Chapitre 14 : Le technopole
Renard se gara un peu à l'écart de l'immense zone qui se dressait devant eux. Il se leva ensuite de son siège pour aller fouiller l'arrière du 4x4. Plus précisément, il leva la banquette qui dévoila un coffre dissimulé à la vue de tous.
Autour d'eux, tout était calme. Dissimulés entre deux hangars, personne ne pouvait les voir sans devoir s'approcher. Le bruit de La Boivre qui coulait derrière eux était apaisant. Des oiseaux piaillaient en voletant à proximité. Tout semblait calme et normal. La guerre n'avait pas encore complètement atteint ce coin de la France.
Renard vint se rasseoir à côté de Charlotte qui ne comprenait toujours pas ce qui était en train de se passer. Elle allait ouvrir la bouche pour demander, mais son acolyte leva la main, index en l'air, pour lui signifier de se taire. Concentré, il avait les yeux rivés sur la mallette qu'il avait embarquée avec lui. Les lèvres remuant silencieusement, il se concentrait pour tenter de retrouver le code qui permettrait son ouverture.
Soudain, il trouva. À toute vitesse, il déverrouilla la mallette qui s'ouvrit dans un déclic sonore. Charlotte écarquilla les yeux. Elle n'avait jamais rien vu de tel.
À l'intérieur, tout un attirail électronique avec un écran qui s'illumina, demandant un second code. Plus rapidement cette fois, Renard le tapa à l'aide du clavier numérique, et plusieurs lignes de chiffres et de lettres se mirent à défiler devant lui.
— Qu'est-ce que...? tenta une nouvelle fois Charlotte.
— Ils ont réquisitionné le technopole pour leurs magouilles et propagandes, l'informa Renard les yeux toujours fixés sur l'écran. Les financeurs de Neoloji ont trouvé ça plus rentable de s'allier à l'ennemi que de rester fidèles à l'État. Les autres ont dû suivre et s'aligner sur les demandes ennemies.
— Et donc ?
— On va mettre un peu le bazar dans leurs projets.
— C'est quoi cette mallette ? Tu savais qu'elle se trouvait là ?
— Un joli virus dont ils auront beaucoup de mal à se débarrasser. Oui, le 4x4 m'était destiné et prêt à partir quand les bombes sont tombées.
— C'est toi qui l'a créé ? Tu vas demander une rançon ?
La naïveté de Charlotte fit pouffer Renard qui ne quittait pas une seule seconde l'écran des yeux. Ses doigts voletaient sur le clavier, aidé par un pense-bête qu'il venait de desceller d'un deuxième fond à la mallette.
— Non, lui répondit-il patiemment. Moi j'y connais rien. Ça a été préparé par nos hackers. J'exécute juste.
— Des hackers ? Je ne suis pas sûre de te suivre.
— Cherche pas.
Frustrée, Charlotte se résigna tout de même à ne pas poser davantage de questions. À côté, le visage de Renard se fermait peu à peu, tandis que sa mâchoire se serrait. Tout ne semblait pas se dérouler comme prévu.
— Merde ! s'emporta-t-il après que l'écran ait affiché « Accès interdit » en grosses lettres rouges menaçantes.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— J'ai beau avoir suivi toutes les instructions, je n'ai pas réussi à me connecter à leur réseau. Ils ont dû renforcer leur sécurité depuis que ce truc a été mis en place.
— On fait quoi du coup ?
— Je les appelle.
Renard sortit un antique portable à touches de l'une des poches intérieures de sa veste, et il composa un numéro noté dans un petit recoin de la mallette. De l'autre côté de la ligne, quelqu'un répondit quasiment instantanément.
— C'est moi, s'annonça-t-il sans en dire plus, au grand désespoir de Charlotte.
— ...
— On a un souci avec Thanos. Impossible de se connecter à leur réseau.
— ...
— Evidemment que j'ai suivi toutes les instructions. Vous me prenez pour un imbécile ?
— ...
— « Accès interdit ».
— ...
— Aucune idée. À priori, non.
Guidé par son interlocuteur, Renard essaya une autre manœuvre informatique. Ses longs doigts semblaient danser sur le clavier noir. La seconde tentative se solda par un nouvel échec.
La conversation téléphonique continua encore un moment, sans que Charlotte ne puisse saisir ce qui se disait à l'autre bout du fil. Puis, Renard se fit hésitant. Il lança un regard dans la direction de la jeune femme, avant de lâcher à son interlocuteur :
— Ok, je vais faire comme ça.
Il raccrocha et se tourna vers sa covoitureuse.
— On va devoir changer nos plans.
— C'est-à-dire ? lui demanda-t-elle tout en sentant l'anxiété revenir et ses doigts se poser mécaniquement sur son collier.
Avant de répondre, Renard prit le temps de se saisir d'une petite clé USB dans le deuxième fond de la mallette et d'y transférer quelques fichiers après l'avoir insérée dans le port prévu à cet effet.
— On va devoir faire le déplacement, finit-il par lâcher en agitant la clé USB sous le nez de Charlotte.
— Comment ça ? s'inquiétait de plus en plus la jeune femme dont le coeur battait à tout rompre.
— Bouge pas, je reviens le plus vite possible. Garde-ça comme si c'était ce que tu avais de plus précieux au monde.
Renard jeta la clé USB dans les mains de Charlotte, et il quitta le véhicule en se faufilant discrètement entre les hangars. Paniquée, ne sachant quoi faire du précieux objet, la jeune femme le cacha en vitesse et sans réfléchir dans son soutien-gorge. Puis, les minutes défilèrent lentement, très lentement, trop lentement.
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