I-4/ Former une future reine
Manahere, devenue princesse royale, n'avait manqué de rien depuis que le Roi l'avait adoptée. Whakaaro l'avait aimée comme l'enfant qu'il n'avait pas eu avec sa défunte épouse. La jeune fille était très vive et très intelligente. Dès l'âge de 3 ans, elle manifestait sa capacité à utiliser l'Incanto divino. En effet, un jour alors qu'elle jouait dans un des jardins de la Forteresse, elle trébucha et se blessa légèrement en tombant. La nourrice qui s'occupait d'elle n'eut pas le temps de l'emmener pour la soigner, car elle vit la petite fille poser ses mains sur la blessure et un halo de lumière verte apparu et la blessure disparut.
La manipulation de la magie était innée chez Manahere. Le Roi décida qu'il fallait lui apprendre dès son plus jeune âge à en faire bon usage, pour sa sécurité et celle des autres. Il décida même de prendre en charge lui-même tous ses enseignements : cela passait de l'art du combat à la maîtrise des sorts de magie et toute l'histoire et l'organisation politique et économique du Royaume.
En tant que future souveraine, Manahere devait aimer l'Île car elle devait savoir la protéger, pas seulement ses habitants, mais chaque être vivant, chaque parcelle de vie qui avait choisi de vivre sur l'Île et ses environs. La jeune princesse comprit très vite l'importance de tout ce savoir et elle prenait très au sérieux ses apprentissages. Elle avait peu d'amis car il y avait peu d'enfants qui vivaient à la Forteresse et surtout elle aimait passer des heures dans la grande bibliothèque du palais.
Le Roi avait permis à Manahere de parcourir tous ces manuscrits et la jeune princesse avait entamé la grande tâche de réunir en un seul ouvrage l'ensemble des sortilèges : l'Encomio. Elle avait conscience que cela pouvait être utile dans un futur proche et cela l'aidait grandement à développer son propre pouvoir.
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Comme le Royaume était prospère et en paix, Whakaaro partait régulièrement avec Manahere sur l'ensemble du Royaume afin de lui faire découvrir l'Île mais aussi pour la présenter en tant que future Souveraine. Elle s'extasiait de chaque nouveau paysage qu'elle découvrait. Les paysages du Sud Ouest de l'Île étaient majoritairement composés de plaines verdoyantes qui s'étendaient jusqu'à rencontrer les montagnes de l'Est. Ces montagnes, bien que majestueuses, n'étaient pas effrayantes, bien au contraire, elles renfermaient des trésors au sein de leur sol et les forêts cachaient des endroits féériques : cascades cachées, piscines naturelles et rivières dont le bruit de l'écoulement apportait sérénité. La nature était riche : arbres, plantes, fleurs, animaux en tout genre. Tout cet écosystème vivait en harmonie, en équilibre perpétuel.
En grandissant, Manahere observait et se rendait compte que la nature de l'Île correspondait aux habitants de ces différentes régions.
Les habitants du Sud-Ouest, qu'ils appartiennent ou non au clan des Rawirihi, étaient naturellement joyeux, ouverts d'esprit, très travailleurs et très protecteurs de leur prochain. Le vaste espace environnemental leur permettait de s'étendre et de développer les activités commerciales et les activités agricoles. La future souveraine comprenait mieux pourquoi la Forteresse était située au Sud et que tout le pouvoir politique s'y trouvait, mais également les infrastructures d'éducation et de soins.
Les habitants de l'Est étaient plus secrets, plus discrets. La richesse de la nature leur permettait de développer les sciences médicales, qu'ils aient ou non le pouvoir de l'Incanto divino. En comprenant cela, Manahere eut alors une vision différente de ce don magique.
Jusqu'à présent, elle se sentait comme un être supérieure par rapport aux autres, mais en découvrant que les Kerehoma savaient utiliser la nature qui les entouraient pour fabriquer des remèdes et des soins aux résultats identiques que certains sorts magiques, elle sut que maîtriser la magie allait de pair avec la connaissance et la maîtrise de la nature. L'Incanto divino n'était qu'une autre façon de venir en aide du peuple
Les habitants du Nord-Ouest ne l'effrayaient pas mais elle était toujours impressionnée par leur force physique et leur ardeur dans les tâches difficiles. Les Tepahere maîtrisaient le savoir faire des métaux. Ils étaient les meilleurs inventeurs et constructeurs. Les hommes comme les femmes étaient bien battis et n'avaient pas peur des travaux de force. Même s'ils étaient réputés pour leur caractère assez sanguin, les Tepahere étaient des gens de confiance et déterminés. Manahere aimait ce côté là chez eux, ils étaient généralement francs avec les autres, bien que parfois elle les trouvait secret d'une façon différente des Kerehoma.
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Malgré tout, la princesse avait une préférence pour les paysages de l'Est, elle y était comme attirée. Elle aimait s'enfoncer dans les forêts de la côte Est, car elle ressentait toute l'énergie de la nature, comme si elle se rapprochait du monde des Dieux. Après tout, les Dieux avaient créer le monde et l'Île faisait partie du monde. Peut-être que quelque part dans une des forêts, il se trouvait un passage vers le monde des Dieux ??
Le Roi lui avait appris à prier les Dieux, c'est pourquoi, Manahere aimait particulièrement l'ambiance de ces forêts pour prier. Elle revenait souvent emplie d'une sérénité sans pareille, ses idées et ses pensées étaient claires et posées. C'est comme cela, à force de puiser l'énergie de la nature que Manahere développa un pouvoir, qui jusqu'alors aucun îlien n'avait pu témoigner de la possibilité : la télépathie divine.
Elle était alors âgée de 16 ans. Encore une fois, elle avait laissé le Roi parlementer avec les chefs des villages dirigés par le clan des Kerehoma, pour aller se ressourcer dans la forêt. En marchant paisiblement, elle s'enfonça loin dans la forêt, elle n'avait pas peur du danger et de toute manière, elle prononçait toujours l'incantation du Scudo avant de s'aventurer seule quelque part bien qu'elle sache très bien se défendre physiquement. En effet, le Roi l'avait également formée dès ses 8 ans à manier les armes et les techniques de combat, car même si la paix était sur tout le Royaume, elle devait savoir se défendre elle-même si jamais ses soldats ne pouvaient pas la protéger en cas d'attaque.
A l'abri des grandes fougères arborescentes, elle entendit le bruit caractéristique d'une cascade. Elle s'approcha du bruit et lorsqu'elle dégagea une branche, ses yeux s'écarquillèrent devant ce spectacle magnifique. Une piscine naturelle bordée par des buissons de fleurs aux multiples couleurs. L'eau était d'un bleu turquoise, limpide car peu profonde. Une cascade tombait tout en douceur sur cette étendue d'eau et formait un rideau naturel devant une cavité d'où s'échappait une lumière vive. Manahere ne put s'empêcher d'avancer dans l'eau, elle nagea jusqu'à traverser la cascade et ce qu'il vit derrière était encore plus beau que ce qu'elle venait de quitter.
La cavité était protégée du vent, mais le ciel et le soleil la surplombaient. L'étendue d'eau était bordée par une bande de sable blanc éblouissant. Manahere s'y installa pour se sécher. Le sable était chaud et fin. Elle ferma les yeux et se mit à remercier les Dieux de lui avoir fait découvrir cette merveille. La princesse éprouvait une sincère gratitude face à tant de beauté et de grâce.
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Urepikari fut touchée par cette jeune princesse et décida, encore une fois de ne pas consulter Mohikitu et elle se manifesta à Manahere. Après tout, la princesse avait trouvé la cachette où jadis elle aimait y venir pour regarder l'étendue de l'Univers. Urepikari avait un pressentiment, cette princesse îlienne, aux fortes capacités de manipulation de l'Incanto divino, méritait de rencontrer la déesse de son vivant et surtout étant réveillée.
Manahere, les yeux toujours fermés, eut la surprise de sa vie. Elle entendit une voix douce et chaleureuse s'adresser à elle dans son esprit.
- Qui es-tu ? formula la princesse
- D'après toi Manahere, qui puis-je être ? lui demanda la voix
- Je devrai avoir peur de vous, mais pourtant je me sens apaisée voire complètement entière depuis que vous êtes là.
- Peut-être est-ce parce que tu possèdes une part de moi que j'ai offert à ton peuple il y a des siècles de cela.
- Seriez-vous la déesse Urepikari ? Non, ce n'est pas possible, les Dieux ne s'adressent jamais à nous de notre vivant... c'est que je suis peut-être morte en traversant la cascade ?
- (rires) non, tu n'es pas morte, mais oui je suis bien la déesse Urepikari.
- (tremblement dans la pensée) mais pourquoi vous adressez à moi ? qu'ai-je fait de mal qui aurait pu vous offenser ?
- pourquoi aurais-tu fais quelque chose de mal ? Bien au contraire, mon attention s'est tournée vers toi, jeune Manahere. Ton amour de l'Île, ta soif de connaissance et de maîtrise du don, m'ont profondément intriguée. Et je me manifeste à toi ce jour, parce que ton coeur est pur, tu es sincère et je suis persuadée que tu as un grand rôle à tenir pour l'avenir de l'Île.
- Je ne suis pourtant une vraie princesse de sang royal. Le Roi m'a adoptée après que mes parents aient eu un accident.
- Hmm, oui en quelque sorte. Je n'ai pas le pouvoir de prédire ton avenir avec exactitude, chère Manahere, mais quelque chose me dit que tu vas avoir besoin de mon aide divine, bien avant ton passage mortel. Ton destin sera grand et arrivera plus vite que tu ne le crois. Et tu n'as pas besoin de me le demander, je te protégerai quoiqu'il puisse arriver sur ton chemin, je te guiderai. Sois sans crainte et aies confiance.
- Urepikari ? viendrez-vous souvent me parler ?
- (rires) . non c'est l'unique fois que je te fais cette faveur. mais si l'urgence l'exige, je me manifesterai. Par contre Manahere, n'écoute jamais ce que pourrai te dire Mohikitu, le Dieu de la discorde. Il cherchera à te pervertir s'il apprend que je t'ai parlé. Je n'ai pas le pouvoir de t'empêcher de l'entendre, seule toi et ta volonté peuvent repousser ses tentatives. Mais j'ai confiance en toi.
Manahere ouvrit alors les yeux, persuadée avoir sentie une présence à côté d'elle, mais ses yeux se posèrent sur la cavité. La nuit s'apprêtait à tomber. Combien de temps était-elle restée assise là ? Avait-elle rêvé ? ou avait-elle réellement discuté avec la déesse ? Elle décida de retourner sur ses pas et de raconter cela au Roi, il saurait sûrement la conseiller.
La nuit était claire et fraîche. La jeune fille se dépêcha de rentrer à la résidence où elle séjournait avec le Roi. Il lui avait pourtant dit de ne pas être en retard ce soir pour le repas car il avait une annonce importante à faire et elle était concernée par cette annonce.
Manahere se demanda sur le chemin du retour ce que le Roi avait de si important à annoncer.
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Il était déjà près de 18H et la princesse Manahere n'était toujours pas revenue de sa simple balade en forêt. Le Roi et les conseillers commençaient à s'inquiéter : ils étaient prêts à lancer des recherches pour la retrouver car elle devait revenir saine et sauve : son avenir avait été décidé et elle devait être là pour l'apprendre.
Alors que les gardes s'apprêtaient à partir à sa recherche, la jeune princesse apparut enfin dans la cour de la résidence royale.
- Dites au Roi que je viens de rentrer, je vais me changer et je le rejoins au plus vite.
- Bien votre majestée ! répondit un des gardes à qui elle s'était adressée.
Ses servantes l'attendaient dans ses appartements et l'aidèrent à se préparer. Après un bain rapide, Manahere enfila une de ses robes de cérémonies. Elle aimait porter la soie brodée et la plupart de ses robes étaient faites avec ce tissu. Ce soir-là, elle était vêtue d'une robe longue de soie rose, aux manches longues et évasées au niveau de mains. La robe se croisait à l'avant, laissant apparaître la naissance de sa poitrine, et une ceinture violette finissait d'accentuer sa taille fine. Manahere était devenue une belle jeune femme. Sa peau était douce et dorée, ce qui était encore plus accentué avec les huiles parfumées que les servantes lui passaient sur le corps après le bain. Ses cheveux étaient devenus longs et d'une couleur blond brillant. En grandissant, les yeux de la jeune fille étaient devenus noisette avec quelques pointes dorées. Son regard était pénétrant et peu de gens arrivaient à soutenir son regard quand ils essayaient de la regarder dans les yeux.Elle était éblouissante comme d'habitude et elle se déplaçait avec grâce.
Manahere entra dans la salle du conseil et lorsqu'elle commença à s'avancer pour aller présenter ses hommages et excuses au Roi, sa démarche gracieuse et son port de tête royal, firent taire l'assemblée présente. Le Roi discutait avec le chef du clan des Kerehoma et un jeune homme se tenait à leur côté. Il fixait la princesse intensément.
Arrivée à un mètre du Roi, celui-ci s'arrêta de discuter et se tourna vers Manahere.
- Ma fille, vous savez que je n'aime pas que vous vous baladiez seule et encore moins quand nous ne sommes pas à la Forteresse.
- Pardonnez-moi mon Souverain, mais je ne me lasserai jamais de me plonger dans ces magnifiques forêts de l'Est et comme vous pouvez le constater, il ne m'est rien arrivé puisque je suis devant vous ce soir comme promis.
- Vous êtes bien sûr pardonnée, mon enfant. Et je suis ravie que vous soyez enfin parmi nous.
Manahere se tenait à présent debout devant le Souverain et elle l'écoutait attentivement. Son regard se portait sur les différentes personnes assises devant elle et ses yeux rencontrèrent plusieurs fois ceux du jeune homme qui était debout à côté du chef de clan des Kerehoma. Elle ne se souvenait pas l'avoir déjà vu lors des précédentes visites au clan de l'Est. Mais elle ne put l'observer plus longuement car le Roi se mit à parler.
- ma fille, tu as maintenant 16 ans, ce qui est un âge raisonnable pour te marier.
- (interrompant le Roi) . Me marier ?
- Manahere, ne m'interromps pas. Je disais donc, qu'il est temps pour moi de préparer ma succession et je ne serai pas éternel. Il me paraît important que je te choisisse un époux digne de toi. C'est pourquoi, après de longues discussions, j'ai conclu une alliance avec les Kerehoma, tu devras épouser le fils d'un des chefs de village, car le chef de clan n'ayant eu que des filles.
Il montre le jeune homme debout à côté : Voici Kotarui, ton fiancé.
La princesse qui jusqu'à présent souriait, dû faire preuve d'une grande maîtrise d'elle même avant de parler suite à l'annonce de son Roi. Elle était fiancée à un jeune homme qu'elle ne connaissait pas et on le lui imposait ainsi. Elle inspira profondément, ferma les yeux un instant, et invoqua "Calmati" sur elle-même afin de trouver les mots justes à prononcer pour s'opposer calmement aux projets de son Roi bien-aimé. Une douce lumière verte dorée entoura la jeune princesse.
L'assemblée compris qu'elle utilisait un sort de l'Incanto divino sur elle-même et le silence était alors pesant dans la salle du conseil.
Manahere rouvrit les yeux et prit la parole :
- Père et mon Roi, je ne conteste d'une aucune façon votre décision et votre choix. Toutefois, je demande à sa Majesté de me laisser connaître personnellement ce jeune homme que vous avez jugé digne de moi. N'usez-point de l'Elamore sur nous et laissez-nous nous connaître naturellement. Je n'ai que 16 ans et votre règne est encore long avant que je vous succède. Cela nous laissera suffisamment de temps avant notre union.
- je vois que tu es pleine de surprise et d'une grande sagesse, comme toujours. Qu'il en soit ainsi, vous êtes encore jeunes et un mariage ne se prépare pas en une soirée. Kotarui participera à nos différents voyages et viendra vivre à la Forteresse. Vous aurez ainsi tout le loisir de faire connaissance et de vous apprécier mutuellement. Nous devons de toute manière faire valider ce choix par le grand conseil royal des trois clans.
Manahere s'inclina respectueusement devant son Roi et l'assemblée, sous le regard surpris de son fiancé qui n'avait pas dit un mot lors de cet échange verbal. La princesse en était quelque peu déçue, son fiancé était-il donc soumis ? Certes, il ne deviendrait pas le Roi du Royaume, mais il deviendrait le Prince consort et à ce titre, Manahere avait besoin d'un homme avisé pour régner à ses côtés.
Le repas fut ensuite servi dans la salle d'à côté et comme le voulait la tradition, les femmes étaient d'un côté de la table alors que les hommes de l'autre. Elle aurait aimé déjà faire connaissance de ce fiancé, mais il semblait bien occupé à discuter avec le Roi, son père. Manahere ne prêta pas beaucoup intérêt à la conversation de ses compagnes de table qui étaient toutes les filles du chef du clan des Kerehoma. Elles semblaient envier Manahere d'être fiancée à Kotarui qui était, d'après elles, un très bon parti.
Une fois le repas fini, Manahere était épuisée par sa longue journée à la cascade et s'excusa auprès de ses hôtes et après avoir chaleureusement embrassé son père, elle se dirigea vers ses appartements lorsqu'elle entendit des pas derrière elle et surtout une voix grave et suave.
- Pardonnez-moi princesse Manahere, puis-je m'entretenir avec vous ?
- (se retourne pour faire face à son interlocuteur) : qui ...?
Son interlocuteur n'est autre que Kotarui, son fiancé. Elle avait à peine pris le temps de l'observer dans la salle du conseil et au repas, mais maintenant qu'elle le voyait face à elle, elle se trouva fort troublée. Kotarui avait la peau plus foncée qu'elle. Il semblait plus âgé de un ou deux ans. D'une carrure athlétique, il devait régulièrement s'entraîner au combat pour être taillé ainsi. Ses cheveux étaient ébène et coupés assez courts. Son visage, plutôt carré, inspirait force et détermination. Ses yeux, ébènes également, fixait avec intensité la princesse. Il dégageait une aura de force tranquille, mais non violente, même plutôt chaleureuse. Manahere était troublée et ressentait une chaleur interne auquel elle n'était pas habituée.
- Maîtrisez-vous l'Incanto divino, car j'ai l'impression que vous m'avez jetée un sort? réussit-elle à balbutier
- (rire) Non ma chère princesse. Je n'ai pas reçu cette capacité, toutefois je sais très bien analyser et étudier les réactions des gens. Je respecte ceux et celles qui détiennent ce pouvoir, mais je suis plutôt content de ne pas avoir besoin d'y recourir.
- Et pourquoi cela ? Le pouvoir de l'incanto divino offre de nombreuses possibilités ... s'offusqua Manahere devant un tel discours
-Ne vous vexez pas, Majestée, mais dépendre de pouvoirs magiques dans nos actions est pour moi une perte de temps.
- Vous protéger, éviter les conflits, soigner et guérir est une perte temps selon vous ?
- bien évidemment que non, princesse. mais nous les gens de l'Est avons appris à nous débrouiller seuls et avec la richesse de la nature qui nous entoure. Nous sommes totalement reconnaissant que la richesse de la nature vient du pouvoir de l'Incanto divino mais nous savons que nous pouvons nous débrouiller sans. Vous-même avez imploré le Roi de ne pas utiliser un sort sur nous deux. Cela signifie que même si le sort est un sort bienveillant d'amour, ne perturbe-t-il pas le déroulement naturel des choses ?
Manahere ne sut quoi répondre. C'était la première fois qu'on lui proposait une vision différente de ce pouvoir. Elle était persuadée depuis qu'elle le maîtrisait que ce pouvoir était indispensable et que, comme il était générateur de bien, il ne pouvait pas en être autrement. Et c'est vrai qu'elle avait anticipé les actions de son Roi, elle ne voulait pas utiliser un sort pour faciliter l'amour entre deux personnes. L'amour devait être sincère et se développer seul, pas avec l'aide d'un enchantement.
En quelques mots, Manahere sut que sa vision et son utilisation des enchantements devrait se faire avec plus de considérations sur les conséquences éventuelles. Se réfugier systématiquement sur le bien-fondé de la magie n'était finalement pas une solution simple et radicale.
Ce premier échange d'opinions rendit Kotarui très intéressant pour la jeune princesse.
- Je suis ravie que vous m'ayez adressée la parole Kotarui. Je craignais que vous soyez quelqu'un de totalement soumis au Roi et de ce fait à sa future Souveraine.
- (rires) Je suis loin d'être docile, princesse. tout comme vous d'ailleurs. Je suis content d'avoir échangé quelques mots avec vous ce soir. Vous n'êtes pas comme toutes ces princesses sans cervelles que mon père a voulu me faire épouser depuis mes 8 ans. Vous avez beaucoup d'esprit et je sens que nous pourrons bien nous entendre par la suite.
- (sourit) Kotarui, pouvons-nous arrêter de nous vouvoyer ? le Roi me vouvoie que très rarement et cela me met mal à l'aise. Si nous sommes voués à devenir mari et femme, nous devrions nous rapprocher et non nous éloigner ? Qu'en penses-tu ?
- (soupire) je te remercie. Le protocole m'ennuie au plus haut point. Je te raccompagne jusqu'à la porte et je te dis à demain. Nous prenons la route pour le clan du Nord. Je n'y suis jamais allé, et toi ?
- jamais ? L'ambiance est différente d'ici et encore plus qu'à la Forteresse. J'ai hâte d'y aller pour améliorer mes techniques de combat. A la cour, je n'ai pas encore trouvé d'adversaires suffisamment habiles pour esquiver mes attaques.
- Une princesse guerrière ? très intéressant.
Kotarui laissa donc la princesse à la porte de ses appartements. Il s'autorisa à lui baiser main comme témoignage de son respect. Manahere se coucha en souriant. Tant de choses étranges s'étaient produites en cette belle journée.
Elle espérait que son séjour chez les Tepahere soit aussi riche d'enseignements.
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