Mon coup de coeur

Salut à tous ce texte est donc mon coup de coeur du concours. Le choix a été difficile mais  j'ai finalement décidé de mettre en avant ce texte de LusiRainom qui m'a tirer quelques larmes sur la fin. Le choix a été rude.


Deux ans. Je n'arrive pas à réaliser. Le douze août, il y a deux ans, je suffoquais dans mes larmes amères, les résultats de ma radiographie entre mes mains. Cancer du poumon.Stade quatre.Je n'ai pas compris tout de suite. Cela faisait quelque temps que j'avais du mal à courir, à monter mes escaliers, puis à marcher sur une trop longue durée. Je me doutais bien qu'il devait y avoir un problème, mais celui-là ? Jamais.Un cancer, ça n'existe pas. Ça arrive aux autres, à un cousin éloigné, c'est une rumeur juste pour faire peur. Ça n'arrive qu'aux vieux, ou aux enfants en bas âge. Mais à trente ans ? Jamais. Et puis, petit avantage, ça rassemble. Les proches se rencontrent tous, à grand renfort de dons de mouchoirs. On parle du bon vieux temps, quand la chambre d'hôpital était le grenier et qu'on jouait tous ensemble à se déguiser. Malade et abandonné ? Jamais. Mais j'ai trente-deux ans, un cancer, et aucune personne de mon sang ni d'amis à mes côtés. Au début, bien sûr, ils se sont précipités à mon chevet, en ont informé avec préoccupation leurs proches d'une voix brisée . Je les entendais au téléphone: "Désolée, je n'ai pas trop la tête à ça en ce moment... Oui... Un cancer du poumon... C'est dur, tu comprends... Au revoir." Je servais d'alibi quand ils ne voulaient pas sortir, d'épaule sur laquelle s'appuyer lorsqu'ils n'avaient plus rien, de conseillère conjugale et d'assistance maternelle. Je ne bouge jamais, bien trop fatiguée, alors je suis toujours disponible. On peut dire qu'ils me trouvaient pratique. Mais rapidement, ils se sont tous lassés. Normalement, un cancer du poumon, stade quatre, l'affaire de deux ou trois mois tout au plus. Au fil du temps, ils se sont dispersés. Des affaires importantes à l'autre bout du pays, des" Je reviendrai, ne t'en fais pas". Depuis, je suis coincée dans cette chambre d'hôpital. J'ai lu dans leurs regards que je ne verrai plus très longtemps ce plafond trop blanc. J'observe les jours défiler au travers de la fenêtre et mon courage me laisser là, comme tous les autres. La télé continue de ruminer les mêmes atrocités, et je continue de les compter sans rien espérer. Je voudrais juste prendre l'air, mais la fatigue me rattrape. Les chimiothérapies, le défilé de tous ces médecins avec leurs masques désolés... Ça m'a pris le peu de temps qu'il me restait. Ma maladie est devenue ma seule identité. Je ne suis plus qu'un tas de pages dans un dossier médical, et un corps amorphe dans un lit inconfortable. J'avais des projets à ne plus savoir qu'en faire: partir au Japon, au Texas, en Guadeloupe, à Las Vegas. Mais ces cellules menacent et la fenêtre me nargue. J'ai toujours des projets. Cercueil en bois verni, roses oranges, dans le cimetière à côté de la pharmacie. Cela fait deux ans. Et dans deux ans, cela fera deux ans que je serai morte. Si seulement je pouvais revenir deux ans en arrière...



Le concours est ouvert aux votes jusqu'au 2 septembre et compte de nombreux excellents textes, alors venez voter.

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