les poings à en faire blanchir ses phalanges. Il n'aimait pas du tout l'aplomb de cette femelle. Il voulut lui répondre quelque chose de cinglant, mais il ne put en place une puisque le rouquin le devança :

Majesté, laissez-nous vous montrer que l'opinion que vous avez des hommes est erroné. Nous savons traiter les femmes avec respect.

Teririnui grogna et ne put s'empêcher de répliquer, oubliant totalement les projets de son père :

Fais ce que tu veux Tehakanui, mais jamais je ne m'abaisserai à prouver quoi que ce soit à une femme qu'elle soit une vulgaire princesse, ou une simple bergère. Les femmes n'ont pas à exercer le pouvoir et doivent obéissance aux hommes.

Cette phrase fut entendue par l'assemblée qui s'était arrêtée de parler lorsqu'elle avait remarqué la présence de la princesse. Personne n'avait manqué une miette de la dernière réplique de Teririnui. Manahere ne se démonta pas, elle leva son verre de vin vers Arono et son père, puis déclara d'une voix solennelle et suffisamment forte :

Je crains, cher Arono, que votre fils vienne de se disqualifier au titre de prince consort. Je refuse d'avoir à mes côtés, pour gouverner ce royaume, un homme qui est incapable de montrer du respect à une femme, quel que soit son rang.

Le silence régnait dans la salle du banquet, les yeux de tous alternaient entre Manahere et la table royale. Arono était sérieusement en train de virer au rouge suite au comportement de son abruti de fils. Pire qu'un affront, cela pouvait correspondre à un grave incident diplomatique. Le chef du clan des Tepahere se leva, bouillonnant de rage, tout en devant contenir Il demoniaco , et il pointa du doigt son fils qui le fixait :

Teririnui ! j'exige que tu t'agenouilles devant ta future souveraine et que tu lui présentes tes excuses pour tes affreuses paroles.

Le garçon était crispé, les poings serrés, il voulait tenir tête à son père mais celui-ci hurla de plus belle :

EXECUTION !

Ne pouvant tenir tête à son père, la mâchoire serrée, le regard lançant des éclairs, il fit demi-tour et posa lentement un genou à terre. Il s'inclina légèrement en grommelant :

J'implore votre pardon, Votre Majesté, pour mes paroles blessantes. Puis, se murmurant à lui-même, il rajouta : et je jure de vous tuer dès que j'en aurai l'occasion pour vous faire regretter cet affront.

Manahere était rancunière, mais elle savait qu'en tant que future Reine, elle devait se comporter avec sagesse. Elle prit alors une voix douce, emplie de bienveillance :

Je vous pardonne, Teririnui, mais ma décision est irrévocable, vous ne pourrez jamais prétendre devenir mon époux. Votre père devra donc choisir quelqu'un d'autre de votre clan si vous espérez voir un Tepahere à la Forteresse à mes côtés.

Le jeune homme n'en croyait pas ses oreilles, le Roi allait forcément intervenir. Depuis quand les femmes avaient-elles le droit de choisir leur destin ? Il releva la tête en direction de Wakhaaro mais il vit que celui-ci approuvait les paroles de la princesse. Il n'osa même pas regarder son père qui devait fulminer de rage qu'il ait aussi lamentablement réduit à néant leurs projets. Il n'attendit pas plus longtemps et tourna les talons et quitta la salle de réception dans un silence quasi mortuaire.

Manahere attendit que Teririnui soit complètement sorti de la salle et alla rejoindre la table royale afin que le banquet puisse commencer.

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La stupeur passée, les conversations reprirent. Tehakanui était complètement abasourdi par ce qu'il venait de se passer. L'échange entre son ami et la princesse avait été aussi tendu qu'un combat et la princesse avait fait preuve de fermeté : elle n'avait pas craint la force de son opposant. Elle avait déjà tout d'une Reine.

Comme le voulait la tradition, les hommes se trouvaient d'un côté de la table alors que les femmes étaient de l'autre. Mais, avec le départ de Teririnui, le plan de table était un peu compromis, Arono fit appeler Tehakanui à côté de lui afin qu'il puisse le présenter au Roi. Tant qu'à faire, le chef des Tepahere avait d'autres projets : avancer ses pions tranquillement.

Majesté, je vous présente Tehakanui, un jeune guerrier très prometteur : puissant, précis et très intelligent. Je souhaiterai que vous puissiez l'évaluer comme votre futur chef de la garde Royale.

Il est à ce point doué Arono ? Je demande à être convaincu !! Je propose un combat demain matin ... un combat contre moi.

Vraiment mon Roi ? balbutia le jeune homme. c'est beaucoup trop d'honneur !

Aurais-tu peur de me blesser ? s'amusa le Roi

Par maladresse bien évidemment ! Mais je ferai ce que vous m'ordonnez, votre Majesté ! Et c'est avec fierté que je vous montrerai mes capacités au combat.

Puis le Roi continua à converser avec Arono et d'autres dignitaires. Tehakanui avait une place de choix pour observer la belle princesse en face de lui. Elle semblait s'ennuyer fortement des conversations des dames qu'elle avait autour d'elle, mais elle faisait bonne figure et souriait poliment. Le jeune homme était subjugué par la princesse, certes elle était très belle, mais ce n'était pas que sa beauté physique qui l'attirait. Il la trouvait forte, déterminée. Il voulait tellement la connaître mais il savait qu'il n'était rien pour elle, il n'avait pas de sang noble et il ne maîtrisait pas l'Incanto divino. La cérémonie du harakia n'avait rien révélé, il maîtrisait par contre une force obscure mais Arono lui avait dit de le cacher à tous et surtout au Roi.
Mais depuis qu'il avait vu la princesse, tout son être semblait l'appeler vers elle, comme si elle était la moitié de lui-même qui cherchait à réformer une seule entité. Il mangeait peu, focalisé sur elle jusqu'à ce que leur regard se croise et se fixe.

En effet, Manahere s'ennuyait ferme avec les dames autour d'elle. Les sujets étaient sans intérêts pour la princesse : elle n'en avait que faire de la virilité de Teririnui ou encore de Kotarui qui semblait attirer tous les regards des jeunes filles Tepahere. Manahere n'osait poser la question de qui était plutôt le jeune homme roux qui était apparemment ami avec le fils d'Arono. Elle se tourna en direction de la table des hommes et son regard croisa les yeux orangés de Tehakanui. La princesse ne put détourner son regard, elle était comme attirée par ce jeune homme. Tout son être semblait vibrer et vouloir se rapprocher de lui. Elle ne comprenait pas ce qu'elle ressentait : une douce chaleur l'envahissait, son cœur battait de plus en plus vite.

Leur contemplation fut soudainement interrompue par la fin du dîner. Les invités pouvaient quitter la table, discuter librement et même danser pour ceux qui étaient intéressés.
Manahere observa un moment le mouvement des gens et elle vit que Tehakanui n'était plus à table mais il la fixait toujours debout près du buffet. La princesse décida de se lever et d'aller à sa rencontre. Elle avançait d'un pas déterminé bien que son coeur ne cessait de cogner fort dans sa poitrine : elle voulait faire connaissance de ce garçon au regard perçant. 

Tehakanui, depuis qu'il s'était levé de table, avait choisi un endroit où il pourrait observer à loisir la princesse. Il n'arrivait pas à cesser de la regarder, attiré par elle comme un aimant. Lorsqu'il constata qu'elle avançait vers lui, il écarquilla les yeux mais il n'arrivait pas à bouger : il était tétanisé alors qu'il n'avait jamais eu peur de quoique ce soit. Mais Manahere exerçait sur lui un pouvoir qu'il ne comprenait pas. Il n'avait pas peur d'elle, mais il ne pouvait se défaire de sa présence, de l'attirance et de l'attraction qu'elle exerçait.

Plus que quelques mètres les séparaient jusqu'à ce qu'elle se plante devant lui, le sourire aux lèvres, le regard planté dans celui du jeune homme.

Tehakanui, c'est ça ?  commença la princesse.

Oui Majesté. Que ... ?  dit il en s'inclinant légèrement.

Vous savez que vous n'arrêtez pas de me dévisager depuis le repas ?

Il écarquilla les yeux, rougissant de gêne. Je m'excuse  pour ...

Pourquoi t'excuses-tu ? Il n'y a pas de mal à regarder, je ne suis pas offensée. 

Princesse, je ... vous ne devriez pas plutôt être avec ... 

Avec ? des personnes de mon rang ? hmm... non. ils sont ennuyeux et en tant que future Reine je dois aussi m'intéresser à tout mon peuple, quelque soit son rang. Et sans arrière pensée, tu as retenu mon attention. 

Il déglutit difficilement à une telle franchise. J'ai ... j'ai retenu votre attention, Majesté ? Mais ... comment un simple combattant comme moi, qui aspire à devenir le chef de la garde royale de votre père, pourrait ... 

Tehakanui, si tu souhaites devenir le chef de la garde royale de mon père, tu sais qu'à un moment tu seras sous mes ordres, alors autant que je me fasse ma propre opinion de toi et de tes motivations. D'ailleurs, je te propose un combat contre moi. Demain ? 

Bredouillant de gêne : Princesse Manahere,  je ne peux pas me battre contre vous... si je vous blessais ... je ... et ... 

Refuses-tu un ordre de ta future souveraine ? 

Bien sûr que non ... mais je dois me battre contre le Roi demain, il doit évaluer mes capacités pour intégrer la garde royale ... 

Hmm. BIen, j'ai donc hâte de te voir à l'oeuvre Tehakanui. Nous reparlerons plus tard de notre affrontement, j'ai une chose à demander au Roi dans ce cas. 

Manahere souriait grandement, une idée lui était passée par la tête, effectivement, il serait peut-être mal vu que la princesse se batte ici, en terre Tepahere, princesse ou pas. Mais elle savait comment se faire une idée plus précise du jeune homme et surtout elle devait convaincre son père de faire du garçon son garde personnel. Elle salua rapidement son interlocuteur qui était resté silencieux face à la détermination de la princesse.

Toutefois, l'échange entre les deux jeunes gens n'était pas passé inaperçu. Arono avait également prévu de grands projets pour ce jeune homme. Il savait que Tehakanui aurait sa part à jouer dans l'échiquier pour renverser le pouvoir !

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Manahere après avoir discuté avec Tehakanui était allé voir son père pour lui parler en privé. Elle voulait immédiatement lui faire part de son idée. Elle ne pouvait pas vraiment expliquer pourquoi elle tenait à ce que son père accepte son idée, mais elle savait qu'elle voulait que Tehakanui vienne vivre à la Forteresse où elle pourrait apprendre à mieux le connaître.

Whakaaro ne pouvait rien refuser à sa fille et avait accepté de s'entretenir un instant avec elle. Il avait remarqué son air enthousiaste, beaucoup plus que lorsqu'il avait envisagé ses fiançailles avec Kotarui.

Ma fille? Je te trouve bien enjouée. La soirée te plaît-elle malgré l'affront de Teririnui ?

Oh Père ! Teririnui n'est pas un homme digne d'être à mes côtés au Royaume. Je ne l'aurai jamais choisi qu'il m'ait ou non manqué de respect. Vous me connaissez assez pour savoir que j'aurai su placer l'intérêt du Royaume avant tout.

Oui et je peux affirmer que tu aurais mille fois choisi Kotarui plutôt que Teririnui. Mais je ne pense pas que cela soit le sujet dont tu veuilles me parler ?

Effectivement Père. Je suis ... (soupire) je souhaiterai que Tehakanui devienne mon garde personnel à la Forteresse.

Le Roi haussa un sourcil de surprise, puis sourit à sa fille. Hmm, si je n'étais pas ton père, je penserai que tu es tombée sous son charme. N'est-ce pas ma fille ? (ne lui laissant pas le temps de répliquer) Je dois évaluer les capacités de ce jeune homme. S'il répond à mes critères, je consentirai à ce qu'il soit ton garde personnel. MAIS, Manahere, si tes intentions envers lui évoluent : il devra prouver qu'il est digne de devenir ton époux et de ce fait, il devra apprendre les usages de la cour. Et ça, je ne pourrai pas l'y obliger, que j'use ou non de l'Incanto divino.

Manahere soupira. Elle n'avait pas vraiment réussi à cacher ses réelles motivations. Il était difficile de mentir à son père. Elle comprenait qu'elle ne pourrait pas changer les règles de choix de son futur époux. Son père lui laissait deux ans pour faire son choix. Elle devrait donc composer avec Kotarui, Tehakanui et sûrement un membre du clan des Rawihiri. Deux ans. A la fois long et court pour se faire une idée. Elle était princesse royale, elle ne pouvait pas faire de caprices et elle devait obéissance à son Roi.

Père, je vous promets de me plier à votre demande concernant le choix de mon futur époux. Et pour le bien du Royaume, chaque clan devra proposer un ou plusieurs candidats potentiels que je devrai évaluer moi-même. Je le ferai avec toute la partialité qui m'y oblige et chacun sera traité avec tout mon respect.

Le Roi enlaça tendrement sa fille et ils retournèrent dans la salle du banquet avant d'ensuite rejoindre leurs appartements pour la nuit.

Pendant que le Roi s'était éclipsé, Arono fit signe à Tehakanui de venir à sa rencontre. Il n'alla pas par quatre chemins avec le jeune homme.

Tehakanui ! Inutile de te dire que je suis profondément déçu par le comportement de mon fils. J'avais mis tous mes espoirs en lui pour qu'il devienne le prochain souverain du royaume....

... euh, le prince consort vous voulez dire ?? Interrompit le jeune homme.

OUI c'est tout comme, prince consort ou prince régnant c'est pareil. Donc, mon garçon, mes plans sont tout autre. Je sais que ton pouvoir d'Il demoniaco est puissant et sera très utile pour nous emparer du pouvoir !!

Du pouvoir ? Arono je ne comprends pas ?

Je veux que tu séduises la princesse. J'ai bien vu qu'elle te dévisageait !! Les femmes sont faibles, un peu de charme et hop elle sera dans ton lit !

Mais ... mais je ne suis pas de sang royal et ...

Et quoi ? Ne me dis pas que ça ne te ferait pas plaisir de mettre à ton palmarès la princesse Manahere ? Allez mon garçon, être un homme c'est avoir des hautes ambitions !!!

Je n'ai l'ambition que de devenir le chef de la garde royale pour protéger mon Souverain et après ma Souveraine ... je ...

Tehakanui !! S'impatienta Arono. Fais ce que je te dis !! Je te promets un avenir glorieux : séduis-la, fais-lui même un enfant et hop tu deviendras prince consort !! Et ensuite, mon garçon, nous nous emparerons du pouvoir du Royaume. Les Tepahere seront les maîtres de l'île !!! Je m'occupe du reste : toi c'est la princesse ta priorité.

Arono, sans vouloir vous manquer de respect. Je ne compte pas séduire la princesse comme si c'était une vulgaire fille du village !! C'est notre prochaine souveraine !! Et vous savez bien, que le Roi a fixé les règles pour le choix du futur prince consort. Votre fils aurait dû ...

Hmm. Mon abruti de fils n'aurait jamais réussi à ce qu'elle lui tombe dans les bras ... mais toi, toi mon garçon, tu as toutes tes chances !!! Ecoutes-moi, je porterai ton nom comme candidat au titre de prince consort. Tu es un Tepahere et le Roi n'a pas précisé que les candidats devaient être issu des chefferies !!! Soit, faisons les choses dans les règles du Royaume !! Mais ta mission est de tout faire pour évincer les autres !!! De toute manière, je doute que les autres chefferies aient beaucoup de candidats sérieux à proposer !!

Mais ...

Mais rien du tout !! Tehakanui !! c'est un ordre de ton chef !!

OUI Arono. Je ferai selon votre volonté.

Bien bien bien... les voilà de retour !! va te reposer. Ta prestation devant le Roi devra éblouir sa Majesté mais surtout sa fille. Soigne ta tenue de combat demain !! Je veux qu'elle succombe le plus vite à ton charme !!!

Tehakanui était un peu sonné par toutes les paroles de son chef. Lui ? devenir prince consort ? Mais pourquoi Arono voulait s'emparer du pouvoir ? Il n'était pas d'accord avec cette idée, mais il était difficile de contredire Arono. Le jeune homme lui était en quelques sorte redevable de s'être occupé de lui depuis qu'il avait assassiné son père. Arono lui avait enseigné les rudiments d'Il demoniaco mais il avait cessé l'enseignement, voyant que le jeune homme ne manifestait le pouvoir qu'en cas de grande injustice.

Le jeune homme alla saluer le roi et la princesse et s'excusa de devoir quitter la soirée. La princesse fut un peu déçue mais profita de l'instant pour demander à son père si elle pouvait se retirer également. Ainsi, Tehakanui n'eut pas le choix que de proposer à la princesse de l'accompagner jusqu'à ses appartements. La jeune fille était ravie, son père n'était pas dupe et avait tout à fait compris que sa fille avait déjà fait son choix sur son futur conjoint. Du moins, elle semblait fortement intéressée par le jeune homme. Il laissa donc les deux jeunes gens s'en aller ensemble.

Alors qu'ils marchaient côte à côte en silence, l'un perdu dans ses pensées par rapport à la mission confiée par Arono et l'autre attendant un signe du destin. Sans s'en rendre vraiment compte, Manahere interrogeait la déesse Urepikari sur son avenir et si son intuition était la bonne.

Manahere, cesse de te préoccuper. Fais confiance à ton instinct. lui murmura la déesse dans son esprit.

Manahere fut surprise qu'elle s'arrêta un instant sur le chemin. Urepikari ? est-ce vous ?

Qui veux-tu que ce soit qui parle dans ton esprit ? Bien sûr ma fille que c'est moi. Aies confiance en ton instinct....

La princesse ne put formuler autre chose à la déesse car la voix inquiète de Tehakanui la ramena à la réalité : Princesse ? Princesse Manahere tout va bien ?

Pour seule réponse, Manahere se rapprocha du jeune homme qui lui faisait face et sans vraiment comprendre, elle approcha son visage du sien et déposa un chaste baiser sur ses lèvres. Le roux ne sut comment réagir à cette action, il était complètement électrisé par l'instant. Le contact n'avait duré qu'un instant mais c'était comme si toute la noirceur de son coeur s'envolait en sa présence. Il enserra doucement la princesse de ses bras afin que leurs corps se rapprochent encore. Mais il n'alla pas encore cueillir un autre baiser sur les lèvres sucrées de la belle, non, il déposa un doux baiser sur son front.

Princesse. Vous ne devriez pas ... que direz votre père s'il vous voyait avec moi. Je ne suis pas issu de la chefferie. Je n'aspire qu'à vous protéger.

Manahere était surprise de sa réponse. Elle s'attendait à ce qu'il profite de la situation, de son moment de faiblesse. Il reprit la parole :

Princesse, votre père a fixé les règles. Vous devez vous y tenir car vous êtes notre future Reine et le peuple n'accepterait pas de vous que vous agissiez à la légère. Même si j'admets que les sentiments ne devraient pas être soumis à l'avis du peuple.

Elle se détacha des bras du jeune homme, son coeur battait extrêmement vite. Il avait une grande sagesse dans ses paroles. Elle savait qu'il avait raison : en tant que future Souveraine elle devait être irréprochable. Elle s'inclina légèrement et prit enfin la parole :

Je vous remercie de vos paroles sages, Tehakanui. Veuillez pardonner ma spontanéité. J'espère que vous pourrez venir vivre à la Forteresse afin que nous puissions apprendre à nous connaître et peut-être que votre chef Arono vous désignera comme potentiel candidat au titre de prince consort ?

Le jeune homme hocha la tête et il raccompagna la princesse jusqu'aux loges royales. 

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