1.2 : retour à la falaise
Cavan n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil furtifs sur la fille. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Quand Magnus les avait présentés, elle lui avait souri avec un naturel désarmant, et il s'était renfrogné : il n'aimait pas les personnes trop confiantes, trop gentilles. Son côté méfiant reprenait alors immédiatement le dessus. Cette fille était-elle aussi innocente et bienveillante qu'elle le paraissait ?
D'expérience, il savait que tout le monde avait quelque chose à cacher. Et les personnes qui en paraissaient le moins étaient sans doute celles qui en cachaient le plus.
Pourtant, il n'arrivait pas à détacher ses yeux d'elle. Elle l'attirait comme un aimant avec ses lèvres pulpeuses d'un beau rouge groseille, ses joues rosies par l'air frais du matin et les taches de rousseur qui parsemaient son nez.
Mécontent, il se redressa sur sa selle, rajusta la lanière de cuir qui barrait sa poitrine et qui supportait son sabre, ainsi que ses dagues et fit un signe de tête à Magnus. Ce dernier acquiesça et regarda son compagnon prendre de l'avance.
— Où va-t-il ? demanda Neve, intriguée.
Magnus se tourna vers elle et son regard s'adoucit immédiatement. Elle avait ce pouvoir sur lui. Celui de le rendre doux comme un agneau.
— Il part en éclaireur.
Neve fronça les sourcils.
— Tu as des problèmes ?
Magnus soupira, et passa une main lasse sur sa nuque.
— Quelque chose comme ça... répondit-il, évasif.
Neve observa attentivement l'homme qu'elle avait passionnément aimé quinze ans auparavant. Il avait changé, bien sûr. Les années ne l'avaient pas épargné. Mais il était toujours celui qu'elle avait chéri et qu'elle chérissait encore.
Il était toujours aussi brun que dans son souvenir, avec des cheveux bouclés qu'il n'avait vraisemblablement pas coupés depuis un moment. Une barbe épaisse recouvrait ses joues, ce qu'il n'avait pas quand ils s'étaient connus et qui le rendait plus viril. Ses traits s'étaient durcis. La guerre, les années l'avaient rendu plus dur et avaient façonné son corps. Il avait perdu cette lueur amusée qui éclairait constamment son regard. Ses beaux yeux gris étaient plus sombres, plus graves.
La jeune femme soupira.
Ils avaient perdu tellement de temps. Ils avaient perdu une partie d'eux-mêmes qu'ils ne retrouveraient jamais.
Magnus sembla partager ses pensées et un éclair de douleur passa dans son regard, avant qu'il ne se détourne.
Il frappa sa monture des talons pour la faire avancer plus vite.
— Il faut qu'on se dépêche, fit-il.
Neve acquiesça sans mot dire et talonna à son tour son cheval.
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