Chapitre Dix-Huit
18.
Point de vue de Calum
-Surtout, je veux que vous fassiez attention à vous. Il s'agit simplement de sauver Éléa, pas d'engager le combat. C'est bien compris?
Je hoche la tête en même temps que tous les autres. Nous avons planifié le tout et nous sommes fin prêts. Aujourd'hui, elle reviendra parmi nous. Nous allons simplement essayer de le faire discrètement, pour ne pas éveiller le soupçon de nos ennemis. Après une analyse rapide de la zone où Éléa est susceptible de se trouver, nous avons repéré une maison au beau milieu d'un champ. On aurait dit une ancienne ferme.
Kayla et Auliame hochent la tête.
-Parfait, l'unité de défense, prenez une longueur d'avance. N'oubliez pas de suivre la bonne direction pour rester proche de l'endroit où sera l'unité de sauvetage. Annonce Auliame d'une voix forte.
Quand les transformations sont faites et qu'ils s'enfouissent plus en profondeur dans la forêt, c'est enfin notre tour de partir. Seulement, je suis retenu par le poignet.
-Surtout, sois prudent. Me dit Kayla.
Je souris et me tourne légèrement. Je lui caresse rapidement la joue.
-Ne t'en fais pas, je rentrerai en un seul morceau, avec Éléa.
Je vois qu'elle a peur, alors je la rassure en embrassant rapidement son front.
-Allez, faut que j'y aille, je fais attendre tout le monde.
Elle hoche la tête et lâche mon poignet avant de me laisser partir avec les autres. Nous montons tous à l'intérieur d'un minibus que nous avons loué pour la journée. Voici le plan: nous nous rendons proche de la maison et nous laissons le minibus à une distance d'au moins deux kilomètres. Ensuite, nous marchons à travers le champ en direction de la maison où nous allons nous séparer: certains entrerons par derrière, et d'autres par l'avant (dont moi). Nous parcourerons la maison à la recherche d'Éléa. Si elle y est bel et bien, nous la ramènerons avec nous, ni vus, ni connus. Pour communiquer entre nous, le lien des meutes suffira: les loups ensemble et les coyotes ensemble. C'est pour cette raison que les unités sont mélangées et comportent le même nombre de loups et de coyotes.
-Nous y sommes.
Nous descendons du minibus et marchons tous ensemble jusqu'au champ, où nous nous séparons. Tout en nous déplaçant de façon accroupie pour éviter d'être repérés, nous faisons très attention à l'endroit où nous choisissons de poser le pied. C'est une chose de ne pas être vus, mais il faut aussi faire attention de ne faire aucun bruit.
-À terre!
D'un coup, je me jette au sol en respirant lourdement. Lorsqu'on me fait savoir que la voie est libre, je me redresse et reprends le chemin vers la maison. Les autres s'éloignent un peu plus pour qu'on puisse être en mesure de bien couvrir le secteur. Cependant, nous sommes surpris en voyant qu'il n'y a personne autour de la maison. Comme si elle n'était pas surveillée. Jugeant qu'il est tout de même trop risqué de passer par la porte d'entrée, nous décidons de passer par les fenêtres. Nous ne les cassons pas, mais utilisons notre force pour les ouvrir même si elles sont verrouillées. Je suis l'un des premiers à me glisser à l'intérieur.
Je suis plutôt surpris. La maison est très bien arrangée et j'aperçois le portrait d'une famille. Un père, une mère et une petite fille qui ne doit pas avoir plus de sept ans. On aurait pu croire qu'il s'agit d'une maison de famille ordinaire, mais devant l'odeur qui règne sur l'endroit, nous pouvons déduire avec certitude qu'il y a un bon groupe de loups qui est passé par ici. Je fronce les sourcils. Qu'est-il arrivé à cette famille, sur la photo?
-Surtout, nous devons rester groupés. Tenez-vous prêt à vous transformer à tout moment. Dis-je.
Les autres hochent la tête. Normalement, si l'unité de défense fait bien son boulot, nous ne devrions pas avoir à nous transformer, mais on ne sait jamais. La maison étant plutôt grande, nous commençons à nous aventurer à l'intérieur en fouillant une pièce après l'autre. C'est tout de même bizarre que l'endroit soit vide.
Finalement, nous arrivons devant une porte en arrivant dans la cave. Je pense qu'il s'agit d'un bunker, surtout devant le métal qui constitue la porte. Uriel tente de tourner la poignée.
-Fermé à clé. C'est ici qu'elle doit se trouver.
-Alors qu'est-ce qu'on fait? On défonce la porte?
-On doit essayer. Nous allons nous y mettre à plusieurs. À trois.
Je me place et nous comptons jusqu'à trois avant de défoncer la porte d'un coup de pied commun. Celle-ci est catapultée jusqu'au fond de la pièce et nous entendons un petit cri. Je m'aventure le premier et je vois Éléa, qui se tient la poitrine.
-Éléa!
Elle relève la tête et me saute dans les bras.
-J'ai eu tellement peur! Mais c'est que vous! Qu'est-ce que vous faites ici?
-On est venus te sauver. Maintenant, viens. Sortons d'ici avant que quelqu'un n'arrive!
Éléa hoche la tête et nous suis. Nous faisons signe aux autres qu'on peut y aller. Nous fuyons la maison à toute allure, avant d'avoir la chance d'être repérés. Nous remontons dans le minibus et partons à toute vitesse jusque chez Alistair, notre point de rendez-vous. Une fois que nous y sommes, Camilia se charge de rapporter le minibus à la compagnie de location tandis que j'escorte Éléa à l'intérieur. Comme prévu, la porte est ouverte.
-Alors? Vous l'avez...
Alistair s'arrête en nous voyant. Il a la bouche ouverte. Éléa s'avance doucement vers lui et s'arrête complètement quand elle est face à lui. Elle lève sa main et lui caresse la joue.
-Oui, je suis rentrée.
Sans attendre quoi que ce soit, Alistair s'abaisse, la prend dans ses bras et la fait tourner dans les airs, sous ses rires. Ensuite, il l'embrasse pleinement. Normalement, j'aurais détourné le regard pour leur laisser leur intimité, mais en dépit de la situation, je trouve tout ça touchant. Alistair tombe ensuite à genoux et pose sa tête contre le ventre d'Éléa en gardant ses mains dans son dos. Il souffle, comme s'il n'avait pas expiré depuis plusieurs jours.
-Vous allez bien. Tous les deux. Vous allez bien.
Je me dirige avec les autres vers le salon. J'y retrouve Kayla rapidement.
-Vous avez réussi?
-Oui. Elle est saine et sauve.
Elle hoche la tête et se colle un peu plus contre moi. Je lui caresse les cheveux. Alistair et Éléa nous rejoignent enfin. Auliame ouvre la discussion en demandant à Éléa de raconter tout ce qu'elle a vécu lors de sa détention. Elle s'y met. De ce qu'elle nous dit, elle était enchaînée au niveau des chevilles et des poignets en permanence, sauf lorsqu'on lui apportait à manger (mais elle était surveillée) et lorsqu'elle se rendait aux toilettes. Le reste du temps, elle ne pouvait rien faire et restait entièrement seule dans cette pièce.
-Mais quand nous t'avons trouvée, tu n'étais pas attachée...
-Non, j'avais réussi à les convaincre de m'apporter un livre, donc pour lire, mes poignets étaient détachés... Et par la suite, on m'a à nouveau apporté à manger et en rapportant l'assiette, la fourchette a été laissée derrière. Je m'en suis servie pour crocheter la serrure du cadenas. Mais puisque je n'avais pas la certitude de la présence de gardes, j'ai préféré attendre que l'homme qui m'escorte à la salle de bain débarque pour que je puisse l'assommer et m'enfuir. Sauf que vous êtes arrivés avant que ça n'arrive. D'ailleurs, comment vous vous êtes débarrassés d'eux?
-Et bien... Nous n'avons pas eu à le faire. La maison était entièrement vide. Répondis-je.
-Quoi? La maison était vide? Demande Kayla.
-Oui.
Elle se redresse.
-C'est très mauvais signe! S'ils n'étaient pas là... Où sont-ils? Est-ce que vous les avez croisés sur votre chemin? Demande-t-elle à l'unité de défense.
-Non, nous n'avons croisé absolument personne.
-C'est bizarre. Ils ne peuvent pas s'être tout bonnement volatilisés! Renchérit Auliame.
-Exactement!
D'un seul coup, le téléphone sonne et nous poussons tous un cri sous le coup de la surprise. Alistair est celui qui va répondre. Une fois que c'est fait, il se tourne vers nous.
-Cal? C'est pour toi.
-Pour moi? Demandais-je, étonné.
Je fronce les sourcils, comment ça, pour moi? Je ne suis même pas chez moi, pourquoi est-ce qu'on appellerait ici? Toujours aussi confus, j'attrape le combiné que me tend Alistair. Je l'apporte à mon oreille.
"Allo?"
"Bonjour, Calum."
"Qui êtes-vous?" Demandais-je, ne reconnaissant pas la voix.
"Tu as sans doute entendu parler de moi. Je sais que tu n'as jamais entendu ma voix humaine, bien que tu m'as déjà vu..."
"Vous êtes Valère, c'est ça? Qu'est-ce que vous voulez?"
"Juste t'informer que nous avons trouvé une meilleure cachette et de meilleurs otages... J'espère que vous avez bel et bien trouvé Éléa?"
"Je ne vous suis pas..."
"Tu vas comprendre très vite, ne t'en fais pas... Maintenant."
Soudainement, j'entends des cris suivis de pleurs. Je reconnais immédiatement les voix.
"Relâche-les tout de suite! Ils n'ont rien à voir dans tout ça!"
Il pousse un rire.
"Crois-moi, je le sais. Tu veux retrouver tes parents vivants? Alors tu vas demander à Kayla de venir me retrouver dans la forêt ce soir, à minuit tapante. Elle doit venir SEULE. Et fais attention, si nous apprenons que vous êtes avec elle... Vous allez tous le regretter."
"C'est hors de question! Rien ne me garantit que..."
"Ce n'est en rien mon problème. Tu veux que j'épargne tes parents? Tu sais quoi faire. Tu ne voudrais pas qu'ils soient comme cette famille à qui nous avons piqué cette maison, pas vrai?"
Je ne réponds pas, puis il raccroche. Je redonne le combiné d'une main tremblante à Alistair.
-Ils ont mes parents.
-Quoi?
-Valère... Ils ont mes parents...
Je m'effondre au sol.
-On sait où ils sont... Allons-y...
-Non. Dis-je en coupant Kayla.
-Non?
Je relève la tête vers elle.
-Il veut que tu le retrouves dans la forêt ce soir... À minuit pile. Toute seule. Personne ne doit t'accompagner.
-Oh.
Un silence se crée.
-Kayla... Tu ne peux pas faire ça. Pas toute seule! Proteste Alistair.
-Et quelle autre solution vois-tu? Ils ont kidnappé Éléa et ils détiennent mes beaux-parents HUMAINS! Il faut faire quelque chose!
-Mais... Tu ne vas pas t'aventurer toute seule dans la forêt alors qu'ils seront peut-être un bon groupe prêt à te sauter dessus! Rajoute Quinn.
-Je n'ai pas vraiment le choix. Le temps presse. Ils ont tué plusieurs meutes et peut-être des innocents!
-À vrai dire... Tout à l'heure, avant d'entrer par l'arrière de la maison, nous avons fait un tour dans la grange. Nous y avons trouvé trois cadavres, deux adultes et une fillette. Ça ne devait pas faire très longtemps qu'ils étaient là. Ils étaient égorgés. Intervient un coyote.
-C'est... C'est affreux... Dit Éléa.
-Alors c'est clair. Je vais y aller, je n'ai plus le choix...
-Kayla... Tu n'as pas à faire ça. Ne va pas te mettre en danger. Dis-je.
-Non, je vais le faire. Vous ne voyez pas que c'est ça, la solution? Depuis tout ce temps, c'est contre MOI qu'ils en ont. Alors si c'est ce qu'il faut faire pour vous protéger, je vais me livrer. Et ce... Même si ça signifie que je dois donner ma vie.
Sans rajouter quoi que ce soit, elle quitte la maison d'Alistair et je mets quelques secondes avant de réagir à tout ce qu'elle vient de dire. Je cours après elle.
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