3 ans avant l'épilogue...

Point de vue de Kayla

Je suis en visite avec ma famille dans la meute de Fabien. La raison de ce voyage? Nous sommes allés voir Quinn que nous n'avons pas vue depuis un bon moment, déjà. Il faut dire qu'avec la distance, malgré la présence de l'alliance entre les deux meutes, les rencontres entre nous se font assez rares. Et puisqu'Alistair désire également la voir et qu'on ne peut pas tous les deux partir longtemps en même temps, nous alternons. C'est plus facile lorsqu'elle vient vers nous, mais puisque nous sommes l'hiver et que ça permet aux enfants de jouer dans la neige qui est nettement plus dense que chez nous, pourquoi pas?

Cependant, aujourd'hui, je ne passe pas la journée avec eux. J'ai certaines questions à poser à la chamane affiliée à la meute de Fabien. Je les laisse en suspens depuis maintenant trois ans, mais désormais, je pense que je suis prête à entendre les réponses et à repenser à tout ce qui a pu se passer. 

-Donc tu penses que ça va durer combien de temps, ta petite consultation? Me demande Calum.

-Franchement... Peut-être une heure? Mais de toute manière, le temps de s'y rendre et de revenir risque d'être beaucoup plus long. Tu sauras t'occuper des enfants sans moi?

-Pour quelques heures? Je devrais être en mesure de gérer. Et puis, Quinn reste avec moi. Elle dit qu'elle veut apprendre.

Je rigole, pensant rapidement au fait que mon amie attend bientôt son premier enfant. 

-D'accord, dans ce cas, à tout à l'heure. Dis-je en l'embrassant rapidement sur la joue. 

-À plus tard. 

Je sors de la maison et rejoins Florian qui m'attend dans sa voiture. En temps normal, c'est son frère qui m'aurait accompagnée, mais ce dernier avait déjà beaucoup de projets pour aujourd'hui. C'est donc son bêta qui me ramène là-bas. 

Une fois que nous plaçons la voiture à l'endroit approprié, nous coupons par la forêt pour nous rendre jusqu'à la réserve où vit la chamane. Nous entrons à l'intérieur en étant, comme toujours, dévisagés par les petits enfants qui jouent. Je frappe à sa porte et c'est un homme qui ouvre.

-J'peux vous aider?

-Oui, on est là pour Aponi. Commençais-je.

Il me dévisage pour ensuite faire la même chose sur Florian.

-Ah, je vois. Aponi, y'a des loups pour toi...

Ne se faisant pas prier plus longtemps, Florian entre dans la maison le premier et je le suis. Bientôt, celle que nous attendions est enfin arrivée. 

-Je ne vous attendais pas si tôt... Asseyez-vous, je vais préparer le thé. 

Une fois de plus, Florian et moi n'attendons pas plus de temps pour nous installer sur le canapé. Je constate que depuis la dernière fois que je suis venue, ils ont de nouveaux meubles. Il faut le dire, c'est assez bien. Après quelques minutes, nous entendons la théière grincer et Aponi arrive bientôt avec deux tasses qu'elle s'empresse de remplir avec ce liquide. Je la remercie et en prends une gorgée. La chamane s'assied devant nous. 

-Alors, tout se passe bien du côté de vos meutes respectives? Nous demande-t-elle rapidement.

-Oh, oui. Comme d'habitude. Répond Florian.

-Nous aussi, depuis trois ans, nous n'avons rien eu, on peut dire que tout est calme, désormais. 

-Ça, ce sont de bonnes nouvelles. À présent, quelle est la raison exacte de votre visite? Nous n'allons pas perdre de temps sur des banalités. 

-En fait, c'est que j'ai certaines questions sur certains trucs d'il y a trois ans... 

-Va falloir que tu me rappelles ces "trucs", si tu veux que je sois en mesure de t'apporter quelques éléments de réponse. 

Je me lance donc dans mon explication des événements d'il y a trois ans, en détaillant nettement plus la fin. 

-Et donc, que veux-tu savoir à ce sujet?

-Et bien... C'est par rapport au fait de l'âme qui se trouve dans ma jambe.

-Ah, oui. Celle du loup de ton père. Se rappelle-t-elle.

-Exact! Déjà, y'a un truc qui reste encore un peu flou dans ma tête... Lors du combat contre Valère et Rufus, les deux dont je t'ai parlé... Personne dans ma meute est au courant et j'aimerais que ça reste ainsi, mais... Je suis morte. 

-Morte, tu dis? S'étonne Florian.

Je hoche la tête. 

-Oui, j'ai rendu l'âme en raison de mon nombre important de blessures infligées. 

-Alors... Comment se fait-il que tu sois encore ici? 

-Justement, j'y viens. J'ai pu parler à ma mère qui est morte quand j'étais encore enfant et, en me ramenant brièvement dans notre monde j'ai vu un autre loup sur moi, papa. Il me guérissait. 

-Évidemment, je ne t'apprends rien quand je te dis que les loups-garous ont cette possibilité. Dit Aponi. 

-Je le sais bien puisque je m'en suis déjà servie moi-même. Mais... S'il est mort et que c'est une simple âme sans véritable enveloppe corporelle... Comment c'est possible?

-Qu'est-ce que tu veux dire, exactement?

-Comment c'est possible! Quand il était entier dans mon collier, j'avais pas la possibilité de le toucher! Pourquoi c'est différent, maintenant? Comment se fait-il qu'une âme puisse interagir avec un objet du monde réel? 

-Ce que tu me décris, c'est un cas exceptionnel. Ça existe, bien que ce soit rare. 

-Et donc?

-Il existe deux types d'âmes vagabondes ayant le point commun de pouvoir faire le pont entre l'au-delà et le monde des vivants. Si cette action leur est possible, c'est parce qu'ils sont liés à un objet, celui-ci peut-être biotique comme non biotique. En d'autres mots, il peut s'agir de n'importe quoi.

-Oui, évidemment, je le sais... Mais ça ne répond pas vraiment à ma question. 

-Si tu me laisses le temps d'expliquer convenablement avant de m'interrompre, tu pourras comprendre plus vite, Kayla.

Me rendant compte de cette manie, je bredouille rapidement une excuse pendant que je sens Florian se retenir de rire à mes côtés. 

-Enfin bon. Comme je le disais juste avant, mis à part ces similitudes, il y a, généralement deux types d'âmes vagabondes qui ont la possibilité de venir dans le monde des vivants et d'y rester comme ils le souhaitent. Les types sont définis par les objets qui les contiennent. Si l'objet en question n'est pas quelque chose de vivant, ça peut donc être un morceau de plastique, du métal, du verre ou encore une matière morte, c'est une âme légère. Dans le cas contraire, si l'objet qui contient l'âme est vivant, c'est une âme lourde. 

-D'accord... Donc si je te suis bien, quand mon père était dans le collier, il était une âme légère, mais sa partie louve qui est restée dans ma jambe, c'est une âme lourde.

-C'est exact. La principale différence entre ces deux types, c'est le pouvoir d'action sur le monde des vivants. Dans ce cas-ci, lorsqu'une âme est lourde, le fait qu'elle soit liée à un être vivant lui permet d'interagir avec les objets du monde vivant. Cette capacité lui est permise par le fait qu'elle "vit" dans une matière vivante qui puisse faire ça à son plein gré. C'est une règle qui compte pour tout être vivant. 

-Est-ce que c'est aussi pour ça que j'arrive à convoquer ce loup quand je le souhaite?

-Oui. Dans ton cas, tu as une conscience, ce qui permet de créer une meilleure connexion avec cette âme et donc, de te donner la possibilité de la contrôler. 

-Est-ce que ça s'applique avec TOUS les êtres vivants? Demande Florian. 

-Oui. Même les arbres, si tu veux.

-Euh... Comment, au juste? Ils n'ont pas de conscience...

-Effectivement, mais ils réagissent aux stimuli. Reprenons l'exemple de l'arbre, si celui-ci ne vit pas dans une forêt et qu'il y a... Je sais pas... Une période de sécheresse. Il commencera éventuellement à manquer d'eau. Dans ce cas, devant sa volonté, si on peut le dire comme ça, de boire, l'âme qui habite dans cet arbre le ressentira et aura la capacité de se matérialiser pour, par exemple, aller lui chercher de l'eau. 

-Je vois...

Puisqu'il ne s'agit pas du type de connaissance qui est enseignée au sein d'une meute, apprendre ce genre de chose est vraiment satisfaisant. J'arrive surtout à mieux comprendre cette capacité que je porterai le reste de ma vie. C'est assez rassurant de savoir tout ça, désormais. Ça explique également comment le loup de mon père a pu être en mesure de tuer Valère.

Puisque nous sommes là, j'en profite pour poser d'autres questions par rapport à cette âme. Je sais maintenant deux nouvelles choses : ce loup est en mesure de me posséder complètement (mais puisque ce n'est pas une âme maléfique, ça ne devrait pas vraiment arriver) et étant donné que c'est un mort, celui-ci ne dort jamais. Il surveille donc tout en permanence. Enfin, s'il le souhaite et qu'il en ressent le besoin, surtout. De ce que je comprends, même s'il habite dans ma jambe, il possède tout de même une certaine marge de manœuvre : cette information me rassure un peu vu que ça signifie qu'il ne m'observe sans doute pas lors de mes moments tendres avec Calum. Du moins, je l'espère bien... 

Une fois que nous n'avons plus de question laissée en suspens, je prends la peine de remercier Aponi avant de quitter sa maison, puis le sein de la réserve. En coupant par la forêt, nous retournons à la voiture qui est exactement là où nous l'avions laissée. Je monte après que Florian qui débarre les portes. Nous regagnons la route et Florian me pose une question.

-Comment ça se fait que tu n'aies pas dit à ta meute ce qu'il t'est vraiment arrivé, ce soir-là? 

-C'est assez complexe... Enfin, disons que ça l'est. Le jour où je suis morte pour revenir à la vie après je ne sais combien de temps... Tout dire à ce sujet me semblait être une bonne idée. Après tout... Comment motiver les troupes après cette possibilité que j'ai littéralement subie? Avec le temps... Leur dire me semblait surtout inutile.

-Inutile? Mais tu es morte!

-Justement, je ne le suis pas. Enfin... Plus maintenant. Le délai a été assez court... À quoi bon leur en parler si je vais bien, aujourd'hui? 

-Je pense qu'ils devraient quand même être mis au courant. Tu es l'Alpha de ta meute... C'est mal de leur cacher des trucs, même si c'est sans intérêt aujourd'hui. En tout cas, je sais que si Fabien me cachait quelque chose, je le prendrais mal. Je sais que nous sommes frères et qu'instinctivement, nous veillons l'un sur l'autre... Mais il est aussi mon Alpha. Tu sais à quel point c'est un modèle à suivre. 

Je hoche la tête. Maintenant qu'il m'expose ce point de vue, je dois admettre qu'il a raison. Je m'en mords un peu les doigts. Surtout que lorsqu'il m'avait caché la véritable raison de notre départ, la première fois que nous nous sommes déplacés pour fuir les coyotes, je lui en voulais de me faire partir de ma maison "pour rien". J'étais jeune, à l'époque, mais en tant que père et qu'Alpha, j'aurais au moins souhaité être mise au courant. Voilà à présent que je répète cette même chose. Je hoche la tête, Florian a raison. Je dois leur dire. 

À partir de maintenant, je serai beaucoup plus qu'un simple livre ouvert. 

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Et voilà! Il s'agissait du dernier bonus de ce tome 2! J'espère que vous l'avez aimé tout comme le dernier.

Une fois de plus, merci d'avoir suivi cette suite d'un bout à l'autre! :)