Chapitre 32 - Harry

Je l'ai embrassée. Je ne sais pas où ça nous mènera mais j'aimerais recommencer. J'aimerais la connaître davantage. Je sens que je pourrais me confier à elle, et vice-versa. C'est arrivé vite. En général, j'évite le grenier, il me suffit de voir mes anciens jouets pour vriller. Je lui avais donné les jouets. Pourquoi je n'ai pas eu plus de temps avec elle ? Calme-toi Harry, c'est du passé.

Je dois me concentrer sur la fête, même si la période de noël est compliquée. Je suis bien entouré, ça va bien se passer. Je cille pour me concentrer sur les cartons de décorations au pied du sapin. Mia le regarde avec les yeux brillants. La voir émerveillée ainsi me réchauffe le cœur, elle est adorable.

Une fois le sapin vêtu de ses beaux atours, je porte la demoiselle pour qu'elle accroche l'étoile.

***

Adossé contre un mur, je fume. Les volutes montent gracieusement vers le ciel. J'attends ma mère à l'extérieur. On va bientôt aller chez sa sœur, comme tous les 25 décembre. Je déteste ça. Pourquoi on doit forcément se réunir avec des gens qu'on ne voit qu'une fois dans l'an, parce qu'on a aucun lien ? A part l'ADN je n'ai rien en commun avec ma famille, enfin surtout ma tante. Elle manipule ma mère et n'a jamais supporté mon père. Si elle fait une réflexion à son sujet, je m'en irais. Le simple de penser à cette corvée me donne envie de fumer et de me cacher comme un gamin.

J'aurais tellement aimé pouvoir arrêter le temps hier soir... C'est le meilleur réveillon que j'ai connu depuis longtemps. On s'est cotisés pour offrir le cadeau idéal pour chacun et chacune. Soit un centre équestre playmobil à Mia, un exemplaire collector du livre Orgueil et Préjugés à Emma, une boussole de marin à Mary et un livre de Stephen King pour Max. Ils m'ont offert un super polaroid que je peine à lâcher. J'ai beaucoup de chance de les avoir.

Ma mère sort, c'est le moment d'y aller. Faites que ça ne dure pas trop. Au pire, j'inventerais un prétexte. Mes paupières se ferment une seconde pour faire le vide. Je dois rester calme. Heureusement, je suis en bon terme avec mon oncle, ma tante et mes cousins. Je pourrais toujours éviter le long repas de famille en acceptant de jouer à n'importe quel jeu vidéo, comme à chaque fois. J'ai toujours du mal avec les longs repas, et je n'ai pas l'intention d'y aller toute ma vie.

— Tu es prêt ?

J'acquiesce d'un signe de tête, à contrecœur. Mais je veux lui faire plaisir, on s'entend mieux depuis quelque temps, et je veux garder ça. Elle fronce les sourcils, loin d'être dupe.

— Je sais que tu n'es pas toujours à l'aise, chéri. Mais ils seront contents de te voir.

— Ne t'inquiète pas, ça va aller.

On se met en route et arrivons chez ma tante au bout d'une demi-heure. J'inspire profondément pour faire le vide, pour m'encourager parce que la cigarette ne le fera pas pour moi. En sortant, je cache mes poings serrés dans les poches du manteau que maman m'a offert. C'est un long imper beige, style Sherlock Holmes, il y aussi une écharpe beige à carreaux bleu. Je pourrais passer pour un vrai british ! Je suis content.

Après les retrouvailles et les embrassades, nous allons discuter dans le salon. Pendant que les autres préparent le repas, je m'occupe des enfants de mon oncle Anatole. J'aime passer du temps avec Victoria, Oriane et Félix. La dernière fois que je les ai vus c'était pour les dix-huit ans de Vic, le mois dernier. Un moteur se fait entendre, ils viennent juste d'arriver.

— Salut Harry ! Comment ça va ?

— Bien, et toi ?

Je m'avance pour faire la bise à mon oncle puis à mes cousins. Parfois, j'ai du mal à me dire qu'ils grandissent. Cela fait quatorze ans pour Oriane et onze pour Félix. Ils sont de bonne humeur, comme d'habitude, ça garantit que le repas ne soit pas complètement pourri.

Juste avant d'entamer le repas, je m'éclipse aux toilettes. Mon téléphone vibre, annonçant un message. Il vient de Max, qui prend le temps de me soutenir. Putain, ce mec est vraiment en or. Il est chez ses parents dans leur maison au bord d'un lac, et il me donne un peu de son attention pour savoir comment je vais, parce qu'il sait que je n'aime pas vraiment noël. Il ne m'a jamais demandé pourquoi.

— Tu survis ? Demande-t-il

— Pour l'instant oui, merci d'être là pour moi. Tu es vraiment un ami.

— Ton meilleur ami, tu veux dire ! Il n'y a pas mieux que moi.

— T'inquiète. Merci en tous cas. Joyeux noël !

— A toi aussi.

Je glousse, il a le don de me faire rire quand il faut. C'est aussi le genre de personnes à cacher ses émotions derrière des blagues, alors j'ai appris à le décrypter. Il faut un minimum de réciprocité dans une relation. Il m'a invité plusieurs fois dans sa maison d'enfance, où il peut profiter d'une superbe vue sur le lac. Monica, sa mère et Olivia, sa belle-mère, me reçoivent toujours avec enthousiasme.

Nous sommes enfin autour de la table, à déguster la dinde aux marrons habituelle. Quand ça se passe chez moi ou chez Anatole, on peut changer les vieilles traditions, heureusement. Nous racontons nos vies, avec mon oncle et ma tante Rose. Ensuite Félix me parle du dernier jeu vidéo préféré des adolescents, en fait, ça pourrait me plaire.

— Je ferai une partie la prochaine fois si tu veux, ça a l'air cool.

— Carrément ! Répond mon cousin, satisfait.

Nous continuons à discuter, je me détends. J'ai peut-être trop râlé en fin de compte. En plus la dinde est succulente ! Décidément, je suis trop mauvaise langue. Il faut dire que tante Hannah cuisine très bien.

— Est-ce que ton père te manque ? Hasarde Oriane d'une petite voix.

— Un peu, oui. En fait, je l'ai revu.

Tout éclate, comme une bulle. 

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