Chapitre 17 - Harry

Emma et Mia sont chez moi. Je n'aurais pas imaginé emmener Emma ici dans de telles circonstances, dont j'ignore l'origine. Heureusement qu'elles ont mangé, il est un peu tard pour commander une pizza. J'espère réussir à apaiser l'atmosphère.

Quoi qu'il se soit passé, ce n'est pas tous les jours qu'une amie appelle en catastrophe pour se faire héberger en amenant sa sœur de quatre ans. De plus, dormir chez un quasi inconnu peut être éprouvant pour une petite fille.

Alors je fais de mon mieux pour la faire sourire, ce qui a l'air de marcher. Merci à cet ours en peluche qui ne m'a jamais quitté. J'ai eu raison de le garder. Mia me montre le jouet qu'elle a gagné ce soir, avec insouciance, même si le choc se terre dans un coin de sa mémoire. Elle se met alors à m'expliquer les grandes lignes du dessin animé, j'écoute son petit discours avec intérêt et amusement. Même si ça ne me dit absolument rien... Maintenant je suis au courant.

Lorsqu'elle finit, elle se retourne vers Emma, qui la couve d'un regard que je n'identifie pas. Un mélange de fierté et d'amour je dirais. Elles ont l'air très proches, malgré leur écart d'âge important.

- Vous pouvez utiliser ma salle de bain si vous voulez, c'est petit mais ça devrait aller.

- Ne t'en fais pas pour nous, ça ira. Merci Harry, pour tout.

Emma parle avec émotion et une gratitude bien visible. Chaque fois que je la vois, je la trouve forte et digne. Je l'admire, même si elle reste assez secrète. Nous avons le même âge je pense, pourtant elle semble avoir déjà mené tant de guerres... Et ça n'a pas l'air d'être prêt de s'arrêter. Elle me trouble, je n'ai jamais vu quelqu'un comme elle. Mia n'a pas relevé l'information, elle se dirige directement vers la salle d'eau. Emma s'apprête à la rappeler à l'ordre mais mon sourire amusé l'en dissuade. La jeune femme ne dit rien et me suit pour voir ce que Mia compte faire dans cette pièce exiguë.

La petite fille ouvre de grands yeux curieux pour analyser le mobilier en détail. Elle regarde mes affaires disposées sur le lavabo, le miroir circulaire, mes serviettes et produits sur le bord de la cabine de douche. Ensuite elle revient vers moi et tire un peu sur ma veste pour capter mon attention. Je baisse légèrement la tête vers elle.

- J'aime bien ta salle de bain, même si elle est plus petite que la mienne !

- Oh, eh bien je pense que j'ai de la chance alors !

- Mia, il faut aller se coucher maintenant...

- Mais Harry il va dormir où ?

- Je ne dors pas, ma puce.

- Pourquoi ? Demande-t-elle en me regardant de ses grands yeux curieux.

- Je n'y arrive pas, j'essaie mais je n'y arrive pas.

Elle n'a pas l'air de comprendre, et pour cause moi-même je suis dans le flou. Emma me gratifie d'un sourire compatissant. Pas de pitié ni de peine, mais de la compassion. Mes lèvres lui adressent un sourire doux avant qu'elle n'emmène la petite se coucher. Je m'autorise à la détailler, pour une fois. Elle a les cheveux presque bruns coiffés en chignon, un cou fin, de grands yeux bleus, une jolie bouche... Reprends-toi Harry, ce n'est pas le moment de laisser tes rétines t'influencer... Nier que ces détails me plaisent serait absurde, mais je ne peux pas non plus céder à la tentation. Je ne récolterais que les faux espoirs d'une attirance, ou de sentiments... Ce serait pire.

Il y a tant d'amour et de tendresse entre elles que c'est troublant. Je suis fils unique, jamais l'occasion de connaître ce type de liens m'a été donnée. Sans compter ma mère peu démonstrative et mon père parti je ne sais où. Cela me rappelle que j'attends sa lettre depuis cinq jours, mais ce n'est pas un souci, j'espère au moins qu'il l'a envoyée. Concentre toi Harry, les filles ont peut-être besoin de toi. Si je ne reste pas calme, comment pourraient-elles rester sereines ? Mes poumons se gonflent, se vident et chassent mes pensées. Me revoilà bien ancré dans le présent.

Pendant que je rêvassais, Emma a couché la petite. Celle-ci sert mon doudou contre elle et ferme les yeux. À mon avis elle ne tardera pas à trouver le sommeil. Mon regard s'attarde sur la scène qui se joue sous mes yeux. La grande sœur borde la petite, en la gardant longtemps contre elle, assise. Elle lui parle à voix basse, sûrement pour lui souhaiter une bonne nuit.

Des picotements à la gorge me titillent, une légère douleur me prend à la tête, je ressens comme des pics au cœur. Mes cils battent plusieurs fois alors que je vais sur mon petit balcon en fermant la porte vitrée derrière moi.

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