Chapitre Seize

16.

Point de vue de Kayla

L'enlèvement d'Éléa par Valère a grandement fait avancer le processus d'évacuation des membres vulnérables des deux meutes. Ne voulant pas prendre le risque qu'une autre personne se fasse enlever, nous avons envoyé tout ceux qui en avaient besoin dans la meute de Fabien. Ça a été difficile pour les enfants puisqu'ils n'ont pas compris pourquoi ils devaient être séparés de leurs parents, mais les adolescents ayant moins de 17 ans ont pu les rassurer. En compagnie des aînés, ils sont partis. Maintenant, il ne reste que les personnes ayant assez de force pour combattre. 

Pendant ce temps, les recherches pour retrouver Éléa n'ont pas cessé. Elle a disparu depuis maintenant trois jours et chaque minute où nous ne savons pas où elle se trouve compte. Qui sait ce que Valère peut lui faire? 

-Alors, récapitulons. La forêt a été fouillée de fond en comble, nous avons frappé à toutes les portes et essentiellement, nous avons regardé partout en ville. Et toujours rien? Demande Auliame en désignant les divers endroits sur la carte devant lui.

-C'est exact. 

Il souffle.

-Putain! 

-Au moins, ça veut dire qu'elle n'est pas en ville.

-Oui, mais si elle n'est pas en ville, ça voudrait dire qu'elle pourrait être n'importe où! Sans une piste d'odeur, nous ne savons pas comment la retrouver. 

-Une chance qu'elle va bien... Murmure Alistair.

Tout le monde se tourne vers lui et nous le fixons, un sourcil haussé. 

-Quoi?

-Comment tu sais ça? Est-ce que tu nous cache quelque chose, Ali? Demandais-je.

-Non! N'allez pas vous imaginer le pire! Je ne l'ai pas enlevée! 

-Dans ce cas, explique-nous comment tu sais avec certitude qu'elle va bien?

-Éléa s'est servie du lien d'âme sœur pour communiquer avec moi. 

-Quoi? Nous exclamons-nous en cœur. 

-C'est arrivé quand, exactement? Demande Auliame. 

-Il y a deux jours. Mais elle ne m'a rien révélé sur sa position, à l'exception du fait qu'elle se trouve dans une maison. Elle ne sait pas plus où elle pourrait se trouver. 

-Oui, mais nous avons déjà une piste! Ali, combien de secondes entre la réception de chaque message une fois que tu lui en envoyais un? Demande Ysengrin. 

-Euh... Je sais plus trop... Mais je dirais quelque chose comme dix secondes? 

-À quel endroit te trouvais-tu quand la communication a été établie?

-Bah, chez moi. Dans mon salon. 

-Passez-moi une règle et un compas, s'il vous plaît! 

Nous le fixons sans comprendre pendant qu'il prend des mesures et de tracer un cercle avec le compas sur la carte. 

-Regardez. Alors, le point central où j'ai piqué le compas, c'est ta maison, Alistair. De là, il faut supposer avec la logique qu'une seconde d'attente équivaut à un kilomètre. Donc on rajoute un kilomètre par seconde. 

-Alors tu as tracé toute la zone à dix kilomètres de chez Alistair! C'est vraiment bien joué, Ysen! Lui dis-je en sentant mon sourire s'élargir. 

-Euh, pas vraiment en fait. Je vous rappelle que nous avons un diamètre de 20 kilomètres à fouiller, maintenant! Proteste Auliame.

-Vraiment? Nous avons fouillé toute la ville alors...

Il hachure la zone dans laquelle se trouve la ville sur la carte. Bientôt, il ne reste que le quart du cercle.

-Éléa se trouve quelque part ici. Vers l'est. 

Je jette un coup d'oeil à Alistair et je le vois sourire. 

-Bon, et bah qu'est-ce qu'on attend? Allons-y! 

-Non, attendez! Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Leur dis-je.

-Mais pourquoi pas? Plus on attend, plus elle est en danger!

-Oui. Mais sans plan d'attaque, nous nous exposons aussi au danger. L'effet de surprise ne nous assurera rien. Nous ne serons d'aucune aide si nous sommes abattus dès que nous posons le pied au sol. Il nous faut un plan autre que "on attaque et c'est tout". 

-C'est vrai... Alors que faisons-nous? 

-L'idéal... C'est qu'il faudrait quelque chose qui nous assure un effet de surprise pour mener l'attaque à petit feu, question qu'ils ne se doutent de rien. Pour ce combat, vu qu'il est inévitable, on essayera surtout de se concentrer sur le sauvetage d'Éléa dans la mesure du possible. Pour ce faire, il y aura une équipe de sauvetage et une autre qui assure ses arrières dans leur forme animale. 

-Je propose qu'on invoque une assemblée liant nos deux meutes demain à la première heure. Il ne faut pas envoyer tout le monde. Rajoute Auliame.

Je hoche la tête.

-Tout le monde est d'accord? 

-Oui.

-Super. La réunion est ajournée. Allons informer tous les autres. 

Avec Alistair, nous nous séparons les membres de la meute et nous nous séparons. Je fais du porte à porte pour dire à tout le monde que nous tenons une assemblée demain matin. Finalement, je me retrouve chez Quinn. Je sonne et après quelques minutes d'attente elle m'ouvre en ne portant qu'une chemise un peu trop large pour elle. Je fronce les sourcils.

-Kayla! Salut... Que... Qu'est-ce que tu fais là? Demande-t-elle en s'appuyant sur le cadre de porte exagérément. 

-Je venais t'avertir que nous tenons une assemblée demain matin... Mais toi qu'est-ce que tu faisais? Et c'est quoi cette odeur... Florian? Demandais-je en reconnaissant ce parfum.

Quinn souffle.

-C'est bon, tu peux sortir. 

Bientôt, je vois sa tête se lever et là, je suis surprise. 

-Mais que... Qu'est-ce que tu fais ici? Pourquoi tu n'es pas chez toi? 

Il se redresse et je remarque tout de suite le fait qu'il ne porte qu'un caleçon qui est déformé. Et bien, je sais ce qu'ils faisaient avant que je n'arrive, à présent. 

-Et bien... Quinn me manquait et je me suis dit que ce n'est pas parce que ma meute vous refuse notre aide que je ne peux pas le faire moi-même, en solo. 

Je hausse les sourcils, surprise. 

-Je vois... En tout cas, assemblée demain matin pour discuter du sauvetage d'Éléa. Tu peux venir aussi, Florian, puisque tu es notre invité d'honneur. 

Je m'apprête à me tourner quand Quinn me retient par le poignet.

-Est-ce que je peux te parler?

-Oui, bien sûr... Enfin, si ça ne te retarde pas? Demandais-je en faisant allusion à leurs tenues.

-Nan, c'est bon. 

Nous rentrons dans sa maison et elle me tire à la cuisine pendant que Florian reste de son côté. 

-J'aimerais te parler de ce que je t'ai dit...

-Sur le fait que tu souhaites quitter la meute pour rejoindre celle de ton âme soeur? De quoi veux-tu qu'on parle? On ne peut rien faire pour ça...

-Non, c'est juste que j'aimerais un peu préciser les choses. 

Je hausse un sourcil. Mais préciser quoi? Tout est déjà bien clair: elle souhaite quitter. Je ne vois vraiment pas ce qu'on peut en dire de plus. 

-Je vais quitter la meute, ma décision est prise. Florian l'aurait bien fait, mais puisqu'il est bêta... C'est moi, qui vais le rejoindre.

-Oui, d'accord, mais qu'est-ce que tu veux que j'en dise? Je comprends que je ne peux pas vous séparer, mais nous sommes en période critique, Quinn. Ce n'est vraiment pas le moment de perdre un loup, surtout maintenant! 

-Et ça n'arrivera pas, Kayla.

-Mais tu veux quitter la meute...

-Oui, mais pas maintenant! 

-Je ne te suis pas. 

-Tant et aussi longtemps que le transfert n'est pas officiel, je suis toujours dans cette meute. Et c'est mon devoir de vous aider. Je ne quitterai pas la meute tant et aussi longtemps que nous ne nous serons pas débarrassés de Valère. 

-Oh. Je pensais que...

Je me tais.

-Kayla... Vous êtes ma meute, ma famille avant toute chose! Je ne vous abandonnerai pas comme ça pour rejoindre mon âme soeur. Tu sais bien que je donnerais ma vie pour vous. 

Je hoche la tête.

-J'ai peut-être pensé trop vite... Je suis désolée, Quinn. 

-Ça ne fait rien, je sais que tu traverses beaucoup de choses, en ce moment. Te connaissant, ta réaction ne m'a pas étonnée. 

-Et je peux savoir ce que tu veux dire par là? Demandais-je en souriant. 

-Je crois que tu m'as compris. 

Nous étouffons un rire et rapidement, je la prends dans mes bras.

-Dis, tu ne portes vraiment rien sous cette chemise, hein? 

-C'est que... Tu es arrivée à un moment assez...

-Oui, c'est bon, j'ai saisi. Je vous laisse à vos occupations. Au fait, si tu ne comptes pas avoir de petit louveteau tout de suite, tu sais ce que vous devez faire, hein?

-Bien sûr. T'en fais pas pour moi. 

Je souris, puis finis par quitter la maison. Je me dirige vers la mienne. À l'intérieur, je repère Calum en train de passer le balai. 

-Hey. 

-Hey. Alors, cette réunion?

-Nous avons maintenant une petite idée de l'endroit où pourrait se trouver Éléa... Et demain matin, il faut qu'on se lève tôt. Assemblée générale pour l'équipe de sauvetage. 

-Je vois. Sache que je me porte volontaire. 

-Vraiment? Tu en es sûr? 

-Oui. Pourquoi pas? 

-Non, y'a pas de raison. C'est juste que tu dois savoir que je ne serai pas à tes côtés. Tout ce qu'on veut faire, c'est sauver Éléa et la ramener saine et sauve. Essentiellement, il y aura deux unités: celle qui va s'aventurer dans la maison où elle est retenue pour la sortir de là et l'escorter jusqu'à nous et celle qui restera sous forme animale pour assurer leurs arrières. 

Il hoche la tête. 

-Le sauvetage aura lieu quand?

-Je pense qu'on le décidera demain. Mais pour l'instant, il faut se reposer. 

Calum hausse un sourcil et finit de passer le balai rapidement. Il le range et je me dirige vers lui pour lui faire un câlin. Il me le retourne tout de suite.

-D'où ça vient, cette soudaine affection? 

-J'avais envie, c'est tout. Ne viens pas gâcher ça. 

-Pas de souci, je les adore autant que toi. 

Je souris, puis relève la tête pour embrasser doucement ses lèvres. Nous n'éternisons pas le baiser, c'était nettement une force de réconfort pour nous deux. 

-J'suis fatiguée, on va se coucher? Lui proposais-je.

-Ce ne sera pas de refus.

Une fois que tout est éteint au rez-de-chaussée et que nous sommes prêts, nous nous glissons dans notre lit où la seule chose qui est allumée, c'est la télé. Tout en étant collés l'un contre l'autre, nous regardons le film sur lequel nous avons jeté notre dévolu. Pour une fois depuis des semaines, je me sens enfin tranquille, comme si plus rien ne pesait sur ma conscience. Je ne sais pas depuis combien de temps nous avons passé une soirée comme celle-là, Calum et moi. J'ai l'impression que ça fait des siècles. Je sais que j'ai encore des choses à faire, mais pour ce soir, je les mets de côté. 

Calum s'endort le premier et je me contente de l'observer tranquillement pendant qu'il ronfle doucement. J'embrasse son front et éteint la télévision avant de me blottir contre lui et de fermer les yeux. Graduellement, j'espère pouvoir m'endormir et me réveiller en paix le lendemain, malgré tout ce qui arrive autour de moi. 


-----------------------------

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top