I-10/ La fin de la paix
Ma mort est inévitable, que tu m'empoisonnes ou qu'Arono tente de me tuer.
Sous le regard ébahi et effrayé des deux hommes le Roi ne dit rien, laissant assimiler la phrase qu'il venait de prononcer.
Majesté ? Que ... ??? Tenta de formuler Kotarui
Le Roi inspira profondément et il leur révéla ce qu'il savait de son état de santé mais également les visions qu'il avait depuis quelques temps. Le Roi savait que les Dieux lui faisaient passer un message et il était de plus en plus clair : le Royaume connaîtrait une période de chaos que ni lui, ni Manahere ne pourrait empêcher.
Le roux était choqué devant le calme du Roi : il semblait avoir accepté la situation et surtout il n'avait pas l'intention de faire quoique ce soit pour éviter la chute du Royaume.
Mon Roi ?!! Comment pouvez-vous être aussi calme ?!? Ce Royaume vous l'avez construit, aimé et vous abandonneriez tout maintenant !!! Et Manahere ?? Ne pensez-vous pas à elle ?
Bien au contraire !! Manahere est au cœur de mes préoccupations !! C'est pourquoi le mariage a lieu si tôt et que je t'exhorte à passer du temps avec ma fille !! J'ignore quand la chute du Royaume aura lieu mais elle est inévitable !!!
Majesté. Que devons-nous faire ? demanda calmement Kotarui, conscient de la gravité de la situation.
Kotarui, Tehakanui. Je n'ai pas la certitude de ce qu'il y a faire pour la suite des évènements, mais je suis persuadé que vous avez votre rôle à jouer dans ce qui va arriver. Toi, Tehakanui tu dois préparer ma fille à assurer l'avenir. Je regrette que vous ne puissiez pas vivre heureux longtemps, mais le peu de temps que vous avez ensemble doit être consacré à vous aimer. La solution viendra de votre union et j'imagine qu'il s'agit de l'enfant que vous aurez tous les deux qui sera la clé. J'ignore pourquoi et comment, mais les Dieux m'ont montré un enfant qui rétablira l'équilbre. En toute logique, je ne suis plus en âge d'avoir des enfants, cela ne peut être que celui que tu auras avec ma fille. Quant à toi, Kotarui, je te charge de trouver une solution pour mettre en sécurité cet enfant qui doit naître. Nos relations avec les îles du nouveau monde ont un intérêt certain. A toi de trouver comment accomplir ce que je pense être une prédiction.
Les deux hommes acquiescèrent, conscients que leur temps était finalement compté : une année tout au plus. Le Roi avait vu juste, même s'il n'avait pas parlé directement avec les dieux, ces-derniers avaient eu des visions plus claires de l'avenir. En effet, Urepikari et Mohikitu avaient longuement discuté, en cessant de se rejeter la faute sur l'autre. Ils reconnaissaient leur part respective de responsabilité sur les évènements du Royaume de l'Ile. L'équilibre des forces ne reviendrait que s'ils laissaient Il demoniaco agir et prendre le dessus avant que l'équilibre revienne enfin. En mettant en commun leurs énergies divines, les deux dieux comprirent que l'issue la plus propable était la naissance d'un enfant doté des deux pouvoirs afin de surpasser le pouvoir maléfique. Mais cet enfant n'était pas encore né et ça, les dieux ne commandaient pas ces choses là et surtout, ils ne voulaient plus y mettre leur grain de sel.
Ils savaient Manahere puissante, mais Tehakanui également. L'équilibre devrait venir d'eux. Ils avaient alors inspiré l'esprit du Roi avec des bribes de visions afin qu'il prenne les bonnes décisions. Urepikari voulait informer immédiatement la princesse, mais pour une fois, elle suivit les conseils de Mohikitu qui lui recommandait d'attendre encore un peu avant de la mettre au courant de son funeste destin.
Le cœur lourd, le roux essaya de chasser ces nouvelles informations afin de profiter des instants de joie et de bonheur avec la princesse. Il la rejoignit donc et ils partirent à cheval à travers les terres de la Forteresse. Ils chevauchèrent un moment et rejoignirent la rivière à l'abri sous quelques arbres. Ils marchèrent alors main dans la main, discutant de tout et de rien, jusqu'à ce que la princesse se décide enfin à s'épancher un peu plus sur ses sentiments.
Tehakanui, tu sais, je pense que je sais depuis la première fois où je t'ai vu que tu étais l'homme que je voulais à mes côtés. Tu m'as complètement envoûtée.
Je dirai que c'est toi qui m'a ensorcelé, Princesse. Que ces trois années ont été longues et dures. J'étais à tes côtés chaque jour et je craignais sans cesse que tu succombes au charme et à l'intelligence de Kotarui. Mais j'avais mis un point d'honneur à ne pas abuser de ma proximité avec toi pour me comporter déloyalement.
Et moi qui croyais que tu n'avais que faire de moi, mais je n'arrivais pas à me convaincre de m'intéresser à Kotarui. J'ai certes beaucoup de respect pour lui, mais seul toi me fait me sentir femme. A ses côtés, je n'aurai été que la Souveraine et jamais l'amante.
A ces mots, le roux s'arrêta et fit face à la la princesse. Il lui caressa lentement le visage et avança lentement son visage du sien jusqu'à ce que leurs lèvres rentrent enfin en contact. Le baiser d'abord tendre se fit de plus en plus poussé, leurs langues se cherchant, se repoussant et s'enroulant. Le souffle court, ils se séparèrent pour de nouveau se jeter l'un sur l'autre. La chaleur de leur corps augmenta de plus en plus, Tehakanui commença alors à défaire la robe que portait la princesse, dévoilant ainsi la féminité de la belle. Tout en l'embrassant encore, il commença à caresser chaque parcelle de peau nue qu'il avait sous la main. Il la sentait frissonner à chaque effleurement. Elle passa à son tour ses mains sous sa chemise afin de caresser ce corps qu'elle savait si finement musclé. Ils se retrouvèrent alors nus l'un devant l'autre, nullement gênés par la situation, plus rien ne les retenait : ils voulaient uniquement savourer l'instant. Ils étaient fiancés et peu importaient les conventions. Ils étaient simplement un homme et une femme se désirant mutuellement. Manahere, colla son corps nu contre celui du roux et elle le tira vers elle de façon à ce qu'ils rejoignent l'eau de la rivière à côté d'eux. Le contact de l'eau les fit frémir tous les deux, mais augmenta d'un seul coup la chaleur interne de leurs corps. Ils dansèrent, s'embrassèrent, se caressèrent longuement, leurs deux corps immergés sous l'eau jusqu'à ce que Tehakanui les rapproches de la rive. Ils n'en pouvaient plus. Ils en voulaient plus. Le roux allongea la princesse délicatement sur le sol humide, il quitta ses lèvres pour se délecter de cette poitrine fièrement dressée contre lui. La princesse ne cessait de gémir à chacun de ses attouchements et d'une voix haletante elle l'invita à la faire sienne. Il n'attendait que ça et leur étreinte fut à la fois brutale et intense. Tous leurs sens en alerte, ils savouraient tous les deux les nouvelles sensations éprouvées et leurs corps se mouvaient en harmonie déclenchant soupirs, gémissements et cris de plaisir. Dans un dernier mouvement de hanches, Tehakanui se laissa transporter par l'extase en même temps que la princesse. Quelques minutes passèrent jusqu'à ce qu'ils se séparent et aillent se rafraîchir dans la rivière où de nouveau ils laissèrent parler leur attirance réciproque. Ils passèrent ensuite la suite de la journée à se câliner à l'abri du soleil.
Tehakanui ne put s'empêcher alors qu'ils s'apprêtaient à retourner à la Forteresse de parler de ce qu'il avait découvert le matin avec le Roi. Il ne pouvait pas lui mentir, même s'ils n'étaient pas encore mariés, elle venait de s'offrir à lui et il se devait d'être honnête avec elle.
Manahere ? Je voudrai te parler de quelque chose ....
Tu comptes refuser de m'épouser maintenant que je me suis offerte à toi ?
Euh. Non pourquoi me dis-tu cela ? Je ne suis pas comme ça, je ne suis plus comme ça. J'ai changé pour toi ....
Excuse-moi, mais j'ai tellement entendu dire que vous les hommes étaient séducteurs au départ pour nous mettre dans votre lit et qu'après vous nous abandonniez.
Suis-je comme tous les hommes ?
Non bien sûr. Je ne regrette absolument pas ce qu'il s'est passé à la rivière, ce sont de vieux réflexes de bonnes femmes !
Je comprends, mon amour. Moi non plus je ne regrette pas, mais je dois te mettre au courant de certaines choses.
Et ça ne peut pas attendre ?
Oui et non. Mais c'est trop grave pour que tu ne sois pas toi-même au courant. L'avenir du Royaume est en jeu.
Mon père est-il au courant ?
Bien sûr. Et ...
Et il lui raconta tout ce qu'il pouvait lui dire : les complots d'Arono, sa mission initiale, les décisions du Roi et surtout l'avenir qui s'annonçait noir et terrible. Telle une future Souveraine, Manahere ne succomba pas à la panique. Bien au contraire, tout comme le Roi son père, elle accueillit avec gravité la nouvelle.
Finalement, c'est plutôt une bonne chose que nous ayons fait l'amour aujourd'hui. Finit-elle par conclure avec sourire
Hein ? comment ça ? répondit-il étonné.
Si nous devons tous mourir par la folie d'Arono, j'aurai au moins eu le plaisir de connaître l'amour avec toi, Tehakanui. Dit elle le plus naturellement possible.
Le roux éclata de rire. Elle était définitivement différente de toutes les femmes : alors qu'il venait de lui annoncer une terrible nouvelle, elle se réjouissait du présent et ne s'inquiétait nullement de l'avenir qui allait sûrement être funeste pour nombres d'entre eux.
Sur le chemin du retour, elle lui dit quand même :
Tehakanui, m'as-tu dit toute la vérité ? Je pense que tu me caches encore quelque chose, mais je ne sais pas quoi.
Je ne vois pas de quoi tu parles. Je t'ai tout dit, tout ce que je savais des projets d'Arono. Je n'ai rien d'autres à te cacher : je t'aime sincèrement Manahere et je souhaite toujours devenir ton époux, même si cela ne doit être que de courte durée. Chaque instant à tes côtés, je veux les vivre pleinement. J'espère que ton père se trompe sur les visions qu'il a eues, mais j'ai le pressentiment qu'il ne se trompe pas.
Je pense avoir une idée pour nous préparer au mieux à ce qui se prépare. Mais il faudra attendre nos noces et surtout le voyage au travers le Royaume.
Ne penses-tu pas qu'il vaudrait mieux annuler ce voyage ?
Non, bien au contraire. Notre force, Tehakanui, c'est de montrer au peuple que nous ne craignons rien et même si des jours sombres doivent survenir, nous devons être porteurs d'espoir. C'est ainsi que nous vaincrons l'obscurité.
Quand ils arrivèrent à la Forteresse, Manahere avait changé, elle n'était plus la princesse, mais une souveraine dans toute sa puissance. Etait-ce parce qu'elle avait découvert les plaisirs charnels ? Non, cela ne pouvait pas être l'unique raison. Mais Tehakanui, le Roi et même Kotarui le remarquèrent immédiatement lorsqu'elle s'adressa à son père et son futur conseiller.
Ecoutez. Tehakanui m'a mis au courant de la situation. Sans paraître prétentieuse, je me doutais que notre période de paix ne pouvait pas indéfiniment durer. Mon étude de l'histoire de l'Ile m'a montré que depuis toujours l'Ile est en paix : peu de conflits, plus de guerre. Nous avons perpétué l'art des combats, mais à quoi bon avoir des guerriers s'ils ne font pas ce qu'ils sont censés faire. Bien sûr que la paix est une bonne chose, mais nous ne savons plus apprécier le sens profond de cet état de faits. De plus, mes recherches sur le pouvoir magique m'ont également prouvées que l'Incanto divino devait absolument avoir un pouvoir complémentaire. J'ignore lequel puisqu'aucun îlien ne semble détenir un tel pouvoir.
Entendant ces mots, Tehakanui sut de quoi parlait Manahere. Effectivement, aucun îlien ne présentait un pouvoir contraire à l'Incanto divino, aucun sauf Arono, Teririnui et lui-même. Devait-il annoncer maintenant ce secret qu'il avait ?
Bien évidemment qu'il le devait. Il se râcla la gorge et ajouta :
Je pense que tu as raison Manahere, l'incanto divino a un pouvoir contraire. J'ignore quel est son nom, mais ... Ne sachant pas comment l'expliquer avec des mots, il décida d'ôter les protège-poignets qu'il ne quittait jamais. Il montra alors à tous le symbole qu'il avait dans l'intérieur de son poignet. Ils virent alors la lune qu'il avait inscrit dans sa chair. Manahere et le Roi comprirent immédiatement la signification.
Tehakanui ? depuis quand as-tu cette marque ? demanda la Roi
Elle est apparue il y a plusieurs années, après avoir tué mon père qui avait tué ma mère et maltraité ses concubines. Ce jour-là, une force incommensurable s'empara de moi et je me débarrassai ainsi de ce tortionnaire sans honneur. Arono l'apprit et me forma à le maîtriser car lui-même le développa et il y a trois ans j'ai vu que Teririnui commençait à le maîtriser.
Mais pourquoi n'as-tu rien dit ! s'emporta Manahere !
Cela suffit ma fille ! Comment Tehakanui aurait pu deviner qu'un tel pouvoir aurait cette importance. Je suis satisfait que tu nous l'aies dit aujourd'hui. Il n'est pas trop tard, enfin pour certaines choses. Nous savons maintenant d'où viendra la menace. Comment ton pouvoir se manifeste mon garçon ?
Pas comme le voudrait Arono. Les rares fois où j'ai senti ce pouvoir m'investir c'est que j'étais confronté à de grandes situations d'injustice ou de danger imminent. Mais je n'ai jamais été en colère en permanence. Le pouvoir ne m'intéresse pas. La violence non plus.
Père que croyez-vous que cela signifie ?
Je n'en ai pas la certitude, mais je pense que le destin vous a réuni pour une bonne raison. J'ignore encore laquelle, mais il est certain que ce n'est pas anodin que tu es été attirée immédiatement par Tehakanui.
Mais comment peut-on contrer Arono ou Teririnui ? Puisque nous savons qu'ils veulent s'emparer du pouvoir, qu'ils maîtrisent un pouvoir que nous ne connaissons pas. Comment allons nous faire ?
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Une longue période d'incertitude s'installa à la Forteresse. Le Roi, Manahere, Tehakanui et Kotarui préparèrent dans le secret le plus total ce qu'ils avaient jugé bon et juste pour le Royaume. Le Roi avait usé mortellement de l'Incanto divino pour assurer la sécurité la plus longue à sa fille et son gendre afin qu'ils puissent préparer l'avenir du Royaume. Manahere devenue souveraine alors qu'elle était enceinte, n'eut pas le temps de pleurer la mort du Roi, car tout avait été prévu ainsi. Le sacrifice de Waakharo était nécessaire pour mener à bien l'avenir qu'ils espéraient tous pour l'Île et ses habitants.
Le jour de la chute du Royaume arriva comme l'avaient prévu Manahere, Tehakanui et Kotarui. Depuis plusieurs semaines, un climat de tension et d'insécurité régnait dans les villes du Royaume. Teririnui, complètement infusé de la violence que procurait Il demoniaco n'hésitait plus à tuer sans aucun état d'âme tout îlien possédant le pouvoir magique de l'Incanto divino, la campagne de terreur était ainsi lancée sur le Royaume. Hommes, femmes, enfants, tous ceux qui possédaient le don furent assassinés sauvagement sans qu'ils puissent se protéger. La Reine, son époux et son conseiller n'avaient point le temps de souffrir de toute cette violence dans laquelle l'Île était plongée. Ils avaient mis tous leurs espoirs en l'avenir : Maimiti était celle qui rétablirait la paix sur l'Ile. Manahere et Tehakanui n'avaient pas eu le temps de profiter de leur nouveau statut de parents car ils avaient dû tout mettre en œuvre pour protéger cet enfant et surtout la faire quitter l'Île bien avant que tout le massacre ait lieu. Ils avaient fait croire aux partisans d'Arono et Teririnui que l'enfant était toujours à la Forteresse. Le plus dur pour la Souveraine fut de trouver un enfant de l'âge approximatif de Maimiti afin de la substituer à la princesse. Ils avaient décidé de convaincre une mère de donner son enfant en sachant qu'il serait sacrifié lors de l'attaque des opposants au Royaume. Mais les Dieux étaient avec eux car une petite fille née quelques jours après Maimiti décéda sans explications et lorsque Kotarui apprit la nouvelle, il réussit à récupérer le corps de l'enfant et de faire procéder à l'embaumement afin de conserver le corps jusqu'au jour funeste.
La Forteresse était silencieuse ce matin-là, contraste terrifiant par rapport à la nuit qui venait de s'écouler. Toute la nuit, des cris, des hurlements s'étaient fait entendre et même si les soldats avaient tout fait pour protéger les habitants, la fureur de Teririnui et d'Arono était telle que rien ni personne n'arrivait à les arrêter dans le chaos qu'ils semaient sur leur passage.
Manahere était restée droite, debout sur la terrasse de la chambre royale, pleurant silencieusement en entendant les hurlements de son peuple qui se faisait massacrer. Tehakanui ne l'avait pas quittée, la serrant contre lui. Ils n'avaient pas échangé un seul mot depuis le début de la soirée. Ils savaient que c'était leur dernière nuit, leur dernier instant. Ils espéraient que tout ce qu'ils avaient imaginé ne resterait pas vain et que toute cette souffrance aboutirait un jour à la liberté des habitants de l'Île.
L'aube se levait, une aube rouge sang comme la nuit qui venait de se dérouler. Kotarui vint se présenter devant sa souveraine et son époux.
Majestée ? Le moment est arrivé. Arono vous attend dans la salle du trône.
Bien Kotarui. Je te remercie de ton dévouement. Je regrette que tout s'achève ainsi.
Ne soyez pas désolée, ma Reine. Ce sont les désagréments du pouvoir. Je resterai avec vous, jusqu'au bout.
Manahere se tourna vers Tehakanui. Il souriait.
J'aurai tellement aimé pouvoir finir mes jours avec toi, voir grandir nos enfants et voir prospérer le royaume. Mais ...
... ne sois pas triste ma Reine. Je t'ai aimé dès le premier jour et mon amour ne cessera jamais. Maimiti est le résultat de notre amour et elle vivra en ayant la meilleure partie de nous deux.
Ils s'embrassèrent intensément et se séparèrent, prêts à affronter leur destin.
Tehakanui se dirigea vers la chambre de Maimiti, tout en sachant que le corps dans le berceau n'était pas celui de sa petite princesse rousse et que ce pauvre nourrisson était déjà dans d'autres mondes sans peur et sans douleur. Le plan avait été ainsi, il devait jouer le rôle du père protégeant son enfant jusqu'au bout. Et comme ils l'avaient pressenti, Teririnui vint trouver l'enfant afin de lui ôter toute vie. Mais avant cela, les deux hommes livrèrent un combat acharné, toutefois déséquilibré puisque Tehakanui n'avait plus une once de pouvoir magique en lui, mais sa volonté et sa ténacité au combat donnait l'illusion à Teririnui qu'ils se battaient à armes égales. A un moment, sentant ses forces s'amenuiser, le roux laissa l'opportunité à son adversaire de transpercer le corps du nourrisson déjà sans vie. Teririnui jubila et transperça Tehakanui. Ce-dernier avait accepté son sort depuis longtemps et alors que les dernières étincelles de vie le quittait, il provoqua une dernière fois Teririnui :
Aujourd'hui tu gagnes, mais sois à jamais sur tes gardes car une force bien plus importante que la tienne vengera tous les innocents que tu as assassiné.
Et sur ces dernières paroles, le roux rendit son dernier souffle, alors que Teririnui eut soudainement peur. De quelle force parlait cet idiot ? Il essaya de ne pas prêter attention à ces paroles et les oublia pour le moment, trop heureux d'avoir anéanti la descendance royale. Il se dirigea alors vers la salle du trône où son père avait dû régler son compte à cette salope de reine.
En effet, Manahere avait rejoint calmement la salle du trône où Arono avait pris place sur le siège royal. Elle ne s'en offusqua pas. Aucun des gardes n'avaient survécu et elle se doutait que le chef des Tepahere avait usé de toute sa puissance maléfique pour les anéantir. Kotarui se tenait aux côtés de la Reine.
Alors votre Majesté ? C'est ainsi que vous protéger vos sujets ? Avez-vous apprécié le doux son de cette nuit où tous les détenteurs du pouvoir magique ont été éliminés par mes soins ? Qu'avez-vous à dire pour votre inaction ?
Rien que vous ne pourrez jamais comprendre, Arono.
Toujours aussi insolente à ce que j'entends ! Votre père doit se retourner dans sa tombe en voyant ce que vous avez fait du Royaume.
Au contraire, mon père sait que nous avons agi pour le bien du Royaume. Profitez tant que vous le pouvez de cette gloire que vous avez tant cherchée. Elle n'est qu'éphémère. Un jour, vous vous souviendrez de mes paroles. Ou plutôt, votre fils ce souviendra de mes paroles en ce jour où vous fêterez votre victoire sur la paix.
Trop de paroles ! Femme sans valeur ! Oseras-tu te battre ou accepter ton destin ?
Manahere savait qu'elle ne vaincrait pas, mais tel était le plan et elle était Reine. Elle n'abdiquerait jamais sans se battre, quitte à en mourir. Elle dégaina son épée et se mit en garde, tout comme Kotarui qui la soutiendrait tant qu'il le pourrait. Le combat fut intense, même si la Reine arrivait à parer les coups violents que lui portaient Arono, malgré son âge avancé, elle ne pouvait pas faire appel à l'aide de l'Incanto divino car elle ne possédait plus une seule parcelle de magie. En voulant faire dévier un coup mortel qui était destiné à Kotarui, Manahere s'interposa machinalement et fut alors transpercée par la lame d'Arono. Elle cria de douleur et s'écroula, se vidant rapidement de son sang. Kotarui, par désespoir se lança sur Arono qui lui trancha la tête d'un mouvement rapide et incisif sous le regard jubilatoire de Teririnui.
Le règne de Manahere prit donc fin dans ce bain de sang et le Royaume entra dans une ère de terreur et de peur.
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FIN DE LA PARTIE I
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