Chapitre 23 - Harry
Parfois, les journées commencent de manière inattendue, autant que ce week-end. Ce lundi est déjà riche en rebondissements, entre la réserve et les fiançailles. Au moins, leur joie fait du bien au moral, sans parler de leur boisson ! Ils nous servent un deuxième verre, avec champagne cette fois. C'est la première fois que j'en bois, gratuitement en plus. Je prends le temps de goûter, d'analyser les saveurs, pour l'instant, ça se marie bien.
Emma donne déjà son avis, avec un hochement de tête et un sourire. J'espère pour eux que cette boisson va plaire aux clients. Je ne connais pas le goût de l'amour, du moins aussi beau et enviable que celui des deux hommes face à moi. Cependant leur proposition me convient.
- J'aime bien ! Je préfère la première version, mais je suis sûr que ça plaira aux gens !
Mon avis semble les satisfaire, l'homme blond semble content de nos retours.
- Et ça vous plaît, les amoureux ? Demande Mary.
Ils ne nous ont pas encore donné leurs avis mais sourient.
- Marco a eu une superbe idée ! Après tout, il est diplômé en mixologie. Nous informe son fiancé.
- Oui, j'ai étudié la pâtisserie et la cuisine aussi.
- C'est pour cette raison qu'il ne faut pas manquer ses muffins au chocolat ou à la myrtille ! Ce sont mes préférés. Intervient Emma.
Je comprends alors pourquoi les pâtisseries figurent sur la carte. Je me dois de les déguster, maintenant ! Cet endroit me plaît de plus en plus. L'ambiance, la décoration et surtout ceux qui y travaillent. Je m'y sens presque chez moi.
Soudain, la vibration de mon téléphone attire mon attention, maman appelle.
- Je dois répondre, je reviens.
Ils me regardent un instant et hochent la tête, sans question dans les yeux. Je préfère sortir, même si cette conversation n'est pas privée.
- Allô, maman ? Comment tu vas ?
Je regrette la façon dont je lui ai parlé la dernière fois, alors je dois y mettre un peu du mien.
- Je vais bien mon chéri, et toi ?
- Tout va bien. Écoute... Je suis désolé pour l'autre fois.
Un soupir s'entend dans le combiné, je peux deviner son regard triste d'ici. Elle n'est pas vraiment démonstrative, mais je connais ses expressions par cœur. D'ailleurs, elle semble déjà se reprendre.
- Ne t'en fais pas, je n'aurais pas dû te parler ainsi...
- Je me suis braqué, sans comprendre que tu voulais recoller les morceaux. Enfin, tu ne m'avais pas pris dans tes bras depuis longtemps...
Ma voix se voile de tristesse, le petit garçon en moi refait surface, avec l'envie d'un nouveau câlin de sa maman. Mes paupières cillent pour chasser l'émotion. Ma main passe dans mes cheveux, alors que je décide de faire des efforts à mon tour.
- Je suis désolée, j'aurais aimé être plus démonstrative... Répond-t-elle après un silence.
- Je peux venir, ce week-end ?
- Oui, bien sûr ! John sera là, ça te dérange ?
- Oh... Non, ça ne me dérange pas.
- Peut-être que vous vous entendrez. Il est photographe et sera ravi d'en parler avec toi.
Son mec photographe ? Je ne m'y attendais pas. Peut-être que nous aurons des sujets de conversation, alors.
- Sympa la coïncidence ! J'espère que tu es bien avec lui, alors.
- Oui, on es bien ensemble.
Son ton est sincère, j'espère qu'il prend soin d'elle. Nous avons une relation compliquée, mais je tiens tout de même à elle. Bien que la savoir avec un autre homme me laisse toujours une sensation bizarre, je veux que ça se passe bien.
- Tant mieux alors. Bon, je dois raccrocher, mes amis m'attendent !
- Oh ! D'accord, je ne les fais pas plus attendre. Je te vois ce week-end. Au revoir !
- Salut maman.
Je raccroche, et prends deux minutes pour réfléchir. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Cette conversation est aussi agréable qu'étrange. Elle s'est montrée plus affective, et moi plus indulgent. Presque comme avant. Je soupire, un léger sourire sur le visage et tourne la tête pour regarder ce qu'il se passe à l'intérieur. Bruno retourne l'écriteau alors que mes amis ont investi le coin canapé. Emma me sourit et se lève en même temps que Mary. Le service commence. Je rentre et m'installe à côté de Max.
- Yo mec, ça va ?
- Impec mec. « Yo mec », sérieux ? Dis-je en pouffant de rire.
- Ouais ! J'ai réussi à te faire rire d'ailleurs.
Max semble fier, mais je devine qu'il essaie de me remonter le moral à sa manière. Grâce à lui et à ma mère, je me sens encore mieux que tout à l'heure. Je dois en profiter. Sur une ardoise, Mary écrit la composition du nouveau cocktail, tandis que son inventeur en sert aux clients curieux.
- Ils planchent sur le nom, en tous cas c'est une super idée. M'explique Max.
- Oui, c'est très bon. J'apprécie vraiment cet endroit, pas toi ?
- Il paraît que c'est devenu notre repère ! Affirme-t-il en reprenant les propos de Bruno.
Le pingouin a toujours le mot pour rire, et c'est l'une des raisons de notre amitié. Son côté solaire me fait du bien. D'ailleurs, je repense au moment où on les a surpris. Qu'en pense-t-il ? Je ne sais pas si c'est le bon moment pour demander, devant tout le monde. Je peux attendre.
- Par contre, reprend-t-il, on devrait aller manger, si veut avoir le temps avant le cours.
- Ah oui, l'action publique... On peut commander ici non ?
La lassitude s'empare de moi, mais je ne le manquerai pas. L'enseignant est gentil, mais il a tendance à divaguer et a utiliser des termes techniques, que je ne maîtrise pas même en faisant des recherches. Du coup on décroche facilement du cours, qui dure deux heures.
- Une prochaine fois ? Enfin, les repas ne coûtent plus qu'un euro pour les boursiers, je préfère en profiter.
- Ouais, on va faire ça. On commandera ici quand on recevra notre prochaine bourse.
- En plus si on reste ici, j'aurais la flemme d'aller en cours et tu devrais me tirer dehors. Déclare Max innocemment, alors qu'un sourire en coin étire ses lèves.
Bien sûr, comme si j'allais traîner un mec de deux mètres plus fort que moi ! On l'arrête plus, ce clown.
- Je demanderais aux patrons de te virer ! Je réponds en riant.
- Ils ne peuvent pas être si méchants en un jour si heureux.
- Bon aller, lève toi au lieu de riposter.
Je secoue la tête, amusé. Ce type me désespère parfois, mais je ne le changerais sous aucun prétexte. Il obtempère et je me dirige vers le comptoir pour dire au revoir. Emma s'occupe de clients, au niveau de la partie droite de la vitrine. On salue Mary, Bruno et Marco, restés autour du comptoir.
- A plus Emma ! s'exclame Max en se dirigeant vers la porte.
- A plus les gars !
- A la prochaine, Emma. Dis-je.
Au moment où nos regards se croisent, je sais qu'on pense à la veille et qu'elle me remercie encore. Je lui souris et suis Max dehors.
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