18 - Une bombe qui explose
Attention, le chapitre d'aujourd'hui est plus dur moralement que d'habitude.
Chapitre 18 : Une bombe qui explose
Céleste levait les yeux au ciel pour la troisième fois en cinq minutes. Sa mère avait eu la bonne idée de réunir la famille entière pour discuter de son cas, et accessoirement, se donner des nouvelles car certains enfants devenaient eux-mêmes des adultes sans que Céleste ne les ai vu depuis plusieurs années. On la considérait toujours comme le bébé de la famille, et même si cela l'agaçait, elle avait plus voyagé que n'importe qui, elle dût reconnaître que certains de ses frères et sœurs avaient de quoi la traiter en une gamine. Apollon dépassait les vingt-sept ans, et même si elle s'était toujours entendue avec son aîné, la distance avait tout de même laissé un vide qui ne se réparait pas du jour au lendemain. De plus, avec ses horaires décalés, il avait choisi de travailler dans un métier médical qui l'obligeait à être debout toute la nuit, Céleste ne possédait pas toujours le temps pour l'appeler. Alors quand elle avait revu ses boucles blondes dont il prenait grand soin, sa paire de lunettes pour le style comme il l'appelait, elle avait sauté de joie. Enfin, intérieurement puisque Conrad traînait dans le passage. Son autre sœur, Cassiopée, avait vingt-trois ans et était la deuxième en partant d'Apollon.
Cassiopée avait tout pris de son père, de ses cheveux blonds qu'elle s'était décidée à couper alors que personne ne le désirait, à ses yeux verts qui hypnotisaient toujours les garçons. Céleste se souvenait des nombreuses conquêtes qu'elle avait pu obtenir grâce à ses yeux teintés d'une mélancolie naturelle. Mystérieuse, froide, distante, elle ne s'était jamais sentie à l'aise dans sa propre famille et renonçait toujours aux fêtes qu'organisaient parfois sa mère pour réunir toute la fratrie. La tâche se révélait bien souvent fastidieuse. Involontairement, la benjamine avait légèrement calqué certains comportements de sa grande sœur, qu'elle avait jadis prise comme modèle. Jamais personne ne venait l'embêter sur sa journée, lui raconter les derniers ragots du travail où lui demander ce qu'il s'était passé la semaine dernière. Cassiopée avait trouvé la formule gagnante pour la tranquillité, un ticket gagnant qu'elle gardait précieusement en cas d'agacement.
Ariane et Léandre vivaient encore sous le toit de leurs parents, mêmes si les jumeaux se passeraient bien de cette présence usante. Ariane était de la même trempe que leur aîné, désespéramment optimiste, peu importe les conséquences, et toujours partante à l'idée de s'amuser. Léandre ressemblait toujours à un jeune adolescent, malgré ses dix-huit ans dans quelques jours. Un visage juvénile et une personnalité qui détonnait de cette famille. Élevé dans la compétition permanente, il faisait du sport sans enjeux, au grand désarroi de ses parents qui espéraient voir leur fils cadet devenir un danseur étoile. La danse lui permettait d'obtenir ce qu'il n'avait jamais pu réussir à avoir dans sa propre maison, un calme régnant qui le focalisait sur ce qu'il désirait être.
L'épisode de la conférence de presse semblait être oublié, plongé dans des grimoires qu'il ne faut surtout pas ouvrir, sous peine d'entre-apercevoir les fantômes du passé. Néanmoins, le besoin viscéral de comprendre ce qu'il s'était passé il y a huit ans, la tourmentait au point de refuser d'écouter son père, qui consistait en une grave erreur de sa part et qui lui coûterait probablement du temps d'écran en moins, comme si elle l'avait vraiment. Ses parents étaient spécialistes en l'art de la priver de notion dont elle ne connaissait que très peu l'existence, comme son portable où elle passait moins de trente minutes par jour dessus. Ils avaient repris la route en direction de la maison familiale, avec deux voitures, et pour le bien de ses oreilles et de sa santé mentale, les deux aînés avaient pris la charge de Céleste, sous prétexte qu'elle devait être épuisée. Un sourire ourla les lèvres roses pâles de cette dernière, dissimulée en vitesse quand son père réapparut pour diviser les jumeaux, qui attendaient sagement dehors. Il fût convenu qu'ils monteraient aussi dans la voiture d'Apollon, pour renouer les liens qui s'effilochaient à cause du temps.
De la musique entraînante secoua le véhicule, et les enfants chantèrent à tue-tête, en massacrant les paroles de la chanson sur laquelle Céleste avait jadis patiné. Ariane la conseilla sur le meilleur vernis à ongle pour un futur rendez-vous avec Eden, au vue de la couleur rougissante qu'ils avaient tous deux arboré, il ne faisait aucun doute, et opta pour du bleu, cela lui allait mieux au teint. Apollon et Léandre s'indignèrent du silence de leur jeune sœur, tandis que Cassiopée semblait ailleurs. Elle l'était toujours mais à des stades plus où moins avancé. Aujourd'hui était un jour sans. La capitale ne lui revenait définitivement pas.
- Comment as-tu osé sortir avec un garçon sans me demander mes précieux conseils ? s'offusqua Apollon, les yeux rivés sur la route mais une main sur son coeur.
Apollon était une Dramaqueen, et ce, depuis que Céleste le fréquentait, c'est-à-dire plus de quinze ans, même si Cassiopée l'informait souvent qu'il avait toujours été comme cela. Naître dans la famille Haase rimait à être dans les extrêmes, totalement fermé et considéré méchant comme Cassiopée et Céleste, où au contraire être perçu comme la gentillesse incarnée et une spontanéité candide comme Ariane et Apollon. Seul Léandre avait résisté à l'engouffrement qui se creusait de plus en plus.
- La dernière fois, tu m'as recommandée de m'habiller en vert et en rouge. J'avais l'air d'un cadeau de Noël vivant, rétorqua Ariane, qui visiblement, ne digérait pas l'humeur quelque peu bancale de son frère.
- Qui n'aime pas les cadeaux ?
- Être un cadeau et ressembler à un cadeau, c'est définitivement pas la même chose, commenta doucement Léandre, ce qui provoqua un rire de la part de ses sœurs.
Apollon pesta qu'il n'y connaissait rien au technique de drague, et se concentra sur la partie de la route où des virages s'annonçaient serrés. L'inconvénient d'habiter dans une région montagneuse demeurait ce désavantage-ci, plusieurs des virages étaient si accidentés que leurs parents leur ordonnaient de passer ailleurs, mais généralement, les enfants n'écoutaient pas et en ressortaient indemne. Trop de préoccupations quand on peut foncer tête baissée. Léandre discutait sur son téléphone, plongé dans une de ces conversations qui le fascinait, Ariane cherchait à découvrir le destinataire des longs romans de son frère jumeau et Céleste interrogea Cassiopée.
- Et toi, t'as quelqu'un ?
L'intéressée piqua un fard, et Céleste en déduisit une réponse positive. Les enfants au complet, si l'on excluait Apollon mais Céleste restait persuadée que c'était un alien, une nouvelle preuve à l'appui, avait la capacité de changer de couleur en une seconde montre en main. Une rougeur s'installait et tout le monde pouvait lire en eux comme dans un livre ouvert. Léandre se mettait à bafouiller d'autant plus, Ariane entortillait ses cheveux châtains, Cassiopée persistait à être stoïque et Céleste était déstabilisée.
Elle recouvrit vainement son visage de ses cheveux coupés courts pour masquer son trouble.
- Enfin j'avais, c'est compliqué.
Son ton n'était pas destiné à des questions, mais Ariane, trop curieuse, profita de la brèche laissée ouverte pour en poser certaine. Son cerveau fourmillait de dizaines de formulations pour dire exactement la même phrase, mais elle n'en tenait pas compte et se précipitait dès qu'elle en avait une. Ariane donnait parfois l'impression d'avoir huit ans et de découvrir le monde. Comme Apollon, ils avaient volontairement une vision idéaliste pour ne pas se décevoir, et revenait rarement à une réalité complète.
- Il fait quoi ? Ça fait combien de temps ? Il est beau ?
- On ne l'avait jamais officialisé, donc peut-être deux mois. Et oui, incroyablement beau.
Céleste nota que sa sœur avait intentionnellement évité la question du métier et son instinct qui ne la trompait jamais eut une mauvaise intuition. Si elle n'y répondait pas comme aux autres, c'était qu'il faisait un boulot qui pouvait gêner pour une raison qu'elle ignorait. Cassiopée la couva d'un regard accablé et maussade et s'excusa de ne pas pouvoir la renseigner. La voiture emplie d'une ambiance légère s'était tout à coup mise à peser bien plus qu'elles ne l'avaient imaginé. Pourquoi toujours garder un secret ? Plus on la confrontait à une issue qui semblait impossible, plus le cerveau de la jeune patineuse regorgeait d'interrogations qui n'étaient jamais prouvées. Tout allait imploser, d'un moment à l'autre, elle éclaterait pour libérer tout ce dont elle a malencontreusement la clé, on la prenait pour un verrou fermé à double tour qu'on pouvait gaver d'informations. Elle se prit la tête entre les mains pour se retenir. Elle voulait hurler sa douleur, son incompréhension devant tant d'énigmes. Des chemins se créaient entres deux nouvelles qui n'avaient pas de liens, tout se mélangeait pour former un unique ensemble. Elle avait beau s'être dopée, l'expression d'Aubray hantait son esprit, -n'était-ce pas la vérité ? - avoir concouru sans aucuns remords, n'avoir jamais avoué la vérité qui la tétanisait, Céleste Haase n'avait que quinze ans. Et le monde l'oubliait bien vite.
On la brisait, la cassait, l'humiliait sans pitié, sans penser aux lendemains. Céleste ne parvenait plus à réfléchir de manière rationnelle, les seules pensées qu'elle canalisait avec difficulté était celle concernant ce qu'avait dit Elijah. Toutes les victimes forcées de se taire car c'était un supérieur hiérarchique, un gentil garçon ou bien un homme qui avait un nom dans le sport, Céleste ne se préoccupait que d'elles. On les tuait à petit feu dans ces centres d'excellence, mais peu importait au monde entier tant que les résultats suivaient. Elle sentit à nouveau les mains de cet homme sur ses hanches, comme le fait Conrad lors des twists, ces mains qui lui broyaient cette fierté qu'elle s'était construite. Ses doigts longeaient son corps sculpté, remontaient au niveau de sa poitrine, caressaient son ventre alors qu'elle se pliait pour l'éviter. Tout revenait. Les yeux de cet homme, qui perçaient les murs pour dénicher les perles rares, qui enveloppaient son corps de petite fille d'un regard amusé et pervers, qui riaient à chacun de ses mouvements sur la glace.
Cet homme avait un nom dans le milieu, alors il était intouchable. Céleste voulait l'humilier publiquement comme il s'était amusé à lui faire détester toutes les parties qu'il avait même juste effleuré du bout de ses ongles. Elle avait beau se laver, frotter jusqu'au sang, recommencer chaque fois que c'était nécessaire, l'image était toujours plus forte, plus intense. Céleste respirait difficilement. La voiture lui semblait loin. Il faisait trop chaud maintenant. Elle suffoquait. Elle étouffait. Sa tête toujours entre ses mains sous peine d'un hurlement affreux qui déchirerait le silence enraciné jusqu'aux poignées des portières, elle sentait le regard d'incompréhension qu'ils posaient sur leur plus jeune sœur. Personne ne bougea. Personne ne l'aida. Elle était livrée à elle-même, comme depuis le début. La solitude la paralysait.
Le moteur s'arrêta enfin, mais son cerveau lui, n'était pas calqué sur le même rythme. Il grouillait de phrases qu'il lui avait susurré, doucement, le souffle encore chaud lui irradiait l'oreille, tandis que le soir ses parents louaient ses mérites. Les sensations se multipliaient, le souffle se transformait en baiser déposé au coin de sa bouche, destiné à la faire taire. Les baisers en caresses. Les caresses en sentiment d'être sale. C'était une boucle infinie qui la tiraillait.
Lentement, Apollon tenta de l'extirper de la voiture, mais elle s'accrochait au siège en cuir, et criait qu'on la lâche où elle révélerait tout. Sa voix se brisait, son calvaire s'intensifiait, son corps suppliait une aide extérieure. Elle avait terriblement mal. Son coeur ne suivait plus la cadence effrénée qu'elle lui avait exigée durant ces longs mois de torture. Ce dernier l'avait abandonné, comme elle avait abandonné tout espoir de trouver une lumière au bout de ce tunnel funeste et ténébreux. Ce souterrain serait son dernier combat, sa dernière bataille. La force que requérait la simple action de penser sans que milles informations destructions n'affluent, était devenue ingérable.
Sans savoir comment elle s'était procurée ce courage de dernière épreuve, elle réussit à se détacher du siège de la voiture et Apollon lui offrit son épaule afin qu'elle accède à sa chambre, synonyme de lieu de repos. Elle secoua la tête, non par fierté, mais par désir de rester là, dans l'allée centrale, sur des cailloux qui marquaient ses jambes. C'était le cadet de ses soucis, mais visiblement, sa mère s'en inquiéta suffisamment pour la forcer à s'assoir dans l'herbe. Elle insista pour que la fratrie parte, et résignée, elle s'exécuta, la tête basse. Céleste s'en voulut, mais intérieurement, la seule pensée à laquelle la patineuse aboutit fût hypocrites. Durant tout le trajet, aucun n'a tenté de se renseigner sur son état, tout le monde a observé, la situation était similaire à un cirque. Elle était une nouvelle fois une bête de foire. Mais ses parents n'appartenaient pas à la catégorie des observateurs, qui agissent une fois que c'est fini, mais à une qui dominait cette dernière. Ils étaient son bourreau. Ceux qui, indirectement, lui avaient infligé le malheur dont elle était victime. Eux qui l'avait présenté à cet homme, eux qui avaient cautionné la prise de ce médicament, eux qui acceptaient les interviews, tant qu'on la montrait. Céleste n'avait jamais ressenti une détresse à ce stade. Mais le statut qu'elle occupait la dépassait. Un animal enfermé dans une cage sans liberté. On lui enlevait ce privilège.
Elle se dégagea de l'emprise de sa mère, qui s'acharnait à ce qu'elle rentre, d'un violent mouvement de bras, qu'elle n'interpréta pas comme un signe d'arrêter de la forcer. Céleste dût se battre, contre un vaillant soldat qui ne renonçait jamais à ses principes, ceux de l'image donné en permanence. Finalement, comme un signe du destin, elle gagna sa bataille, et celle contre son père aussi. Même si cette dernière ne fût pas de tout repos, des cris, des claques, des insultes qu'elle reçut en pleine tête, comme si elle n'implosait pas déjà. Ses parents comprenaient tout, avec beaucoup de retard, ils étaient conditionnés à vitesse de leur téléphone qui ne fonctionnaient pas rapidement. Ils abandonnèrent l'un des leurs pour se réfugier à l'intérieur. Tous ses frères et sœurs observaient la scène, qui était entièrement pathétique d'un point de vue objectif, cloîtrés dans le salon sous les ordres de leurs supérieurs familiaux. La notion de rang demeurait essentiel, même dans des moments de tendresse.
Céleste s'était accommodée de l'herbe qui lui chatouillait ses jambes nues, à genoux, elle donnait l'impression de prier pour qu'un Dieu la guide sur le bon chemin. Mais ses pensées étaient à des milliers de kilomètres de là, elle voulait simplement vivre paisiblement, sans sacrifices superflus. Le silence de la nature fût brisé par de longs sanglots qui lui semblaient infinis. Cela faisait des années qu'aucune larme n'avait emprunté la pente de ses joues et les premières furent hésitantes. Puis s'abandonnant complètement, elle lâcha prise et s'effondra, profondément meurtrie par tout ce qui se succédait sans discontinuer dans sa vie depuis deux mois. Deux mois de descente aux Enfers sans escalier de secours, de falaises qui s'effritent à chaque fois qu'elle tentait vainement de se raccrocher à quelque chose, des portes qui se ferment les unes après les autres parce que les personnes la jugent mauvaises. Céleste ne voulait pas vivre dans la peur permanente, les angoisses sans arrêt.
Les cailloux crissèrent sous les pneus d'une voiture. Puis une deuxième. Ses parents avaient invité la famille de Conrad et celle du directeur, rien que ça, pour célébrer la nouvelle saison qui se voulait mémorable. Ils ne loupaient jamais une occasion de se montrer et ce malgré les reproches de Céleste. La patineuse leva la tête pour constater la venue de son partenaire, qui s'était changé pour vêtir une tenue plus simple que sa chemise, et celle d'Eden, qui surgit en atterrissant bruyamment sur les cailloux. Eden plongea ses yeux dans les siens, ancra son regard qui avait brutalement évolué, et fit quelques pas pour s'approcher d'elle. Puis les deux garçons remarquèrent la présence de l'autre, et se jaugèrent pour savoir lequel du partenaire où de l'adolescent qu'elle a fui irait en premier. Ils se concertèrent de mouvement de la tête et de geste des mains, et Eden céda sa place. Elle répétait inlassablement que Conrad l'agaçait et le criait sur tous les toits, pourtant, à chaque fois qu'un évènement était organisé, elle le cherchait dans la foule, étant son seul repère pour les années à venir. La jeune fille en avait tout à fait conscience, et ne pouvait pourtant s'empêcher de le faire, c'était devenu comme un geste automatique. Céleste essuya désespéramment les larmes qu'elle ne refoulait plus, mais ses yeux la brûlaient à force de pleurer et par manque d'habitude alors elle laissa tomber la tâche qui se révélait complexe.
Conrad le remercia d'un hochement de tête et se dirigea vers la plus jeune du trio, qui frottait ses yeux bouffis et humides. Arrivé à sa hauteur, ses gestes étaient hésitants et maladroits, même dans son esprit, il se pencha néanmoins sur sa partenaire et l'enlaça de ses bras musclés d'année de pratique. Les siennes n'étaient pas frêles comme ses anciennes coéquipières, elles étaient formées par les nombreux sauts qui requéraient des bras en acier. Ses sanglots avaient cessé, mais sa respiration difficile continuait de lui exiger une concentration pour reprendre un rythme régulier. Elle alternait entre les passes rapides et lentes, sans parvenir à trouver le juste milieu. Conrad lui intima de suivre ses inspirations et expirations, et elle calqua alors son rythme respiratoire au sien. Après plusieurs minutes, elle se détacha de son étreinte en reculant.
Elle avait retrouvé son visage fermé, ses yeux éteints, son sourire arrogant, mais il y avait un quelque chose en plus qu'il ne sût pas interpréter. Elle lisait de la détermination dans son regard, mais son but semblait avoir changé, c'était plus profond que gagner à tout prix. Le gain avait évolué. Honteuse, elle baissa les yeux sur la pelouse dont les hautes herbes se coinçaient dans ses bijoux. Conrad la releva doucement à l'aide de sa main droite, l'obligeant à fixer ses iris dans les siennes. Elle n'avait aucune autre solution, elle était piégée dans ces yeux durs.
- Je pense ce que j'ai dit tout à l'heure. Tu es fascinante.
Conrad n'était pas certain mais il voulait dire une autre phrase, elle l'avait sentie, ses lèvres ne semblaient pas en accord avec son cerveau.
- Et ta déclaration n'a pas servi à rien. Tu n'es plus à un scandale prêt, si ?
C'était donc ça, ce sourire malicieux. Ses yeux pétillaient d'envie de l'aider, elle mais aussi toutes les autres victimes. Cette fermeté qu'il avait eu lorsqu'il lui avait redressé la tête, ce n'était pas tant pour ce compliment bien qu'elle l'acceptait volontiers, mais surtout pour lui signifier qu'il prenait part à son combat. Elle n'affronterait pas seule cette bataille acharnée.
Elle le remercia silencieusement, n'étant pas encore apte à prononcer une quelconque parole, même si elle savait qu'il l'attendait impatiemment. Eden les rejoignit, et son partenaire prétexta une excuse minable qu'elle lui ferait sans doute, gentiment, payer. Son implication l'empêchait d'être véritablement méchante. Enfin, son départ permit à Eden de s'excuser de la sortie l'autre fois, même s'il n'avait toujours pas compris la raison de sa fuite précipitée. Elle fit un vague mouvement de la main qui traduisait sa volonté d'oublier. Sans la prévenir, il la serra dans ses bras et elle ne rechigna même pas.
***
Alors ? Un petit avis sur ce chapitre qui change ? Je crois bien qu'un mystère est résolu ! Je sais que la raison de sa « crise » peut paraître anecdotique, mais pour moi, après avoir enduré ce qu'elle a enduré, un rien pouvait embraser l'étincelle.
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