Scaramouche :

Ruisselant d'eau gelée et recouvert d'algues de la tête aux pieds, je laissais Nahida me sécher et me nettoyer avec un ridicule chiffon.

"Quoi ? crachai-je en sentant le regard de Mme Raiden se poser sur moi.

-Qui a enlevé les élèves ? Ma mère rejeta sa longue tresse violette dans son dos. Elle se tenait assise et droite, l'expression figée dans un masque impassible.

Miko se tenait à ses côtés, comme toujours.

Mais cette fois, elle avait perdu son petit rictus mesquin.

Je sentis Nahida tressaillir près de moi, comme si elle hésitait entre lancer sa serviette au visage de ma mère ou m'emmener à l'autre bout du monde.

Malgré moi, un sentiment de chaleur vint réchauffer tout mon corps.

Merci, Nahida.

Elle ne pouvait pas entendre mes pensées, mais les mères sentent ce genre de choses.

-Je ne peux pas vous le dire, répliquai-je contre toute attente.

Raiden et Yae échangèrent un regard entendu, teinté d'une surprise horriblement agaçante.

Oui, j'avais changé ! Je le savais, j'étais redevenu faible. Je m'étais promis de détester tout le monde, d'être si immonde et mauvais que personne n'aurait la moindre envie de venir me coller.

Et tout ça pour ne pas les perdre quand Megistus viendrait s'emparer d'eux.

Si imperturbable que ma véritable mère voudrait à nouveau de moi.

Mais Layla...

Je voulais juste...

Je crois que je voulais la protéger.

Mais il y a des choses que l'on ne peut pas accomplir seul.

-Kunikuzushi, je ne pourrais pas prendre ta défense, murmura Raiden. Tu es complice, si tu ne dis rien...

Sa voix se brisa.

Je me rembrunis. Depuis quand se souciait-elle de moi, au juste ?

Miko posa sa main sur l'épaule de ma mère.

-Tu ne nous as jamais révélé qui t'avait enlevé à l'époque, dit-elle soudain.

Si j'avais eu un cœur, il se serait arrêté. Mes veines frémirent sous ma peau et mon sang devint de glace.

-On croyait que tu n'avais pas vu son visage pendant ta capture, ni entendu son nom, continua Miko en relâchant son étreinte de Raiden, mais étrangement, je doute de tout cela.

Cette renarde avait un don pour flairer la vérité. Je la maudis en serrant les dents.

-Quand on est arrivé au commissariat, tu tenais la main de cette fille, elle avança vers moi à la manière d'un serpent.

-Ce n'est pas de sa faute, la coupai-je aussitôt.

Par les Archons ! Mais qu'est-ce qu'elle m'a fait ? Depuis quand ne pouvais-je plus réfléchir convenablement au point de m'enfoncer moi-même dans la boue ?

-Tes yeux étaient noyés derrière une barrière de brume quand on a remis la garde à Nahida, siffla Miko sans s'arrêter.

Elle était à un souffle de lui, à présent.

-Miko ! Nahida s'interposa entre moi et la documentaliste. Ça suffit.

-Non, la femme la repoussa sur le côté et s'avança vers moi. Elle t'a dit qu'elle lui ferait du mal si tu tentais quoi que ce soit, n'est-ce pas ?

Nahida vint se replacer devant moi, les bras tendus et prête à recevoir des coups s'il le fallait.

Ce que je n'allais pas laisser faire si la situation se dégradait.

-Cette femme, elle est ensuite repartie Rtawahist et elle s'en est servie comme marionnette pour enlever tous ces enfants, sans que personne ne puisse la soupçonner. Et toi, tu n'as rien fait, évidemment, l'amour rend aveugle.

Pardon ?

Je me levai précipitamment, un sourire grandissant aux lèvres.

Un ricanement dément me chatouilla la gorge, je le libérai sans m'en contenir.

-Tu crois que... Tu crois vraiment...? Je me calmai seulement quand Nahida vint me rasseoir sur ma chaise. Tu crois que je n'ai pas dénoncé cette psychopathe juste pour protéger Rtawahist ? C'est une blague, j'espère ? Et tout ça pour quoi ? Parce que je serais "amoureux" d'elle ? C'est ridicule !"

Mais étrangement, ma tirade sonna si faux à mes oreilles que j'en eus la nausée.

Merde.

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Layla :

"C'est hors de question ! rétorqua aussitôt Mme Lenka. Vous êtes peut-être prof, mais je refuse qu'une de mes élèves se retrouve seule avec vous !

Tiens donc, songeai-je. Mme Megistus était soupçonnée par notre chère directrice ?

Je frissonnai quand le regard de la femme changea.

Il devint noir.

Froid comme une nuit d'hiver pluvieuse.

Comme cette nuit-là.

La terreur me saisit à la gorge. Cette sensation de déjà-vu...

J'avais la réponse sur le bout de la langue, la réponse à mon passé et à toute cette histoire.

Mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus.

C'était terriblement agaçant.

Clac.

Je sursautai comme le reste des élèves dans la pièce.

-Pour une fois, je suis d'accord avec la merde volante.

Scaramouche apparut dans l'embrasure de la porte, les cheveux dégoulinants.

Il était trempé, mais cela ne semblait pas le déranger plus que ça.

Ses yeux sombres se plongèrent dans les miens.

Oh oh... pensai-je avec la sensation qu'une limace gluante me dévalait l'échine.

Pourquoi ma vie basculait-elle en dark romance ?

Peut-être parce que j'avais plus ou moins embrassé le garçon que j'étais censée haïr ?

En retour, je m'étais attendu à souffrir sérieusement.

D'autant plus que je l'avais giflé juste après.

Deux fois.

Pourtant, il ne me toisait pas avec haine ou dégoût.

Il était juste...
...neutre ?

Impassible, mais pas son impassibilité habituelle, remplie de méchanceté.

Cette fois, c'était presque de la douceur que je lisais dans ses iris.

Je remarquai d'ailleurs qu'elles étaient bleues.

Plutôt bleu nuit, presque noires, comme un soir dans le désert, et...

Tu t'égare, Layla !

Je détournai le regard avec un sentiment de honte gravé dans le cœur.

Il baissa la tête pour contempler le sol, comme s'il s'agissait de la chose la plus intéressante de la pièce.

Je me rendis alors compte que Mme Raiden, Mme Yae et Nahida se tenaient dans son dos.

-Sortons d'ici, Nahida s'avança au centre de la pièce pour que tous l'entendent. Laissons Mme Megistus parler à Rtawahist.

Mme Lenka se hérissa comme une châtaigne.

-PARDON ?!

-Mais lorsque qu'elle ressortira, ce sera pour se faire passer les menottes, ajouta Nahida en balayant l'assemblée du regard.

Mme Megistus devint livide, elle recula contre le mur comme s'il était sa seule porte de sortie.

Elle redressa la tête et son expression se mua en fureur pure.

-Toi ! éructa-t-elle en pointant Dottore. Tu leur as dit !

Il était là, lui aussi, les poings liés.

Le professeur haussa les épaules avec un rictus amusé.

-Bah, mieux trahir ses amis plutôt qu'être vaincu par ses ennemis.

Elle lui lança un regard venimeux, qu'il répondit par un sourire plus grand encore.

Quelle bande de tarés, songeai-je sans perdre une miette des révélations.

Le rideau allait enfin tomber!

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NDA: Salut les lecteurs! Si vous êtes paumés; c'est normal! 🤣🤣
Je pense que je ferais une FAQ à la fin pour répondre aux questions, d'ailleurs, normalement, toutes les réponses seront données à la fin.

Et à mon avis, encore deux chapitres et cette histoire prendra fin (à moins qu'il y ait un retournement de fou 😈😈)...

Désolée du retard de publication, mais je continue à écrire dès ce soir!

À bientôt! 😌