35 - La signification des cadeaux
Chapitre 35 : La signification des cadeaux
- Souris, c'est ton anniversaire !
La jeune fille tourna sa tête vers sa sœur Ariane, et lui adressa un regard ennuyé. Ses pensées étaient à mille lieues de cet évènement qu'elle attendait impatiemment tous les ans. Néanmoins, puisqu'elle avait prévenu tout le monde, ses parents avaient refusé de l'annuler et elle se retrouvait coincée dans une fête en son honneur, alors qu'elle ne la désirait aucunement. Les invités arrivaient, éparpillés selon les horaires des bus et des parents qui accompagnaient leurs enfants, mais son coeur s'emplissait à chaque fois qu'elle constatait une personne de plus. Elle gâchait l'une de leur seule journée de repos pour certains, car elle savait pertinemment qu'ils ne s'y amuseraient pas de la façon dont ils l'imaginaient. Son coeur était lourd à transporter d'un bout à l'autre de la maison, mais elle s'efforçait d'accueillir chaque personne, pour se donner bonne allure, même si elle n'en ressentait pas l'envie. Les invités se composaient par de la famille et ses amis du centre, ainsi que des personnes comme Margot, qui était entre la catégorie vague connaissance et amie. A son plus grand étonnement, Eden était le premier à avoir franchi les portes de sa maison, un sourire qui lui semblait difficile et forcé pour masquer sa gêne, mais sa présence la rassura. Tout n'était pas perdu.
Enfin, plus exactement si. Le relationnel, domaine dans lequel elle exécrait, n'était plus qu'une question de temps avant qu'elle n'en devienne experte, au vu des heures que lui laissaient libres l'annonce. Elle se protégeait par des réflexions sarcastiques et n'hésitait pas à en faire part à sa famille, qui la rabrouait gentiment. Ils n'avaient pas le coeur à la gronder ; l'épisode du bureau leur avait été relaté par Ludmila, et pour la première fois depuis ses six ans, son père l'avait pris dans ses bras, et murmurait un mot qu'elle n'arrivait pas à distinguer. Cela ne changeait rien, elle ne voulait plus rien avoir en commun avec ceux qui l'ont conduit à des extrêmes, mais le fait qu'il mette ses principes de côté pour elle lui donnait du baume au coeur. Au fond d'elle, l'espoir ne périssait jamais, et l'optimisme de Conrad se rependait en elle, comme de l'eau qui coule pour atteindre un autre fleuve. Inévitable au vue de la situation désespérée. Elle se demandait, tous les jours, comment parvenait-elle à rester debout depuis le début de l'affaire. Mais la veille, dans ce bureau, le scandale avait pris une dimension autre, et aujourd'hui, elle se questionnait sur sa capacité à respirer alors que le tribunal de Paris la privait d'un droit qu'elle pensait inaliénable. Comment sont-ils autorisés à la punir de la pire des sentences pour un acte qu'elle n'a pas commis de son plein gré ?
Elle tenta de passer outre, mais son cerveau revenait continuellement sur les détails de l'affaire, qu'elle examinait intérieurement depuis la veille. Ludmila n'avait été que le pion qui exécutait, comme le médecin à son avis, ils ne l'auraient pas fait sans que le directeur ne leur assure une couverture complète. Aubray avait tout de même eu un plus grand rôle, mais il avait été lui aussi manipulé par cet homme qui contrôlait les ficelles du centre depuis des mois. Comment résister au charme de cet homme ? Elle les blâmait, mais dans le cas de Ludmila, savait que c'était une question de survie et que sans ce poste, l'entraîneur aurait des difficultés à trouver un travail en France. Il faut un courage monstre pour détruire consciemment une personne, mais encore plus pour se dresser contre celui qui l'a décidé. Elle chassa d'un signe de la main toutes ses pensées malsaines, et fit rentrer ses invités, tout en prenant soin de discuter avec eux. Ce n'était pas de leur faute, c'était dans son devoir de bien agir, elle détesterait venir à un anniversaire sans joie braillée. Conrad, qui était arrivé depuis un moment, la surprit en posant une main à son épaule.
Elle en porta une à son coeur, et leva les yeux pour le regarder. Elle était assise sur une chaise de cuisine, et le garçon la dépassait largement. Il avait mis ses mains sur ses hanches et observait les rares personnes qui débarquaient encore. Une main en visière à cause du soleil, il lui fit signe de se pousser de la chaise, ce qu'elle refusa.
- C'est ton anniversaire, ces choses sont ennuyantes. Va parler à Eden, et je veux tout savoir quand tu reviens, la prévint-il, l'air réellement menaçant.
La patineuse le dévisagea, se demandant s'il avait reçu un coup sur la tête où si c'était elle qui se trouvait dans une dimension parallèle, ce qui ne serait pas exclue. Mais son partenaire restait debout, sûr de lui et déterminé à ce qu'elle lui parle. Elle admirait le sang-froid dont il était capable, puisque lui-même venait de perdre deux ans de sa vie, et si en extérieur il paraissait serein, elle se doutait que sa tête ne l'était pas autant. Si la jeune fille ne ressentait que de la haine et de l'injustice envers ce bourreau qu'il était, ses émotions devaient être multipliées par trois, au minimum, puisqu'il avait seulement fait l'erreur de s'associer avec elle, il n'était pas le responsable de ce massacre, et être privé alors qu'il n'avait rien fait devait le ronger. Il n'était pas au centre de l'attention des médias, mais en payait le même prix.
- Je suis sincèrement désolée Conrad.
Il secoua la tête pour signifier que ce n'était rien.
- Je recommencerai si c'était à refaire.
Sur ses paroles qui la rassurèrent légèrement, elle s'en alla, le coeur plus léger, à la recherche d'Eden, qui devait vaquer dans le jardin. Elle remarqua qu'il était assis sur un rondin de bois, la tête baissée vers le sol, et les mains jointes. Dans cette attitude-ci, tout lui rappelait son père, mais elle n'avait pas à faire de comparaison, et c'était le plus dur. Savoir qu'une comparaison était possible, mais être au courant que c'était deux êtres humains entièrement différents, et qui n'avait en commun, outre le sang, le même nom de famille. Les ressemblances s'arrêtaient là, excepté les mêmes yeux qui l'avaient intrigué la première fois. Elle se souvenait de leur première discussion, mais elle ne voulait pas y repenser, elle préférait aller de l'avant, et tapota doucement sur son épaule. Le garçon ne leva pas les yeux, il n'ignorait pas qui elle était. Céleste prit place à ses côtés, et fixa un point au loin, qui se trouvait être la forêt.
- Je suis désolée de ma réaction, je n'ai pas réfléchi. Désolée d'avoir choisi Conrad hier aussi, je souhaitais te reparler de vive voix avant. Et désolée pour les messages.
Elle remonta sa veste sur ses épaules. Le mois de novembre avait été particulièrement dur, de par ses températures glaciales et le vent, qui soufflait sans discontinuer. Même si la pluie s'est calmée après les premières averses, elle n'en restait pas moins sur ses gardes, elle pouvait éclater à tout moment. Eden avait un simple gilet, il devait mourir de froid, mais Céleste ne pouvait résolument pas le gronder pour son inconscience. Il leva les yeux et regarda droit devant lui la barrière qui s'étendait sur plusieurs mètres.
- Est-ce que tu aimes Conrad ? articula-t-il, distinctement.
Ils ne s'étaient pas adressé la parole depuis plusieurs semaines et la première question concernait son partenaire. Elle la savait inévitable, puisque Esther émettait elle-même des doutes quant à leur simple relation en tant que partenaire. La réponse était claire, dans sa tête du moins, Conrad demeurait simplement un ami sur lequel compter, mais jamais ils n'iraient plus loin. Ils faisaient déjà des étincelles sur la glace, ce n'était pas en plus pour le supporter quand ce n'est pas obligatoire. Conrad était un merveilleux ami, qui pensait autant à elle qu'à lui, qui ne tombait pas dans le confort de la relation calculée et qui lui offrait toujours des épisodes de joie intense. Si elle avait hésité sur les sentiments de son partenaire, c'était pour des moments qu'elle considérait ambiguës, comme la question de choix entre Livia et elle. Mais de son côté, tout était clair.
- Non, vraiment pas.
Le silence s'installa à nouveau entre les deux adolescents, mais Céleste n'eut pas le courage de le briser cette fois-ci.
- Je me suis éloigné parce que je le pensais, pas pour ta réaction, bien qu'elle ai été disproportionnée, mais parce que j'étais sincèrement persuadé qu'il t'aimait.
Sa voix était claire et assurée, mais son esprit s'embrouillait tout autant qu'elle, elle le voyait à ses sourcils qui se fronçaient, le garçon était perdu. Elle ressentit toute la tension accumulée, doucement s'évaporer, mais elle n'esquissa pas un geste, près de lui, elle se sentait bien. Le temps de cette discussion, elle oublia cette affaire, même si les yeux d'Eden lui rappelaient terriblement ceux de son père, la veille, qui implorait de l'aide pour s'en sortir.
- J'ai été idiot de ne pas te faire confiance.
- Et moi, idiote de réagir de cette manière.
Il tourna pour la première fois les yeux dans sa direction, et ils gloussèrent de leur idée commune. Puis, ne tenant plus, Eden l'embrassa. Les minutes défilèrent dans un soupçon de bonheur retrouvée, Céleste avait posé sa tête sur la poitrine de son copain et ce dernier l'entourait de ses bras. Parfois, la vie ne tenait pas à grand-chose, elle lui faisait subir les pires horreurs, mais elle était capable de moment unique, qui donnait à la jeune fille une raison de se battre. Elle n'était pas certaine en s'engageant dans la relation, de comprendre ce qu'aimer voulait sincèrement dire, et si aujourd'hui, elle ne connaissait pas la définition exacte, chaque minute passée avec lui la reprochait et la rendait meilleure, enfin, elle en avait l'impression.
- Tu te souviens des rumeurs en début d'année, sur le fait que je sois gay et que selon les gars, tu sois simplement une preuve ?
Le coeur de la patineuse s'emballa, il ne semblait plus aussi assuré, pourtant elle avait l'impression qu'elle touchait du doigt l'un de ses derniers secrets. Elle hocha la tête et le garçon se leva pour faire les cents pas devant elle. Ce ragot l'avait déstabilisé.
- Je suis bisexuel. Et avant toi, je suis sorti avec deux garçons.
Céleste ne s'attendait pas à cette révélation, et elle en demeura la bouche ouverte de longues secondes. Puis, elle chercha son regard, sourit et couvrit sa bouche d'une de ses mains. Cela ne lui faisait rien, mais le fait qu'il lui fasse suffisamment confiance pour lui avouer, par contre, la remplissait d'une joie indescriptible. Elle se jeta dans ses bras, et laissa échapper quelques gloussements d'enthousiasme. Eden sembla se détendre, et elle lui attrapa la main pour rentrer dans la maison, la température que lui apportait son copain ne suffisait plus. De plus, Conrad venait à son tour de rentrer, ce qui signifiait que tout le monde était arrivé. Il lui adressa un grand sourire, ainsi qu'à Eden, qui fronça les sourcils.
- Attends-toi à ce que vous deveniez potes, il me harcelait pour que j'aille te voir.
- Est-ce qu'on parle bien du même Conrad ?
Elle hocha la tête, et lâcha sa main. Ce qui s'était passé dehors resterait dehors, il ne changeait pas ses requêtes de discrétion pour autant, même si le sourire désabusé de ses amis ne trompait pas. Ils avaient assisté à toute la scène, mais elle ne pouvait leur en vouloir, ils étaient de nature curieuse, comment résister à de nouveaux ragots ? La jeune fille leur présenta la pièce spécialement décorée pour l'occasion et ils s'assirent dans les canapés, discutant de tout et de rien. Ses parents avaient organisé toute sorte d'activité, pour ne pas les laisser s'ennuyer. Elle n'avait jamais compris pourquoi ils s'investissaient autant dans la préparation des fêtes, mais elle n'en tenait pas rigueur, et profitait juste du moment présent. Leur petit groupe de six s'était agrandi avec les arrivées successives de Margot et d'Eden, mais leurs amis s'amusèrent tout de même, et purent découvrir de nouveau sport.
Les activités se déclinaient en plusieurs familles ; sportives, intellectuelles, et celles pour s'amuser. Le but était de tout tester, pour élire, à la fin, le meilleur parmi tous. Elle passa d'une table à une autre, jouant au chamboule-tout, faisant des courses, et participant à une épreuve de rapidité. On entendait les rires des jeunes au travers des cloisons de la maison, pour le plus grand bonheur des voisins, qui s'inquiétaient de la vie de cette maison. L'effort que ses parents avaient fourni lui fit taire ses mauvaises manières, et elle se promit de les remercier après le départ de tout le monde. Comme dernière activité, sa mère lui proposa une partie de football dans le jardin.
Les équipes furent longues à constituer, puisque Olivia et Paul souhaitaient être dans la même, que Céleste voulait affronter Eden et Conrad, et que Florence avait comme idée de faire les filles d'un côté, et les garçons de l'autre. Mais il en manquait un, et le déséquilibre n'était pas en leur faveur. Heureusement, Esther se désigna pour faire partie de l'équipe masculine, assurant aux garçons qu'elle jouait régulièrement avec ses frères. Les buts étaient délimités par leur sac, Olivia et Paul furent respectivement choisi pour les défendre. Sa mère arbitrait. Les garçons marquèrent le premier but, et les filles répliquèrent aussitôt. Florence et Margot formaient un duo hors pair, qui se renvoyait la balle sans que l'équipe adverse n'ai le temps de poser les yeux dessus. Céleste passait un bon moment, bien qu'elle ne pensait pas aimer pratiquer ce sport, mais elle n'était pas forcément très utile, les filles couraient devant, seules. L'équipe masculine, bien que contenant Esther, n'était pourtant à plaindre. La fin de la partie se déroula comme au début, une équipe encaissait un but, et l'autre répliquait de suite. Au final, les filles s'imposèrent par un but d'avance.
- Alors, vous le vivez bien ? demanda-t-elle, en s'appuyant sur Eden, avec un grand sourire victorieux.
- Tu peux toujours parler, tu n'as été d'aucune utilité, rétorqua ce dernier.
- Mais si, elle te déconcentrait, souligna Florence.
Les deux tourtereaux se colorèrent en rouge pivoine suite au sous-entendu, mais cela n'empêcha pas Conrad de faire une remarque de plus.
- Vous aviez un avantage, je suis sûr qu'il l'a laissé gagner.
- Eh ! Je garde ma dignité, c'est un horrible outrage que de dire ça !
Conrad lui lança un regard de défi qui sembla amusé Eden. Les garçons finiront par devenir meilleurs amis s'ils continuaient sur cette lancée, non pas que cela la gêne, ils faisaient ce qu'ils désiraient, mais tout de même. Florence lui fit un clin d'œil, qu'elle réfuta d'un signe de tête, cette ambiance lui manquait. Son père l'appela de la cuisine, il avait finit de préparer les gâteaux. Céleste leur intima de la suivre et la troupe qui
riait à gorge déployée se dirigea vers l'intérieur de la maison. Quelques oncles firent un commentaire sur le nombre de garçons présents, tandis que des tantes tentaient de deviner quel était son petit-ami. Ils dévisagèrent premièrement Paul, mais Olivia posa affectueusement sa main sur son torse. Céleste se retint difficilement de rire face à la scène qui n'avait aucun sens. En arrivant dans la cuisine, deux gros gâteaux trônaient sur le comptoir, l'un aux fruits du jardin : pommes, poires et noisettes, quand l'autre se composait de chocolat et de framboises, dans le but de rappeler de manger un peu sainement. Seize bougies ornaient le gâteau au chocolat, et la jeune fille lécha par avance ses lèvres. Ses amis et les membres de sa famille se lancèrent dans un chant approximatif qui lui déchira son tympan, mais qui lui provoqua une hilarité telle que tout le monde se joignit à elle. Ils étaient sportifs, pas chanteurs.
Puis vint son heure préférée, celle d'ouvrir les cadeaux. Non pas qu'elle ai besoin de ces cadeaux, mais elle se passionnait pour la signification que chacun avait, pourquoi ses amis avaient-ils choisi celui-ci et pas celui d'à côté, la vision qu'ils avaient d'elle. C'était ce qu'elle préférait dans ses anniversaires, en plus de l'ambiance. Olivia avait décidé de lui acheter un roman dont elles avaient longuement discuté avant de ne plus être amie, Florence et Esther avaient eu l'idée d'un cadeau commun ; un album photo de son passage au championnat du monde. Les larmes lui brouillaient sa vision. Par Paul, elle reçut un nécessaire pour entretenir ses patins. Conrad tenait deux paquets en main.
- Ne pensais-tu pas que Félix t'avait oublié tout de même ?
Elle eut un sourire coupable ; si. Elle en sortit une peluche en forme d'ours, et tout le monde éclata de rire. Comment avait-elle pu douter de Félix ? De celui de Conrad, deux billets pour aller voir un match de foot, le club de la région évidemment. Elle lui jeta un regard en biais, il ne lâchait définitivement pas l'idée de lui faire découvrir de nouvelles activités. Eden attendait avec son paquet qu'il tenait à deux mains, et quand ce fût son tour, il lui tendit précautionneusement. Elle le déballa délicatement. Parfois elle doutait des gens qui l'entouraient, mais cet après-midi-là, elle n'avait jamais été aussi certaine de l'amour qu'elle leur portait. Un cadre avec une photo d'eux dedans, avec des goodies qu'il avait acheté lors de la compétition, ainsi que le porte-clé à son effigie. Mais il ne s'était pas contenté de ce magnifique cadeau, il avait rajouté dans le paquet, en plus, deux coupons dessinés à la main. Quand on gagnait la compétition qui menait au championnat du monde, les organisateurs offraient un billet. Il l'avait refait, en deux exemplaires puisqu'elle en réussirait pas sans Conrad. Sa réaction fût mitigée, elle était aux anges, mais la discussion dans le bureau revenait.
- Je suis désolée, je l'avais prévu depuis un moment, lui murmura-t-il à l'oreille, en essuyant les larmes qui coulaient.
Elle renifla peu élégamment, avant de frotter ses yeux.
- Merde... Comment je suis sensée vous remercier moi ?
- Câlin collectif, cria Olivia, en se précipitant sur son amie.
***
Bonjour,
Comment allez-vous ? Personnellement je suis super contente de ce chapitre feel good mais plein de révélations (malheureusement, Eden est un personnage que je n'ai pas assez développé et nuancé dans cette version, j'aimerai énormément corriger notamment sa présence auprès de Céleste) et des chapitres qui vont suivre en général ! Ce sont vraiment des chapitres qui me correspondent à fond, d'autant plus qu'il n'en reste que sept !
Bref, merci de me suivre (pour les rares survivants ahah)
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