×quatre×
La gare est fraîche le soir, le vent n'est plus aussi doux que ce matin, rien n'est aussi doux que ce matin.
Le soleil fuit l'obscurité, lâchement, tandis que j'use mes souliers sur le sol rocailleux qui s'étale comme à l'infini devant moi.
En levant la tête, le voile lacteux qui recouvre le ciel me surprend, déjà parsemé d'étoiles, paré de ses plus belles constellations.
Cela doit bien faire sept heures que je marche, mes jambes n'en peuvent plus, elles se lamentent à chaque foulée dans la nuit.
Alors je les gracie.
J'atteinds enfin le quai et m'écroule sur un des bancs qui l'habitent, peints d'un bleu nuit craquelé, défraîchi.
Le silence s'impose, se diffuse, il semble presque prendre place dans les airs de manière matérielle.
Il n'y a personne.
Aucun son.
Je suis seul, assis, sur ce vieux banc, devant la voie de chemin de fer qui s'étend peut être jusqu'au bout du monde.
Durant le jour, cet endroit est habituellement bondé, les valises se pressent et se poussent dans tous les sens dans une foule compacte et étourdissante. Les gamins perdent leurs mères dans la vague, tandis que des tas de cris retentissent dans toute la gare, dans différentes langues qui se mélangent et s'entortillent, comme un baiser de cultures.
Mais là, à une heure si tardive, le lieu s'est totalement transformé, métamorphosé.
Vêtu d'un tout nouvel aspect, calme, retenu.
Les bourrasques de vent n'atteignent pas mon visage, caché sous une capuche immense. Je m'enfonce un peu plus dans le dossier dur du banc et croise mes manches sur mon torse, tenant fermement mon sac à dos.
Au bout d'une heure de pensées folles et sauvages, je me sens partir, mon corps se laisse bercer par la fraîcheur du soir. La nuit me veille, une nuit nouvelle et inconnue.
Je m'endors.
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