Chapitre 2
Leur cortège, composé d'une douzaine de soldats en armes et de tout autant de chevaux, avait promptement repris la route une fois l'ordre énoncé par Lida ; nul ne tergiversait au sein de la Huitième Brigade Royale de Balhaan. Le chemin qu'il leur restait à parcourir n'était long que de quelques kilomètres, mais ils durent pour atteindre Aville s'en retourner sous le couvert des branchages denses qui couraient le long des sentiers. Leurs montures les empêchaient d'opter pour des trajectoires trop chaotiques ; aussi décidèrent-ils de réaliser un léger détour, lequel les contraignit à quitter la hauteur que leur conférait la colline sur laquelle ils avaient marqué une halte. Il ne fallut dès lors plus qu'une poignée de minutes pour que la monture d'Andrek ne commence à s'ébrouer bruyamment ; de quoi attirer l'attention de son cavalier autant que celle de ses collègues.
— Il sent quelque chose, fit Andrek en baladant un regard sceptique et scrutateur tout autour de leur petit contingent.
— Étrange... mais on peut lui faire confiance, répondit Rolan. Restons sur nos gardes jusqu'au village.
Si Rolan et Andrek demeuraient particulièrement réceptifs aux états d'âmes de ce destrier pourtant tout-à-fait banal en apparence, ça n'était pas sans raison. Le cheval d'Andrek n'avait rien de la monture ordinaire... Il était un Cydylaïn. Les Cydylaïn, créatures endémiques à Balhaan, étaient des familiers propres à chaque individu. Ils étaient liés à leurs propriétaires, par le biais desquels ils voyaient le jour et aux côtés desquels ils subsistaient jusqu'à la mort. Un lien unique les unissait, comme si leurs deux âmes ne formaient en vérité qu'une seule et même entité.
Plus particulièrement, le Cydylaïn d'Andrek était un cheval doté d'un odorat surdéveloppé, lequel avait bien souvent permis à la Huitième Brigade d'anticiper des menaces ou de suivre des pistes effacées par le gros temps. C'était un partenaire de voyage inestimable, et sans nul doute l'une des raisons qui poussait Lida à exiger la présence de l'apprenti lorsqu'elle et le reste de ses camarades quittaient le couvert de la forteresse perchée au sommet du Pic Zygos... Et c'était d'autant plus vrai que les membres des Brigades étaient, quant à eux, dépourvus de Cydylaïn : le passage d'apprenti à membre se faisait précisément sur la base de ce renoncement, ou plutôt sur la base de cette fusion permettant à l'être et à la créature de ne plus faire qu'un.
Ainsi, dans le cas d'Andrek ou de Jade, dont les Cydylaïn existaient encore, on parlait de Cydymisen ; dans le cas des dix membres de la Huitième Brigade Royale, on parlait en revanche de Cydystari. Leurs Cydylaïn ne foulaient plus ce monde parce que leurs âmes s'étaient unies pour l'éternité ; et les compétences hors normes qui étaient autrefois celles de leurs familiers leur appartenaient dorénavant. Une vérité que beaucoup d'étrangers ignoraient, et pour cause : Balhaan était une nation pacifiste, tournée vers elle-même, une anomalie au beau milieu du continent d'Ipeiris, dont tous les autres représentants étaient davantage tournés vers la guerre. Bon nombre de ressortissants d'autres nations avaient ainsi oublié les prouesses dont les membres des Brigades Royales étaient capables... Seuls les dirigeants de ces dites nations faisaient en sorte de conserver cette vérité dans un coin de leur tête : ces compétences fantastiques, même si elles n'étaient utilisées que par une centaine de soldats, étaient largement en mesure d'infléchir le cours d'une guerre.
— Flèche ! Embuscade, claironna Lida en s'interposant sur la trajectoire du projectile.
La commandante, qui barrait la route à ce projectile mortel afin de protéger ses ouailles, semblait ainsi se mettre directement en péril... mais, contre toute attente, il n'en fut rien. Alors que la flèche menaçait de lui traverser le crâne, elle se fracassa contre sa tempe et éclata en échardes avant de retomber au sol ; dans la foulée, la commandante dégaina son épée, s'apprêtant à rejoindre ceux qui avaient osé s'en prendre à la Huitième Brigade Royale de Balhaan.
Elle n'était pas devenue la première soldate des Brigades Royales par hasard. On la qualifiait certes de combattante hors norme, puissante, endurante et robuste, adroite avec toutes les armes, vigoureuse et réactive ; mais elle était aussi et surtout dotée d'un pouvoir particulièrement redoutable. Elle était indestructible. Peu importait, dans le fond, la nature de l'arme qui menaçait de faire couler son sang : tout effort de la part d'un ennemi était voué à l'échec. Elle était l'égide défendant Balhaan, le colosse offrant son corps pour garantir la protection de ses subordonnés. Ce qui faisait d'elle, purement et simplement, la combattante la plus puissante du monde.
Des silhouettes surgirent du couvert des buissons et des arbres environnants, ne se doutant pas une seule seconde du fait que la commandante, seule, aurait été parfaitement en mesure de leur régler leur compte. Ces silhouettes, armes aux poings, se répandirent çà et là en veillant à se partager les cibles et à bénéficier au maximum de l'effet de surprise. Malheureusement, ces pauvres hères, là aussi, sous-estimaient grandement l'efficacité des soldats qui accompagnaient la terrible Lida.
Erik inspira bruyamment, aussi profondément que possible. Lorsqu'il expira, ce fut une fumée blanchâtre qui s'extirpa de sa bouche et fondit droit vers deux soldats. La fumée semblait comme mue par une intelligence et un instinct propres ; elle enveloppa bientôt ses deux proies et les enserra comme un carcan avant de resserrer violemment son emprise, broyant certains de leurs os et les contraignant à glapir d'un air affolé. Bientôt, Erik fut néanmoins à cours de souffle. La fumée se dissipa alors, et les deux scélérats tombèrent au sol, déboussolés et haletants, s'apprêtant à récupérer leurs armes pour revenir à la charge. Keylan s'assura qu'il n'en serait rien : d'un bond vigoureux, il se porta à leur hauteur à une vitesse surnaturelle et leur trancha la gorge d'un seul geste, circulaire et incisif. Le jeune bretteur était, quant à lui, capable de contrôler son sang ; en l'occurrence, il utilisait ce pouvoir pour accélérer les pulsations de son cœur, de façon à accroître ses réflexes et ses performances physiques. Un talent qui, par conséquent, le rendait largement plus redoutable que le commun des soldats...
De l'autre côté du contingent, Jade constata du coin de l'œil qu'un soldat bondissait à sa rencontre en brandissant une lance. Perchée sur le cheval de la commandante, elle tira son épée au clair mais comprit instinctivement qu'elle n'allait pas avoir le temps d'interposer sa lame sur la trajectoire de l'arme adverse. Allait-elle devoir endurer une blessure douloureuse et cuisante, ou risquait-elle même de passer l'arme à gauche ? Fort heureusement, ses camarades étaient là pour veiller sur elle, et pallier à son inexpérience : elle sentit bientôt quelque chose lui agripper l'épaule gauche et la tirer violemment sur le côté, de façon à la désarçonner brutalement. Elle s'étala de tout son long dans un mélange de terre et de mousse au moment où la lance adverse atteignait enfin l'endroit où son visage s'était tenu une seconde auparavant ; et Sora, qui venait justement de lui sauver la mise, profita de l'incompréhension de son assaillant pour lui trancher la gorge d'un coup net, en utilisant adroitement ses kusarigamas. Le plus jeune des membres de la Brigade Royale était doté d'un don bien particulier : celui de pouvoir générer et projeter un fil collant, presque invisible et incassable, qu'il avait ainsi pu apposer sur Jade et grâce auquel il l'avait écartée du danger sans ménagement.
Mais la demoiselle n'était pas sortie d'affaire pour autant : elle se redressait tout juste que déjà un autre adversaire se présentait à elle en brandissant haut sa hache. Il menaça de lui écraser le crâne, mais elle parvint à bondir sur le côté juste à temps pour se placer hors de danger. Cette esquive, momentanément salvatrice, ne fut pas suffisante pour refroidir les ardeurs de son ennemi ; et celui-ci revint à la charge au pas de course... avant qu'un autre membre de la Brigade ne se place aux côtés de l'apprentie encore fébrile et mal assurée.
— J'aimerais autant que tu ne maltraites pas nos jeunes pousses, déclara calmement Rolan.
L'autre homme sembla finalement à bout de nerfs, et se jeta dans la direction du chevalier quadragénaire en brandissant sa hache toujours plus haut. Celui-ci ne bougea pas d'un pouce... jusqu'au dernier moment, à tout le moins.
— Jambe droite en appui, geste descendant légèrement oblique pour m'atteindre en plein cou et potentiellement me décapiter... Tu ne plaisantes pas, on dirait.
L'autre type tressaillit : et pour cause, s'il avait déjà entamé sa charge, il venait tout juste de penser à l'assaut qu'il entendait composer et par le biais duquel il souhaitait mettre un terme à l'existence de Rolan. Ce dernier n'avait pas réussi à décontenancer son adversaire grâce à un simple bluff : il disposait réellement de la capacité à lire dans les pensées de ses vis-à-vis. D'un pas hâtif, il coupa l'herbe sous le pied de son opposant en l'empêchant de retrouver sa contenance. Puis il brandit son épée... et l'enfonça sans pitié dans le ventre de son ennemi, juste avant de le repousser d'un coup d'épaule et de le voir s'effondrer lourdement, soudain inanimé.
— Lani, avec moi !
Silvia, à quelques mètres de là, souhaitait tuer dans l'œuf la menace qu'incarnait l'archer qui avait visé Lida. C'était d'autant plus vrai qu'il n'était peut-être pas seul : il valait donc mieux le prendre pour cible dès à présent... Elle plaça son bouclier démesuré devant elle, prit un appui ferme en fléchissant ses genoux et se projeta vers l'avant, à une vitesse absolument aberrante. Deux types massifs comme des armoires tentèrent évidemment de lui barrer la route et d'avorter sa course folle, mais leurs efforts étaient absolument vains : elle était capable de contrôler son énergie cinétique. Elle était ainsi tout autant capable de mettre un terme soudain à sa course que de l'amplifier à un point tel qu'il n'existait plus aucune différence entre elle et une carriole tirée par trois destriers surpuissants. Les deux opposants furent ainsi balayés comme des fétus de paille ; et Lani, qui suivait de près en courant directement dans les airs, semblant prendre des appuis surnaturels dans le vide, s'assura de les exécuter avant qu'ils ne se relèvent.
Silvia, donc, poursuivit sa course folle en direction de l'archer qui, la voyant surgir à toute vitesse, essaya tant bien que mal de tirer une flèche en direction de ses pieds, lesquels dépassaient légèrement du couvert de son bouclier. Bien mal lui en prit : inexplicablement, sa gorge s'ouvrit et un flot de sang s'écoula d'une plaie béante, creusée sans que nul ne sache comment cela était arrivé. Il s'effondra tandis que Silvia marquait enfin un arrêt, dépitée. Dans le dos de l'archer désormais inanimé apparut finalement la silhouette de Malir, lequel était capable de se rendre invisible à volonté.
— Tu aurais pu me prévenir que tu entendais le cibler, Malir.
— Si tu n'avais pas foncé sur lui, il aurait pu prêter attention autour de lui ! Je ne peux pas étouffer les bruits que je produis, je te rappelle...
Sa langue était bien pendue, et il était toujours plus malin que les autres ; aussi Silvia capitula-t-elle et jeta-t-elle plutôt son dévolu sur un autre soldat qui passait non loin de là. Dans le même temps, Sylas accueillit trois hommes simultanément : d'un coup d'épée horizontal, alors qu'ils se trouvaient encore à quatre ou cinq mètres de lui, il généra une espèce d'onde de choc qui parvint à les atteindre et à les malmener, broyant aussi généreusement leurs entrailles que leurs cerveaux. Il était effectivement capable de créer du son, et de l'utiliser à sa guise en le concentrant dans des proportions dantesques : largement de quoi infliger à quelques crapules des blessures invisibles et pourtant mortelles.
Restait enfin Amara, qui se jeta à la rencontre d'un homme qui était encore aux prises avec Andrek. Elle s'approcha de lui à pas de loups, glissa sous l'épée qu'il envoya en direction de son visage dans un geste horizontal, et se mit à tournoyer sur elle-même gracieusement. Elle étendit ses bras en brandissant son chakram et en étirant les doigts de sa main libre, la gauche. Les doigts furent les premiers à atteindre leurs cibles : ils dégagèrent une chaleur si insoutenable qu'ils firent fondre le métal de l'armure du pauvre hère lorsqu'ils coururent insidieusement à sa surface, provoquant immédiatement les hurlements de douleur de cette malheureuse victime. L'homme, toutefois, n'eut pas à agoniser bien longtemps ; dans la continuité du tour d'Amara, le chakram vint finalement le décapiter, envoyant son macchabée désormais séparé en deux répandre un flot carmin sur la végétation environnante.
Un instant de flottement et de silence s'imposa alors, au cours duquel les membres de la Huitième Bridage demeurèrent attentifs ; puis ils semblèrent considérer comme un seul homme que tous leurs assaillants avaient passé l'arme à gauche. Ils commencèrent à rengainer et Andrek se dirigea vers Jade, afin de vérifier qu'elle n'avait pas été blessée au cours de sa chute malencontreuse. Erik, Rolan et Lida, quant à eux, se réunirent autour du cadavre de l'un de ces mystérieux assaillants, de façon à lever le voile sur leur identité.
— Ce sont les couleurs du Royaume de Kale, observa Erik en premier. Que vient faire notre bien estimé voisin sur nos terres ?
— Nous ne sommes pas très loin de la frontière, répondit Lida d'un air pensif. Ils ont pu s'égarer...
— Je le crois aussi, compléta Rolan. J'irais même plus loin.
Il se pencha et tapota du bout de l'index la chaussure de l'un des types : celle-ci, couverte d'une couche de boue séchée, avait manifestement vu du pays. Rolan s'empressa d'en dire plus à ses compagnons de route, croyant avoir mis le doigt sur une information cruciale.
— Il n'a pas plu depuis plusieurs jours dans la région, à en croire l'humidité ambiante. En d'autres termes, soit ils viennent d'une région plus humide, soit ils sont restés là pendant de longues semaines... La seconde option est proscrite : nous avons vu le village d'Aville depuis la colline et il n'a semble-t-il pas été chahuté récemment.
— S'ils ont épargné Aville, pourquoi nous attaquer ?
— Pour une raison toute bête, mon cher Erik. Pour la survie. Regarde les traits de ces types. Leurs visages sont émaciés, certaines de leurs dents se déchaussent, sans doute à cause du scorbut. Ces deux-là avaient des blessures aux jambes ; celui-ci, dans le dos. Ils n'étaient pas de première fraîcheur, mais ont refusé de s'en prendre à un village...
— Des déserteurs, fit Lida platement.
— Je le crois aussi. Le front qui oppose le Royaume de Kale au Divin Royaume de Bashan est proche d'ici. Disons deux cents kilomètres, pour une estimation large... S'ils ont fui dans la précipitation, en n'emportant que le strict minimum, ils ont subi la malnutrition pendant un bout de temps. Ne pouvant ni s'en retourner à leurs foyers, couverts de honte et traités comme des parias, ni aller se terrer à Bashan, où ils auraient été pendus haut et court en leur qualité d'ennemis de la patrie, ils ont opté pour notre bon vieux Royaume de Balhaan. Et de là vient la crasse : entre les champs de bataille et les montagnes, où la neige doit être en train de fondre, ils auront eu l'opportunité de se couvrir de sang et de boue.
— Certes, fit Erik, mais en ce qui concerne Aville, tu ne réponds pas à ma question. Pourquoi auraient-ils choisi de s'en prendre à nous, qui sommes pourtant visiblement des guerriers, plutôt qu'à des villageois incapables de se défendre ?
— Pour deux raisons. D'une part, il y a environ trois cent habitants à Aville : en d'autres termes, pour une vingtaine de déserteurs, il s'agit d'un pari risqué. En outre, ils auraient fatalement attiré l'attention de l'armée... ils voulaient éviter les remous, probablement. D'autre part, leur meilleure raison de ne pas cibler les villageois... c'était l'éthique.
— L'éthique ? questionna Silvia d'un air désarçonné en s'immisçant soudain dans cette conversation. Des déserteurs dotés d'éthique ? Vous me semblez bien naïf, Rolan.
— Loin s'en faut, gente Silvia ! Les déserteurs ne sont pas tous, ou plutôt pas toujours, des criminels de la pire engeance. Ces types-ci ont dû être traumatisés par la brutalité de la guerre... leur maniement des armes était approximatif : ils étaient des civils, conscrits de force par le Royaume de Kale pour occire les soldats de Bashan. Ils ne se voyaient pas violenter des populations civiles, même au nom de leur survie... Ils n'étaient pas encore suffisamment désespérés pour opter pour une telle démarche. A contrario, nous sommes précisément des soldats : ils ont dû considérer qu'il était plus juste de s'en prendre à nous qu'à des innocents...
Encore une fois, le quadragénaire faisait étalage de sa pertinence. Silvia, qui n'avait finalement rien à redire face à ce raisonnement complet, opina du chef avec lenteur. Lida, de son côté, soupira en rengainant son épée pour de bon. Elle n'avait cette fois-ci pas eu besoin de s'en servir... ses subordonnés étaient sans doute un peu trop prompts à faire office de la violence.
— S'il était là, il vous ferait remarquer qu'il suffisait d'en garder un vivant pour lui poser des questions.
— Il qui ? demanda Rolan d'un air espiègle.
— Allons trouver les villageois d'Aville pour les tenir informés de cette confrontation. Qu'ils tiennent les enfants à l'écart de la forêt le temps que les bêtes se repaissent de ces corps... A moins, bien sûr, que Rolan ne tienne à leur offrir une dernière sépulture à tous. Il apprendra peut-être à tenir sa langue, de cette manière.
— En route pour Aville, conclut Rolan en arborant une expression de fausse ingénuité.
Il savait très bien à qui elle avait fait référence, de la même manière que la totalité des membres de la Huitième Brigade qui s'étaient trouvés à portée de ses propos énigmatiques : il s'agissait de Nakata, le commandant de la Troisième Brigade, rival éternel de Lida. Il était actuellement classé second en terme de puissance parmi tous les membres des Brigades Royales de Balhaan, juste après elle, et cette relation conflictuelle ne datait pas d'hier ; pour autant, tous savaient pertinemment que les deux commandants avaient autrefois été amants. C'était à ce secret de polichinelle que Rolan avait fait subtilement allusion...
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