Option de guerre

Galbatorix avait ordonné un rassemblement . Les Treize , ou plutôt les Douze , étaient rassemblés dans la salle du trône . Les Dragonniers étaient tous assis autour de la grande table , attendant de connaître la cause de leur appel . La table était encadrée par seize chaises . Sept de chaque côtés et une aux extrémités . L'une de ces dernières était occupée par Galbatorix . La chaise à droite du roi était vide . Personne n'osait s'y mettre car c'était celle de Morzan et la dernière fois qu'un autre Dragonnier s'y était assis , Morzan , invisible , l'avait expulsé contre le mur . Seul Vamkar et Galbatorix connaissaient la supercherie . Tous les autres Parjures croyaient à une malédiction .

Certains des Dragonniers discutaient , d'autres fixaient leur seigneur , prêts à l'écouter . Galbatorix attendit le silence pour prendre la parole . Quand tout le monde se tût , il annonça :

- Mes amis, Dragonniers et dragons , je voudrais vous faire part d'un de mes plans .

Comme personne n'ajoutait rien , il poursuivit :

- Pourquoi quelques personnes devraient-elles refuser mon autorité alors que le monde entier m'est soumis ? Pourquoi est-ce que ces personnes continuent-elles de se rebeller alors qu'elles sont seules au monde contre nous ?

Aucun des Dragonniers présents ne sut répondre . Quand Arwok , dont le dragon était gris métallique , se risqua :

- Parce qu'elles voient de l'espoir là où il n'y en n'a pas ?

- En effet . Répondit le roi d'une voix lente . Mais alors, pourquoi est-ce que le Surda , les Vardens , les nains et les elfes ne quittent-ils pas l'Alagaeisia pour s'installer ailleurs ? Là où je n'ai aucun pouvoir ? Pourquoi est-ce que ces clans de résistance continuent-ils de nous défier alors qu'il y a d'avantage de morts dans leur camp que dans le notre ?

Il toisa ses serviteurs d'un œil sombre avant de répondre :

- Parce qu'ils espèrent que l'un de vous nous trahisse pour les rejoindre .

Cette simple idée produisit un ricanement général .

- Je sais, c'est absurde de leur part . Approuva Galbatorix en souriant à son tour . Mais bon, que voulez-vous y faire ?

- Ces minables peuvent attendre longtemps ! Pouffa Apala .

- D'ici là , ils seront tous morts ! Lança Enduriel .

Cette remarque fit redoubler leur amusement .

- Qu'ils prennent cela comme une aide à raccourcir leur longue attente . Déclara le roi en se levant . Car j'ai décidé qu'au retour de Morzan , nous attaquons Aberon .

Les Parjures poussèrent des exclamations de joie .

- Ils n'auront plus le loisir d'attendre de nous avoir à leurs côtés . Clama Galbatorix . Car ils seront avec nous tout comme nous seront avec eux .

A nouveau, les Dragonniers acclamèrent cette fabuleuse nouvelle .

- Êtes-vous avec moi pour cette guerre ?

A nouveau, ils approuvèrent, alors Galbatorix déclara, satisfait de leurs avis :

- Si vous êtes d'accord, la discussion est close . Bonne fin de journée et espérons que Morzan revienne bientôt .

Sur ces mots, le roi se détourna et s'éloigna . Il disparût derrière son grand dragon noir .

Le roi entendit que les Parjures quittaient la salle à leur tour .

« Beau discours Galby . » le complimenta Shruikan .

« Merci Shruikan . » le remercia son Dragonnier en rentrant dans sa chambre .

Galbatorix s'assit à son bureau et s'empara d'une des nombreuses enveloppes qui y étaient empilées .

Une lettre d'un chef urgal . Galbatorix déchira le sceau de cire et retira la lettre que contenait l'enveloppe . La lettre était écrite en langue urgale . Mais vu que ce n'était pas la première fois qu'il en lisait, Galbatorix n'eut aucun mal à comprendre son contenu :

Seigneur Galbatorix ,

Je voudrais vous informer que vos troupes qui patrouillaient en direction de Teirm ont été interceptées par des troupes Vardens . Pourriez-vous envoyer des Dragonniers ou des sorciers avec vos troupes je vous prie ? Ce n'est qu'un conseil de ma part , ne prenez pas cela personnellement . J'espère que vous vous portez bien et que les Vardens ne font pas trop de dégâts .

Cordialement ,

votre dévoué Vorkamir

Ce chef urgal aura beau envoyer des lettres à son seigneur , jamais Galbatorix n'enverra de Dragonnier avec ses hommes . Il n'allait tout de même pas embêter ses Parjures tout ça parce que ces soldats ne savaient pas combattre . Encore, des sorciers , c'était envisageable . Mais de là à envoyer les Treize ! Non , c'était inadmissible .

Galbatorix ouvrit un tiroir et en sortit un parchemin, puis, trempant sa plume dans l'encre posée sur le bureau, il écrivit :

Vorkamir ,

Vous vouliez que j'envoie des jeteurs de sort avec mes troupes . J'accepte de faire ceci pour mes hommes car en effet , les interceptions se feraient plus rares et moins de soldats mourraient dans leurres missions . C'est une possibilité . Mais je refuse de quelconque manières , d'envoyer les Treize avec les troupes . Car tout simplement , il n'y a pas assez de Dragonniers pour protéger toutes les vadrouilles et puis , les Treize ont d'autres fonctions plus importantes . Ce n'est pas leur rôle d'accompagner les troupes .

Le roi et Dragonnier , Galbatorix

Lorsqu'il eut fini , Galbatorix roula le parchemin et le ferma de son sceau . Alors , il lança :

- Messager !

Quelques instants plus tard , un soldat entra . Il salua son seigneur et demanda :

- Vous m'avez appelez Sire ?

- Oui Gorvack . Répondit Galbatorix . Je voudrais que tu donnes ceci au chef des Vouclères .

- Bien Sire . Répondit Gorvack . Je ne faillirais pas à ma mission .

Le messager prit le parchemin que le roi lui tendait . Il s'inclina puis sortit .

- Bien Murmura Galbatorix .

Il se rassit à son bureau et prit le parchemin du dessus . C'est alors que ses yeux s'agrandirent . C'était une lettre de Lord Lyrok . Il restait juste à espérer que ce ne soit pas pour son fils .Si jamais c'était le cas , Lyrok leur déclarera sûrement la guerre .

Galbatorix enleva le sceau , hésitant . L'intention du compte se lisait dans ses mots . C'était une déclaration de guerre .

Roi Galbatorix ,

je ne sais pas si vous en avez été informé , mais , j'ai appris que votre bras-droit , le Dragonnier Morzan , avait tué mon fils Lorak . J'espère qu'il a été puni dans des circonstances appropriées : la mort . Mais , puisque vous êtes son supérieur , c'est avec regret que je vous annonce que la mort de Lorak est de votre faute . C'est donc contre vous que je me retourne . Bien que vous soyez mon seigneur , mon fils est mort , tué par une personne qui est sous votre responsabilité . Je parie que , puisqu'il s'agit de votre bras-droit , son assassin se promène encore librement dans l'Empire . Préparez-vous , l'heure de ma vengeance est proche .

Lord Lyrok , compte de Bullridge .

Galbatorix ne voulut pas répondre par lettre au compte . Le temps qu'elle arrive à Bullridge , l'Empire sera déjà en guerre . Et vu la situation , il valait mieux lui faire des excuses directement . La bataille était inévitable à moins que Galbatorix n'aille à Bullridge en personne . Oui , c'était la meilleure chose à faire .

Mais Morzan n'était pas là pour diriger le royaume en son absence . Galbatorix ne pouvait placer son vaste Empire que sous les ordres du Dragonnier Arwok .

Le roi fit venir le Dragonnier et lui expliqua son remplacement . Arwok avait hâte de contrôler tout ces terres , Galbatorix le voyait . Une fois que le seigneur eut permis au Dragonnier de sortir , il se prépara et quitta ses appartements . Le roi traversa le couloir et la cour pour rejoindre la place principale .

Une escorte d'une vingtaine de guerriers l'attendait . Galbatorix enfourcha son cheval blanc et partit au galop suivit de près par la troupe . Il ne pouvait pas emporter son dragon avec lui à cause de sa terrible taille . Et puis cela pourrait ne pas insinuer confiance au compte de Bullridge .

En fin de soirée, ils seront arrivés . Cela faisait trois heures qu'ils étaient partis, les chevaux étaient fatigués . Le roi fit ralentir sa monture, la troupe l'imita . Galbatorix fit halte pour que les cavaliers et leurs chevaux se reposent . La pause dura environ une heure . Le Dragonnier sortait de la nourriture de son sac elfique tandis que les soldats partaient chasser ou chercher de l'eau . Galbatorix dévora les deux cuisses de poulet qu'il avait emporté et attendit que les autres aient finis de manger . Puis, montant en selle, ils repartirent au galop . Les lapins fuyaient sur leur passage .

Au bout d'une heure, des uniformes rouges se découpèrent à l'horizon . Une vadrouille impériale . Quelques minutes plus tard . Galbatorix les avait rejoins .

A sa vue , les membres de la patrouille des lieus s'agenouillèrent . Lorsqu'ils se furent relevés, le roi demanda :

- Quelles nouvelles en ces lieus, messieurs ?

- Aucune pour l'instant, Sire . Répondit le garde le plus proche .

- Je vois . Fit Galbatorix . Continuez à surveiller .

- Bien Sire .

- Et si vous croisez des Vardens, des Surdans ou autres draijl, ramenez-les au château .

- Ce sera fait, soyez-en certain, roi Galbatorix . Répondit à nouveau le soldat avec un hochement de tête . Mais que veut dire draijl ?

- Draijl signifie, dans la langue urgale, fils d'asticots . Répondit le roi d'une voix las . Cela dit, je vous laisse . Nous devons continuer .

- Bon voyage Sire . Souhaita le guerrier .

- Au revoir messieurs . Dit Galbatorix puis à son escorte :

- En avant !

Sur ces mots, il cabra son cheval qui partit comme une flèche dans la plaine, le reste de la troupe à leur suite .

Il faisait presque noir quand il arrivèrent aux remparts de Bullridge . La troupe trotta vers l'arcade . Deux gardes la protégeaient . Ils les laissèrent passer quand ils reconnurent Galbatorix . Ce dernier traversa le village accompagné de son escorte . Les quelques villageois qu'il croisait s'inclinaient respectueusement sur son passage . Le roi et ses hommes laissèrent leurs chevaux devant le grand hall . Ils passèrent les couloirs grisâtres et rentrèrent dans la grande salle .

Les soldats qui avaient escorté Galbatorix et qui étaient resté en arrière, s'agenouillèrent . Cependant, leur seigneur ne s'arrêta pas là et continua jusqu'à l'estrade de pierre . Il resta là à fixer Lord Lyrok, assis sur son trône . Lord Lyrok était un vieil homme aux cheveux grisonnants . Ses yeux étaient soulignés de cernes dûs à la fatigue et à la douleur qui l'avait accablé . Alors , Galbatorix lança :

- Lyrok , je voudrais vous parler en privé .

- Bien . Répondit ce dernier, surpris par cette demande si brusque .

Sur ces mots , il se leva et ils contournèrent le trône . Lyrok ouvrit la porte qui était dissimulée par un grand rideau .

- Après vous . Dit-il , laissant Galbatorix rentrer dans sa salle de réunion . C'était une petite salle carrée qui comportait un bureau devant lequel étaient positionnées deux chaises de bois.

Derrière le bureau s'assit Lyrok , sur son siège garni de rubis et de saphirs étincellents . Il attendit que Galbatorix se soit assis pour prendre la parole:

- Alors , vous vouliez me voir , Sire ?

- Oui Lyrok . Répondit le roi . Je viens vous parler en la faveur de Morzan , car comme vous l'avez dit dans la lettre , sa faute est mienne .

- Le pleutre . Siffla Lyrok . Il n'a même pas le courage de venir me faire ses excuses lui-même.

- Ce n'est pas qu'il n'en a pas le courage . Coupa Galbatorix pour éviter tout malentendu .Oh non , loin de ça . Morzan en aurait été tout à fait capable .

- Alors pourquoi n'est il pas ici , avec nous , à discuter son sort ? Tempêta Lyrok dont les yeux commençaient à briller de colère .

- Parce que Morzan a plus important à faire que de se soucier de votre fils . Répliqua son seigneur . Et par mon épée , baissez donc d'un ton en ma présence .

- Mais il s'agit de mon fils !

- Qu'ai-je donc à faire de votre fils ? Explosa Galbatorix . Il n'avait pas à s'habiller comme un pauvre ! Si je suis ici , c'est parce que j'aurais bientôt besoin de vous et pas pour me désoler sur la tombe de votre misérable fils !

- Comment osez-vous tenir de tels propos sur Lorac devant moi . Murmura Lyrok , envahi d'une fureur incontrôlable .

- Très bien . Fit le roi . Si vous n'acceptez pas mes excuses , je ne puis faire quoi que ce soit pour vous . Adieu Lyrok .

- Amenez-moi Morzan ou c'est moi qui viendrais le chercher et même votre magie ne m'empêchera pas de vous tuer .

Galbatorix , qui se dirigeait déjà vers la porte s'arrêta un instant , puis poursuivit son chemin .

- Quel coquebert , ce Lyrok . Jura Galbatorix avec rage lorsqu'il passa devant le trône .

Comparé à tout à l'heure , une longue table d'au moins quinze chaises de côté , avait été placée dans la salle pour fêter la visite du roi en leur comptée . Elle était couverte de mets délicieux qui ne semblaient pas diminuer alors que les soldats attablés se servaient à volonté .

- Messieurs ; il attendit que tout le monde se soit tourner vers lui pour poursuivre : nous partons .

Quelques hommes qui mangeaient jouèrent des mains ou se donnèrent des tapes dans le dos avant de se lever . D'autres encore se dépêchèrent de finir leur repas pour rejoindre le roi .

- Merci habitants de Bullridge pour votre hospitalité mais nous devons rentrer .

- Mais vous venez à peine d'arriver . S'étonna l'une des personnes qui étaient assises .

- Je sais mais votre compte , Lyrok ne se sent pas bien et je préfère le laisser se reposer .

Tous approuvèrent d'un hochement de tête entendu .

- Nous devons partir . Répéta-t-il . Au revoir .

Sur ces mots , il se dirigea vers les grandes portes que les gardes s'empressèrent d'ouvrir . Ses hommes sur les talons , Galbatorix traversa le hall pour rejoindre leurs chevaux qui n'avaient pas bougé . Ils montèrent en selle et repartirent vers Ûru Bean . Ils franchirent l'arcade de pierre et , sans ralentir pour autant , débouchèrent dans les contrées sauvages . Les chevaux laissaient des empreintes dans la neige . Chaque bouffée d'air que les cavaliers inspiraient leur brûlait la gorge . Le vent froid , produit par l'allure de leurs montures , leur gelait le visage , les obligeant à plisser les yeux . Il ne tarda pas à neiger . Cela les ralentissait d'avantage car les flocons tombaient dans le sens de la tempête . Ils en recevaient dans les yeux , les faisant pleurer. Les larmes qui étaient sensées tomber gelaient et cela était douloureux . Les chevaux continuaient d'avancer sous les coups d'étriers qu'ils recevaient .

Soudain une bourrasque de vent glaciale s'éleva . Les hennissements terrifiés des chevaux étaient étouffés par le puissant soufflement qui les faisait reculer petit à petit . Le destrier à côté de Galbatorix se cabra de peur . Mais c'était une grave erreur de sa part car son cavalier fut désarçonné . Ce dernier tomba dans la neige et roula plusieurs mètres plus loin , emporté par la tempête . Son cheval , dressé sur ses pattes arrière ne put résister et tomba et arrière . Il roula également pour rejoindre son cavalier qui avait été enseveli par la neige .Ils auraient peut être du rester au château au final . Galbatorix voyait ses hommes autour de lui tomber avec leurs chevaux ; mourant écrasés par leurs montures ou enneigés comme ce soldat . Ils avaient sûrement de la famille à Ûru Bean , à Bullridge , à Melian , ou chez les nains qu'en savait-il ?

Ne supportant plus de voir ses hommes mourir de la sorte , Galbatorix lança en essayant de couvrir le soufflement du vent :

- Replie !

Mais personne ne l'entendait :

- Repliez-vous !

Rien n'y faisait . Sa voix se perdit en silence . C'était à peine s'il s'entendait lui-même . Comprenant que ses efforts étaient vains , il décida de les contacter mentalement :

« Repliez-vous , vite ! Nous ne survivrons pas longtemps dans cette situation . Direction le château de Bullridge ! »

Les soldats semblèrent l'écouter car ils firent demi-tour et cette fois-ci , le vent était avec eux .

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