Chapitre Treize
13.
Point de vue de Kayla
Même si je n'en ai pas besoin en raison de tous mes entraînements physiques en forêt, je me trouve présentement dans une salle d'entraînement. Plus précisément : dans l'aire d'entraînement au kick-boxing. J'ai vraiment besoin de me défouler et puisque je ne cherche pas à réellement blesser quelqu'un pour le moment, les mannequins d'entraînement feront l'affaire.
Je suis rentrée en ville il y a maintenant trois jours et depuis, je n'ai pas reparlé à Quinn. Ce n'est pas que je suis fâchée contre elle pour ce qu'elle souhaite faire, mais plutôt que c'est vraiment dur à digérer, surtout avec ce que je traverse.
Déjà, ma meute, celle des coyotes également, ne recevra pas d'aide extérieure autre qu'un possible hébergement dans un autre pays. Mais en plus qu'on doit se préparer à combattre un groupe d'individus dangereux dont on ne connait pas le nombre, l'une de mes louves préfère changer de meute plutôt que de soutenir celle dans laquelle elle se trouve déjà. Je suis censée prendre ça de quelle façon? Je subis tellement de pression dernièrement que j'ai l'impression que je vais exploser à n'importe quel instant.
J'enchaîne les coups sur le mannequin un par un, en alternant les poings et les pieds. Je sens la transpiration recouvrir graduellement mon visage, puis le reste de mon corps. Par chance, je ne porte qu'une brassière de sport avec un short. Je mets tellement de force que je finis par renverser le mannequin à plusieurs reprises. Une fois, je frappe la tête du mannequin avec un coup de pied tellement fort que la tête s'envole. Je suis essoufflée et je me rends compte assez vite que ce n'est pas normal pour une humaine ordinaire. Pour un loup-garou non plus, d'ailleurs. Encore ma phase de surpuissance qui amplifie ma force. Génial.
-J'avais encore jamais vu ça...
Je me tourne et je vois deux hommes parler entre eux en me désignant.
-Euh... La tête était déjà en train de se décoller... Je... Mon coup l'a simplement achevé. Improvisais-je rapidement.
Même en étant encore un peu suspicieux, ils finissent par retourner à leurs occupations. Je reprends mon souffle et attrape ma bouteille d'eau. Je bois quelques gorgées avant de m'essuyer le visage à l'aide de ma serviette. Toute cette activité m'a complètement épuisée. Je prends mes affaires et vais me changer dans les vestiaires. En reprenant mon portable, je vois que le conseil convoque une réunion d'urgence. Je souffle, puis me rends chez Émery après avoir remboursé le mannequin que j'ai décapité sans le vouloir. Cette fois, puisque je suis la dernière arrivée, je m'excuse pour mon retard et m'assieds.
-Bon, réunion d'urgence. Le topo du jour? Demandais-je rapidement.
-Il nous faut un plan maintenant que nous ne recevrons pas d'aide extérieure. Pendant ton absence, nous avons tenté de rejoindre quelques-uns de nos alliés commerciaux, mais personne n'a répondu.
-Mouais, c'est prévisible... Alors, vous avez des idées? Autre que la fuite, je parle, nous savons tous que ça ne servira à rien. Ils nous suivront, peu importe l'endroit où nous serons.
-Il y a l'option de partir en guerre, celle que nous proposent nos ennemis.
-Oui, bien sûr, mais à part ça?
-Et bien... Un traité de paix.
-Mais ça ne servira à rien! Ils veulent nous abattre! TOUS! Et qu'est-ce qui vous dit que la signature d'un traité de paix les empêchera de se tourner contre nous à la première occasion? Demande Alistair.
-Parce que mettre tout le monde en danger sera plus utile? Nous ne savons pas combien ils sont, si nous sommes tous tués pendant cet affrontement, c'est les deux meutes qui sont foutues! Réplique Ysengrin.
-Et les coyotes? Qu'est-ce qu'ils en disent? Demandais-je.
-Ils nous laissent prendre la décision. Ils ont soulevé le bébé d'Éléa comme argument, parce qu'on leur doit bien ça.
Je souffle.
-Nous n'avons pas d'autre choix! Il faut tenter notre chance au combat pour abattre Valère et ses gars AVANT qu'il ne le fasse avec nous! Nous devons partir en guerre!
-Nous devons signer un traité de paix!
L'ensemble du conseil commence à se crier dessus quant à ce qu'il faut faire. Je commence à en avoir mal à la tête et je ne suis plus en mesure de suivre la conversation. Je souffle bruyamment, me redresse et abats mon poing sur la table avec tellement de force que celle-ci se casse en deux.
-Assez! Criais-je avec ma voix autoritaire.
D'un seul coup, tout le monde se tait alors que les feuilles qui se trouvaient sur la surface de la table glissent au milieu des deux parties restantes du meuble. Ils me regardent tous avec les yeux ronds comme des billes tandis que je respire lourdement en les scrutant un à un. Je réalise que c'est la première fois que je me comporte ainsi. Je ressens leur peur commune.
-Vous ne voyez pas que c'est EXACTEMENT ce que Valère et son groupe d'assassins désirent? Ils veulent nous pousser tellement à cran que nous n'arriverons plus à nous mettre d'accord sur quoi que ce soit! Oui, nous sommes déjà tous sur les nerfs et je ne vous cacherai pas que je suis en train de mourir sous la pression, mais ce n'est certainement pas le moment d'être divisés, là! Maintenant plus que jamais, nous devons rester unis! Si je reprends l'un d'entre vous perdre son sang froid comme vous venez tous de le faire, je vous mettrai personnellement la raclée de votre vie! Est-ce que je me suis bien fait comprendre? Demandais-je au bout de mon souffle.
Pendant que je reprends mon souffle, le conseil m'observe silencieusement. Je me rassois.
-Bon, à présent, nous allons reprendre CALMEMENT la discussion. D'accord? Je commence. Nous ne recevrons pas d'aide extérieure, ça, nous le savons. Mais nous avons peut-être une alternative pour au moins protéger les membres vulnérables des meutes.
-C'est à dire?
-La meute de Fabien nous a proposé de nous héberger. Bien entendu, nous ne pouvons pas tous y aller, mais nous pouvons envoyer les enfants, les quelques femmes enceintes ainsi que les personnes ayant plus de 65 ans.
-Ils seront d'accord avec ça? Je veux dire, ça fait un paquet de personnes à héberger...
-Et bien, ils nous l'ont proposé pour l'ensemble de la meute... Je ne vois pas pourquoi ils refuseraient maintenant.
-Bah... Tu as décliné leur offre.
-Et puis, si nous sommes tués... Qu'est-ce qu'ils feront d'eux?
-Je comprends, mais on ne va pas les laisser dans une de nos maisons ni même dans un hôtel dans la région! Là-bas, ils seront loin, au moins. Et puis justement... S'ils nous arrive quelque chose, ils pourront peut-être intégrer leur meute. Ils ne seront pas perdus. On va espérer que ça n'arrive pas, mais nous aurons un groupe de personnes en sécurité.
-Bien. Passons au vote. Qui est d'accord pour demander la protection de nos membres vulnérables et de leur fournir des billets d'avion en cas d'acceptation? Demande Alistair.
Je lève ma main et rapidement, le reste du conseil me suit. Le vote est unanime.
-Parfait! Une chose de réglée! Et le temps de connaître la réponse de Fabien, je propose d'ajourner cette réunion et de repenser aux options qui s'offrent à nous. Vous êtes d'accord?
-Oui.
-Super, on se reparle demain. Je vais contacter Fabien immédiatement. Dis-je en me levant.
Je quitte la maison et appelle immédiatement Fabien qui répond après quelques sonneries.
"Kayla? Tout va bien chez vous?" S'inquiète-t-il immédiatement.
"Oui, pour l'instant, en tout cas... En fait, je voulais savoir si l'offre que vous m'aviez faite tient toujours? Du moins, pour les membres vulnérables des deux meutes?"
"L'offre tient, oui. Il nous faudra simplement le nombre de personnes ainsi que ce que tu veux dire par "membres vulnérables"."
"En gros, tous les enfants de moins de 17 ans, les quelques femmes enceintes et les personnes âgées. Je n'ai pas encore de nombre précis, par contre. Je dois discuter avec l'alpha des coyotes."
"Parfait, tu me tiendras au courant le plus vite possible, pour qu'on puisse s'organiser de mon côté."
"Bien sûr. Merci beaucoup!"
"Y'a pas de quoi."
Nous parlons encore un peu de formalités avant de raccrocher et je me dirige au pas de course vers la maison d'Auliame, l'alpha des coyotes. Lorsque j'y arrive, je lui demande rapidement le nombre de membres à envoyer : 10. Quatre enfants, trois personnes âgées et trois femmes enceintes (dont fait partie Éléa). Une fois l'information obtenue, j'additionne le tout avec ceux que je dois à mon tour envoyer : dans mon cas, 19 personnes. J'envoie l'information à Fabien qui me répond qu'il s'en occupe. Je reprends alors le chemin jusqu'à ma maison, mais suis prise d'une fatigue énorme quand je me retrouve sur l'une des rues les plus bondées de toute la ville. Je suis essoufflée alors que je ne fais que marcher. Mes jambes sont flageolantes et je décide de m'asseoir un peu, le temps de reprendre mon souffle. Seulement, je n'y arrive pas et ma vue commence à s'embrouiller. Je vois des petits points blancs qui se dédoublent de plus en plus. Mon souffle devient de plus en plus lourd. J'essaie de me reprendre parce que je ne peux pas rester ici, je dois rentrer.
-Madame? Vous... Besoin.. de? J'entends.
J'aimerais pouvoir lui répondre, mais je n'y arrive pas. Je n'arrive pas non plus à distinguer autre chose que la silhouette embrouillée de la personne qui est venue me voir.
J'essaie de me redresser, mais je m'effondre au sol. Je sens plusieurs personnes autour de moi tandis que je commence à cligner des yeux. Je tousse.
-Madame... Avec... Réveil... Non... Ambulance! Maintenant!
Cette fois, je sombre dans le néant une fois mes yeux ne captent même pas un rayon de lumière.
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Ce chapitre est plus court que les autres, mais puisqu'il contient beaucoup d'informations, je trouvais qu'il était inutile de le prolonger pour atteindre mon quota de mots habituel.
De toute façon, je vous laisse sur une bonne fin! ;)
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