Chapitre 24 - Emma
J'ai passé une superbe journée. L'annonce des fiançailles m'ont vraiment remonté le moral, sans oublier le temps passé avec mes amis. Maintenant, j'appréhende de retrouver maman. Elle a appelé, sans doute pour s'excuser mais je n'ai pas répondu. Il faut vraiment que la situation s'améliore, que l'ambiance à la maison s'apaise pour nous toutes. On mérite mieux ! Je vois bien que c'est difficile pour maman, au moins autant que pour nous. Même si je suis en colère contre elle, il faut que je prenne du recul, mais je n'y arrive pas pour l'instant.
Peu importe, pour l'instant, il faut préparer le dîner. J'entre dans l'appartement, le cœur affolé par les souvenirs. Mon estomac se serre, Mia tient ma main, sans doute dans le même état que moi.
- Tu crois que maman est encore fâchée ?
- J'espère pas, ma chérie.
Je souris à la petite et prends une grande inspiration en entrant. Une bonne odeur de frites et de poulet flotte dans l'air. J'ai l'impression de retomber en enfance, quand mes parents me faisaient la surprise d'un délicieux poulet frites, et qu'ils vivaient encore ensemble. Parfois, je regrette cette époque.
- Des frites ! S'exclame Mia en se précipitant vers la cuisine ouverte sur le salon.
En face de moi, maman me regarde dans les yeux, avec des regrets et des excuses. La tristesse m'enserre le cœur. Je pose mes affaires sur le canapé et me rapproche d'elle. Elle nous regarde, en semblant chercher ses mots.
- Je suis désolée, je n'aurais pas dû. S'excuse-t-elle en baissant les yeux.
Bien que ça me fasse plaisir, ses excuses ne me suffisent pas, car c'est toujours la même chose. Des cris, du pardon, du répit et puis ça repart. Cependant, les événements n'ont jamais été aussi graves que hier. Enfin, je fais un effort pour ce soir, comme elle le fait en ce moment.
- Je me suis dit que ça vous plairait, les frites sont une valeur sûre. Reprend-t-elle.
- Oui ! J'ai faim ! Répond Mia.
- C'est très bien, merci maman.
Elle sourit et met la table, je l'aide pour que ça aille plus vite. La faim commence à se faire sentir. Mia nous regarde, assise sur le canapé, à balancer ses pieds dans le vide. Elle enlevé son manteau, mais pas ses chaussures lacées. J'avance jusqu'à elle et défait ses lacets, à quatre ans, c'est encore difficile.
- Demande moi ma puce, au lieu de rester là avec tes chaussures. Dis-je gentiment.
- Tu étais occupée.
- Oui, mais il vaut mieux enlever les chaussures dès l'entrée, d'accord ?
- Oui.
- Tu vas les ranger, s'il te plaît ?
Mia hoche la tête et se lève. Elle prend ses chaussures et les range dans le placard. Il faut qu'elle prenne cette habitude le plus tôt possible.
- A table ! Nous signale maman.
- On arrive ! Je réponds.
Nous allons à table, Mia s'installe avec enthousiasme. Ce n'est pas difficile de satisfaire les enfants, généralement, il suffit de cuisiner des frites. Et ça marche, elle sourit en voyant notre génitrice nous servir.
- Attention, c'est chaud. Dit-elle.
***
Plus tard dans la soirée, je suis seule dans le salon, devant la télévision. Mia dort, maman occupe la salle de bain. Mes pensées reviennent à la journée qui vient de passer, Harry qui nous accompagne à l'école, qui me propose une balade au parc, et qui reste pour l'ouverture. Au final, nous sommes restés toute la matinée ensemble. J'aimerais récupérer les photos qu'il a prises de moi, d'ailleurs. Alors que j'allais discuter avec lui, ma mère sort de la salle de bain et s'avance vers moi, l'air grave et désolé. Ma tête s'incline légèrement, en attendant qu'elle parle.
- Je voulais m'excuser pour l'autre soir... En vous voyant partir, j'ai su que j'allais trop loin... J'ai réfléchi tout le week-end... Je crois que tu as raison, je devrai demander de l'aide. Je ne suis pas vraiment pas prête, mais je dois le faire au moins pour vous. Bien sûr ça ne se fera pas en un claquement de doigts. Déballe-t-elle de but en blanc.
J'en reste d'abord sans voix, face au contraste entre maintenant et samedi. Je crois que notre fuite lui a fait un électrochoc. Espérons que ça dure, j'ai assez de choses à gérer. Mais en l'écoutant, je dois la rassurer, elle ne pourra pas avancer seule. Je lui prends la main et lui donne un léger sourire d'espoir.
- On sera là pour t'aider. Que comptes-tu faire ?
Durant cette conversation, j'ai l'impression de retrouver ma mère, sans l'alcool ni ses problèmes. La satisfaction se glisse dans tout mon corps, et ça semble réciproque.
- Je ne sais pas... J'ai trouvé un groupe de soutien, je vais essayer...
La honte dans ses yeux me fait de la peine, mais il faut vraiment qu'elle se soigne, autant pour elle que pour nous. Mais aujourd'hui, je ne la blâme pas, nous devons toutes les deux prendre du recul pour que ça aille mieux.
- D'accord maman. Je suis contente que tu essaies.
- J'ai vraiment eu peur que vous ne reveniez pas, que Mia me déteste. Je vais avoir du mal à arrêter de boire. J'ai essayé tu sais... Mais on plonge dans une addiction plus facilement qu'on en sort.
Elle hausse les épaules et baisse les yeux, je vais m'asseoir à côté d'elle, c'est dur de la voir comme ça.
- Au moins tu le reconnais maintenant. C'est déjà un grand pas.
- J'étais en colère, je regrette ce que j'ai dit.
- Je comprends. Mais tu nous as vraiment fait peur, je ne te le pardonnerai pas tout de suite. Mia était en larmes. Heureusement que Harry a bien voulu nous héberger.
- Harry ? Demande-t-elle en haussant un sourcil interrogateur.
J'espère qu'elle ne dira rien de désagréable, on s'engage sur un terrain glissant.
- Ne me dis pas que tu n'as retenu que ça ?
- Non, ne t'énerve pas ! Je me demande juste qui c'est, ce garçon dont tu ne m'as pas parlé. Répond-t-elle sans reproche dans la voix, étonnamment.
- C'est un ami, je l'ai rencontré au café.
- Ah, je vois. Et ça se passe bien là-bas ? J'espère que tu bosses dans de bonnes conditions, qu'ils sont gentils.
- Oui, tout va bien. D'ailleurs, Marco et Bruno vont se marier !
- Oh... Ils ne l'étaient pas déjà ?
- Non, ils nous l'ont annoncé ce matin.
- Je suis contente alors, si ça te fait plaisir. Bon, je vais me coucher. A demain.
- A demain. Je réponds.
Elle m'embrasse la joue et s'en va. La surprise m'empêche de lui rendre ce geste tendre. Cette conversation est déstabilisante. Elle s'est conduite à l'opposé de l'autre jour et semble prête à demander de l'aide pour son alcoolisme ! Elle l'a reconnu ! J'ai du mal à y croire, mais une voix dans ma tête me dit de lui accorder une chance. On verra bien.
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