Le Réveillon de Noël [Première partie]
C'était au fin fond de la France que se préparaient une femme et un homme, tous deux mariés pour le meilleur et pour le pire, pour le Réveillon de Noël.
La femme se nommait Inès quant à l'homme Mathéo. Mariés depuis maintenant deux ans, ils filaient le parfait amour et n'avaient jamais regretté de s'être mariés.
Mais passons outre ces détails. Observons de plus près ce qu'il se passait dans la maison des Ginger. Inès finissait de mettre la table tandis que Mathéo lisait quelques articles sur son ordinateur. Inès déposait le dernier verre à vin devant une assiette quand elle se retourna vers l'homme.
- Mathéo, tu pourrais m'aider. Ils vont arriver et je n'ai même pas encore terminé de me préparer !
- Mais je lis un article sur l'entreprise de ton père ! répondit-il sans lever la tête vers sa femme qui râlait.
- Depuis quand ça t'intéresse ? lâcha Inès en haussant un sourcil.
- Depuis que je suis sans emploi et qu'il recherche un successeur.
- Thomas sera le successeur. Désolée de te l'annoncer mais tu n'as aucune chance.
- Bah merci... Dis que je suis incapable de diriger une entreprise...
- Je n'ai pas dit ça ! soupira Inès en croisant ses bras. Mais mon frère travaille avec papa depuis déjà un petit bout de temps et il a toutes les compétences requises pour lui succéder. Donc au lieu de perdre du temps à lire des choses qui ne te plaisent pas plus que ça, recherche un travail qui te conviendrait un peu plus.
- Oui maîtreeeeesse, acquiesça-t-il avec un faux sourire.
Se doutant bien qu'il n'allait pas abandonner si vite, Inès roula des yeux et partit dans la salle de bain pour se coiffer. Mais alors qu'elle allait passer la brosse dans ses cheveux bruns, la sonnerie retentit dans toute la maison.
- C'est pas vrai... marmonna Inès. Mathéo, tu peux aller ouvrir ?
- Oui oui...
Mathéo se leva du canapé en fermant son ordinateur portable avec lenteur. Cette soirée l'embêtait plus qu'autre chose à vrai dire. Rien que l'idée de voir Thomas l'énervait. Il ne pouvait pas le supporter avec "sa petite vie parfaite". Monsieur gagnait plus d'argent donc il pouvait faire de grands et magnifiques voyages. Enfin, ça, c'était bien avant que M. Ginger se mette à chercher un successeur. Désormais, il ne faisait que travailler, travailler et quelques fois manger et dormir. Mais la plupart du temps, il bossait.
Lorsqu'il ouvrit sa porte, il eut la mauvaise surprise de voir Thomas, Elsa et la petite Juliette.
Les deux hommes se jetèrent un regard noir puis se firent une poignée de main que Mathéo regretta instantanément. Il salua ensuite Elsa et fit la bise à Juliette qui lui sauta au cou.
- Coucou tontoooooon !
- Salut Juliette. Ça va ?
- Ouiiii ! Elle est où tataaaaaa ?
- Dans la salle de bain. Mais tu n'étais pas-
Aussitôt dit, la petite fille de cinq ans sprinta jusqu'aux escaliers, trébuchant au moins cinq fois avant d'arriver tout en haut et de repartir en courant jusqu'à la salle d'eau où Inès finissait son chignon. Elle sursauta lorsqu'elle se prit quelque chose dans le dos mais comprit vite que c'était Juliette.
- Ah bonjour Juliette ! Tu m'as fait peur !
- Coucou tataaaaa !
- Attends... Qu'est-ce que tu fais là... ? Tu n'étais pas...
Alors que la jeune femme était accroupie face à sa nièce, elle se redressa d'un coup. Elle finalisa en vitesse son chignon qui n'allait pas tenir longtemps et descendit les escaliers en trombe. Elle s'approcha de son frère qui ne lâchait pas des yeux Mathéo.
- Coucou Thomas ! Elsa... Dites, je ne savais pas que Juliette devait venir.
- Oui ! ricana Elsa en se grattant la nuque. On a eu quelques soucis avec votre oncle Bertrand. Mais c'est une longue histoire...
- Ah. Bah... Je vais rajouter des couverts alors...
- Attends je vais t'aider, proposa Elsa d'une gentillesse qu'Inès trouva louche.
- D'accord...
Les deux femmes partirent vers la salle à manger silencieusement. Inès sortit les couverts, une assiette et un petit verre qu'elle tendit à Elsa. La belle sœur partit alors tout déposer sur la table sous le regard intrigué d'Inès. Elle était un petit peu trop gentille à son goût. Ou était-ce la magie de Noël ?
- Dis donc Inès. Tu ne m'avais pas dit que tu avais une femme de ménage...
- Comment ça ? Je n'en ai pas.
- Ah bon... ? Et bah on dirait pas !
- Non non, j'ai fait le ménage toute seule.
- Mathéo ne t'a même pas aidé ? Moi, Thomas m'aide toujours quand j'ai besoin de lui. On ne vit décidément pas dans le même monde.
- Heureusement... marmonna Inès à elle-même. Sinon, Juliette est contente d'entrer en grande section cette année ?
- Oui, tu sais, je suis très fière d'elle. Et je peux dire que je m'en sors plutôt bien en tant que mère. Ce n'est pas facile, tout le monde ne pourrait pas faire ce que je fais tous les jours. N'est-ce pas ? appuya Elsa avec un sourire innocent qu'Inès n'apprécia pas tellement.
Inès n'effectua qu'un bref sourire. Ne voulant pas entrer dans son jeu, elle lui proposa de retourner dans l'entrée afin de rejoindre Mathéo et Thomas qui parlaient de l'entreprise familiale.
Mathéo faisait exprès de le faire parler pour obtenir toutes les informations possibles et les ressortir ensuite à Léopold, lorsqu'ils discuteraient. Inès trouvait ça absurde, elle savait très bien que son père détestait Mathéo. D'ailleurs, ce fut avec joie qu'elle entendit une seconde fois la sonnerie retentir et ainsi, couper Thomas dans son monologue interminable.
Elle se précipita sur la porte qu'elle ouvrit avec la moitié de son chignon qui tombait sur son épaule droite.
- Iris ! Comme ça fait longtemps !
- Bonjour Inès... la salua la jeune femme avec une mine épuisée.
- Oh mais tu as apporté des cadeaux ! Il ne fallait pas ! s'exclama Mathéo en voyant le sac que sa petite sœur portait à bout de bras.
- Non, ce sont mes cours...
- Ah, lâchèrent en même temps Inès et Mathéo.
Mathéo fit entrer sa sœur qui passa devant Thomas et Elsa sans les saluer, comme s'ils n'existaient pas et partit dans le salon pour réviser au calme.
Elsa pesta, indignée :
- Mais pour qui elle se prend !?
Inès esquissa un sourire satisfait, contente qu'Iris l'ait totalement ignoré.
- Elle fait des études de médecine et veut être parmi les meilleurs de sa promo pour pouvoir entrer dans un grand hôpital. Elle a de grands projets, elle.
Elsa foudroya Inès du regard et fit mine de partir à la recherche de Juliette qui s'était cachée on-ne-sait-où.
Inès la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans le salon, puis se tourna vers son frère.
- Viens t'asseoir dans le salon en attendant papa et maman, lui proposa-t-elle.
Thomas hocha la tête, lui aussi avait l'air fatigué. Il ne devait pas beaucoup dormir avec tout son travail. Après tout, il voulait montrer à son père qu'il pouvait être responsable.
Alors qu'il marchait avec sa sœur en discutant du mois passé, il fixait au passage la décoration de Noël qui égayait l'ambiance. Enfin seule l'ambiance l'était, lui, il restait indifférent. Pas un seul sourire ne se présentait sur son visage, Inès en était dégoûtée. Elle, qui s'était amusée à tout acheter, à tout positionner sur les murs, sur la cheminée, sur les meubles, elle aurait pu laisser la maison dans le désordre, elle aurait eu la même réaction.
C'est alors, qu'ils entendirent quelque chose voler en éclat, venant du salon. Inès et Thomas s'observèrent un instant et accélérent avec l'intention de savoir qui avait cassé quoi.
Le visage d'Inès pâlit quand elle vit en morceaux son vase préféré par terre. Devant, Juliette et Elsa n'osaient plus bouger.
- Oh non... souffla Inès en s'approchant du vase pour récupérer les morceaux.
- C'est pas bien Juliette ! Pour la peine, pas de dessert !
- Mais maman... Ce n'est pas moi... C'est t-
- Ne dis pas n'importe quoi !
- Je confirme, intervint Iris qui était spectatrice de la scène. C'est bien vous, Madame. Elsa, c'est ça ?
Elsa se mit à rougir, cette fois, elle était prise sur le fait. Inès se releva en fixant sa belle sœur avec un mauvais regard. Mais au lieu de s'énerver, elle garda son sang froid et expliqua simplement :
- Voyons Elsa... Ce n'est pas grave. Ça arrive à tout le monde... Même à toi. La preuve. Ce n'est pas comme si tu l'avais fait exprès, si ?
- Non bien sûr que non ! Ah ah ! Allez viens Juliette, allons-nous asseoir.
"Et moi bien sûr, je nettoie tout ça, toute seule..." pensa Inès en partant chercher le balai.
Sur le chemin, elle croisa Mathéo qui apportait le champagne. Le visage crispé, elle le passa en un coup de vent, ce qui surprit Mathéo qui n'avait pas l'habitude de la voir comme ça. Il haussa les épaules et continua son chemin vers le salon où il déposa le champagne, faisant attention à ne pas marcher sur les morceaux de vase.
- Qui voudra du champagne ?
- Moi, répondirent Elsa et Thomas en chœur.
- Et toi Juliette, tu veux du jus de fruit comme d'habitude ?
- Ouiiiiii !
- Iris ? Tu veux quoi ?
- Du coca...
- Ok, je vais chercher ça.
Lorsqu'il quitta le salon, il vit Inès revenir avec le balai et la petite pelle. La sonnerie retentit une troisième fois, annonçant l'arrivée des parents Ginger. Mathéo racla sa gorge, remit bien sa cravate et partit ouvrir à son beau père et à sa belle mère qui apparemment, s'attendaient à ce qu'Inès les accueille. Ils perdirent aussitôt leur sourire quand ils virent leur gendre.
- Bonjour Léopold, bonjour Valérie !
- Bonjour Mathéo...
- Venez, entrez. Ne restez pas dans le froid.
- C'est bien pensé Mathéo, laissa passer Léopold avec un ton moqueur.
Mathéo fit mine de ne pas comprendre la critique, prit les manteaux et les posa sur le porte manteau. Quand il se retourna pour amener ses beaux parents au salon, ils y étaient déjà partis. Mathéo marmonna alors ironiquement :
- La soirée commence bien...
Il inspira un grand coup et tenta de penser positif avant de partir au sous sol pour chercher le coca et le jus de fruit. Il croisa alors Elsa qui ressortait, le téléphone dans la main. Celle-ci le bouscula presque dans son avancée et répondit à l'appel.
- Allô ? ... Paul !? Mais pourquoi tu m'appelles !? ... Hein... ? Non, je ne peux pas venir ce soir. Hein ? Comment ça pourquoi ? ... Oui je sais, tu es seul mais-
- Chérie ? Qu'est-ce que tu fais ?
- Ah Thomas, fit-elle en se tournant vers son mari qui, heureusement pour elle, n'avait rien entendu. C'est maman au téléphone.
- Tu me la passes ? Que je lui dise bonnes fêtes et-
- Ah mince ! Elle a déjà raccroché ! Une prochaine fois ?
- Euh... Oui.
Le couple repartit dans la maison, Elsa essayant de calmer les battements de son cœur et Thomas, s'en fichant royalement. Lorsqu'ils arrivèrent dans le salon, ils remarquèrent un Léopold bien ennuyé de devoir écouter Mathéo raconter tout ce qu'il savait sur l'entreprise. Comme s'il ne savait pas déjà que l'entreprise Ginger s'étendait dans le monde entier... Inès revint avec des petits fours qu'elle déposa sur la table du salon, en plus des gâteaux apéro.
- Et voilà ! s'exclama-t-elle joyeusement en levant son verre pour trinquer, sans que les autres ne la suivent. Bon...
- Inès, ma puce, commença Valérie en souriant. Tu n'aurais pas une bonne nouvelle à nous annoncer ??
- Non maman, je ne suis pas enceinte, soupira la brune en jetant un regard d'appel à l'aide à son mari qui le remarqua.
- Hum... Oui. Le mieux serait déjà que je retrouve du travail, poursuivit Mathéo en fixant Léopold qui s'empressa de répondre.
- Je suis sûr que vous trouverez vite. Vous travailliez bien dans la mécanique auparavant, non ? Un ami mécanicien aurait besoin de main d'œuvre. Si vous voulez, je pourrai lui en parler.
- J'aimerai me tourner vers autre chose en réalité... retenta Mathéo. Vous m'impressionnez tellement que j'aimerai construire ma propre entreprise ! Vous cherchez un successeur, je crois, non ?
- Oui, enfin, j'ai déjà une idée de qui ça pourrait être, répondit-il en tournant les yeux vers Thomas.
- Comment ? tilta Thomas qui n'écoutait pas, pensant que son père lui avait parlé.
- Juliette ! cria Elsa alors que la petite mangeait un gâteau. Fais un peu attention ! Tu vas en mettre partout sur le... humpf... "beau" tapis de ta tante... Il vous a coûté combien d'ailleurs ?
- Pas très cher, répondit Inès en plissant les yeux. On l'a eu sur une brocante.
- C'est bien ce que je pensais.
De l'autre côté de la table se trouvait Iris qui n'avait pas l'air d'être gênée du bruit autour d'elle. Même quand on lui parlait, elle n'avait pas l'air d'entendre. Mathéo se leva alors après un échange de regard avec Inès, contourna la table et passa sa main devant les yeux de sa petite sœur qui le remarqua enfin. Elle souleva ses cheveux qui cachaient ses oreilles et en retira des boules quies en envoyant un mauvais regard à son frère.
- Quoi ?
- On te parle. Tu pourrais un peu lâcher tes cours.
- J'ai déjà lâché mes cours pour venir jusqu'ici.
- Mais c'est le réveillon de Noël, au lieu de travailler constamment, on pourrait le passer tous ensemble. En famille.
Iris leva les yeux vers Elsa, Thomas, Valérie, Juliette et Léopold. Elle haussa un sourcil en regardant à nouveau son frère.
- Eux ? Ma famille ?
- Bah et moi ? Et Inès ?
- Il y aurait papa et maman, j'aurai peut-être un peu plus participé à la conversation, mais ils ne sont pas là. Donc non.
- Papa et maman sont en Espagne pour les fêtes. Si t'es pas contente, t'avais qu'à les rejoindre.
- J'aurai encore préféré rester chez moi. Sauf que vous m'avez forcé à venir ici et je n'ai pas envie d'écouter vos discussions qui ne m'intéressent absolument pas. Donc laisse-moi travailler, j'ai des examens à la rentrée.
Mathéo leva les yeux au plafond, elle était vraiment têtue. Pire que lui. D'un autre côté, il se sentait fière d'elle. Au moins, elle ne se laissait pas faire. Inès fit alors une proposition à sa belle sœur.
- Iris, si tu veux travailler, tu peux aller dans le bureau à l'étage. Je viendrai te chercher quand on passera à table.
- Merci Inès.
Iris se leva et quitta le salon sous les regards éberlués des autres invités. Seule Juliette rigolait et sautillait de joie. Seulement, elle tomba sur le canapé et se mit à pleurer alors qu'elle ne s'était même pas fait mal. Elsa soupira, excédée des pleurs de sa fille, se leva et l'emmena dans la salle de bain pour la calmer et regarder si elle s'était blessée quelque part.
Valérie regardait sa petite-fille avec peine. Elle aurait tellement voulu l'aider et la réconforter mais Elsa était tellement possessive avec Juliette qu'elle ne pouvait presque pas l'approcher.
Voyant que personne ne touchait aux gâteaux qu'elle avait mis sur la table, Inès se leva et proposa à ses invités de passer à table pour l'entrée.
*****
Et voilà la première partie de l'histoire !
Dites-moi ce que vous en avez pensé, en espérant qu'elle vous ait plu !
A bientôt pour la prochaine partie ! A plus !
Biz !
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