Chapitre 23 : Folle nuit
Après leur promenade, Renard et Charlotte se couchèrent avec regrets. S'ils l'avaient pu, ils auraient prolongé ce moment encore et encore. Face à face devant leurs chambres, ils se sentaient gênés.
Quoi faire ?
— Bon bah, bonne nuit ! lança Renard en se grattant la nuque.
— Oui, bonne nuit. Et merci pour la soirée. C'était chouette.
— Carrément, faudra qu'on s'organise ça plus souvent.
— Avec plaisir !
Ils échangèrent un dernier sourire avant de disparaître chacun derrière leur porte. Les papillons dans le ventre, Charlotte se coucha des étoiles plein les yeux. Les minutes défilèrent, c'était impossible pour la jeune femme de s'endormir. Son cœur battait encore trop vite.
Autour d'elle, c'était le silence absolu. À part quelques soldats qui se relayaient pour monter la garde, le camp dormait profondément.
Soudain, elle crut entendre bouger à travers la très fine cloison qui la séparait de la chambre de Renard. Elle eut l'impression que le beau brun remuait dans son lit à cause du sommier qui grinçait légèrement. Mais le bruit était trop régulier, trop rythmé. Il se passait autre chose.
Intriguée, elle tendit l'oreille un peu plus. Qu'est-ce que ce son pouvait bien être ? Ne serait-ce pas...? Oh non ! Elle n'était pas en train d'écouter ça ?!
Charlotte avait compris. Et elle en devint rouge de honte. La respiration saccadée de Renard avait vendu la mèche. Il s'adonnait à un plaisir solitaire. Il n'y avait pas d'autre explication possible.
D'abord gênée au plus haut point, Charlotte sentit pourtant très rapidement une douce chaleur lui envahir le bas-ventre. Elle lutta contre ces sensations disparues depuis longtemps, trop honteuse pour les assumer, un sentiment de voyeurisme lui attaquant ses valeurs morales. Ces nombreux mois de guerre, d'angoisse, de survie, avaient réduit sa sexualité au point mort absolu. Cette soirée la réveillait soudainement, son corps semblant soudain prendre conscience du manque qu'il avait relégué au dernier plan.
Alors mécaniquement, elle passa sa main droite sous son haut de pyjama, s'effleura la poitrine, et la fit continuer sa route le long de son corps. Elle la glissa ensuite dans son pantalon, et resta bloquée sur son pubis.
Mais qu'est-ce que t'es en train de faire sale perverse ?! essaya-t-elle de se raisonner, les joues en feu et des fourmillements sous sa main. Toutefois, la tentation était trop grande, l'ambiance trop propice, l'envie trop envahissante. Ça faisait si longtemps qu'elle n'avait pas eu de telles sensations.
Alors, elle permit à sa main de poursuivre sa route, et ses doigts se mirent à agacer son clitoris. Avec son autre main, elle passait et repassait sur ses seins tendus, pinçant légèrement ses tétons dressés quand ils croisaient sa route. Ça faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas masturbée, qu'elle n'avait pas éveillé sa sexualité...
Le plaisir monta rapidement. L'orgasme était proche, enterré depuis bien trop longtemps. L'excitation était d'autant plus importante qu'elle ne devait pas faire de bruit. De l'autre côté, Renard ne devait absolument rien entendre. Il en était hors de question. C'était si avilissant. Tellement puéril. Elle ne se reconnaissait plus. C'était tellement excitant.
Puis, sans le savoir, ils éclatèrent tous deux simultanément dans un orgasme aussi solitaire que silencieux.
Quand le taux d'ocytocine de Charlotte retrouva un niveau acceptable, elle fut soudainement envahie de honte. Qu'avait-elle fait ? Quelle mouche l'avait piquée ? Elle, la jeune femme si timide, si prude, si pudique, qu'est-ce qui lui avait pris ?!
Elle finit par tomber de fatigue mais, au réveil, elle retrouva rapidement sa gêne. Elle entendait Renard se doucher dans la salle de bain, et elle n'osait pas sortir de sa chambre. Elle avait trop peur qu'il ait, lui aussi, tout entendu. Elle ne voulait pas croiser son regard.
Soudain, elle entendit frapper à sa porte.
— Oui ? demanda-t-elle d'une petite voix.
— C'est moi, répondit Renard. Il va falloir que tu te lèves, tu vas être en retard. Tu n'as pas entendu le clairon ?
— Non, mentit-elle, je ne l'ai pas entendu. Comme on s'est couchés tard, j'étais très fatiguée. Merci de m'avoir réveillée !
Charlotte tendit l'oreille, espérant entendre les pas du beau brun s'éloigner. En vain. Il devait sûrement l'attendre. Elle prit donc son courage à deux mains, et elle sortit du lit, puis de sa chambre. Il était patiemment assis autour de la table, sirotant un café bien serré comme il les aimait tant.
— Bonjour ! lui lança-t-il à travers sa tasse fumante. Bien dormi ?
— Bonjour, oui très bien, merci, et toi ?
— Pas assez, mais je me rattraperai ce soir. J'ai passé une très bonne soirée, je ne regrette pas du tout.
— Moi aussi. C'était chouette.
— Cool. Passe une bonne journée !
Renard rinça sa tasse après l'avoir vidée d'un trait, la posa dans l'égouttoir, et quitta le préfabriqué. Il avait l'air normal, comme s'il n'avait rien remarqué de particulier cette nuit. Charlotte se sentit rassurée. Probablement qu'il n'avait rien entendu. Plus jamais elle ne prendrait ce risque !
De son côté, Renard marchait en direction de la caserne, troublé. S'il avait attendu Charlotte, c'était parce qu'il avait besoin d'être sûr. Il avait besoin de savoir s'il avait halluciné, ou s'il avait vraiment entendu la jeune femme prendre son pied en même temps que lui cette nuit.
Il savait qu'il n'aurait pas à poser la question. De toute façon, il en aurait été incapable. Le visage de Lapine était bien trop expressif, le doute n'était plus permis. Elle était gênée, elle avait cherché à l'éviter, elle fuyait son regard.
Et il se sentait honteux de l'avoir entendue. Ce moment intime, il n'aurait jamais dû le surprendre. Mais, était-ce vraiment une coïncidence qu'ils se soient donné du plaisir en même temps ? Peut-être l'avait-elle aussi entendu ?
Non, non ça ne pouvait pas être ça. Elle était bien trop pudique pour ce genre de choses. Si elle était gênée ce matin, c'est parce qu'elle l'avait entendu, et n'avait pas osé lui demander d'arrêter. Elle avait sûrement tenté de faire du bruit pour lui faire comprendre qu'elle percevait tout. Et lui, l'esprit embrumé par le plaisir, il avait certainement confondu sa rêverie avec la réalité. Il n'y avait pas d'autre explication possible.
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