Chapitre 7

Aloïs s'installe à côté de moi, puis regarde vers l'horizon.
Mais il tourne bientôt son visage vers le mien avec inquiétude, et me murmure:

-Je ne comprends pas... Pourquoi es-tu ici? Tu n'est pas...

-Oh, non. Fis-je en guise de réponse. Mais... Pour toi, ça me rend si triste...

Alors, je vois toute trace d'angoisse quitter ses traits, faisant place à un sourire chaleureux.

-Alors c'est tout ce qui compte. Ne t'en fais pas pour moi, je serai heureux, ici.

J'éclate alors en sanglots. Je passe si soudainement de la béatitude à cette profonde tristesse que j'ai l'impression d'être passée dans un trou noir, entre temps.

Pourtant, je suis restée au même endroit...

Exactement au même endroit...

Il me prend dans ses bras. Je ne sait pas si ce que je vis n'est qu'un songe, ou alors la réalité, car, à vrai dire, plus rien ne peut m'étonner maintenant.

Mais ce que je sais, c'est que je dois à tout prix savourer cet instant si précieux, car il ne se produira plus une fois tant que je vivrai. Je le sert plus fort, encore, posant ma tête sur son épaule.

Nous restons de longues minutes ainsi. Car bientôt, tout sera finit. Bientôt il ne sera plus là.

Quand nous arrêtons enfin, il me demande:

-Mais, tu sais, tu n'est pas obligée de me rendre visite, tu ne dois pas, même. C'est contraire au lois de la nature: Moi, je suis de ce monde, maintenant. Même si ce n'est que depuis quelques heures. Mais, toi... Tu dois retourner dans le tient. Qui t'as amenée ici?»

-Oh, je... ne sais plus.

Je sens les souvenirs refaire surface, peu à peu.

-C'est un inconnu, dis-je en essuyant une larme 'un revers de manche. Il dit que je devrai le suivre, que ma vie changera et blablabla... Il est blond et porte une étrange cape noire... C'est lui qui t'as?...

-Non... C'était un type au cheveux châtains, portant un ensemble et un chapeau rouge bordeaux... Mais je n'ai pas eu trop le temps de voir, tout s'est passé si vite. Je rentrais, et... Il m'a tiré dessus. Pourquoi il a agit d'une telle manière? Je ne peux pas le dire mais... Ce sera à toi de le découvrir! Il me passe la main dans les cheveux.

-Oh... Mais j'aurai aimé que ça ne se passe pas du tout, moi... Pourquoi faut-il qu'on soit mêlés à cette affaire? Ce serai tellement plus simple si rien de tout ça ne se serai passé! On serai encore tous ensemble, toi, papa, maman, et moi... Et je murmure entre deux sanglots, les dents serrées: en tout cas, compte sur moi pour le retrouver, ce connard...

-Tu sais, moi aussi j'aurai voulu que tout cela ne se passe pas, que ce n'aie été qu'un mauvais rêve, tout le monde l'aurai voulu! Malheureusement, le destin en a décidé autrement...
Mais, à toi, il t'as laissé une chance! Toi, tu dois rester et accomplir ce qu'il te reste à faire... Tu sais, je penses que tu devrais suivre cet individu dont tu parlais, voir où il te conduira. Fais-le pour moi.

-D'accord, alors... Je le ferai pour toi...

Il se lève alors.

-Bon, je dois y aller, sinon.... Tu sais ce qu'il se passera.

-Non. Pourquoi tu ne peux pas rester ?!

-Eh bien... Je serai réduit en poussière. J'aurai vraiment aimé passer plus de temps avec toi, tu sais. Mais encore une fois, ne t'en fais pas.
Il me pointe la direction du nord. Si je continue par la, je serai bientôt avec papa, et maman...

Nous bous étreignons, encore une fois.

-Tu vas tellement me manquer!

-Surtout n'oublie pas que je serai toujours et partout avec toi, dans tes épreuves.
Toujours.»

Je sens un frottement, puis plus rien. Il s'éloigne. Il monte alors sur la tête de l'énorme chat, qui nous observait depuis tout à l'heure de ses énormes yeux mordorés. Il s'agenouille et s'agrippe à son pelage, tout en me faisant un signe de la main, que je lui renvoie.
Puis il se retourne.
Je le regarde, et il me semble qu'il rapetisse, peu à peu. Il rajeunit.

Bientôt, l'immense chat noir, qui se déplace avec souplesse au dessus des autres chats, qui continuent malgré tout de dormir sereinement, ne forme plus qu'un point noir à l'horizon.

Puis il disparaît complètement.

Pourriture de destin, dois-je vraiment me soumettre à toi?...

Je me retourne alors, et je vois un autre chat, blanc, qui me fixe de ses yeux verts avec tout autant d'attention.

Je sais ce qu'il me reste à faire...

Je dois vivre.

Il se baisse alors, et je monte tant bien que mal sur sa tête, aggripant sa fourrure soyeuse.

Puis je me laisse emporter, dans la direction opposée d'où mon frère est parti il y'a quelques instants...

Je dois vivre.

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