36 - Un contrôle permanent

Chapitre 36 : Un contrôle permanent

- Par pitié, parle uniquement de ce que l'on a convenu, lui intima désespéramment Mr Aubray.

La conférence de presse se tenait dans la même salle que la dernière fois, bien que le nombre de tables ai été drastiquement réduit puisque seule six personne étaient aptes à renseigner le grand public. Son médecin, les deux directeurs, Ludmila Zhukova, la femme de la fédération et elle-même. Deux tables avaient été ainsi disposées, afin de faciliter les prises de photographies des journalistes, qui les préféraient plus proches. Le matin, à son arrivée, elle avait constaté que sa place se trouvait à côté du directeur actuel, et personne ne pouvait lui enlever de la tête qu'il avait dû faire son caprice de grand enfant pour l'avoir près d'elle. Tant d'énergie gâchée pour elle la mettait mal à l'aise, certes, mais lui provoquait encore plus un sentiment de dégoût, cet homme ne s'arrêterait jamais, c'était à elle de l'en empêcher, mais qui croirait une jeune fille qui venait d'être reconnue comme coupable de son dopage ? Les personnes se comptaient par dizaines, ce qui ne suffiraient jamais. Elle avait omis qu'en plus de ce léger détail, le fait que l'homme avait la réputation d'être un entraîneur de génie, qui avait mené tant de filles vers les sommets de l'olympisme. La conférence débutait dans une demi-heure, ce qui lui laissait juste le temps de discuter une dernière fois avec ses amis et Félix, qui lui assurait que tout le contenu de cette interview lui serait bénéfique. Ses parents n'étaient pas présents, et elle ressentit un pincement au coeur. Pourquoi s'en soucier maintenant ? Ils devraient être le cadet de tes soucis. Mais non, après toutes ces horreurs, même si elle détestait tous les moments partagés avec eux, ils restaient ses parents.

- Si la question ne te plaît pas, n'y répond pas. Ils finiront par se lasser de te la poser, et je parle par expérience, lui conseilla son entraîneur.

Il avait porté sa main au coeur pour prouver sa bonne foi, et lui ébouriffa le haut de sa tête, décoiffant ainsi sa natte. Elle lui lança un regard noir avant de rire, suivi par tous les autres. Parfois, elle oubliait que, derrière ce costume adorable d'ours, se cachait le génie d'un entraîneur, qui méritait lui, la notoriété de Ducastel. Tant de couple devait au coach. Il avait largement participé à leur victoire au Jeux Olympiques, mais même si certains journalistes faisaient le lien entre tous ces français titré - il en existait assez pour qu'ils se fassent remarquer, mais pas assez pour se distinguer, la plupart vantait juste le talent de la France en matière de patinage artistique de couple. Félix ne tirait aucune satisfaction, ce n'était pas lui sur la glace, c'était ses élèves, il le répétait aux journalistes. Parmi les quatre dernières olympiades, deux ont été remportées par un couple français, et deux couples sont montés sur la deuxième place du podium, dont l'un qui a obtenu quatre ans plus tard la médaille d'or tant convoitée. Elle n'imaginait pas la douleur que cela devait être de patienter quatre longues années pour obtenir le titre que l'on espère depuis sa plus jeune enfance. Félix quitta le groupe - trop jeunes selon lui, et Céleste se retrouva au centre de ses amis, qui l'encouragèrent tous. Eden lui promit que tout se passera bien - elle avait horreur de cette phrase, il n'était pas un voyant, où qu'il se manifeste alors, les filles la serrèrent à tour de rôle dans ses bras, alors que la patineuse grogna, Paul lui adressa un signe de tête et Conrad lui murmura quelques mots à son oreille.

« Fais comme la dernière fois, tu gagneras. » Mais elle secoua la tête, non, la dernière interview du même style s'était révélée trop éprouvante mentalement pour qu'elle ait l'envie de recommencer. Céleste zigzagua parmi le personnel qui s'activait - sous les ordres aboyés de Ducastel, et se glissa finalement à sa place, non sans mal. La droite de sa chaise ne lui convenait pas, mais la gauche la désolait tout autant ; son ancienne coach, Ludmila Zhukova, venait de s'y installer. La femme soviétique avait des yeux fatigués et des sourcils froncés, mais elle n'en tint même pas compte. Elle avait eu le droit de se défaire de son emprise, et pour rien au monde, elle ne voudrait y retourner. Ce monde de l'excellence continu lui manquait parfois, les entraînements avec Félix étaient plus calmes, seulement certains jours étaient corsés, mais elle en était ressortie blessée à jamais, et celui lui suffisait à nettement préféré la méthode de Félix.

- Comment vas-tu ?

Voilà qu'en plus, elle engageait la conversation. Ludmila ne comprenait décidément rien. Son attitude, les yeux fixés sur la masse de journaliste, son corps droit, tout son visage contracté par l'ennui et la colère, laissait pourtant suffisamment d'indices pour ne pas l'importuner avec une discussion qui ne dépasserait pas les vingts mots. Pour lui signifier qu'elle n'avait pas envie de parler, elle répondit d'un hochement de tête.

- J'entraîne les plus petits, ils sont plus réceptifs que toi.

Bien que ses efforts de rester stoïque tenait jusque-là, elle tourna vivement la tête vers son ancienne entraîneur. Entendre que des petits souffraient de la même discipline de fer lui provoqua une sensation au coeur, mais la deuxième partie de la phrase fût une révélation encore plus bouleversante ; ils ne verraient jamais le mal à cette exigence malsaine. Ludmila vivait son parcours à travers eux, comme elle avait pu le faire pour Céleste. Enfermée dans ses entraînements, elle ne comprenait pas que la méthode était anormale, mais avec du recul, pourtant, la jeune fille assimilait tous les indices qui la conduisaient à une telle déduction.

- J'atteindrais enfin les sommets.

- J'ai été sacrée championne du monde junior.

- Ils vont te retirer ce titre dans les prochains jours.

Son coeur s'effondra une deuxième fois. Pour masquer son trouble, elle se concentra au loin sur ses amis qui s'installaient sur les sièges inconfortable des conférences. La décision avait été prise récemment, probablement ce matin-ci. L'injustice combla son coeur qui tentait de s'accrocher à toutes ces péripéties. Elle avait concouru, gagné, et son titre était remis en cause ? Elle ignorait à quand remontait les premières fois que son club l'avait consciemment dopé, mais ses performances étaient déjà suffisantes pour gagner. Dix points la séparait avec Hannah Søndergaard, ce qui équivalait plus où moins à une chute et une réception hasardeuse. Comment pouvait-il juger après coup, comment possédait-il ce droit ? Sa respiration se fit saccadée le temps qu'elle calme ses émotions qui la submergeait, mais elle savait que cela la hanterait durant l'heure qui viendrait, les jours qui suivraient, et les années qui s'écouleraient. Elle tourna le dos aux journalistes pour essuyer les quelques larmes qui avaient trouvé refuge sur ses joues, et s'assit correctement.

- Tu n'as toujours pensé qu'à toi, moi aussi j'ai été décréditée, siffla sa coach.

- Tu as participé à me ruiner ma vie, et ne nie pas, alors moi, je ne vois que la justice dans ton cas.

Céleste renifla, et couvrit ses yeux de ses mains. Ses sept derniers mois avaient été un cauchemar qu'elle vivait éveillé, où le monstre était celui qui prenait place à ses côtés et tous ceux qui l'accompagnaient pour cette conférence. Un homme, quarante ans de loin, leur indiqua que le live retransmis sur les réseaux sociaux allait démarrer, et que, par conséquent, l'interview aussi.

- Bonjour et bienvenue sur la chaîne d'information sportive en continue. Après avoir appris ce matin-même que Céleste Haase n'était plus sacrée championne junior, nous allons désormais assister à la conférence de presse qui a pour but de nous éclairer sur les raisons du dopage de cette dernière.

Il avait cet abominable sourire, signifiant que sa part du travail était accomplie et que peu importe le déroulé, il aurait un gros chèque à la fin. Elle se racla la gorge, tout en constatant que Ducastel s'était imperceptiblement tendu lors de son discours pour les nouveaux arrivants sur les réseaux sociaux. Comme la dernière fois, les questions se limitaient à trois par journaliste, et une nouvelle fois, Elijah O'brian avait été désigné pour clôturer cette conférence. La première journaliste était une femme aux cheveux courts et bruns, au visage fermé qui n'invitait pas à la sympathie et aux bracelets qui comblaient le silence pesant. Enfin, le silence avait été brisé quelques secondes plus tôt suite aux réactions controversées de l'annonce de son titre qui n'était plus le sien.

- Comment, vous Céleste, avez-vous pris personnellement cette nouvelle ? Vous étiez au courant de ce que vous risquez en le commettant, mais comment avez-vous réagi à l'annonce de la décision du tribunal ?

- J'étais sous le choc, et je n'y croyais pas vraiment. Je ne pouvais pas croire que le tribunal ai préféré écouter des rumeurs plutôt que la vérité. Mais il a fallu me rendre à l'évidence, et la prise de conscience a été dure.

La femme se redressa, et hocha mécaniquement de la tête. Céleste voyait tant de gens autour d'elle effectuer ce geste tel un robot, mais elle se questionnait sur les raisons ; est-ce qu'une fois un certain poste atteint, nous sommes obligés de le faire ? Encore une fois, son cerveau partait trop loin.

- Monsieur Ducastel, pourquoi avoir accepté de prendre la relève de Monsieur Aubray alors que l'affaire battait son plein ? Pourquoi ne pas simplement avoir attendu que le tribunal délibère ?

- C'était une merveilleuse occasion, cette patinoire est ce dont rêve tout directeur qui débute ; un centre d'excellence qui a déjà ses preuves au niveau national et européen pour certains. De plus, je savais que la décision serait longue, et puis, je n'étais pas là au moment des faits, donc cela ne change rien à mon innocence.

Involontairement, Céleste eut un rictus moqueur. Cet homme avait un don, prononcer exactement ce que les gens voulaient entendre. Pas ce qui était nécessaire pour lui, mais ce qui le rendrait d'autant plus populaire auprès des personnes concernées par le sujet et celles qui s'y intéressaient. La femme continua ce mouvement automatique et tourna son corps de façon à s'adresser à Monsieur Aubray.

- Pourquoi êtes-vous subitement parti de la direction du centre ? Ne saviez-vous pas, que, où que vous alliez, votre sanction serait la même ?

Céleste écouta attentivement sa réponse. C'était l'une de ses dernières interrogations à propos de cette mystérieuse affaire, pourquoi avoir quitté son poste ? Elle avait des soupçons, mais rien d'avérés, ce qui ne représentait rien dans le monde du scandale sportif.

- Le besoin de me ressourcer. Tôt ou tard, les conséquences me rattraperaient, mais je ne me voyais pas continuer à assurer la direction de la patinoire en plus des médias.

La femme aux yeux perçants, lui rappela le temps de quelques instants, Pénélope, cette patineuse destinée à l'oubli avant même de participer aux Jeux Olympiques. La sensation qui se dégagea dans son corps la fit tressauter, peut-être était-ce son unique vocation à elle-aussi, rester dans l'ombre. Bien que sa victoire à l'international lui ai suscité une notoriété immédiate, plus personne ne parlait en bien d'elle, et Céleste ne se mentait pas à elle-même. Si la gloire sportive se rapportait à ce scandale, son rêve le plus cher était de disparaître, et de rester dans sa province, sans jamais tenter toutes les compétitions. Elle voulait rester dans les mémoires pour avoir réussi des exploits, et non avoir enchaîné toutes les affaires sur-médiatisées possibles. Pour son estime, pour sa tranquillité mais pour sa tête, elle ne vivrait pas autrement. C'était déjà dur d'affronter ces tortionnaires pendant plusieurs heures, mais le faire sur des années ne seraient pas envisageable. Son choix était catégorique. Disparaître pour vivre, rester si la vérité triomphait. Elle laissa la place à un quinquagénaire, auquel elle répondait souvent à ces questions.

- Céleste, comment décrirez-vous votre réaction ? Colère, surprise, injustice, tristesse, où une réaction plus mélangée ?

- J'étais profondément en colère contre les directeurs, mais aussi effectivement sous le choc, puisque je l'ai appris par eux. L'injustice est venu après, mais la phase a été plus longue à traverser. Pourquoi cela tombe-t-il sur nous alors qu'il existe plusieurs milliers de licenciés ?

Les contestations ne manquèrent pas, certains estimaient que la position de victime ne lui convenait aucunement - les réactions venaient principalement des journalistes et de tous les adultes qui la voyaient comme unique responsable, quand les licenciés étaient de son côté, et leur indiquait que la vérité se cachait dans ses propos. Personne ne les entendait, où plutôt, personne ne voulait les entendre, leur vérité était déjà trouvée. Ils ne revenaient pas sur leur position. Céleste souffla de désespoir mais se retint de lever les yeux au ciel, ce qui constituait un effort phénoménal. L'homme hésitait, devait-il se fier à son plan soigneusement élaboré, où devait-il se laisser guider par l'interview qui prenait un tournant inattendu. Comme bon vieux supporter de l'ordre, il continua ses propres questions.

- Monsieur Bruniaux, pourquoi avoir accepté de lui prescrire de tels médicaments ?

- La pratique d'un sport à haut niveau endommage le corps, surtout chez les jeunes, et force est de constater que ses chevilles sont parfois fragiles. Je ne donne que s'ils sont en mesure de la soulager.

- Je ne parlais pas de ses chevilles, je parlais de ce que vous lui avez donné pour son coeur.

Son médecin fit une grimace, c'était une victime comme une autre. Raphaël Bruniaux n'était pas à l'aise avec les caméras, elle l'avait vite saisi en remarquant ses yeux qui se baladaient dans toute la pièce, effarée à l'idée de parler devant tant de monde. Son rôle se cantonnait à soigner les patients, et s'arrêtait là. Mais aujourd'hui, il devait se justifier devant des milliers de personnes -à cause des réseaux sociaux, alors que celui qui s'était toujours occuper d'eux, n'était personne d'autre que lui-même. Ses mains tremblaient. L'unique faute commise avait été de pratiquer son métier dans ce centre, et d'avoir croisé la route de Ducastel.

- Elle se sentait essoufflée ces derniers temps, elle ne parvenait pas à sauter comme à son habitude, alors je l'ai aidée. Mais le traitement n'a duré que trois semaines. Cela n'enlève rien à son aptitude physique hors norme.

Un sourire orna ses lèvres, son médecin la protégeait toujours, peu importe le sermon qu'il recevait derrière, il s'occupait d'elle comme il s'occuperait d'Esther, sa fille. Son rôle au sein de la patinoire ne se limitait pas à panser les blessures visibles, il aidait, à sa manière, à régler les conflits intérieurs. Des journalistes défilèrent sans qu'elle n'ai le temps de se reposer entre-eux, s'immisçant de plus en plus dans sa vie privée. Plus les questions avançaient, plus elle faisait un énorme effort sur elle-même pour ne pas les envoyer paître, ce qui ne serait qu'une faible compensation au vu de ce qu'elle est actuellement en train de subir. Des centaines de paires d'yeux la scrutaient, attendant le moment où elle craquerait. Elle sait que cela arrivera, mais pourtant, elle ne voulait pas leur donner raison. Céleste réservait ses nerfs et sa sagesse pour le dernier journaliste qui se dressa devant elle ; Elijah O'brian, qui a toujours pris un malin plaisir à être le plus précis dans ses questions. La jeune fille souffla, et rassembla son courage dans la dernière épreuve qui l'attendait pour aujourd'hui.

Enfin, c'était ce qu'elle pensait.

- Imaginiez-vous cette issu pour le procès ? Étiez-vous confiante de le remporter ? En tant que sportive, j'imagine que vous avez l'habitude de gagner, mais cette fois-ci, que ressentiez-vous ?

Ses questions la mettaient toujours mal à l'aise.

- Je n'étais pas certaine, non, le domaine juridique m'étant entièrement inconnu, mais j'avais espéré qu'il puisse entendre ma vérité. C'était un mélange entre de la peur et de l'appréhension.

Les muscles du directeur se détendirent, mais elle ne put s'empêcher de détourner les yeux. Cet homme était un monstre dans toute sa splendeur, imposant, froid. Pourtant, cette facette était dissimulée, pour qu'il ai l'image d'un génie, ce qui la rendait plus qu'irritable. Pourquoi la condamner, alors que de véritables criminels, eux, vaquaient dans la nature ? Prêt à recommencer, à bondir sur leur proie, dès que l'occasion serait la bonne. Et ce monde laissait faire, il ne lui retirait pas de ses droits. Il préférait être juste envers ceux qui mériteraient d'être en prison et détruire la vie des victimes. Un seul crime ne suffisait pas, il devait recommencer. Le monde était complice de cet acte. Et elle ne pouvait pardonner aux gens qui avaient vu et qui se s'étaient tus, par peur. Elle ne disait rien, mais c'était uniquement par honte, elle, honte d'être tombée dans le piège qu'il avait tendu à tant d'autres filles. Elijah se racla la gorge, pour capter toute son attention. Quand elle croisa ses yeux, un soupçon d'espoir l'envahit. Elle n'avait pas le droit de se réjouir par avance, mais ce regard signifiait ce qu'il signifiait, Elijah ne se contentait plus de sous-entendu, il voulait réellement agir pour sa cause.

- Estimez-vous avoir eu le choix de refuser le produit dopant qu'ils vous ont prescrit ?

Les yeux de Céleste s'écarquillèrent, tandis que la foule criait son mécontentement. Elle refusait de croire qu'elle était éveillée, qu'un journaliste lui pose cette question, et qu'elle ai la possibilité de s'exprimer sur ce sujet. On lui avait toujours arraché ce droit de parole, mais aujourd'hui, ce journaliste lui laissait le choix de répondre. Son directeur s'empara du micro, mais Elijah le prévint.

- Je m'adresse à Céleste Haase, et à moins que vous n'ayez des choses à cacher, je vous conseille de poser ce micro.

Ducastel le relâcha subitement, et tapa impatiemment du pied. Sa main se posa sur la cuisse de Céleste, et cette dernière sursauta. Sa respiration s'accéléra, des larmes menacèrent de couler, et sa voix ne formait plus qu'un souffle. Elle aurait aimé avoir l'opportunité de répondre comme elle le souhaitait, mais son avenir tenait aux mots qu'elle prononcerait. Cette main, posée à son insu, résumait toute l'affaire. Il avait toujours maîtrisé la situation, il suffisait qu'il claque des doigts pour obtenir ce qu'il voulait. Elle aurait aimé avoir le courage de toutes ces femmes qui osent s'opposer à leur agresseur, le courage d'avouer la vérité, pas seulement la sienne, mais la vérité universelle à propos de cette enquête. Mais les mots ne passaient pas la barrière de sa bouche, et les yeux menaçants de Ducastel se posèrent sur elle. Non, cet homme avait trop joué, elle était désormais exclusivement à sa merci.

- Pas vraiment.

Le mensonge ne parvenait tout de même pas à franchir sa bouche.

- Étiez-vous au courant que vous étiez dopée ?

Elle baissa la tête, et suivit les consignes de Félix. Céleste ne répondrait pas à cette question, elle n'avait pas la force d'avouer la vérité, mais jamais un mensonge n'irait pour protéger le directeur. La conférence se clôtura sur cette épreuve difficile. Avant l'interview, elle était persuadée qu'elle aurait eu le courage de tout dire, de provoquer les vagues pour que son affaire suscite à nouveau l'intérêt et qu'elle puisse patiner sur les pistes en compétition. Mais non, il avait fallu que le directeur ordonne qu'elle se taise, et qu'elle obéisse. Le seul endroit où elle voulait être, était chez-elle, mais une longue journée l'attendait. Dès que les caméras furent éteintes, elle courut vers tous ses amis, adressa une rapide accolade à Eden, et se jeta dans les bras de Conrad, des larmes qui dégoulinaient sur ses joues. Ce dernier, pris au dépourvu, lança un regard apeuré vers les autres, qui haussèrent les épaules. Il caressa doucement son dos.

- Désolée, désolée, désolée, je suis tellement désolée. Je t'assure que je voulais tout dire, j'en avais l'intention, mais j'ai eu peur. Oh je suis si désolée.

- Calme-toi, ce n'est pas de ta faute. On va trouver un moyen, allez, calme-toi s'il te plaît.

***

Bonjour,

La pression des journalistes et de son directeur adoré (j'ai comme une envie de l'étriper) ne lui ont pas permis de tout avouer comme elle aurait aimé, mais j'aime beaucoup cette facette plus nuancée de Céleste !

A lundi pour la suite :)



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