Chapitre 11 - Emma
Le soleil tente de passer à travers les persiennes, donnant un peu de lumière à la chambre obscure. Mia dort contre moi, tout en serrant son petit hippopotame orange. Sa respiration est lente et régulière, elle devrait dormir encore une heure. Ma main passe le plus doucement possible dans ses cheveux blonds afin de ne pas troubler son sommeil. On dirait un ange endormi, mon ange. Je finis par suspendre mon geste en souriant tendrement. Il n'y a personne que j'aime plus qu'elle. Même pas ma mère. De toute façon, on ne peut pas lui remettre beaucoup de médailles, sauf si celle de l'absentéisme existe. Et voilà que le ressentiment intervient de nouveau, je le chasse rapidement.
Elle n'entachera pas ma bonne humeur.
Je me mets soudainement à repenser à notre discussion d'hier, ils ont sans doute raison. Je suis forcée d'admettre que je ne prends pas assez de temps pour moi. Ma vie tourne autour de Mia. Un peu trop peut-être, mais c'est moi qui l'élève. Heureusement que Marco et Bruno m'aident de temps en temps. Comment aurais-je tenu sinon ? Qui m'aurait accompagnée tant de fois ? Personne sans doute. En tous cas pas après ce soir là. Ils m'ont en quelque sorte sauvé la vie.
Voilà que l'émotion remonte. Il me faut un effort important pour chasser ces réminiscences. Inspire, expire. Encore une fois. Une dernière fois.
Je ne retomberai pas dans la spirale des mauvais souvenirs. Pas aujourd'hui. Mes démons ne gagneront pas le combat. J'ai envie de profiter du week-end et prendre un peu de temps pour moi. D'ailleurs, je devrais appeler Mary. Sa compagnie me fait du bien, malgré le froid de l'autre jour.
En m'écartant un peu de Mia, j'attrape mon portable. Je lui envoie un message pour savoir si elle veut bien passer l'après-midi avec moi. C'est ainsi que mon portable jaune pastel me renvoie à la conversation avec Harry. Il a l'air d'aller mieux. Je me souviens de sa blague sur le chevalier, son ton rieur. Pour une fois il ne semblait pas triste, ou caché derrière un masque d'impassibilité. Cet homme m'intrigue. Peut-être qu'on se reverra bientôt, je l'espère.
Je repense à notre rencontre devant le café, à sa volonté de ne pas s'imposer, comme si il tenait absolument à ne pas déranger. J'avais presque envie de le retenir d'avantage et lui prouver le contraire de ce qu'il semblait considérer. Cependant, il m'a laissé entrevoir un côté plus malicieux, un peu taquin. Il agit sans doute avec humour pour masquer ses sentiments, comme moi parfois. Chacun a son mécanisme défensif. Je me demande bien quel genre de personne c'est. Il n'est pas vraiment facile à cerner. Pourtant, il l'air de connaître la vie, comme s'il traînait des chaînes derrière lui.
Les minutes défilent. Soudain, je sens du mouvement contre moi.
- 'Ma, t'es déjà réveillée ? Demande-t-elle de sa voix endormie.
- Oui mon ange, mais pas depuis longtemps. Tu as bien dormi ?
- Oui ! Et toi ?
- J'ai bien dormi aussi, je réponds en lui embrassant le front.
- On peut aller à la piscine aujourd'hui ? Et pas dans la pataugeoire !
Je réfléchis un moment à sa proposition, Mary m'attendra au café en début d'après-midi. On devrait avoir le temps d'aller nager ce matin. Notre dernière sortie aquatique date, après tout.
- Je pense que l'on pourra y aller ce matin. Je vais me promener avec Mary cet après-midi.
- Vous êtes toujours fâchées ? S'enquit Mia en posant la tête sur mes genoux.
- Non, je veux juste passer du temps avec elle.
- Marco est d'accord pour me garder ?
- Oui ! Si il pouvait, on passerait tout le week-end ici...
Ma remarque la fait rire doucement. A peine éveillée, elle a déjà la pêche.
- Il est trop gentil, comme Bruno !
- C'est sûr... Tu es en forme toi dis-donc !
- J'aime bien les jours sans école.
Je dois me retenir de rire à sa remarque, me rappelant ma façon de penser plus jeune. L'école n'était pas vraiment prioritaire. Mais elle doit en comprendre l'importance. Je tiens à ce qu'elle puisse décrocher le diplôme souhaité plus tard. Même si parfois, la situation économique générale actuelle m'effraie, dans quel monde grandira-t-elle ? Je balaie ces réflexions précoces dans un coin de ma tête pour me concentrer de nouveau sur mon interlocutrice.
- Tout le monde aime le week-end, mais l'école est importante aussi, tu comprends ?
- Pourquoi ?
- Parce que tu pourras avoir le métier que tu veux. Comme ça, tu gagnes des sous en faisant quelque chose qui te plaît !
- Tu es maligne Emma, rit-elle.
Je la rejoins de bon cœur. Elle est encore petite mais fait parfois preuve d'une maturité peu fréquente à l'âge de quatre ans. C'est peut-être parce que nous vivons toutes les deux, presque à temps plein. Elle est ce que j'ai de plus précieux au monde.
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