5 - Coup de pression

TW : Mention de viol dans la fin du chapitre, et c'est un thème qui va s'amplifier dans la suite de l'histoire

Céleste

Céleste Haase soupirait depuis bientôt une demi-heure, en balançant ses jambes dans un rythme propre au patinage artistique, au grand désespoir de son père, qui vérifiait sa montre à chaque bruit. Il lui envoya un regard agacé mais elle lui répondit par un sourire provoquant, il avait déjà acquis l’art et la manière d’énerver ses parents, avec un retard de vingt-deux minutes pour le moment. Son partenaire -ce mot la troublait vraiment, était attendu pour un rendez-vous planifié une semaine à l’avance, comme si son agenda, certes rempli par toutes ses obligations, nécessitait une organisation de tous les diables. Les deux adolescents s’en seraient bien passés, mais au vu des coups d’œil de ses parents, avaient suivi leurs consignes.

Elle aperçut enfin Conrad, qui descendait d’un bus, les mains dans les poches et les yeux rivés sur le flot de voiture qui récupérait et déposait leurs enfants. Il gardait une allure tranquille, malgré ses minutes de retard, et lui servit un sourire qui se voulait charmeur. Elle leva les yeux au ciel et courut pour arriver à sa hauteur. Céleste n’était pas hermétique à l’idée qu’il se fasse disputer pour son retard, mais elle savait qu’elle serait la cible de ses parents après son départ. Désirant préserver sa santé mentale qui était déjà mise à rude épreuve, elle s’arrêta une fois à ses côtés et reprit son souffle.

- Reine du monde, mais incapable de courir sur cinquante mètre, ironie quand tu nous tiens.

Céleste tiqua au premier mot et se retourna vivement vers lui pour l’affronter en face.

- Reine ? Je ne suis que championne.

- Tu t’entends parler ? On a pas la même chance apparemment.

Céleste eut un sourire narquois, même si elle se savait profondément égoïste. Certains athlètes s’entraînaient toute leur vie sans réussir à percer mondialement, et elle venait de le reprendre sur la désignation qui la concernait. Elle avait toujours baigné dans la victoire et dans la reconnaissance vis-à-vis de son art, puisqu’elle avait remporté les championnats de France a plusieurs reprises, ce qui lui a ouvert les portes des grandes compétitions. Mais la chance n’avait rien à faire dans cette phrase, elle avait travaillé pour avoir sa place, avait refusé des invitations pour perfectionner ses programmes, et s’était privée de vacances. Peu importe le niveau, discipline ou art pratiqué, jamais il ne sera question de chance, mais uniquement du travail effectué pour en arriver là. Et il en avait conscience puisqu’il était un athlète, c’était un moyen de la faire enrager.

- Oh, c’est le mot qui te dérange ? comprit-il, avec un ton ferme. Je ne suis pas juste envers ta grandeur dans le monde du patinage ?

- Tu sais aussi bien que moi que la chance n’existe pas dans le sport.

- Véridique. Mais les prédispositions physiques et mentales oui.

Il pensait donc qu’elle était prédisposée à concourir à l’international ? Pourtant tous les consultants sportifs s’accordaient à dire que sa silhouette ne correspondait pas aux normes et qu’ils ne comprenaient pas ses victoires successives. Cependant, elle nota que cette réplique n’était pas complètement négative avec la deuxième partie. C’était un semblant de compliment sur sa force mentale : était-il réticent à être acerbe envers une personne qui ne lui a causé aucun préjudice pour le moment ? Céleste n’avait pas les mêmes difficultés à l’encontre d’innocents et se frotta les mains. Bien, comment commencer ?

- La jalousie te fait dire de mauvaises choses, commenta-t-elle, cyniquement.

Fière de sa répartie malgré son immoralité, elle prit la tête du groupe pour accélérer le pas et ne pas voir le regard assassin qu’il lui lançait.

- T’es quelqu’un de profondément talentueuse mais abominable en tant que personne.

Céleste baissa tout de même les yeux sur la route, avant de les relever pour tenter de se donner une bonne image. Pourquoi ne pouvait-elle pas résister à la tentation ? Elle avait été particulièrement odieuse, mais cela ne la toucha pas réellement, elle se sentit simplement mal pour lui. Comment allait-il les affronter après avoir été blessé dans son ego par leur fille ? Elle ricana et ajusta les pans de sa chemise qui s’étaient défaitq après sa course.

- Veuillez m’excuser Monsieur et Madame Haase pour mon retard. Mes parents ont été mis sur une affaire au dernier moment, et le temps que je me prépare, j’ai raté le bus. Il y a des travaux dans la ville en plus. Je tâcherais d’être en avance s’il devait y avoir une prochaine fois, promit-il, d’une voix mielleuse.

Elle l’avait déjà entendu prendre ce ton quand il souhaitait ardemment posséder un objet qui était loin de lui être acquis et ne pouvait s’empêcher de le haïr un peu plus. Il tentait de se mettre dans les bonnes grâces de ses parents, et cela signifiait qu’elle devra faire tous les efforts du monde pour se retenir de l’égorger vif.

- Oh ces transports urbains, ne m’en parlez pas, mon fils a failli se faire écraser la dernière fois. Quel est le numéro de vos parents ? Nous pourrions vous prendre sur le chemin, lui proposa aimablement la mère de Céleste.

Une nouvelle bombe explosa au sein de son corps, et au vu de la réaction de Conrad, le garçon ne s’y attendait pas non plus. Son monde allait-il cesser de s’effondrer ? Si oui, pour quand était-il prévu ? Chaque lance affûtée détruisait ses immeubles bâtis dans son coeur, avec des matériaux réputés incassables, ses parcs joliment taillés, ses sculptures élevées à la force de son mental. Elle se donna une claque mentale afin de se reprendre et de garder son rôle de fille imperturbable. Lorsqu’elle reprit enfin le contrôle de ses esprits, il était assis en face d’elle, et le numéro de ses parents étaient dans le répertoire de sa mère.

- Bien, démarrons, intima son père en frappant dans ses mains. Vous n’ignorez pas que c’est un bouleversement dans la vie de ma fille. Elle passe d’un sport où il existe une rivalité destructrice, à un sport où la confiance est primordial pour pouvoir être en mesure de réaliser de grandes choses.

Il avait fermement et catégoriquement refusé de lui révéler l’objet de la rencontre et plus son ton se faisait menaçant, plus elle comprenait. Il souhaitait l’intimider, et lui mettre gentiment la pression sur ses épaules, de façon sournoise et insidieuse.

- Que nous soyons bien clair. Votre carrière est désormais liée comme les deux doigts de la main, si l’un sombre, l’autre le suit. Et c’est la dernière chose que je veux pour ma fille. Elle s’est élevée au sommet seule, et si nous avions le choix, elle y resterait seule.

Céleste a toujours idolâtré son père. Grandir dans une famille de cinq enfants forgeait le caractère, surtout au vu de son statut de benjamine. Mais cela poussait aussi parfois les parents à bout, et son père s’était mis à rentrer de plus en plus tard de son boulot de comptable. Sa mère lui soupçonnait une maîtresse, comme dans la précédente vie de famille, son père niait en bloc et ils se déchiraient tard le soir. Elle avait dû choisir un camp devant la gravité de la situation, et cela avait été celui de son père. Il donnait l’impression de savoir gérer n’importe quelle drame familiale, avec dignité, quand sa mère s’abandonnait, pour préserver ses enfants chéris.

- Mais de toute évidence, c’est désormais compromis. Alors je vous conseillerai de vous donner au maximum dans tout ce que vous entreprenez avec ma fille, le menaça son père, avec une ferveur démesurée dans la voix.

Céleste failli s’arracher ses cheveux, et se leva d’un bon, pour protester contre cette sur-protection. Elle l’idolâtrait, mais cela restait sa vie, et elle en faisait ce qu’elle en voulait. En plus, Conrad était devenu blême, enfin plus qu’avant.

- Arrête, réagit-elle. Je ne suis plus une gamine, tu ne décides plus tout pour moi.

- Tant que nous dépenserons des fortunes pour tes cours et ton matériel, je suis dans mon droit de décider pour toi et de convaincre ce jeune garçon de réussir.

- Tout le monde a envie de réussir, laisse-nous te le montrer, et tu ne seras pas déçu. Je ne t’ai jamais déçu non ?

Les vingt secondes qui suivirent furent intenses puisque le père et la fille se livrèrent une bataille sans répit, qui fût remporté par le premier. Elle avait gardé son calme, sa voix avait été douce, mais devant ce père qui ne pensait qu’à gagner, elle ne pouvait plus l’écouter.

- Je te l’accorde. Mais cela ne veut pas dire que je laisserai tout le monde t’approcher. Je me réserve le droit de revenir voir ce garçon si je le juge nécessaire.

Elle serra fermement les poings et grinça des dents. Conrad Schmitt avait le don de la faire sortir de ses gongs, mais elle refusait que son père sous-entende qu’il n’avait pas de talent. Il participait aux championnats européens. Elle jura à haute voix, et plaqua une main devant sa bouche, fichu cerveau.

- Regarde ton éducation si nous ne te protégions pas ! Une dévergondée à tendance grossière, et t’es fière de cette image-là ?

- Je ne suis pas fière de cette image-là. Elle n’existe pas. Et quant à ton éducation, visiblement, ce n'est pas la bonne.

Elle n’attendit pas la réaction de son père, qui tonna juste derrière elle, et fonça vers les vestiaires. La porte claqua contre le mur qui trembla -il y aurait un accident un de ces jours, et elle émit un grognement. Elle avait beau être admirative de son père, elle n’acceptait pas tous ses gestes. Céleste dénoua sa tresse, balança ses cheveux blonds en arrière et inspira une grande bouffée d’oxygène. Ses parents ne commandaient pas son physique mais insinuaient fortement que sa chevelure lâche accentuait son côté négligeant parfois. Elle enfouit sa tête dans ses genoux, mais ne versa aucune larme. Ils lui avaient enseigné qu’une jeune fille ne pleurait jamais, et qu’elle devait être en capacité de tout endurer sans qu’aucune goutte translucide ne s’échappe de ses yeux en amande.

Un bruit sourd résonna dans la pièce vide et elle se leva précipitamment. L’identité de celui qui venait de frapper ne lui était pas inconnue et elle se retint de l’insulter.

- Dégage.

Le bruit se réitéra.

- Pars.

Mais Conrad avait la faculté de désobéir, et il ouvrit la porte avec fracas. Se rabaisser à sa compagnie pour tromper sa colère contre son père n’était pas dans ses plans, et la jeune fille lui envoya un regard assassin. Mais il était sacrément tenace quand il avait décidé d’embêter les gens. Il s’accouda sur l’un des murs, à une distance équivoque qui trahissait ses motivations : elles étaient complètement égoïstes. Elle savait que ses parents avaient dû l’inciter, où le fusiller du regard pour l’envoyer ici. Il n’aurait pas fait le premier pas de son plein gré.

- Je comprend mieux pourquoi tu es quelqu’un d’abominable, lança-t-il finalement, brisant ainsi le silence gênant qui pesait.

- Et qu’est-ce que c’est sensé signifier ? Maintenant, j’ai une excuse pour être froide et méchante au vu de mes parents ? demanda Céleste, en relevant la tête avec hargne.

- Si tu veux mon avis, t’as pas besoin d’excuse pour l’être.

Elle leva un sourcil, surprise. De quel droit se permettait-il de juger ses parents ? Il s’avança et s’arrêta à une distance raisonnable, puis s’assit sur un banc. Ce dernier ne cessait de couiner dès qu’il faisait un mouvement et elle tapota nerveusement ses doigts sur le banc. Elle s’impatientait et ne supportait pas ces bruits parasites. Son partenaire replaça une de ses mèches en arrière, un geste anodin qui démontrait de ce que la patineuse s’évertuait à répéter à quiconque souhaitait l’écouter : il profitait de ce physique avantageux auprès des filles. Elle n’était pas décidée à l’aider et il souffla exagérément.

- Ça me rassure, personne ne possède tout dans la vie.

- Je n’ai pas besoin de toi pour me l’apprendre, tu peux partir.

Leur ton ne cessait de monter et de devenir plus ferme, et Céleste craignit qu’on ne les entendit au travers de la cloison. Leur discussion ne nécessitait pas d’être dans le secret absolu, mais si elle détestait bien une chose, encore plus que Conrad Schmitt, c’était les ragots qui se transmettaient plus vite que l’amour du sport. Les rumeurs avaient repris suite à l’annonce de leur affiliation, qui pariaient qu’entre la haine et l’amour, il n’y avait qu’un pas. Mais c’était faux. Céleste ne l’aimait pas, et c’était pour une raison simple : il n’y avait de la place que pour une star dans la patinoire.

- Ça augmente ma côte auprès de tes parents, ce n’est pas comme s’ils m’appréciaient beaucoup.

- S’ils ne t’aimaient pas, je ne patinerai pas avec toi. Pour eux, t’as une bonne carrière et suffisamment prometteuse, je dois dire que c’est pas mal, souligna-t-elle, habituée à la logique implacable de ses parents la concernant.

Conrad haussa les épaules, et s’appuya cette fois-ci contre la poutre, qui lui servait de support. N’était-il pas capable de tenir tout seul ? Elle claqua sa langue, agacée de la tournure de la situation et de sa présence encombrante. Puis Céleste se leva, et fit les cents pas, ce qui l’aidait à se concentrer sur le problème. Quant à lui, il exprimait sa nervosité avec un battement insupportablement régulier de ses pieds contre le sol et par des soupirs. Elle se dévissa le cou pour lui faire comprendre qu’il avait intérêt à arrêter, mais comme l’éternel gamin qu’il était, Conrad se contenta de lui adresser un sourire narquois.

Une question leur brûlait les lèvres, mais aucun des deux n’osait la formuler à voix haute. Leur relation, qui n’en était pas une, ne devait pas se fragiliser encore plus. Sur ordre de leurs parents, mais surtout par les directeurs. La question la tiraillait, elle lui laissait un goût de curiosité qui n’était pas complètement emplie, mais ils étaient au courant des risques en s’engageant avec l’autre. Ils ne pouvaient pas éternellement se cacher derrière le mensonge, mais ils pouvaient l’ensevelir suffisamment profondément pour que la révélation intervienne quand ils auraient pris leur décision. Mais c’était sans compter sur leur curiosité malsaine de tout découvrir de l’autre. Il réduit la distance, se plaçant à deux mètres de la jeune fille et plantant son regard de feu dans ses yeux verts. Elle avait envie de détacher son regard de son partenaire, mais Céleste n’en trouva pas la force.

- Tu t’es réellement dopée ? s’enquérit Conrad.

- Ce ne sont pas tes affaires. T’as vraiment blessé volontairement ta partenaire ?

- Ce ne sont pas tes affaires, l’imita-t-il.

Elle esquissa un sourire moqueur envers sa propre naïveté. Comment avait-elle pu imaginer qu’il avait lui livrer des informations compromettantes à son sujet ? Elle se ressaisit et rassembla mentalement les informations qu’elle avait trouvé sur internet. Quelques mois auparavant, une équipe de pompier avait été appelée pour une jeune fille qui avait été sévèrement blessé par son partenaire au niveau du visage. Conrad Schmitt et Livia Romano, c’était une évidence. Ils s’entendaient bien et avaient un niveau qui les menait aux podiums nationaux. Deux têtes de mule à fort caractère. Mais lors d’un entraînement, ils étaient trop proches et il entailla Livia à quelques centimètres de son œil, mais heureusement pour lui, elle en ressortait sans séquelle, si ce n’est qu’elle avait refusé de reprendre son rôle à ses côtés. Les journalistes avaient avancé le fait que quelques mois auparavant, il l’avait envoyé dans le bord de la piste lors d’un saut lancé. Elle avait vaguement suivi l’affaire, mais comme cela concernait Conrad, elle avait laissé tomber. Mais avec ses recherches, elle avait évolué la gravité de la situation et en était ressortie choquée.

- Je dirais que l’on a tous nos petits secrets, à toi de voir si tu me suis où si tu es du côté des journalistes.

- T’as pas froid aux yeux, tu risques ta carrière et tu tentes encore de me convaincre ?

Elle laissa échapper un petit rire, avant de faire une grimace face à la tête du garçon. A la façon dont il la jugeait, il n’avait pas saisi le sous-entendu de sa phrase et devait la prendre pour une personne mentalement déséquilibrée.

- On est dans une patinoire et tu me parles de froid, expliqua-t-elle, gênée.

- Attends, j’ai réussi à faire rire Céleste Haase ?

- Le monde va mal, il est en train d’exploser.

Il se pencha vers elle et secoua doucement la tête , montrant ainsi, ô grand hasard, le désaccord qui les unissait.

- Le monde implose. Certes, ton histoire fait la une des journaux, mais le monde du sport reste entaché de scandales destinés à l’oubli.

Sa voix s’était brisée sur les derniers mots, puis il se recula. La vision de son monde lui plaisait bien : elle était réaliste et non idéaliste. Tout athlète visant le haut niveau et étant formé dans des centres d’excellence tels que le sien, connaissait une victime d’un scandale. Elle-même avait fréquenté des jeunes filles brisées, et cela reviendrait à se mentir à soi-même. A ses dix ans, la patinoire avait embauché un nouveau coach, au début pour aider Ludmila dans la tâche ardue d’enseigner à une championne, puis la femme soviétique étant tombée malade, il était devenu essentiel à son éducation de patineuse. Il avait la réputation de former des championnes, au prix de sacrifices au niveau de sa santé mentale et physique. Elle n’en était pas ressortie indemne, on y laissait toujours une part de nous-même.

Elle ne se considérait pas comme victime de cet entraîneur, mais comme victime du système de la fédération. Cet homme avec des yeux charmeurs, avait été engagé et reconnu comme apte à l’enseignement par les hauts dirigeants, et non par la patinoire de sa ville. Céleste n’oubliait jamais ses mains posées sur ses hanches, les endroits que ses yeux avaient exploré avec envie, mais elle était obligée de vivre avec le fardeau de n’avoir été qu’une victime parmi tant d’autre. Suite à cette période, son patinage s’était nettement assombrie, et ses programmes s’orientaient vers la noirceur, et elle n’espérait que la libération. Elle était jeune, et n’avait pas conscience de l’immensité du réseau à travers la France, mais avait compris l’essentiel : il était trop apprécié et elle ne devait rien attendre.

Elle en voulait au monde entier de ne pas apercevoir sa souffrance, cette peine qui la paralysait du haut de ses dix ans. Mais quand ses parents se sont inquiétés du brusque changement de comportement de leur fille, les mots étaient restés bloqués au fond de sa gorge. Elle ne parvenait pas à former des phrases cohérentes. Et puis, elle savait que ses efforts seraient vains, personne ne la croirait, il était terriblement influent dans le monde de la direction. On ne pouvait imaginer ce grand monsieur faire du mal à une fillette, il avait mené les plus grandes patineuses au sommet, il était inatteignable et elle ne voulait pas l’affronter à nouveau. La douleur de Céleste l’avait transformée à jamais et la patineuse énergique et dynamique avait laissé sa place à une jeune fille étonnement mûre pour son âge, poussée dans la cour des grandes avant d’en avoir la force.

A l’heure d’aujourd’hui, elle n’avait pas occulté les images et la partie d’elle-même, envolée, mais avait appris à apprivoiser certains flashs qui apparaissaient sans qu’elle le consente. En s’entraînant de plus en plus souvent et plus intensément, son cerveau était ainsi plus occupé à penser à tenter les éléments techniques que cet homme.

Involontairement, ses yeux s’étaient clos d’eux-mêmes et la lumière l’aveugla. Elle se frotta les yeux et remarqua que des gouttes perlaient au coin de ses yeux et les essuya rageusement. La salle baignait dans un halo de lumière artificielle, mais surtout, cette pièce ne comportait plus la présence de Conrad. Il avait dû déserter les lieux quand il s’est rendu compte qu’elle était plongée dans des souvenirs blessants, et n’avait fait aucun bruit. Elle jeta un coup d’œil à sa montre et constat que vingt minutes avaient passé depuis la discussion. Ses parents avaient dû rentrer, elle prendrait le prochain bus qui était prévue pour dans dix minutes.

Mais à la sortie des vestiaires, ses parents attendaient, tournés vers Félix qui semblait tenir une discussion intéressante. En s’approchant, elle comprit qu’ils parlaient de la fréquence des entraînements qui leur était réservée. Elle se fit discrète et son père eut une grimace de surprise de la voir se tenir devant eux, ce qui la fit intérieurement rire. Elle resta sur son téléphone, et quand ses parents le remercièrent, elle se leva pour les rejoindre. Il posa une main ferme sur ses épaules et lui donna un coup dans le dos afin de la faire avancer plus rapidement.

Non, ses parents n’auraient certainement pas compris.

***

Bonjour, ça va ?

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre qui devient déjà plus dur mentalement (je m'en excuse)

Je pars en vacances demain, donc les posts seront plus aléatoires :)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top