Chapitre 16 - Mise en point (Apolline)
Je suis trop contente de ce chapitre, alors j'espère vraiment que vous l'apprécierez ! ^^
*
Léon Marchand m'a enfermé dans un ascenseur.
Je n'y crois pas !
Serait-il un psychopathe en réalité ?
Mon dieu ! Faites que non.
Si ça se trouve, les pensées pleines de mon idylle naissante, ou de cette fausse romance que je tentais de transformer en amitié, je suis passée à côté de la vérité : Léon Marchand n'est pas un nageur olympique, c'est un assassin déguisé sous des traits angéliques. Derrière ses yeux bleus, ce visage gentil et ces bonnes manières se cachent en réalité un kidnappeur qui séquestre les filles dans les ascenseurs.
Le bouton d'alarme continue de clignoter et la voix de quelqu'un se fait entendre :
— Y a t-il un souci ?
— L'ascenseur s'est brusquement arrêté, répond Léon.
Menteur.
— On envoie une équipe, dit le technicien.
La voix s'interrompt. On est d'accord qu'il vient de mentir ?
Je vais mourir.
Il va me découper en morceau, il va...
— Je suis désolé, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, me dit-elle.
Est-ce une stratégie pour m'amadouer ? Collée contre le mur, à l'opposé de lui (un exercice difficile dans un ascenseur étroit), je ne dois pas me laisser avoir par son joli minois et ses jolies phrases
— Je voulais juste discuter, j'ai paniqué et je...
— Tu nous as enfermé dans un ascenseur ! m'exclamé-je.
J'ai répliqué malgré moi, ma fougue revenue. Mon père dit toujours que je devrais tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Surtout si je suis face à un psychopathe !
— Oui, je... les techniciens vont arriver et nous sortir de là.
— Vivants ?
Je dois quand même m'assurer de ses intentions. Quoi que : est-ce qu'un potentiel assassin dirait à sa victime qu'il va la tuer ?
Léon arque un sourcil.
— Euh... J'espère. Pourquoi !? Tu comptes me tuer ?
— Ce n'était pas dans mes plans de soirée. Et toi ? Je m'inquiète un peu à vrai dire.
— Moi non plus. Désolé, je n'ai vraiment pas réfléchi. Je voulais discuter et ... on avait parlé d'ascenseur.
Je rêve !
— C'était métaphorique ! m'écrié-je. Je n'ai jamais pensé à un rencard dans l'ascenseur.
— C'est un rencard ?
Je marmonne, m'insultant au passage, et me maudissant pour cette réplique stupide.
— Non... Enfin... Bref... On est bloqué maintenant.
Je suis rassurée qu'il n'ait pas l'intention de m'éliminer, mais je me dois quand même de lui rappeler que c'est de sa faute si nous en sommes là. Combien de temps cela prendra-t-il au service technique pour venir nous délivrer de l'ascenseur, au juste ? Je croise les bras sur la poitrine, mécontente. Léon prend la même position, une jambe repliée contre la paroi métallique. Sa chemise lui va bien. Il a coiffé ses cheveux blonds en arrière et une petite fossette creuse ses joues. Il est charmant, indubitablement. Je ne peux m'empêcher de le dévisager ni de ressentir des tressautements dans mon ventre et des palpitations dans ma poitrine. Cette histoire va mal finir...
— Donc... Tu voulais me parler ? le relancé-je.
Puisque nous sommes convenus qu'il ne comptait pas m'assassiner, j'aimerais quelques explications. Qu'y a-t-il de si intéressant et pressant à me dire qui nécessite que nous soyons bloqués dans un ascenseur ? N'aurait-il pas pu attendre que nous soyons dans le hall ? Ou autour d'un verre ? C'eut été plus approprié.
— Oui... Je...
Il cherche ses mots, hésitant. Lui qui paraît toujours si sûr de lui affiche un air gêné. Ses joues se colorent en rouge, il détourne le regard. Je décroise les bras. Mon attitude ne doit pas être des plus sympathiques et vu sa timidité apparente, je ne dois pas le mettre en confiance.
— Eh ! Ça va, OK ? Je suis ouverte à la discussion. C'est juste que l'endroit n'est pas très conventionnel et tu m'as fait flipper.
Je désigne l'ascenseur où nous sommes bloqués, faisant apparaître une autre fossette sur sa joue. Vraiment, trop mignon. Il passe une main dans ses cheveux et opine, avant de prendre une grande inspiration comme s'il s'apprêtait à sauter dans une piscine.
— Je ne veux pas être ton ami.
Oh !
Ah !
OK.
Bon...
— Sympa.
J'aurais dû m'en douter. Nous ne nous connaissons pas. Une part de moi espérait qu'à défaut de rechercher mon affection, il puisse au moins souhaiter un début d'amitié, mais je me suis trompée. Je n'aurais pas dû m'emballer, je le savais. Les garçons nous déçoivent toujours. Finalement, il ressemble un peu à Yohan, mon ex...
— Ça ne fait rien, répliqué-je, on ne se connaît pas après tout, tu as le droit de ne pas me trouver sympathique, de ne pas vouloir plus, ni d'être mon pote. Vraiment, je respecte.
— Tu ne comprends pas.
— Si, si, au contraire, je comprends très bien. D'ici quelques jours, tu reprendras ta vie et je n'en ferai pas partie. C'est normal, OK ? Je ne suis pas vexée. Tu as ta vie en Arizona, tes potes à Toulouse, moi, j'ai mon bénévolat et je...
— Je ne veux pas être ton ami parce que tu me plais.
— Oui, je... Attends quoi ?
Qu'est-ce qu'il a dit ?
Allo ?
What ?
Hein ?
Il y a un beug dans la matrice.
— Tu peux répéter ?
— Tu me plais ?
Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu !
Il n'a quand même pas dit ça ? Mon cerveau a du mal interprété. On ne se connaît pas. Ou juste un peu. C'est Léon Marchand, pas le marchand du coin. Pas n'importe quel Léon. Oh, bordel, bordel, bordel...
Il s'avance vers moi.
Je veux reculer, mais je suis déjà collée contre l'ascenseur. Mon cœur palpite. Il hésite, je le vois dans ses yeux clairs, ses joues sont toujours rouges de timidité, mais il fait un pas de plus et mon cœur s'emballe. Il bat fort. Très très fort.
— Et moi, est-ce que je te plais ? chuchote-t-il.
BORDEL, LÉON ! À quelle fille est-ce que tu ne plais pas ? C'est ça la vraie question !
— Je...
Dis quelque chose, Apolline ! Dis quelque chose...
— Je crois que oui.
— Tu crois ?
Son sourire revient. Il refait un pas, se retrouve devant moi, son visage à quelques centimètres du mien.
— En fait... J'en suis sûre, soufflé-je.
Est-ce que ça va arriver ? Pour de vrai ? Pas juste dans ma tête (attends : parce que tu t'es déjà imaginée cette scène dans ta tête ? Non, pas celle-là, mais quelques-uns similaires, j'avoue !). Il se rapproche encore, les papillons dans mon ventre s'envolent, mon cœur bat et...
— Apolline ?
— Mmm... Oui ?
— Est-ce que je peux t'embrasser ?
Par tous les dieux de tous les univers confondus !
Il m'a vraiment posé cette question ?
Je dois faire cesser mon cerveau. STOP, les tergiversations. Léon est là, devant moi. Nos deux cœurs battent à l'unisson.
— Oui.
Ses lèvres se posent sur les miennes. Je me hisse sur la pointe des pieds, agrippe mes mains à son cou pendant que les siennes descendent sur mes hanches, approfondissant notre baiser. J'ouvre la bouche, sa langue glisse sur la mienne dans un joyeux balai, nos dents se cognent, on éclate de rire. Je l'embrasse encore alors que mon cœur bat, bat, bat et...
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent.
— APOLLINE !
— LÉON.
Nous nous retournons en même temps...
Très lentement...
— Papas ! crions-nous de concert.
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