4 - Partenaires ?

Céleste

Céleste Haase donna de l’impulsion dans son patin droit pour que la carre, le bord de la lame, de son Salchow soit extérieur et en arrière pour respecter les règles fixées par l’ISU. Trois tours. Sa jambe gauche qui devait retenir tout son poids à son arrivée eut du mal à ne pas flancher, mais elle réussit son saut et sa transition grand écart. Cette dernière se consistait en une réception plus écartée qu’à l’accoutumée, et qui était une mode lancée quelques années auparavant par une jeune soviétique. Sa stabilité n’était pas celle de ses grandes compétitions, mais elle ne le serait plus jamais, alors Céleste s’autorisa cet écart. Son coeur se serra à cette pensée, mais elle fit taire cette voix qui était mauvaise langue. Ludmila avait insisté pour se rendre dans les tribunes et elle lui jeta un regard inquiet : son carnet de note était sorti.

Son oreille fût détournée par un son inhabituel : des applaudissements. Personne ne se préoccupait de ce que faisait les autres dans ce centre, chacun travaillait pour être en condition de réussir, et ça s’arrêtait là. Elle avait des amies, mais étaient rivales sur la glace, sans que ça ne leur pose de problèmes. La jeune fille plissa les yeux mais dût se résoudre à approcher le garçon pour distinguer un trait physique caractéristique. Puis étant enfin à une distance raisonnable, elle put le reconnaître et leva les yeux au ciel. Il était négligemment accoudé sur la rambarde de sécurité et avait cet insupportable sourire narquois collé à ce stupide visage. Il lui adressa un sourire encore plus marqué par son hypocrisie, et elle manqua de peu de lui flanquer une baffe qu’il aurait mérité. Son regard perçant la détailla un instant, et il passa une main dans ses cheveux bruns. Ce garçon avait la faculté de l’agacer en quelques secondes. Céleste regrettait presque son mauvais caractère, autrement, il était plutôt mignon avec ses tâches de rousseurs qui lui donnaient un visage plus enfantin.

- Des années de sacrifice pour arriver uniquement à un triple Salchow ? Intéressant, mais rappelle-moi de continuer le couple.

Elle glissa pour arriver à sa hauteur -façon de parler puisqu’il était plus grand qu’elle et la narguait d’une tête, et le dévisagea comme un intrus. Pourquoi ce garçon n’était pas en mesure de la laisser tranquille ? Depuis leur tendre enfance, elle n’avait jamais su lui adresser un mot qui puisse lui faire plaisir. Ils étaient connus à travers le centre pour leur animosité partagée depuis presque dix ans. Elle lui renvoya un regard excédé et pesta de sa présence.

- Qu’est-ce que tu fiches ici Conrad ? Dégage.

- Volontiers, mais figure-toi que j’ai rendez-vous avec Félix pour rencontrer celle qui deviendra ma nouvelle partenaire, articula-t-il avec dégoût.

Céleste était sur le point de répliquer et se contenta de lorgner les tribunes où Félix et Ludmila discutaient vivement. Son coeur avait accéléré à l’annonce de cette nouvelle qui venait de faire basculer sa vie dans des épisodes sombres, elle en était persuadée. Rien de bon n’arrivait en présence de Conrad Schmitt -parole de Céleste Haase. Elle avait passé suffisamment de temps avec lui pour le comprendre. Comment Ludmila avait-elle pu accepter cette union déplacée ?

- Je serai ravi que tu te fasses enguirlander par Zhukova, mais moi, je ne tiens pas à décevoir le mien, alors grouille-toi.

- Attends, tu viens encore d’utiliser le mot enguirlander ?

Il la fusilla du regard et elle se contenta de glousser. Dès qu’ils s’étaient croisés dans les couloirs de la patinoire, ils n’avaient pas su résister à la tentation d’embêter l’autre et visiblement, c’était un passe-temps réciproque qui tenait après neuf ans. Mais leurs priorités sportives les avaient rattrapées et ils se lançaient seulement des remarques au détour d’un croisement. Céleste couvrit ses lames faites de fer par ses protèges-lames au couleur de la France et zigzagua parmi les sièges vides des tribunes pour arriver à leur hauteur.

- Nos deux élèves préférés ! s’exclama gaiement Félix.

Elle ne sût dire s’il exagérait, mais il leva les bras et soupira d’aise. Ça promettait. Ils lui jetèrent un regard ennuyé, dans une parfaite synchronisation.

- Les voilà synchronisés, tu avais raison Mila, c’est une bonne idée.

- Vous vous fichez de nous ? Je ne travaillerai jamais avec lui, intervient-elle.

- Et moi avec elle.

Conrad et Céleste prirent appui contre le mur qui séparait deux tribunes, et baillèrent d’impatience. Le garçon mit sa main contre son menton dans une tentative de paraître intelligent -enfin, c’était ce qu’elle pensait, et Céleste, les bras croisés sur sa poitrine et les poings serrés, témoignant de son désaccord avec la situation actuelle. Ludmila la supplia de se calmer d’un regard féroce et s’assit sur l’une des chaises pour résoudre le problème, et Félix avait posé un pied sur une chaise et le coude dessus, en grattant son menton dégarni de pilosité. A son humble avis, le seul problème était le garçon à ses côtés qui monopolisait l’attention.

- Ce choix peut vous surprendre compte tenu de vos antécédents, mais il résulte d’une logique implacable. Conrad n’a plus de partenaire, et Céleste ne peut pas continuer de cette manière. Ne songe pas à m’interrompre Céleste, l’avertit-elle, anticipant ce que son élève prévoyait de faire. Votre caractère est différent, mais complémentaire, tu es explosive, et il est l’étincelle.

Cette explication ne les avait aucunement convaincue, même si elle reconnaissait que son caractère pouvait aisément être décrit comme explosif. Félix prit ensuite le relais pour les persuader d’accepter cet accord.

- Les deux disciplines sont radicalement différentes. Artistique et technique pour toi Céleste, et alchimie et confiance en plus des deux précédemment cités pour Conrad, mais la base est commune. Céleste maîtrise les techniques de sauts, bien mieux que toi par ailleurs Conrad, c’est un énorme avantage.

Les adolescents se concertèrent d’un rapide coup d’œil avant de se tourner tous les deux vers la glace. Elle admirait la prestation des couples de patinage artistique aux jeux olympiques, mais la technique était infiniment plus risquée en couple. D’autant plus que ce dernier mot incluait de devoir se coltiner Conrad Schmitt toute la journée. Et que la confiance n’était pas leur fort. Un casse-tête sans solutions, voilà ce que lui inspirait cette proposition. L’idée générale n’était pas mauvaise, mais elle n’était pas en mesure de pouvoir en dire de même pour la mise en pratique.

Céleste se pinça l’arrête du nez et balança ses cheveux en arrière. Abandonner tout ce qu’elle a construit depuis ses quatre ans n’était pas envisageable, mais rebondir après les épreuves n’avait jamais été sa spécialité. Son choix n’engageait à rien, ses parents devaient d’abord accepter, mais disons qu’il encouragerait où non la poursuite. Avec un rapide coup d’œil, elle put constater que le garçon semblait aussi perdue qu’elle et que le choix ne lui apparaissait pas comme une évidence. Et puis, elle eut le déclic. « Sa première compétition régionale, une étape importante, des centaines de personnes qui venaient soutenir leurs enfants. Elle avait patiné un programme sans-faute, et qui était plutôt technique, mais une petite fille l’avait dépassé à deux dixièmes près. Elle était arrivée deuxième et elle avait été inconsolable pendant des jours. Mais son père s’était agenouillé pour se mettre au même niveau et avait empoigné ses épaules pour la serrer dans ses bras. Il n’était pas démonstratif et affectif, sauf en cas d’urgence, et elle lui en fût reconnaissante. Il lui avait fermement rappelé que c’était une Haase, et que quiconque la défierait, serait violemment puni par une méchante défaite. »

Quand elle releva la tête, de la détermination et de l’ambition brillait dans son regard. Il avait entièrement raison. Personne, et surtout pas les représentants de son sport, ne l’empêcherait de devenir une Olympienne et de les remporter. Peu importe si son rêve comportait un détour obligé par la case Conrad Schmitt, même si elle s’en serait bien passée. Elle avait un rêve, et elle ne laisserait personne l’oublier.

Elle était Céleste Haase.

- C’est d’accord. On commence quand ?

Ludmila sauta immédiatement de sa chaise quand la réaction des deux autres fût plus modérée. Elle tapa énergiquement dans ses mains et lui renvoya un sourire radieux, la femme n’avait aucun doute sur la capacité intellectuelle de son élève. Les hommes qui ne connaissaient pas encore ses changements d’humeur fréquents, lui adressèrent une œillade douteuse, puis haussèrent les sourcils. Conrad eut un moment de pause, où le monde aurait pu continuer de tourner sans lui, puis se tourna vers la jeune fille et lui articula un merci silencieux. Sa recherche de partenaire devait être au point mort pour la remercier, elle, qui s’acharnait sur lui.

- Maintenant. La salle d’entraînement est libre.

Les deux adolescents prirent la tête du groupe mais ne prononcèrent pas un mot. Des années de chamailleries ne s’effaçaient pas par le miracle de la trouvaille parfaite, et ils firent un effort pour ne rien répliquer à l’autre durant le trajet. Cependant, c’était avant qu’elle ne trébuche sur une marche, ce qui la propulsa au sol et arracha un rire rauque à l’adolescent, qui ne manqua pas de lui rappeler que le patinage demandait de l’équilibre. La vérité : sur la terre ferme, elle ne tenait pas sur ses deux pieds, à croire que la glace était son élément.

Quand ils furent tous rentrés dans la salle exiguëe, un silence de plomb s’installa et ils profitèrent de ce temps pour s’éclipser et enfiler une tenue conçue pour les efforts hors-glace. Elle se tint quelques secondes contre le miroir glacé, avant de débuter les exercices pour échauffer les articulations, rapidement imité par Conrad. Ce n’était pas leurs coachs qui leur diraient quoi faire, trop occupés à les regarder s’éviter. Pour sa défense, le coin de la pièce était son endroit de prédilection pour être à l’abri du froid qui entrait par la fenêtre, mais c’était un hasard que celui de Conrad soit à son opposé complet, il avait été le dernier à s’installer.

- L’ambiance va être joyeuse ma foi ! déclara Félix, qui restait enthousiaste.

A sa place, elle aurait déjà été donné des coups aux arbres à l’extérieur.

- Les premières séances sont destinées à la synchronisation, la confiance en l’autre et des pas de deux. Commençons par de la synchro. Faites moi un saut de valse déjà.

Céleste jeta un regard interloqué à son entraîneuse. Le saut de valse n’était même pas qualifié comme un élément et ne rapportait pas conséquent aucun point. Pourquoi ne pas faire de véritables sauts qui leur seraient nécessaires par la suite ? Ils perdaient du temps. Ludmila n’intervint pas, mais l’encouragea d’un signe de tête ferme, de suivre les instructions de Félix. Ce dernier ne donnait pas l’impression, mais sous ses airs de bonhomme gentillet, il avait conduit certains couples au sommet.

Un demi tour de rotation en l’air. Atterrissage sur sa jambe gauche. Ils avaient été filmés pour qu’ils puissent constater d’eux-mêmes ce qui était à améliorer pour les prochaines fois, mais en visionnant la caméra, elle se demanda plutôt s’ils avaient fait quelque chose de correct.

- Elle est gauchère, souligna-t-il. Si on se place à la même distance que d’habitude, je vais me prendre son patin dans la jambe.

Elle se mordit la lèvre pour éviter de répliquer que ça ne serait pas une grande perte.

- Désolée de pas être dans les normes.

Sa réplique passait sous le ton de l’ironie mais il y avait de l’amertume dans ses propos. Ses premiers entraîneurs avaient lâché l’affaire quand ils avaient décelé l’anomalie, car eux-mêmes ne savaient pas s’adapter à la jeune fille.

- Un atout de plus, parfait. Vous ne quittez pas cette salle tant que votre saut de valse n’est pas parfaitement synchronisé. Si tu ne me crois pas, demande à Conrad, je suis particulièrement exigeant.

Le garçon soupira, signe qu’il avait déjà subi les foudres de son entraîneur.

Dès que leur pied décollait du sol, les coaches analysaient finement leur réception. Céleste avait arrêté de compter après la cinquième tentative, mais par miracle, l’une d’elle avait été la bonne. Elle n’avait jamais passé autant de temps sur ce saut que lors de cet entraînement, mais elle dût avouer que c’était déjà un bon échauffement. Elle s’était déjà alignée avec certaines de ses camarades lors d’un spectacle, mais le fait est que tout devient plus difficile avec Conrad Schmitt dans les parages.

- Montre un double Lutz à Conrad.

- Mais je sais le faire, grommela ce dernier.

- Tu tombes à deux réceptions sur cinq. Vas-y, encouragea Félix, qui s’impatientait au fur et à mesure que ses élèves protestaient.

Elle prit de l’élan, fixa un point imaginaire au loin et fit deux rotations. Entre la glace et la moquette, les sensations n’étaient pas les mêmes, à son grand désarroi. Céleste ne ressentait pas l’adrénaline la secouer dès que son pied décollait du sol sur la terre ferme, elle n’avait pas le risque de tomber sur la glace qui la brûlerait. Pourtant, faire les premiers essais sur le sol était une étape obligatoire de tout athlète. La patineuse ne parvint pas à contrôler complètement son atterrissage et son pied rebondit quatre fois avant de se stabiliser, mais Félix eut un vague geste de la main pour lui intimer de se pousser. Même avec cette petite erreur, la technique de Céleste était bluffante. Les journaux les plus revendicatifs s’accordaient quand même à dire qu’elle avait un petit plus qui la différenciait des autres filles. Ses gestes étaient pures et élégants, et le monde du patinage artistique la classait déjà au sommet. Ce n’était pas sans raison si ses GoE, points bonus selon l’exécution, s’affolaient toujours après ses programmes court, réputé comme requérant plus de technique. Elle se distinguait des autres et les personnes à l’origine de la rumeur n’appréciaient pas : elle était unique.

- Tout seul maintenant.

Conrad s’exécuta de mauvaise grâce face à l’ordre de son coach. Il tira une grimace qu’elle ne sut interpréter et se concentra sur sa position de départ. Deux tours, mais des difficultés à la réception qui le pénalisaient pour la suite : un patineur n’a pas le temps de se reposer, il doit enchaîner sur les autres éléments de son programme. Et c’était le plus dur, surtout quand une chute survenait. Continuer à se battre, ne rien lâcher, même si la première place s’est envolée. Elle l’a expérimenté et détestait la sensation qui s’emparait de son corps à ce moment-là, un mélange d’adrénaline mal dosée et de tension. Elle eut envie de lui donner une note, mentalement, mais c’était compliquer d’évaluer sa réception. Cependant, elle devait reconnaître que Félix lui avait enseigné une bonne technique. Quand ils passaient leur temps à chercher les ennuis avec l’autre, elle se souvenait de la facilité avec laquelle il portait Livia, l’une de ses compagne de glace, et de l’enchaînement avec un saut simple.

- Qu’est-ce que t’en dis Céleste ?

Surprise qu’il s’adresse à elle, elle sursauta.

- Sa technique est bonne, mais il prend du temps dans les airs, et ça le pénalise pour ses réceptions en lui prenant de l’énergie, jugea-t-elle prudemment.

Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais Félix lui jeta un regard d’avertissement. Il se recula et afficha donc une mine boudeuse, à la façon d’un enfant qui aurait été privé de dessert suite à l’un de ses caprices. Et c’était exactement ce qui le définissait, son nouveau partenaire -ce mot l’a dégoûtait, était un enfant qui n’avait jamais mûri pour atteindre le stade d’adolescent, mentalement parlant. C’était toujours le petit Conrad, avec des capacités physiques digne de quelqu’un de seize ans. Et elle le remarquait à son comportement quand ils se croisaient dans les couloirs, il affichait son animosité, et elle répondait. Elle ne déclenchait jamais les hostilités, elle avait acquis une ruse sans pareille à ce sujet. Céleste a donc toujours été considérée comme plus mature que lui, alors qu’il avait un an de plus qu’elle, et elle savourait à chaque instant cette victoire contre le grand ennemi.

- Il faut être critique envers l’autre pour espérer s’améliorer, sinon, vous n’avancez à rien. Le cours est terminé.

Il ne se firent pas prier et les deux élèves déguerpirent en direction des vestiaires pour se changer et enfiler une tenue plus chaude pour affronter le mois d’avril. Elle râla de cette perspective et le poussa pour accéder en première à ses vestiaires préférés. Tout le monde enlevait les vestes pour se vêtir de tee-shirt, et elle était obligée de remettre un manteau pour sortir dehors, la joie d’habiter en montagne. Personne n’entrait dans ses vestiaires, à part l’équipe de short-track de temps à autre, et au vu de l’insalubrité de la pièce, elle pouvait aisément le comprendre. Mais pourquoi se dépêcher alors ? Uniquement pour avoir le plaisir d’être la première. Parfois, elle n’était pas certaine qu’il soit le seul gamin parmi eux, mais c’était toujours plus facile de se concentrer sur son immaturité à lui. Ses vêtements jonchaient le sol, et elle se baissa pour les récupérer. Quand les entraînements étaient programmés tard le soir, elle ne prenait pas la peine de les ranger, personne ne la dérangerait dans son calme olympien. Elle se glissa sous le pommeau de douche, et l’eau chaude coula le long de son corps, réchauffant enfin ses muscles endoloris par les efforts du jour. La jeune fille s’amusa à compter toutes les gouttes d’eau qui s’égrenaient sur sa peau blanchâtre, et abandonna au bout de dix secondes. Sa peau était le cliché même du patineur, mais pourtant, ce n’était pas faute d’essayer de la faire bronzer. Mais la seule chose qu’elle attrapait était des coups de soleil.

Dix minutes plus tard, vêtue d’un jogging confortable et d’un gilet gris, elle tressa sa longue chevelure blonde avant de rassembler ses affaires dans son sac. C’était le sac de sport de sa patineuse préférée, une jeune femme splendide quel que soit le thème de sa saison et le costume, et elle avait harcelé sa mère pour l’obtenir. Au bout de six mois de plaintes, elle avait cédé et Céleste le gardait précieusement. Tout ce que ses parents lui offraient étaient calculés, pour lui apprendre la valeur de l’argent, bien que la famille n’en manque aucunement.

Deux filles l’attendaient à la sortie du vestiaires, et elle leur sourit brièvement. Elles avaient conscience des enjeux qui planaient sur elles, mais les filles avaient tenu à cette amitié éphémère. Amie sur le terre ferme, ennemi sur la glace. Devise ancrée dans son esprit qu’elle respectait à la lettre. Les entraîneurs avaient la charge de séparer certaines personnes si elles étaient en mesure de gêner leur progression mutuelle, et pourtant, jamais ils ne le faisaient. Ils ont été jeunes et savaient ce qu’apportait ces amitiés : une rivalité, nouvelle génération, bénéfique. Florence, la plus grande parmi les deux, possédait une jolie chevelure brune et frisée, une peau caramel qui apportait une diversité ethnique nouvelle au centre qui en manquait. Esther ressemblait plus aux stéréotypes véhiculés par le complexe sportif, mais elle se démarquait par cette façade angélique. Petite brune trapue, aux yeux rieurs débordant de simplicité, au sourire charmeur avec ses fossettes, c’était une boule d’énergie au quotidien. Elle était pourtant la plus sérieuse sous ses airs de farceuse.

- Il m’a imposé un saut de Valse, se plaignit Céleste, en exagérant avec une grimace.

- Ils savent que tu ne fais pas de la compétition en minime ? Même ma sœur ne le fait plus !

La sœur de Florence avait six ans.

Les filles concourraient dans la même catégories, mais face à Céleste, aucune n’était en mesure de la battre. Elle s’entraînait comme une acharnée depuis ses quatre ans, et multipliait les sacrifices pour toucher son rêve du bout des doigts. Elles avaient toutes les deux commencé le patinage artistique à sept ans, comme loisir au début, puis face à la passion grandissante, c’était inscrites en sport étude. Elles l’enviaient, c’était un phénomène, mais n’étaient pas prêtes à tant d’efforts pour gagner. Florence et Esther se cantonnaient à la deuxième et troisième place au niveau régional et tout au plus, étaient récompensées d’une médaille en chocolat pour le national.

- Et Conrad, il était comment ?

Céleste demeurait l’une des seules à ne pas avoir eu le béguin pour ce beau patineur à la tête diablement mignonne. Les filles lui avaient jeté un regard interloqué, comment résistait-elle à son charme ? Sa réponse était simple pourtant, il n’en possédait aucun au vu de leur relation conflictuelle.

- Pénible. Fier. Sûr de lui. Orgueilleux, énuméra-t-elle, comptant sur ses doigts.

- Merci, mais on ne t’a pas demandé une description de toi, rétorqua Esther, avec ce sourire facétieux.

***

Je vous offre le chapitre un peu plus tôt mais je reçois du monde donc je n'aurai plus le temps après :)

Bon, les choses se concrétisent entre-eux, malgré une "légère" mésentente (les scènes de dispute sont les plus drôles à écrire)

Un avis sur Conrad ? Félix ? Ludmila ? Céleste ?

Bonne journée !

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