Ce que fit Aiedail à Tal Drost


Les jours suivant Aiedail passa le plus clair de son temps à errer dans les rues de Tal Drost, et regardait avec scepticisme l'architecture urbaine à laquelle son enfance forestière ne l'avait pas habituée. Elle marchait au milieu des allées, et restait parfois de longues minutes en arrêt devant une bâtisse ou une échoppe, à se demander la raison des entrées et sorties.

Elle finit par se perdre dans les couloirs du nord de la cité. L'heure n'était pas très avancée, mais toutes ses recherches la ramenaient aux mêmes rues vides. Alors elle s'inquiéta.

C'est alors qu'une voix l'appela par son nom, et cette voix n'était pas familière à Aiedail. La jeune elfe chercha autour d'elle d'où cet appel pouvait venir, mais elle ne perçut aucun mouvement dans la rue.

« Ne me cherche pas, je ne suis pas vraiment ici. Je te parle par ma magie, et toi seule peut m'entendre. » dit alors la voix. « Je ne te veux pas de mal, au fait je veux t'aider ». Alors la voix décrivit à Aiedail la route à suivre. Avec méfiance, la jeune elfe se laissa guider, car il lui semblait bien à chaque tournant qu'elle retrouvait des chemins qu'elle avait parcouru plus tôt. Elle finit par retrouver un carrefour d'où elle savait rentrer dans ses quartiers. L'endroit était désert, car il commençait à être tard.

« Te voilà sur une route plus favorable, Aiedail l'égarée.
- Qui dois-je remercier, et pourquoi ce conseils ? » répondit Aiedail à haute voix. « Malgré votre aide, je n'ai pas grande confiance en quelqu'un qui me parle depuis les ombres
- C'est fort prudent de ta part, jeune fille » répondit la voix, « et je vais tenter de te répondre. Je cherchais ton attention depuis quelque temps, et ton égarement m'a offert l'occasion de te parler. Aujourd'hui je t'ai guidée dans le labyrinthe des rues, mais il se pourrait que demain tu ais besoin d'un guide dans un dédale bien plus tortueux.
- Que voulez-vous dire, Voix-depuis-les-ombres ?
- Votre hôte, Dame Drihel, te convoquera demain au conseil des vassaux. tu seras confrontée à une question complexe, à laquelle je veux que tu répondes au mieux.
- Ma mère et mon père m'ont appris ce dont j'ai besoin pour vivre et pour résoudre les problèmes qui me seront soumis. Pourquoi aurais-je besoin de l'aide d'un inconnu ? »

La voix se tut quelques instants, puis reprit d'un ton plus grave :

« Le monde est complexe pour toutes les deux. Tu as perdu ton père, tu vas perdre ta mère. Tu as quitté ton clan, sans savoir quand ou si tu reviendras. Toi qui n'as jamais vu de ville, te voilà dans la plus grande cité du royaume. Toi qui n'as vécu que quelques printemps, bientôt tu découvriras les intrigues de la cour, et un monde si grand que personne ne peut l'explorer tout entier. Même si aujourd'hui tu as retrouvé ton chemin, tu restes Aiedail l'égarée. Sais-tu où tu veux aller, et cet endroit est-il vraiment là où tu dois être ? »

Aiedail trembla à ces mots, car la voix avait mis en pleine lumière les peurs que l'elfe se cachait à elle-même pour ne pas y penser. Elle murmura :

« Qui êtes-vous pour me connaître si bien, et que demandez-vous en échange de votre aide ?
- Je ne te demande que de te sortir au mieux des situations dans lesquelles le destin t'a mis. C'est encore ainsi que tu m'aideras le mieux dans mes propres projets.
- Quels sont ces projets ? Et qu'ont-ils à voir avec moi ?
- Tu ne pourras pas en savoir plus ce soir, mais quand demain je t'aiderai, tu verras alors que tu peux me faire confiance. D'ici là, prend pour prix de mon aide dans ces rues de ne rien dire de notre rencontre aux tiens, Aiedail l'égarée, car je ne désire pas être connue d'eux. »

C'est alors que Finiarel survint, et soudainement la voix se tut. Et Aiedail fut surprise par la présence du danseur car, toute à son échange avec cette étrange voix, elle ne l'avait pas vu approcher.

« Princesse, êtes-vous perdue si proche de nos quartiers ? Il commence à faire tard, et j'allais justement finir ma promenade. Souhaitez-vous que nous rentrions ensemble, ou finissez-vous vous aussi quelques errances en cet étrange quartier ?
- Si j'étais perdue, Finiarel, ce n'était que dans mes pensées. Mais rentrons maintenant, je crains d'avoir besoin de repos car demain pourrait être une grande journée. »

Alors ils rentrèrent. Mais Aiedail ne se reposa pas cette nuit-là, car trop de choses occupaient son esprit.          

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