Chapitre 7.2 - Romy - Début d'enquête

Hello ! 

J'ai été extrêmement productive ce mois-ci je trouve. Je sais pas, mais cette histoire m'a vraiment motivé, du coup mes objectifs d'écriture sont quasiment atteints pour ce mois-ci. J'espère que l'histoire vous plait toujours autant. 

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaire :) 

Bisous !

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Le trajet se passe dans l'animation. Chacun se fait des blagues, Romy ne fait que rire. Oliver lui lance des regards amusés. Il n'a pas vu son amie aussi souriante depuis longtemps. Elle lui parle de tous les Disneys qu'elle n'a pas vu étant petite, qu'elle aimerait bien regarder en sa compagnie. Beaucoup de choses lui viennent en tête et elle ose les dire à voix haute, sans peur d'être regardée de travers par le jeune homme. Ça lui fait du bien, de retrouver son ami. La blonde regrette leur éloignement. Même si c'était nécessaire, selon elle, de prendre ses distances.

Quand ils arrivent au commissariat, l'ambiance change. Oliver n'a pas l'habitude, il se tait et laisse faire. Au milieu des gens en uniforme qui le dépassent sans lui adresser un seul regard, des prisonniers menottés qui protestent, Oliver se sent soudainement comme un nain. Romy est concentrée sur ce qui se passe autour d'elle pendant une minute, puis elle se retourne pour regarder son ami. Il est pâle, ses yeux ne savent pas où se poser. La jeune femme s'approche de lui, prend sa main moite dans la sienne. Ses yeux se recentrent automatiquement sur elle, et ça va mieux.

- Christoph est dans son bureau, on va pouvoir y aller.

Elle n'attend aucune réponse et se dirige vers l'ascenseur. Oliver la suit comme son ombre. Son pas est rapide, mais Romy sent qu'il se détend quand il constate qu'elle n'a pas lâché sa main. Impossible qu'il se perde. Les deux s'engouffrent dans la cabine bondée. Elle appuie sur le bouton du huitième étage. Les portes se ferment, le silence se fait. Enfin, ça c'est vite dit. La jeune femme entend les chuchotements dans son dos. Ils croient qu'elle ne les entend que si elle les voit, mais elle comprend très bien les remarques qui sont faites derrière elle, sur elle.

Outre son immonde cicatrice sur sa bouche, les gens parlent de son métier. Elle devrait être derrière les barreaux avec tous les criminels qu'elle a emprisonnés, elle ne devrait pas être fière, elle ne devrait pas sourire comme ça... tous les jours, c'est la même chose. La jeune femme a l'habitude, à force. La seule personne qui comprend son utilité ici, c'est Schneider. C'est à croire que lui seul a vu les chiffres : la criminalité a baissé, les gens à Berlin savent qu'elle est toujours là, qu'elle les trouvera un jour. Ça en décourage beaucoup.

Tout le trajet en ascenseur, elle sent la main d'Oliver se crisper un peu plus dans la sienne, à mesure que les remarques se font plus cinglantes. Les commentaires passent de ses compétences à son physique, et le problème de sa cicatrice revient souvent. Romy sourit quand Oliver, outré, se penche à son oreille et lui murmure :

- Moi j'la trouve jolie, et elle m'a jamais dérangé...

La blonde ne répond rien. Pas le temps, la cabine se stoppe enfin au huitième étage. Ils en sortent sans se presser. Romy n'est pas atteinte par les remarques. La jeune femme prend toujours le temps de regarder le couloir devant elle. À gauche de l'ascenseur, sur le mur, il y a un plan d'évacuation de l'étage. C'est comme ça qu'elle a su, le premier jour où elle est venue ici, que les bâtiments de la police étaient de vrais sacs de nœuds. Et, en l'occurrence, celui-ci est un dédale de couloirs sans fin, et surtout, identiques. Heureusement, les années ont passé, Romy connaît le bâtiment par cœur. Elle pourrait aller jusqu'au bureau de Christoph les yeux fermés.

Toujours sa main dans celle de son colocataire, la jeune femme l'entraîne à sa suite. Oliver n'a pas le temps de mémoriser le chemin, son amie va trop vite. Elle est concentrée sur son objectif. Le dédale de la police lui laisse toujours le temps de se rappeler ce qu'elle fait ici, et l'heure est grave. Ollie n'a jamais su ce qui s'était passé à l'hôpital la dernière fois, mais depuis, la blonde a changé de comportement. Elle sait qu'il sait : elle est de plus en plus sur ses gardes, dort mal, voire pas du tout. Le moindre bruit la met en alerte, et quand elle est en voiture, elle regarde sans arrêt dans son rétroviseur pour vérifier qu'elle n'est pas suivie.

- Romy, tout va bien ? demande le jeune homme en lui secouant doucement l'épaule.

La blonde cligne des yeux, regarde autour d'elle, comme sortie de transe. Elle n'a pas le temps de répondre que la porte devant elle s'ouvre sur un Christoph plus cerné que jamais. Il pose les yeux sur le jeune médecin un instant, puis les reporte sur sa colocataire.

- Pardon, dit-elle, j'allais frapper.

Elle l'entend soupirer, puis repartir à son bureau en traînant les pieds.

- À chaque fois c'est pareil, tu restes plantée devant la porte sans rien faire pendant plusieurs minutes. Va falloir que tu te décides un jour...

Pourtant, elle lui a déjà expliqué qu'elle pense à trop de choses. Elle ne s'est même pas rendue compte qu'elle était arrivée à son bureau. Elle avait juste en tête son comportement des derniers jours.

- Il faut que je te parle de quelque chose Christoph.

- Pas maintenant, j'ai du travail pour toi.

- J'insiste. C'est important.

- Discute pas Romy, c'est pas le jour.

Derrière elle, Oliver se tend. Elle devine sa pensée d'ici, parce qu'elle a la même. Ouais, c'est pas le jour. Pour moi.

- Va me chercher Rodolf Bauer, et on reparlera de ton problème.

En temps normal, Romy se serait dit qu'après tout, pourquoi pas. Il lui aurait fallu deux heures pour étudier les pistes, une journée pour le traquer, autant de temps pour le ramener vivant dans son bureau. Mais là, ça ne pouvait pas attendre. Pas avec ça. Pas avec l'homme au chapeau. Christoph lui tend le dossier. Elle le prend, le tend à Oliver qui le saisit en silence, et appuie ses deux poings sur le bois du bureau pour se pencher vers son supérieur.

- T'es pas le seul à avoir une vie de merde en ce moment, donc parles-moi meilleur s'il te plaît. Tu sais que j'irais te le chercher, ton connard, alors respire profondément et écoute ce que j'ai à te dire.

Le policier ne répond pas. Il se contente de hausser un sourcil, et la laisse continuer.

- Y a un homme en ville, un type dangereux qui s'appelle lui-même le Requin. Il a un accent russe à couper au couteau et se fringue comme le Parrain.

- Super ta description. On dirait juste un vieux qui aime le cosplay, ton histoire.

Oliver se rapproche de Romy. Elle le sent dans son dos. Elle ne comprendra d'ailleurs jamais comment son ami arrive à sentir quand la jeune femme atteint les limites de sa patience. Là, elle est à deux doigts d'encastrer la tête de ce pauvre inspecteur dans le clavier de son ordinateur.

- J'ai fini à l'hôpital à cause de mon dernier contrat, tu te souviens ? Bah il est passé me voir dans le box des urgences. Il a profité qu'Ollie et Flake soient partis pour poser son cul en face du mien, et pour me demander d'aller lui chercher la tête des quatre pompiers qui ont sauvé ce junkie là... je sais plus son nom. Toujours est-il que j'ai refusé, et que dans tous les cas, il s'est arrangé pour que le gars crève dans la minute.

- Ecoute Romy, ce mec est juste... je sais pas, mais je vois pas ce que je peux faire pour toi.

- Il m'a dit que Georg Kauhfner ferait en sorte qu'il n'y ait aucune enquête sur ces meurtres. Que tout ce qui se passerait en rapport avec le deal de drogue à Berlin ne regarderait plus la police. Et que tous ceux qui tenteraient de se mettre en travers de sa route finiraient au cimetière.

Là, Christoph s'enfonce dans sa chaise. Ses doigts vont gratter la barbe de trois jours sous son menton. Le silence est de maître pendant une minute.

- Georg Kauhfner ? Le Saint patron de la police criminelle ?

- Lui-même. Je sais pas comment ils se sont rencontrés, mais il m'a bien précisé que c'était lui.

Le policier soupire. Romy attend, les poings toujours plaqués sur le bureau. Elle le regarde décrocher son téléphone, enfoncer deux touches, et coller le combiné à son oreille.

- Martha, est-ce que Kauhfner est à son bureau ?

Elle n'entend pas la réponse, mais le visage pâlissant de Christoph lui fait deviner la réponse.

- Et il a pas appelé pour dire qu'il était malade ? Ah très bien. On va passer le voir. Oui, tout de suite. Je m'en fous qu'il soit blanc comme un linge et très certainement fiévreux.

Il n'attend pas sa réponse, et lui raccroche au nez. Christoph lève le nez vers Romy avant de se lever.

- Peut-être que t'as raison, on va vérifier ça tout de suite.

Les deux jeunes gens suivent l'inspecteur à la trace jusqu'à un grand bureau, bien décoré, où se trouve un homme à peine plus âgé que Christoph, blanc comme un linceul.

- Georg, c'est quoi cette merde ? demande Schneider, en haussant à peine le ton.

À en juger par son regard, Kauhfner sait très bien de quoi il s'agit.

- J'ai voulu refuser, mais il sait où j'habite. Il sait où habitent mes deux fils.

- Et donc ? Vous allez lui donner les clés du commissariat sans broncher ?

- Il m'a juste demandé de n'ouvrir aucune enquête si ça concerne la circulation de drogue.

- Et vous allez le faire.

Kauhfner semble au bord des larmes. Christoph a envie de se mettre à hurler, et Romy n'est pas suffisamment calme pour le maîtriser si ça part en vrille. Ils ont cependant un atout dans leur poche, à cet instant précis. La blonde se tourne vers Oliver, que tout le monde a oublié tant il est silencieux, et presque gêné d'être ici. Celui-ci s'approche du fauteuil en cuir, en face du bureau, s'assoit calmement, et invite les deux autres à en faire de même.

- Monsieur Kauhfner, je me présente : Oliver Riedel. Je suis interne au service des urgences, et j'ai accueilli récemment un jeune homme sauvé de justesse d'une overdose. Il était pratiquement tiré d'affaires. Mais voilà, mon amie ici présente m'a rapporté la visite d'un homme qui se fait nommer le Requin, et à qui vous avez certainement eu affaire, d'après ce qu'il lui a rapporté. Elle a été menacée tout comme vous, mais n'a pas cédé. Elle s'est mise en danger pour la justice.

Il reprend son souffle. Son calme a l'air d'impressionner Schneider, et Romy sourit. Elle qui s'était d'abord opposée à l'idée qu'il l'accompagne, elle est maintenant ravie de sa présence. Ollie a toujours eu la capacité de trouver les mots, de mettre les gens dans sa poche sans avoir à lever le petit doigt.

- Nous voulons seulement savoir ce qu'il vous a dit lorsqu'il est venu vous voir. Comment il vous a menacé, ce qu'il vous a ordonné. Je pense que Romy et l'inspecteur Schneider peuvent vous aider, mais il faut que vous leur parliez.

Georg cache son visage dans ses deux mains, secoue la tête. Ses épaules se secouent, et pendant un instant, Romy pense qu'il va fondre en larmes. Mais non, ce qui s'échappe de sa bouche, c'est un rire extrêmement nerveux.

- Je ne connais pas ses motivations, finit-il par lâcher. Mais je sais qu'il veut la police dans sa poche. Il a déjà la drogue, il veut qu'elle coure les rues. Si on arrête les acteurs de son trafic, il ne peut plus prendre le pouvoir, ça l'affaiblit. Alors que si la police n'ouvre aucune enquête sur les dealers, il se passe quoi ? Il s'enrichit. Il contrôle la justice et les rues, et tout devient anarchique. Il drogue à mort tous ceux qui refusent de vendre pour lui.

- Comme Peter ?

- Oui. C'est le premier d'une longue liste. Et si vous les sauvez...

Il se tourne vers Oliver, une larme coule sur sa joue blafarde.

- Si vous les sauvez, c'est vous les prochains qu'il tuera. 

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