28 - Prestation éblouissante

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Chapitre 28 : Prestation éblouissante

- Pourquoi t'as pas répondu à la question ?

- Si je suis parti, c'est que je n'ai pas envie d'en parler. On patine dans une heure, les interviews sont dans cinq minutes. J'aimerai autant ne pas avoir à te faire la tête.

Sa réponse ne lui convenait pas. Définitivement pas. Mais les solutions ne s'offraient pas à elle et Céleste dût accepter le mutisme de son ami. Conrad était devenu cet adolescent renfermé, froid et distant, qui n'avait besoin de personne dans sa vie. Ses brusques changements d'humeur étaient le cadet de ses soucis en temps normal, mais pourtant, ce soir, ils pourraient avoir le pouvoir de tout changer. Un faux pas dû à une énième dispute ne serait pas toléré par la direction. Le couple devait se montrer uni ; dans la joie, comme dans les moments plus difficiles. Ils avaient signé cet accord, et même si elle regrettait cette partie en particulier, c'était dans les règles. Et à l'inverse de sa famille et des directeurs peu scrupuleux, elle ne transgressait pas ce qui était lu, écrit et signé. Elle n'approuvait pas, mais s'en accommodait. Conrad marchait, sans se préoccuper de Céleste, qui clamait son nom sans discontinuer. Certains employés se délectaient de la scène, au grand damne des adolescents, qui tentaient de protéger leur vie privée, du moins ce qu'il en restait, du mieux qu'ils le pouvaient. C'était peut-être cette envie qui motiva son partenaire à s'arrêter et à se retourner. Elle se rapprocha.

- Maintenant, tu mets la question de côté. Tu agis comme quelqu'un qui patine avec sa partenaire dans une heure ! Et on reprend la discussion plus tard.

Conrad leva les yeux au ciel mais, devant l'air décidé dont usait Céleste, acquiesça directement. Ce n'était pas le moment adéquate pour l'agacer. Instantanément, son visage s'éclaircit, il venait de retrouver le soleil, c'était un bon comédien. Des cours de théâtre étaient enseignés dès leurs premières années au centre, pour les forcer à les utiliser plus tard et rapporter le maximum de point en artistique, et même si Céleste n'y avait jamais pris goût, elle dût bien reconnaître que ces stages immersifs aidaient. Ils en étaient une bonne preuve, jouer un couple fou amoureux à la fin du programme, quand les premières séances ne garantissaient pas la survie de l'autre, il fallait mettre en place des stratégies chorégraphiques. Félix écarquilla les yeux devant les costumes de ses élèves qui resplendissaient, examinant les coutures pour vérifier de la qualité et finit par en conclure qu'ils descendaient réellement du ciel. Une aura puissante et très pure émanait d'eux. Il les conduisit à l'endroit aménagé pour les interviews, entre les bureaux administratifs et le centre médical, et son premier réflexe fût de chercher ce fameux journaliste. Dès qu'elle croisa son regard, elle ne pût empêcher un sourire. Il lui avait paru prétentieux, et semblait avoir trois coups d'avance, mais en réalité, elle s'était complètement trompée. Ils ne jouaient pas à la même partie, Elijah O'brian livrait une bataille contre les médias diffamateurs.

- Regarde, celui qui a écrit cet article.

Conrad détourna le regard de la fenêtre qui surplombait le bosquet et s'intéressa à la personne qu'elle montrait grossièrement du doigt. Il lui fit d'ailleurs une remarque à propos de la limite de sa politesse, ce à quoi elle lui renvoyer un regard ennuyé.

- Mes parents m'ont appris à tenir sur des patins, pas à être polie dans la vie courante.

Il soupira et se dirigea vers lui. Céleste le retint.

- Mais tu es fou, qu'est-ce que vont dire les autres ?

- Que le moyen de nous approcher est d'être cool avec nous ?

Conrad avait retrouvé sa ruse caractéristique et elle le suivit, au travers de la foule qui s'extasiait du nombre de patineurs spécialement venus pour l'occasion. Pénélope était évidemment présente aux premières loges, et Lisbeth Søndergaard leur avait promis de faire le déplacement pour admirer leur somptueuse chorégraphie. Son partenaire avait perdu sa prestance en constatant que des grands noms figuraient parmi les invités, des noms qui faisaient rêver, majoritairement des anciens élèves de Félix. Céleste n'avait pas la même appréhension, certaines de ses compétitions avaient elles aussi accueilli des patineurs dont le palmarès n'était plus à citer, et même si l'on ne se défaisait pas de l'image que l'on se faisait d'eux, elle gérait plutôt bien son angoisse. Savoir que la prestation n'était pas jugée enlevait tout de même un stress non négligeable. Elijah O'brian leur apparut enfin, dégustant un verre de champagne. Son accent américain l'amusait, sa prononciation était parfois catastrophique.

- Merci beaucoup pour votre article.

- Pas besoin de me remercier, je rétablis simplement les faits.

Malgré cela, elle lui en était infiniment reconnaissante. La séance d'interviews leur parut interminable, les questions s'enchaînaient et le temps de réaction était faible, ils tenaient à des réponses spontanées. Le directeur en personne arrêta la séance, tous les patineurs devaient être près de la scène dans moins de cinq minutes, et les couloirs ne pouvaient être utilisés. Ils étaient noirs de monde. Céleste ouvrit grand les yeux, elle n'avait pas idée que la patinoire soit en capacité de contenir tout ce public. Le groupe d'athlètes suivit le directeur, qui usait de son autorité pour avancer plus vite. Après un long moment, ils arrivèrent au point de rendez-vous pour les derniers conseils et avis avec leur entraîneur. Pendant qu'ils laçaient leur patin, Félix et Lisbeth leur intimèrent de s'amuser, de ne pas oublier les détails revus lors des entraînements et de donner le maximum de leur capacité. Ce devait être leur soirée.

Florence ouvrait la gala avec la première partie de son programme libre, et Esther la rejoignait quelques instants plus tard pour mêler les deux et en faire un mélange qui valait le détour. Lorsqu'elle entendit la fin de la mélodie, elle inspira profondément et laissa passer les deux filles avant de glisser à son tour jusqu'au centre. Les réactions étaient divisées, beaucoup d'applaudissements et d'encouragements, mais quelques protestations secouèrent la patinoire. C'était probablement la dernière fois qu'elle se produisait en individuel et il n'était pas question qu'elle se rate. Tout comme lors de sa première compétition à l'échelle européenne, elle devait réussir, plus que tout. Les premières notes, les premiers mouvements. Elle n'avait jamais perdu aucune seconde de son programme, elle se souvenait de tout, chaque pirouette, chaque saut. Même si sa prestation n'était pas destinée à être jouer dans de tels conditions et n'était pas gaie comme l'annonçait ce spectacle, elle sourit tout du long. Son programme s'emparait de son âme, elle ne le patinait pas, mais exécutait, sous les ordres de ses sentiments. Il n'y avait aucun mot pour décrire cette émotion qui la submergeait. La réception d'un de ses sauts n'était pas correcte, mais elle l'avait déjà oublié. Son coeur ne battait pas comme d'habitude, il était habité par ce drôle de sentiment. C'était son au revoir. Elle avait voulu réussir ce soir, pour la dernière. Elle exécuta une révérence maladroite et retourna dans les vestiaires.

Ils passaient les derniers avec Conrad, afin qu'elle puisse récupérer. Cette fois, tout le monde avait le même avis et lui rendit son implication pour toutes ses compétitions. Les décibels dépassaient de loin ceux adressés à ses anciennes coéquipières et malgré cela, elles se précipitèrent pour lui faire une accolade. Elle restait celle qui motivait le groupe par sa force de caractère exceptionnelle. Peu importe la rivalité, les patineuses comme elle ne naissaient qu'une fois toutes les trois décennies, et on lui avait arraché sa gloire. Des larmes menaçaient de couler, mais Conrad le défendit.

- Si tu pleures, ça casse ton image ! Et puis, ton maquillage est vraiment joli, ce serait dommage de le gâcher.

- T'as toujours les bons mots toi, rétorqua-t-elle, avec un petit sourire.

- Mais c'est énervant d'être ton partenaire, on peut pas t'en vouloir longtemps ! T'as mieux patiné lors d'un gala que quatre-vingt-dix pourcents des filles lors de vraies compétitions.

Même si le compliment était amené à la façon Conrad, elle le remercia. Céleste avait toujours douté, même lors du championnat junior. Personne ne l'avait jamais battu de la saison, et le doute persistait en elle, alors qu'elle était assurée de gagner. Elle avait de la marge, plus de deux chutes, et malgré cela, elle continuait à stresser. Pourtant, à la seconde où son nom a été annoncé et qu'elle mettait un pied sur la glace, tout doute se dissipait, la patineuse était certaine de triompher.

- Je t'ai dit, traîner avec moi t'apportera du talent, mais ça demande du temps.

Conrad émit un petit rire et se ressaisit, elle ne devait quand même pas croire qu'elle le faisait rire. La musique résonnait de l'endroit où ils étaient, et retranchés dans leur coin, certains les pointaient du doigt. Ils auraient toujours une remarque à dire, alors elle ne fit pas attention à eux. Même si les messes-basses avaient tendance à mettre sa patience à rude épreuve, elle ne devait pas s'énerver. Il ne restait plus qu'un couple et ce serait à leur tour. Conrad se leva, et la secoua doucement par les épaules.

- T'occupes pas d'eux, ils ont toujours été jaloux.

- De ta réussite ?

- Non, des filles que j'arrivais à avoir.

Les joues de Céleste chauffèrent et elle lui murmura une insulte. Il la déconcentrait avec ses phrases équivoques. Le dernier couple quitta la glace sous des cris, lancers de fleurs et des applaudissements, et le calme régna. La salle se calma, les quelques enfants impatients rompaient ce silence, mais vite ramenés à l'ordre par leur parents, et les adultes fixaient la sortie pour apercevoir le couple star de l'affiche qui avait fait exploser les records de vente. Elle ajusta son costume qui remontait au niveau de ses cuisses, tint la main droite de Conrad et le regarda une dernière fois avant de monter sur la glace. La lumière l'aveuglait, comme lors de son premier passage mais l'équipe avait tout de même pris soin de baisser l'intensité. Elle ne distinguait pas le public, il n'était pas éclairé. D'une première représentation résultait toujours un sentiment qui ne s'expliquait pas, qui était unique. Elle poussait généralement à s'entraîner afin de vivre à nouveau cette expérience enrichissante, mais c'était surtout une libération. Le patinage artistique était une discipline stricte et rigoureuse, avant de connaître le goût de montrer ce dont on est capable, il faut passer des centaines d'heures à réviser tous les mouvements. Le travail est le même avant chaque compétition, mais la première laissait toujours une saveur particulière, c'est notre premier souvenir, et c'est enfin le moment où l'on est en mesure de comprendre nos sacrifices.

Les premières notes d'Hans Zimmer résonnent dans la patinoire et leur apparition, les bras levés en signe de salutation suscitèrent tant d'engouement que les ingénieurs du son durent augmenté le volume. Le public les acclamait, non seulement en criant des petites phrases parfois perceptibles, mais en applaudissant en rythme les uns avec les autres. Son esprit se ferma à toute distraction extérieure à sa chorégraphie répétée des centaines de fois, à ses vacances écourtées pour rattraper le niveau des autres, à ses entraînements matinaux qui se comptaient en plusieurs centaine d'heures, et elle se plaça au centre, agenouillée contre la glace. Ses collants en chair amoindrissaient le choc thermique.

Comme son rôle l'indiquait, elle fuyait son partenaire, ses mains qui tentaient de la ramener sur le bon chemin, mais la distance diminuait dangereusement et parfois, sa course effrénée ne suffisait plus. Il la rattrapait, plaçait ses mains contre sa peau nue de ses côtes, et elle exécutait un double twist, habilement réceptionné. Puis, Céleste, oppressée de la présence de cet ange, disparaissait, mais comme guidés par la même lumière, ils effectuaient des twizzles, mouvement sur un pied en synchronisation, et elle repartait. Il comblait à nouveau son retard, et la lançait pour un double Flip, qui leur ferait gagner des points en compétition pour son atterrissage sans faute. Céleste peinait à reprendre de l'avance, et plus le temps passait dans la prestation, plus toutes les figures s'enchaînaient. Le rythme s'accélérait sans discontinuer, la pression collait à ce pauvre ange qui avait pour mission de rendre gentil ce démon. Les séquences de pas se rapprochaient, leur corps aussi, ils n'étaient plus qu'à vingt centimètres. Leurs sauts séparés eurent l'impact au même moment dans la glace, et ils se relevèrent à la seconde près de leur pirouette. Les derniers mouvements de chorégraphie, et Céleste tomba dans le piège tendu par l'ange, elle s'effondra dans les bras de son partenaire, signant la défaite du côté des méchants et le triomphe pour les bienveillants. Jamais leur prestation n'avait été aussi propre que cette première fois.

La jeune fille tomba dans les bras de Conrad, mais pas pour le rôle cette fois-ci, et ne put retenir quelques larmes translucides. Il l'embrassa sur le front à la manière d'une petite sœur, et les deux partenaires saluèrent leur public. Ce dernier leur réservait une ovation, et les rares drapeaux qui flottaient dans la salle étaient tous surmontés de leur deux portrait. Un sourire ornait leur visage mais sa main couvrait sa bouche, surprise d'une telle réussite. Leur performance était non seulement technique, mais demeurait une preuve incontestée que le patinage artistique de couple pouvait représenter toutes sortes d'amour. Leur alchimie qui leur faisait défaut dans la vie quotidienne, certes ils apprenaient doucement à se comprendre et à s'apprécier plus régulièrement qu'à leur début, avait été la clé de ce triomphe. Ils avaient mis de côté leur personnalité qui ne s'entendaient pas toujours, leurs différents sur le banc de touche afin de surmonter les épreuves, main dans la main. Et c'était aussi la cause d'un tel étonnement de sa part. Céleste ne connaissait pas ce sentiment de pouvoir compter l'un sur l'autre, et même si la culpabilité de faire rater l'autre était plus importante, le fait de ne plus être seule à le supporter la soulageait d'un poids.

Le groupe vint les rejoindre sur scène, tous plus surexcités les uns que les autres, et remercièrent du fond du cœur le public, qui leur permettait de vivre cela. Pénélope, surgit soudainement sur la piste, tenant un micro, et les spectateurs crièrent toute la vénération et l'exaltation qu'ils éprouvaient pour l'ex-Olympienne, rentrée dès son retour en France, dans le cœur des admirateurs et dans l'Histoire. Elle leur fit signe de se calmer, pour débuter son discours.

- Notre groupe d'élite a su dignement nous représenter, et saluons tout de même la performance admirable de nos jeunes patineurs de couple, qui ont débuté il y a six mois ! Le match de hockey va commencer dans quelques instants, mais une slave d'applaudissements pour tous nos patineurs qui nous mèneront au sommet !

Le compliment de la part de Pénélope l'étonna grandement, mais elle ne montra pas de signes qui pouvaient le laisser imaginer. Les journalistes s'emparaient du moindre détails, elle l'avait entièrement saisi depuis le temps. Ils quittèrent la piste, et lors de leur sortie, elle croisa le regard d'Eden, qui alignait ses joueurs. Il n'avait pas cessé de lui envoyer des messages, et devant sa ténacité, elle savait qu'elle craquerait. Mais s'ils ne s'étaient jamais reparlé de vive-voix, le regard de fierté qu'il lui adressa, cela n'avait duré qu'une micro-seconde, mais cela avait eut le mérite d'exister, lui donna du baume au cœur. Ils s'installèrent aux premières loges, et avaient une vue sur toute la piste, et le banc des remplaçants de l'équipe du club. Malgré le fait qu'elle vienne à tous les matchs, il lui manquait quelques règles, mais cela ne l'empêchait pas de fêter chaque but avec les supporters. C'était dans ses moments où elle ne regrettait pas de ne plus être en individuel, l'euphorie s'était emparée de son corps et de son esprit, la jeune fille ne pensait plus, et devenait une adolescente qui n'avait jamais eu besoin de faire des sacrifices, une adolescente qu'elle caractérisait de « normale ».

Après des matchs difficiles, une défaite et trois nuls, l'équipe de hockey du club avait renoué avec la victoire, cinq à trois. Exceptionnellement, ses parents – fortement incités par son frère aîné Apollon, l'avaient autorisé à rester avec le club pour célébrer leur victoire et le spectacle qui avait amené presque mille personnes. Ils avaient missionné ceux de Conrad de les ramener à la maison, et à une heure décente si possible. Tout le monde était rassemblé, à de rares exceptions près comme Esther qui avait un évènement prévu le lendemain et quelques joueurs de l'équipe, dehors, devant la patinoire. Seuls, sans adultes pour les surveiller, Céleste goûta au plaisir des soirées de septembre, même si le vent soufflait et que l'air était frais, elle ne sentait plus le froid. La patineuse était simplement anesthésiée de sensations négatives, et traînaient avec Florence, Conrad, et des garçons de l'équipe qui mesuraient tous plus de vingt centimètres qu'elle. Sa taille restait pourtant une sorte de record, peu de patineuse parvenaient à gagner alors qu'elles faisaient un mètre soixante-dix, où dans le milieu individuel tout au moins.

Eden parlait avec Marius, dans un coin, quand ce dernier dût partir, Céleste l'avait déjà entendu se plaindre de son couvre-feu précoce. Le capitaine se retrouvait sans compagnie, et elle dût se faire violence pour ne pas le rejoindre, mais quand il croisa son regard, elle n'y arriva pas.

La jeune fille se dirigea vers lui, avec la ferme intention de mettre les choses au clair, afin d'éviter qu'elle reçoive une dizaine de messages par jour, ce qui alertait parfois ses parents. Elle oubliait systématiquement de le mettre en mode silencieux. Eden, en l'apercevant venir vers lui, s'était négligemment accoudé sur l'une des poutres et avait un stupide sourire collé à son visage.

- Enlève ce sourire, je viens juste pour que tu arrêtes de me harceler.

- Bien sûr, mais dis-moi pourquoi depuis que tu es passée, tu meurs d'envie de venir me parler ?

Céleste avait longtemps redouté qu'il ne s'en aille, dû fait de la démission de son père qui l'obligerait à le suivre, mais il n'abordait pas le sujet, et le jour où elle ne vit plus l'ancien directeur dans les couloirs, elle comprit. Elle se souvint qu'elle avait couru le retrouver, et qu'il avait ce même sourire. Leur amitié s'en était trouvée renforcée, et dès que les deux adolescents avaient du temps à perdre, ils le passaient ensemble. Sa prise de position, contre elle qui plus est, les avait éloigné, au grand damne des deux. Il ne pensait pas ce qu'il disait, simplement, il avait été galvanisé par son équipe, c'était ce qu'il répétait sans cesse dans ses messages. Céleste l'imita, et s'appuya contre le mur, collant sa tête et observant les étoiles.

- Pourquoi tu ne m'as pas défendu ?

- Je te l'ai dit, en groupe, c'est plus facile d'être avec la majorité, et je suis vraiment et sincèrement désolé, je m'en suis immédiatement voulu, s'excusa son ami.

Elle sourit. A force de traîner ensemble, elle avait appris que le capitaine s'excusait facilement, mais le pensait rarement, or, à ce moment, il le pensait réellement.

- Tu peux répéter ce que tu m'as envoyé dix fois ?

- Tu recevais mes messages en plus ?

- Oui, heureusement que tu te sois pas trompée sur mon numéro et que tu l'ai envoyé à une grand-mère. Imagine le choc. Tu voulais que je fasse quoi ?

- Premièrement, respecte les grands-mères c'est cool, deuxièmement, je pensais que tu m'avais bloqué.

Céleste se maudit de sa stupidité, elle n'y avait pas pensé.

- Pourquoi j'aurai fait ça ?

- Parce que j'ai été un idiot.

Son sourire s'élargit. Il l'avait enfin dit à haute voix, et étrangement, cela l'aidait à le pardonner. S'il était fier au début de la conversation, il ne l'était plus du tout et cela y contribuait aussi. Si le garçon continuait ainsi, elle n'aurait plus aucune raison d'avoir une dent contre lui. C'était ce qu'il cherchait, mais dans son cœur, elle sentait qu'elle aussi. Il lui manquait cette personne à qui se confier. Sa récente amitié avec Conrad ne se caractérisait pas par les mêmes besoins, et elle se morfondait le soir d'être aussi rancunière. Conrad était une main tendue vers l'avenir, Eden une épaule sur laquelle se reposer, peu importe les circonstances. Cette ambiance particulière qui s'installait entre-eux ne les dérangeaient pas, enfin d'une certaine manière si, mais Céleste avait envie de briser ces règles qu'elle s'imposait elle-même. Transgresser une règle qui n'est pas une règle à proprement parlé puisque Eden n'était pas au courant, n'est pas considéré comme de la triche ? Qu'importe, jusque-là, son regard qui était tourné vers le ciel, se dirigea lentement vers celui d'Eden, qui acquiesçait, sans mouvement, sans bruit. Son cœur battait aussi fort qu'après son programme, elle n'entendait que lui, et avait cessé d'entendre les cris provenant de ses amis. Puis, elle se pencha vers Eden, et ses lèvres rencontrèrent les siennes.

Et son cœur soigneusement endurci par la douleur, la froideur, venait de céder.

***

 Bonjour ! Premièrement merci beaucoup pour l'engouement de ces deux derniers jours, on a dépassé la barre des 550 et on se rapproche de plus en plus de 600 :)

Ensuite, je pars en vacances (à Londres et je réalise toujours pas ahah) la semaine prochaine donc je ne suis pas sûre de pouvoir vous fournir le chapitre de lundi, donc au pire, je recommencerai à publier normalement dès le lundi de la rentrée, le 7 !

Sinon pour le chapitre, mes scènes préférées sont les scènes où ils se produisent donc je l'aime beaucoup (d'autant plus que je me suis beaucoup aidé de la structure de leur passage pour les autres après) et la petite dose de sentiment à la fin pour boucler le chapitre me plait bien. Alors, vous étiez team Eden ou team Conrad ?

Bonne journée !


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