Unhappy Girl
Pute borgne.
Je la regarde droit dans les yeux et je me dis que je vais lui retourner la couenne d'une façon ou d'une autre. Je me vengerai de sorte qu'elle se souvienne bien de ce qu'elle est en train d'exiger de moi.
— Par contre Saah, pour le marché internationaaaaaal "Clément"... ça ne va pas aller.
— Comment ça "ça ne va pas aller" ? On a déjà changer le nom de Dylan en "Kilian O'Hara" et maintenant faut changer "Clément" aussi ? Je ne changerai pas le nom de Clément. Il est français, ça repose là-dessus aussi : je ne changerais pas tout mon roman. Je n'ai aucune envie de me retrouver avec les avocats de Mr. O'Brien au cul certes, mais Clément c'est différent. Je n'ai aucune raison de le changer.
— Parce que tu vois on avait pensé à "David", c'est bien tu vois "David" c'est biblique, c'est la puissance du faible, c'est le symbole de la revanche, du triomphe, c'est super valorisant et puis ça ne fâche personne, c'est judéo-chrétien, ça passe bien David, c'est internationaaaaaaal en plus, tu vooooiiiiis, quoi ?
— Ah oui ? Et au Japon ils en ont beaucoup des "David" ? Sinon y a "Tourolf" aussi ? Et puis on fera une couverture Blouge. C'est bien ça Blouge, non ?
https://youtu.be/lwd1OXuDauk
Elle ne m'a pas lâchée cette garce. J'ai du plier : si je voulais publier à l'étranger Clément devait dégager. Je lui ai répondu qu'elle pouvait se garder son plan d'édition internationaaal, que j'annulais tout et que je repartais sur Wattpad si elle me contraignait à changer le nom de Clément.
David ça pue.
Ça pue parce que je ne l'ai pas choisi. J'ai rien contre les David, mais mon héros s'appelle Clément, merde.
Ensuite elle a pincé ses lèvres, et elle a commencé à me regarder de haut avant de me sortir tout le tralala. J'écoutais d'une oreille distraite et je regardais mon fil Twitter, non pas parce que j'en avais quelque chose à faire sur le moment mais parce que je savais que ça la ferait chier que je l'écoute d'une oreille distraite. Je lui mettais dans la tronche à trente ans passés tout ce que je ne m'étais jamais permis avec mes profs de collège, de lycée ou de fac. Je lui disais "Ta gueule" du bout des doigts sans même la regarder. J'ai résisté comme un poulain de deux ans et demi pendant au moins quarante cinq minutes. Et puis elle a sorti sa grande cravache.
— Tu sais, je comprends ton hésitation. Vraiment. Moi je suis toujours là pour soutenir mes auteurs, dit-elle avec un air de confidence.
— ...
— Mais le souci c'est avec le concours Fysta que tu as souhaité faire, et que tu as remporté, notons-le. Tu vois, ton "Guépard" comme tu l'appelles...
— Léopard, la coupé-je.
— Oui, peu importe, en fait tu nous as donné un droit de regard et une exclusivité sur une période de cinq ans. Ta version numérique a explosé les ventes et le format papier suit la même trajectoire. On est tous très contents ici chez Hugh et ses amis mais on a des besoins malgré tout. Ton histoire va cartonner à travers le monde ; on a les moyens qu'il faut pour t'emmener loin et on a l'image de Dylan O'Brien qui est valable en ce moment à exploiter dessus. Le service presse va faire des merveilles avec ça. On va faire un truc énorme et il nous manque juste un détail.
— Vous voulez Clément ?
— Oui.
— Non.
— ...
— À mon tour d'être très claire, vous avez un manuscrit qui vous fout la trique. Une gaule d'enfer comme vous avez pas bandé ici chez Hugh et ses copains depuis des millénaires parce que baiser avec bobonne Ana Todd la lumière éteinte ça commence à vous ennuyer sévère. Vous voulez prendre votre pied avec le "Léopard" ? Acceptez les coups de griffes ! À l'heure du LGBT, du mariage gay et de tout le reste je vous offre ce que vous voulez. Vous ferez ce qui vous chante de Dylan, je le modifierai même un peu si vous y tenez. Mais Clément restera Clément. Sinon je reste sur Wattpad et je buzz partout sur les réseaux sociaux avec le contrat que VOUS avez également signé. Je ne gagnerai pas d'argent, c'est certain, mais vous, vous rentrerez à la maison avec Ana Todd et Harry Styles qui vieillit aussi vite que ses fans. Donc si vous voulez qu'on s'envoie en l'air sur un matelas de biffetons avec Dylan et moi va falloir aussi me donner du plaisir. Clément reste Clément.
— Très bien. Je... J'en parlerai à mon directeur.
v Faites donc ça Anastasia. Je vais rentrer écrire la suite que vous attendez maintenant. Vous avez mon numéro si quelque chose vous embêtait, n'est ce pas ?
Je suis rentrée chez moi avec la baraka. Anastasia était furax et dépitée dans son bureau quand j'en suis sortie. C'était un méga coup de bluff mais je me suis dit que si ça ne passait pas pour Clément j'allais droit dans le mur avec ces gens-là.
Je ne touchais plus vraiment terre. J'avais l'adrénaline à bloc. J'avais envie de faire une fête monumentale avec le monde entier mais il était seize heures et j'étais paumée au milieu du XVIème arrondissement. J'ai repris un métro pour aller boire un café à Odéon. Parce que le quartier me rassure et me rappelle mes années étudiantes. À St Michel c'est un peu comme si j'étais à la maison.
Dans la pâtisserie viennoise je suis aux anges. Je savoure ma boisson à l'intérieur, au chaud. La vie est tout de même plus simple quand vos livres se vendent et que vous avez arrêté de fumer.
Plus tard je reprends le RER. Ça sent mauvais et ma voisine mâchouille des graines de tournesol en recrachant des écorces sur le siège d'à coté. Je redescends peu à peu de mon quart d'heure de gloire chez l'éditeur et chaque arrêt qui me rapproche de ma banlieue triste me fait regretter ma tirade à la Beyonce.
Je me suis comportée comme une connasse.
Je suis restée trop longtemps moi-même. Pour une connerie de prénom je passe à coté du grand chelem. David c'est très bien aussi après tout.
En descendant du train à Massy Palaiseau je me sens merdique. Retour chez moi. Retour à la vie quotidienne. J'ai gâché ma dernière cartouche pour une fierté mal placée dont personne n'a rien à battre. J'aurais dû l'appeler David dès le départ, ce con.
Après un bus en retard je finis par arriver chez moi. Je serre les dents en glissant la clef dans la serrure. Il est dix-huit heures et j'ai le secret espoir que tout aille bien.
L'odeur d'alcool me crache au visage. Je rentre dans l'appartement sans faire de bruits et fais attention à ne pas me faire repérer. Une canette de bière à bas prix de cinquante centilitres se trouve au milieu du couloir. Cinq autres sont ouvertes sur la table basse au milieu du salon. Toutes vides.
Par terre entre le canapé et le fauteuil il y a le corps inanimé de Nicolas, l'homme avec qui je vis.
Je l'enjambe et j'allume mon PC.
— Salut chéri, je suis rentrée.
Il est trop imbibé pour avoir conscience de ma présence.
Je prends une de ses cigarettes et l'allume avant de reprendre mon portable. J'envoie un sms à Anastasia.
Saah dit : Vous pouvez changer Clément en David si ça vous semble si indispensable. Vous y perdrez en lecteurs mais moi j'y gagnerai d'une façon ou d'une autre.
Anastasia dit : Non, tu as gagné, on garde Clément. On lance le protocole pour le marché anglophone en numérique et papier la semaine prochaine. Je te fais des bisous.
Des bisous et un tutoiement ? Pauvre greluche.
J'ai jeté un œil à Nicolas qui bavait sur le linoléum, j'ai allumé une autre cigarette avec le mégot de la précédente et j'ai prié pour que quelqu'un me tire de là avant qu'il ne se réveille.
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Hello les gens,
C'est reparti pour un tour de bonne rigolade et je suis très heureuse de vous retrouver ou de vous rencontrer ici.
En média vous trouverez la chanson des Doors qui illustre ce premier chapitre mais aussi la MAGNIFIQUE couverture du roman de Saah TheGrey publié chez Hughes & Ses Amis!!! Ça ne sort pas de nulle part, c'est à l'exceptionnel talent d' OrezzaDantes que je la dois. Merci encore : elle envoie du petit bois 😘😱
Aller, on se la refait un petit coup en entier :
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