Chapitre 25 - Harry

Le week-end est arrivé, cette semaine, je ne suis pas beaucoup sorti à cause du travail qui commence à s'amonceler. A partir de novembre, tout s'accélère car il faut tout rendre avant les vacances de noël. Comme d'habitude, tout le monde stresse, mais ça ira. J'ai réussi à prendre de l'avance, donc je suis plutôt serein.

Le stress que je ressens actuellement est dû à l'idée de rencontrer ce fameux John, qui est photographe. Le fait d'avoir au moins un sujet de conversation diminue légèrement mon appréhension. Je dois y aller dans deux heures à peine, en milieu d'après-midi. En attendant, je regarde mes dernières photos, dont celles avec Emma. Quand elle m'a demandé de les lui envoyer, le fait que je les retouche avant l'a surprise. J'ai juste corrigé la luminosité, pour qu'on soit plus à notre avantage. J'espère qu'on se refera des moments comme ça.

***

Le moment est venu. Je vais retrouver ma mère dans ma maison d'enfance et rencontrer son nouveau mec. Lui a-t-elle parlé de mon père, de comment il est parti ? Elle ignore encore que nous avons repris contact, et ça ne changera pas. Je veux protéger ce secret, elle risque de lui retirer la joie que ça m'apporte. Par fierté ou culpabilité, je n'en sais rien. Je respire un bon coup, inutile de raviver d'avantage les vielles rancœurs.

Elle va venir me chercher, en attendant, je fais les cents pas dans ma chambre minuscule. Pourquoi j'angoisse à ce point ? Il ne s'agit que d'une après-midi en compagnie de ma mère et de John. Sauf, que la maison me rappelle des souvenirs indésirables, ce qui me pousse à fumer. Mais j'essaie de profiter du mois de novembre pour faire une pause, ne me sentant pas prêt à arrêter. J'aimerais, pourtant.

Durant mon monologue intérieur, un message me prévient de l'arrivée de ma génitrice. J'inspire profondément et je descend. Elle m'attend dehors, appuyée contre la voiture. Elle porte une tenue décontractée cette fois, sans oublier l'élégance. Son style vestimentaire exclut les joggings, baskets et sweat-shirts.

-  Bonjour Harry, tu vas bien ?

- Salut maman, ça va. Et toi ?

- Je vais très bien, je suis contente de t'avoir avec moi aujourd'hui.

- Moi aussi maman.

- Et puis tu verras, John est sympa.

La voir satisfaite me fait plaisir, au moins elle est de bonne humeur, ce qui me rassure. C'est toujours désagréable de passer du temps avec quelqu'un de mal luné. Quand c'est le cas, elle ressort de vieux reproches, ou en invente. J'ai pas envie que mon effort soit vain. Elle me sourit et monte dans la voiture. Je m'installe sur le siège passager et attache ma ceinture, avant qu'elle démarre. J'espère que son copain est aussi sympa qu'elle le dit.

- Comment tu l'as rencontré ?

- Eh bien, il a un magasin de photographie, qui fait aussi studio et mini galerie d'exposition. Si tu as besoin de matériel, tu trouveras tout là-bas.

- Pourquoi tu es allée dans ce magasin ? Dis-je avec curiosité.

- Je ne peux pas te le dire pour l'instant, chéri. Tu vas devoir attendre noël.

- Je ne réponds rien, mais ne peut réprimer un sourire enfantin à l'idée de sa surprise. Il me tarde de savoir, surtout si ça vient d'un magasin de photographe.

- Je sais que ce sera un peu bizarre pour toi de le voir, mais il est vraiment gentil. J'espère que vous vous entendrez bien.

- J'espère aussi. Tu as raison, même si je grandis, ça me laisse toujours un sentiment étrange quand je te vois avec un autre homme que papa.

- Je sais. L'inverse serait vrai ?

- Oui, si jamais il a une autre femme, je devrais faire des efforts pour cacher cette sensation.

Ma mère ne répond pas, mais esquisse un sourire. On n'a pas parlé de papa depuis longtemps, de cette manière. J'espère qu'un jour elle l'acceptera de nouveau dans sa vie. Ils ne se remettront jamais ensemble, mais j'aimerais qu'ils se reparlent, qu'ils s'entendent bien. Au moins pour moi, que ma famille ressemble à un groupe uni, sans trop de conflits. J'y pense de plus en plus, avec les fêtes qui arrivent dans un peu plus d'un mois.

Pendant que je tergiverse, on roule, et j'aperçois la maison. Nous y sommes, je vais rencontrer John. Un léger stress me serre le ventre, mon cœur accélère, le même refrain chaque fois que je parle à un inconnu. 

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