4.11 : à la croisée des chemins

Magnus observa également la jeune femme et grimaça. Jamais elle ne pourrait tenir leur rythme. Il se tourna, la tête entre les mains, pour réfléchir un instant.
Ses deux compagnons l'observaient.
— On va faire diversion, décida-t-il d'un seul coup.
Les guerriers froncèrent les sourcils.
— Je prends Ciarán avec moi, et on essaie de les traverser, exposa Magnus.
Cavan voulut s'y opposer, mais son ami l'en empêcha et continua :
— Ils ont des chevaux. On peut en récupérer deux, et détacher les autres. Le temps qu'ils les retrouvent, nous serons loin.
Cavan se crispa quand il le fixa dans les yeux.
— Pendant ce temps, toi et Neve, vous rebroussez chemin. Partez vers le sud, c'est plus sûr.
Cavan secoua la tête.
— Non.
Sa voix était ferme, et implacable.
— Nous n'avons pas le choix, fit remarquer Magnus. Neve ne tiendra pas au rythme où nous devons aller. Et il y a trop de mercenaires devant nous pour espérer les contourner sans se faire voir.
— Je pars avec Ciarán alors...
— Non !
Cette fois, ce fut à Magnus d'être décidé et intransigeant. Cavan fronça les sourcils, mais l'autre se contenta de faire un signe de tête à Ciarán, qui partit surveiller leurs ennemis.
Neve s'était assoupie, sa tête posée contre l'écorce rugueuse d'un arbre, et ne se rendait pas compte de ce qui se tramait devant elle.
Magnus s'éloigna, mais Cavan le rattrapa.
— Je ne peux pas partir avec elle ! assena-t-il, avec l'espoir que son ami change d'avis.
Mais l'autre ne l'écoutait pas et avait déjà commencé à rassembler leurs affaires.
— Magnus ! Je ne veux pas l'approcher ! À chaque fois, j'ai...
Cavan marmonna quelques jurons. Mettre des mots sur ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il approchait Neve le mettait terriblement mal à l'aise.
— Magnus ! Tu ne peux pas me faire ça ! Tu sais très bien ce qu'il se passe entre nous !
Mais Magnus ne l'écoutait toujours pas et lui avait tourné le dos, ce qui mit Cavan hors de lui.
— Bordel, je suis en train de te dire que j'ai envie de prendre ta femme dès que je l'approche !
Il avait agrippé son bras, et l'obligeait à présent à le regarder.
Une fois de plus, il vit cette lueur de tristesse traverser le regard de son ami. Il avait espéré que Magnus s'énerve, et lui colle son poing dans la figure, mais au lieu de ça, les mots qu'il prononça le figèrent de stupéfaction.
— C'est ma sœur.
Trois petits mots qui remettaient en question tout ce qu'il avait construit jusque là. Son bouclier, la forteresse qu'il avait mis tant de temps à construire pour se protéger d'elle vola en éclat. Il pouvait faire ce qu'il voulait à présent. Et c'est ce qu'il redoutait le plus.
Il manqua de souffle, resta pétrifié, à fixer son ami sans comprendre. Il secoua la tête, essaya de dire quelque chose, mais seuls quelques mots incompréhensibles sortirent de sa bouche.
Magnus le fixa intensément.
— Je ne peux compter que sur toi pour prendre soin d'elle, Cavan.
Il eut un sourire désabusé.
— Je ne peux pas la garder près de moi, non plus, continua-t-il.
Comme Cavan ne disait toujours rien, il se pencha vers lui.
— Je tiens à elle comme à la prunelle de mes yeux. Je l'aime plus qu'une sœur. Alors, je te demande cela comme une faveur : prends-la avec toi.
Cavan passa une main dans ses cheveux. Il était perdu. Il ne voyait pas d'issue. Après un long moment d'hésitation, il finit par hocher la tête, l'estomac noué.
Magnus posa une main sur son épaule, la pressa légèrement pour le remercier, puis le dépassa pour rejoindre les autres.
Il réveilla Neve avec douceur et lui expliqua la situation. Cavan vit le regard de la jeune femme aller de Magnus à lui plusieurs fois, puis elle hocha la tête avec réticence.
Le guerrier prit une profonde inspiration — comme s'il voulait se donner du courage — et se dirigea vers elle.

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