Le réveillon de Noël II - Partie I
- Bon. T'es sûre de toi cette fois ?
- Oui oui.
Inès et Mathéo se regardaient, les lèvres pincées. Ils attendaient leurs familles respectives, toujours dans leur maison au fin fond de la France.
Des tas et des tas de choses s'étaient passées depuis ce calamiteux dîner de réveillon de Noël. Les parents d'Inès s'étaient alors séparés, Thomas avait pardonné à Elsa qui l'avait donc trompé, Juliette avait bien grandi, Iris commençait sa dernière année de médecine et enfin, Inès avait donné naissance à un petit garçon du nom de Côme. Valérie fut tellement heureuse à ce moment précis qu'elle avait embrassé (sur la joue) tous ceux qui passaient à côté d'elle à la maternité. Cela faisait maintenant cinq ans que le petit bout de chou était né. Petit bout de chou assez pénible quand même, il fallait l'avouer.
- Mamaaaaaaaaaaan !
- Oui Côme ?
- Je peux dessineeeeeeeer ?
- Bah tu ne veux plus regarder la télé ?
- Non !
- Bon et bien... Attends voir.
La jeune femme se dirigea vers le bureau de la maison pour prendre des feuilles blanches dans un grand placard. Elle prit également soin de ramener un pot de crayons pour l'enfant qui attendait, assis par terre.
- Va t'asseoir sur une chaise Côme.
- D'accoooooooooooord !
Inès le suivit des yeux tandis que l'enfant se dirigeait vers la table du salon pour s'installer sur une sorte de pouf pour enfant avec ses feuilles blanches et ses crayons de couleur.
Alors que normalement les invités devaient arriver à vingt heures et qu'il n'était que dix-neuf heures quinze, la sonnerie retentit tout de même dans toute la maison. Mathéo s'éclipsa du salon - où il patientait auparavant, assis sur le canapé - afin d'aller ouvrir la porte d'entrée à l'invitée surprise : Iris Martin, sa petite sœur. La jeune femme n'avait fait aucun effort pour s'habiller. Vêtue de son habituel jean noir avec un pull bleu marine, elle avait coiffé ses cheveux bruns en chignon rapide avec quelques mèches qui partaient d'un côté à un autre. Enfin bref, Mathéo comprit pourquoi elle n'avait toujours pas de petit-copain.
- Tu t'es lavée au moins rassure-moi ?
- Oui hier matin, répondit Iris d'un air blasé.
- Allez go à la douche.
- Quoi !? Non mais oh qu'est-ce que t'insinues !?
- Que tu pues.
Mathéo tira sa petite sœur à l'intérieur de la maison pour l'emmener à la salle de bain en évitant de se faire remarquer par Côme. Ce dernier adorait sa tante et avait la particularité de tout faire comme elle, sans exception. Cela agaçait bien Iris d'ailleurs. Alors imaginez s'il refusait de se laver à cause d'elle !
Lorsqu'Inès vit sa belle-sœur traverser le couloir pour monter à l'étage et atteindre la salle de bain, elle ne tarda pas à arrêter son mari avec un air interrogateur.
- Bonjour Inès, la salua le futur médecin.
- Bonjour Ir- commença-t-elle à répondre quand soudainement, Mathéo plaqua sa main sur ses lèvres.
Elle le regarda avec de gros yeux, dans l'incompréhension totale. Iris voulut expliquer brièvement avec un ton moqueur mais la main de son frère l'arrêta aussi. Les deux femmes jetaient dès à présent des éclairs à l'homme.
- Quoi... !? chuchota-t-il avec agacement. Vous voulez que Côme débarque et prenne les mauvaises habitudes d'Iris... !?
Iris voulut dire quelque chose mais son frère l'en empêcha en appuyant un peu plus sa main sur sa bouche. Elle le griffa alors soudainement et put se libérer de son emprise.
- Trop tard crétin.
Elle désigna de la tête Côme qui les fixait dans l'encadrement de la porte.
- Et merde, jura Mathéo avant de se prendre une tape derrière le crâne de la part d'Inès.
- Pas de gros mots devant les enfants enfin !
- Tataaaaaaa ! s'exclama le petit en courant vers Iris pour lui sauter dessus et s'accrocher à elle comme un chimpanzé.
- Bordel... Libérez-moi de ce sac à poux, dit Iris entre ses dents.
- Hé, il n'a pas de poux, le défendit Mathéo en croisant les bras.
- Allez viens Côme. Laisse tata tranquille.
- Oui laisse tata, reprit Mathéo avec un sourire en coin. Elle a un truc à faire dans la salle de bain.
- J'peux v'niiiiiiiiiir ? se proposa alors l'enfant avec les yeux brillants.
- ... J'y vais. A plus, lâcha Iris en se dirigeant vers la salle d'eau tandis qu'Inès retenait son fils par les épaules. Côme, et si tu me montrais ton dessin ?
- Mais j'veux aller avec tataaaaaa...
- Après Côme. Après.
- D'accoooooord... marmonna le garçon en boudant.
La petite famille retourna dans le salon, laissant Iris se laver tranquillement sous ordre de son frère. Inès apporta par la suite serviette de bain et habits de rechange à la jeune femme qui put alors se vêtir de vêtements plus convenables pour un réveillon de Noël en famille.
A vingt heures, la sonnerie retentit de nouveau dans la maison. Cette fois ce fut à Inès d'aller à la rencontre des nouveaux arrivés. Ou plutôt de la nouvelle arrivée. C'était une petite fille avec des cheveux châtains, les yeux légèrement maquillés avec un peu de rouge à lèvres. Elle portait aussi à bout de bras un petit sac à main.
- Juliette ?
- Salut tata.
- Ben où sont tes parents ?
- Juliette ! cria une voix de femme derrière la fillette. T'aurais pu nous attendre !
- Roh ça va ! pesta la concernée. Vous n'êtes pas perdus.
Inès cligna des yeux, surprise par l'attitude de Juliette. Elle releva sa tête vers Elsa, sa belle-sœur qui les avait retrouvées sur le pas de la porte avec Thomas. En cinq ans, elle trouva qu'ils avaient pris un sacré coup de vieux. C'était assez perturbant.
- Bonjour Inès, la salua Elsa avec un sourire plus doux que d'habitude.
- Bonjour Elsa ?
- Il fait froid. Je peux entrer ? s'impatientait Juliette alors que son père la tenait par l'épaule.
- Oui euh... Entrez... souffla finalement Inès en se rangeant sur le côté pour les laisser passer.
La petite famille pénétra alors dans la maison tandis que la mère de Côme discutait tranquillement avec son frère. Les choses allaient visiblement mieux entre lui et Elsa. Le cœur soulagé, Inès emmena Thomas dans le salon avant d'être de nouveau prévenue par la sonnette que d'autres invités attendaient derrière la porte.
Elle vint leur ouvrir avec un grand sourire. C'était sa mère et son nouveau mari.
- Bonjour maman, dit la jeune femme avec un beau sourire tout en la prenant dans ses bras. Comment tu vas ?
- Oh très bien si tu savais ! répondit la sexagénaire en l'enlaçant également avant de reculer et prendre son nouvel homme par la main.
- Bonjour Denis, poursuivit alors Inès, sur le point de lui faire la bise quand son regard se bloqua sur les parents de Mathéo qui arrivaient en faisant de grands gestes - enfin surtout Philippe, le père du jeune homme.
Elle s'appuya alors sur la poignée de porte avec l'objectif de prévenir son mari mais il arriva finalement de lui-même, ayant remarqué ses parents par la fenêtre du salon.
- Bonjourlesenfants ! Commentallez-vousencemerveilleuuuuuuxréveillondeNoël ?
- Bonjour papa... ricana Mathéo qui faisait partie des seules personnes sur Terre à pouvoir le comprendre quand il parlait.
- Bonjour Philippe, l'accueillit Inès qui s'en sortait déjà mieux qu'avant pour déchiffrer son langage.
- Bonjour les enfants ! les salua Diane toute joyeuse. Joyeux réveillon ahah !
Inès aimait beaucoup sa belle-famille. Ils étaient toujours très joyeux et pour une soirée telle que le réveillon de Noël, on ne pouvait rien demander de mieux.
•●•●•●•●•
Tout le monde était là sauf le père d'Inès, Léopold Ginger. Ce dernier n'avait pas pour habitude d'arriver en retard et l'on pouvait voir sur le visage de Valérie, l'ex-femme du retardataire, que cette situation l'agaçait. Elle avait hâte que le vieil homme se montre pour lui présenter avec fierté Denis.
D'ailleurs, le voici qui arrivait, accompagné d'une jeune femme bien plus jeune que lui. Elle était plutôt belle femme, le nez un peu plus allongé que la normale avec une peau basané et les cheveux colorés blonds-gris. Le demoiselle, tout juste trentenaire, tenait fièrement le bras de l'homme. Les dents bien mises en évidence dans un immense sourire qui se déforma lorsqu'elle s'exclama :
- J'ai tellement hâte de rencontrer tes enfants mon Léopoldounet ! Si tu savais ! Je vais être maman avant l'heure hi hi !
- Tu serais une maman parfaite Nadiya. Vraiment.
- Moooooh et j'ai aussi hâte de discuter avec Valérie. Elle a l'air gé-nial ! J'apprendrai plein de choses sur toi grâce à elle ! Oh et puis j'espère qu'on s'entendra bien ! Ah la la j'ai trooooooop hâte !
- Je préfère tout de même te prévenir à propos d'Inès et de son mari Mathéo...
- Hum ?
- Ils ne sont pas au courant de ta venue et à mon avis tu ne seras pas forcément la bienvenue, comprends-tu ?
- Je comprends très bien. Et puis je ne dois pas trop adresser la parole à ton fils car il t'a déçu c'est ça ?
- Comme Inès, exactement. Néanmoins, en ce qui la concerne, c'est surtout de la faute de Mathéo. Il la manipule pour qu'elle fasse tout ce qu'il souhaite, tout comme pour-
- Leur mariage, termina Nadiya en hochant la tête. Triste vie. Être sous le joug d'une telle personne doit être tellement dur... Vraiment... Je la plains. J'en pleurerai presque.
- Mais non, ne pleure pas ma chérie. Tiens, on arrive.
Le couple, qui allait bientôt choquer toute la petite famille, s'arrêta devant la porte d'entrée de la maison des Ginger et toqua à la porte.
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