6.1 : Quarth

Après avoir traîné pendant trois mois, Cavan avait décidé d'accélérer l'allure pour arriver au plus vite.
D'une part, parce qu'il n'était pas sûr de ne pas avoir d'autres mercenaires aux trousses, d'autre part parce que la situation tendue entre Neve et lui, lui donnait envie de se débarrasser d'elle au plus vite.
Il passa une main dans ses cheveux noirs, puis gratta la barbe qu'il n'avait pas taillé depuis qu'ils étaient en fuite.
Neve l'observait à la dérobée.
Ses cheveux en bataille et ses joues mangées de poils sombres lui donnaient un air de vieil ermite.
Un ermite avec un corps taillé dans le roc, pensa-t-elle en regardant les muscles de ses bras jouer sous sa chemise.
Il se tourna vers elle, et lui fit un signe de tête pour signifier qu'elle pouvait avancer.
Depuis qu'il l'avait délivrée, son attitude vis à vis d'elle avait changé du tout au tout. Fini l'homme attentionné qui la caressait et qui lui faisait l'amour une bonne partie de la nuit, qui lui murmurait des mots tendres à l'oreille. Il était redevenu distant et froid, comme à leur première rencontre.
Elle savait pourtant que ce n'était pas une question d'attirance. Elle surprenait souvent ses regards sombres, emplis de désir, quand il pensait qu'elle ne s'en apercevrait pas.
La jeune femme secoua la tête et suivit le guerrier.
Elle arrivait en haut de la colline quand son sang se figea.
Ils étaient arrivés !
À ses pieds, s'étalait une ville immense ceinte d'une muraille de pierre gigantesque. Elle en eut le souffle coupé. Le changement de paysage était incroyable. Alors qu'elle se tenait sur de l'herbe grasse et verdoyante, plus bas le désert léchait la colline.
Le contraste était saisissant.
Des rafales de vent soulevèrent poussières et grains de sable pour les envoyer heurter contre la barrière pierreuse qui entourait la ville, en de larges volutes de fumée.
— Quarth, annonça Cavan d'une voix rauque.
La jeune femme crut percevoir de l'émotion dans ses paroles. Elle se tourna vers lui et surprit son regard intense fixé sur elle.
— C'est chez moi...
Elle écarquilla les yeux de surprise et considéra à nouveau la ville. Elle semblait immense, elle n'arrivait pas à percevoir l'enceinte de l'autre côté. Par contre, elle voyait d'innombrables petites maisons de terre, de bois et de matériaux plus noble.
Il y avait également un fort, de nombreuses tours qui jalonnaient le mur, et quelque chose qui ressemblait à... un château !
Ébahie, elle pivota vers Cavan.
— Le Palais Royal, confirma-t-il.
Comme elle fronçait les sourcils sans comprendre, il expliqua :
— Ce que tu vois là, c'est la frontière des terres du sud. Les Terres Sauvages comme elles sont surnommés le plus souvent. Elles ne font pas partie du royaume de Darguen, ni de Niall. Nous avons nos propres lois. Et un roi.
Neve hocha la tête.
Elle se rendait compte que, finalement, elle ne connaissait pas grand chose de lui.
— Tu es né ici ?
Il secoua la tête.
— Dans un village, un peu plus loin, mais mes parents sont venus vivre ici alors que je n'étais encore qu'un bébé. J'ai grandi ici.
Il y avait de la fierté dans sa voix et la jeune femme sourit. Elle savoura cet agréable moment de complicité.
— Tu as de la famille ici ?
Un voile passa devant ses yeux, avant qu'il ne lui tende la main.
— Tu vas voir... fit-il sans vraiment répondre à sa question.
La descente ne leur prit que quelques secondes, tant ils étaient pressés d'arriver à destination.
— Tu es sûr qu'on ne risque rien ? demanda Neve, haletante.
Cavan sourit — chose qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs jours — et agrippa son bras pour l'aider à descendre.
— Certain !

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