Chapitre 20 - Emma
Assise sur le lit, les souvenirs de la veille me reviennent. Harry a décidé de se révéler un peu. Il s'est montré réconfortant et attentionné. Souvent les gens sont gênés de voir quelqu'un pleurer, moi la première, quand il ne s'agit pas de mes proches. Lui ne paraissait pas embarrassé, même si je n'ai pas vu son visage. Ses gestes exprimaient simplement de la compassion, de la tendresse, même. J'avais besoin d'une épaule, de la sienne. Il ne m'a rien demandé, ce qui me soulage encore maintenant. Je crois que c'est la seule personne auprès de qui je n'ai pas eu à me justifier ou me confier. Bien sûr, Marco, Bruno ou Mary ne font que m'aider, mais c'est agréable de pouvoir se reposer sur quelqu'un sans parler.
Harry me fait un peu de peine. Pas de la pitié, mais de la peine. Il ne dort pas, n'avait plus beaucoup à manger dans ses placards, sans compter qu'il a sûrement passé un long moment dans sa minuscule salle de bain. Mais pour faire quoi au juste ? Et que fait-il quand le sommeil ne vient pas ? En parcourant son studio du regard, je remarque son intérêt pour les études. Les quelques étagères qui ornent les murs portent toutes plusieurs livres et manuels de sociologie. On voit tout de suite que c'est un étudiant sérieux. Je me demande ce que c'est d'étudier, moi qui n'en ai jamais eu l'occasion. Mais aucun regret à ce sujet. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière, malgré ce qui s'est passé.
Soudain, quelques images me reviennent par flashs. Je dois faire un gros effort pour les chasser, ne voulant pas me remettre à pleurer. En ce moment le passé s'entête à revenir, à me sauter en pleine figure. Mais je lutte, je tiens bon. Je suis ma propre sentinelle. Après quelques longues respirations, mes émotions s'apaisent enfin. Un léger sourire étire mes lèvres.
C'est alors que Mia se tourne vers moi, assise sur le lit avec la peluche dans les mains. Je la rejoins et reste près d'elle, à lui sourire tendrement. Une de mes mains caresse ses cheveux alors qu'elle joue avec le doudou de Harry. D'ailleurs, quand va t-il revenir ? Il est parti depuis une bonne vingtaine de minutes...
Je n'ai pas le temps de tergiverser d'avantage que la porte s'ouvre sur lui, chargé de quelques paquets. Il sourit légèrement et pose le tout sur sa petite table.
- J'ai des croissants, des pains au chocolat et des bonbons.
- Des bonbons ! S'exclame Mia.
Harry lui fait un clin d'œil, il les a sûrement achetés pour elle. Elle glousse et je souris.
- Servez-vous, allez-y. Dit-il en prenant un croissant.
Je prends un pain au chocolat, alors que Mia tente de commencer les bonbons. Un hochement négatif de ma tête suffit à la dissuader. Elle tire une moue faussement boudeuse avant de prendre un croissant dans sa petite main. Harry nous sert des verres de lait. Quant à moi, je réfléchis au moment présent. Nous sommes là tous les trois, à prendre un petit-déjeuner dans le studio du jeune homme qui a accepté de nous héberger. Je ne l'en remercierai jamais assez, ils nous a sauvées. Je n'aurais pas su comment faire, autrement. Marco et Bruno ont passé la soirée en amoureux ailleurs, je ne voulais pas les déranger. De son côté, Mary était chez ses parents. Donc seul Harry pouvait m'aider.
- Je pourrai prendre des bonbons avec moi pour l'école ? Demande la petite.
Harry sourit légèrement à sa remarque, ça lui va plutôt bien, d'ailleurs. Malgré la moue adorable de Mia, je refuse. Hors de question que les autres enfants l'embêtent pour lui prendre les sucreries.
- Non chérie, je te l'ai déjà dit. Je ne veux pas que tu aies des ennuis à l'école.
- Et puis le sucre peut donner des caries à tes dents ! Ajoute Harry.
- Tu pourras avoir un peu de bonbons avant de partir.
Mia hoche la tête suite à mon autorisation, avec un sourire satisfait. Je ris légèrement, amusée par l'intervention de notre hôte. Il a l'air à l'aise avec Mia, ils s'entendent bien. J'en suis heureuse. Mais, alors que je savoure ma viennoiserie, Harry me regarde d'un air interrogateur.
- Vous rentrez chez-vous, ça va aller ? Demande-t-il.
- Oui, je vais l'emmener à l'école et bosser pour le service de midi.
Il hoche la tête mais ne paraît pas plus convaincu que moi. De toute façon, on ne peut pas squatter chez lui longtemps. J'espère que la crise de maman est passée.
- Et après on retourne à la maison ? J'ai pas envie que maman soit encore méchante. Elle a crié et après elle a tapé Emma...
Suite à cette explication, mon estomac se serre, Harry me lance un regard alarmé et Mia est sur le point de pleurer. Décidément... Je me lève et prends la petite dans mes bras pour la consoler.
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