Madame Rêve

Coucou

Le petit jeu du jour est assez évident : il va falloir retrouver toutes les chansons d'Alain Bashung planquées plus ou moins bien dans le chapitre. À la clef une dédicace, un petit coup de lumière sur vos gribouillis et des bisous bien-sûr ! Pour jouer il faut m'envoyer le nom de toutes les chanson de l'amoureux de Gaby par MP uniquement (pour pas gâcher le jeu des autres).

Le tandem Xavier/Pierre me secoue bien comme il faut pour me faire repartir du bon pied. Entre deux sermons de la part de l'un sur le pathos larmoyant de ma vie sentimentale, l'autre me fait office de coach de vie. Je dresse mentalement une liste des choses à faire avant de partir à New-York avec Pierre et une liste des choses à ne pas faire en arrivant à New-York avec Xav'.

Liste des choses à faire avant de partir à NYC

*Trouver en urgence un appart. Une coloc ne fera l'affaire qu'en désespoir total.

*Récupérer mes affaires chez Nico de façon fourbe lorsqu'il n'est pas là pour ne pas avoir à l'affronter.

*Faire la vidange de la voiture.

*Courir un jour sur deux.

*Boire uniquement le week-end.

*Écrire cinq chapitres, même si ce n'est pas formidable, être dans la production, voir plus tard pour l'étape "créative".

*Envoyer ou déposer une petite boîte de chocolats à Anastasia pour faire passer mon odieux caractère.

*Trouver une bonne fée pour me transformer en "Chapitre 12 de Chicklit" et mettre le "Brouillon de femme" à la corbeille.

Liste des choses à ne PAS faire en arrivant à NYC

*Parler à "Hugues The Boss" comme à Anastasia.

*Mentionner les fesses, le sexe ou tout autre partie de l'anatomie de Mr. O'Brien lors des conférences de presse.

*Boire plus de cinquante centilitres de bière par tranche de trois heures.

*Jouer à des jeux idiots avec un jeune homme que je ne connais pas.

*Rester enfermée dans ma chambre en me geekant sur Pinterest et sur Twitter.

*Manger un bretzel à onze heure et appeler ça "déjeuner". 

*Boire un verre à dix-huit heures et se plaindre d'être pompette.

*Appeler Nico en pleurant. L'écouter pleurer aussi à l'autre bout du fil, lui demander pardon, l'écouter demander pardon.

*Aller sur la terrasse du Hyatt le dix-neuf Février au soir et prendre un verre l'air de rien.

Trois jours plus tard je remets ma valise dans le coffre de la voiture et reprends la route de l'Ile de France après avoir serré mes deux chevaliers servants dans mes bras. Difficile de me retrouver toute seule avec mon Dragon dans la petite Ford.

Impossible de retourner chez Nico, j'ai donc réservé dans un de ces hôtels qui vous proposent une formule d'appartement moche et triste pour que vous vous sentiez aussi mal que chez vous. Plus la distance entre la maison de Xavier et moi augmente, plus mes bonnes résolutions diminuent. J'ai écrit ma liste sur une peau de chagrin.

J'arrive vers vingt-trois heures sur le parking d'une résidence en crépi ni jaune, ni rose d'Alfortville. La moquette du hall est cramée ça et là par les mégots qui traînent encore dans les coins et les poubelles diffusent des relents de fast-food froid. Mes dernières pièces de monnaie passent dans un distributeur de plats tout prêts, tout mâchés et pour ainsi dire  tout chiés. Pourtant une fois dans la chambre je revois mon jugement à la hausse, ce n'est pas si mal et c'est propre. Ça m'a coûté plus de mille euros pour même pas un mois.

Je jette ma barquette de lasagnes dans le micro-ondes et ouvre ma valise pour en retirer mon nécessaire de survie. Ma tablette, mon téléphone, mon ordinateur et la chromecast que je branche sur la TV. Une fois le wifi activé je m'autorise à aller aux toilettes. La vie est une question de priorités à traiter dans l'ordre de nos besoins physiologiques une fois que le wifi fonctionne. Je relance la sempiternelle mélodie de Miles Davis dont je n'arrive pas à me défaire en ce moment, rouvre le fichier qui s'appelle "LEO2" et reprends mon chapitre comme ma grand-mère reprenait son tricot.
Je n'y arrive pas.
Mes idées partent aussi vite qu'elles arrivent et se délitent comme les volutes de fumée d'une taffe mal tirée. Je pense à une cigarette. Je pense à un verre. Je pense à un homme. Je pense à tout sauf à Clément et à Dylan.

Tu mens.

Je vois le bout de la queue du Dragon qui sort de la salle de bain. Je ne relève pas et je poursuis coûte que coûte. Trouver une phrase. Faire germer une idée, la mettre en forme, reprendre et retordre la phrase. Résister à l'envie d'une clope qui m'excuserait de sortir de la pièce. Mon texte inexistant est en train de me mettre en colère : un de mes personnages va devoir payer. Une fan, tiens ! Une fan va aller tenter le coup avec Dylan/Kilian sur le plateau de tournage et il va lui laisser entrevoir une possibilité.

 Kilian n'est pas un sournois. C'est un personnage adorable qui a trouvé la paix en avouant son homosexualité, quel intérêt pour lui d'aller se payer la tête de ses fans ? T'écris de la merde.

Je réponds à cette vérité insupportable en prenant mon manteau pour aller fumer dehors avec un café à défaut de quelque chose de moins glamour à boire. Je fume pour oublier que tu bois, me dis-je. Une jeune femme d'une vingtaine d'années fume elle-aussi devant l'entrée. Elle est en grande conversation avec une de ses amies il me semble et je scrute le fond de mon gobelet en plastique par politesse, ça m'ennuierait qu'elle soit gênée par le fait que j'écoute tout avec attention.

— Nan, mais je te jure ! Je les ai vus, j'te dis ! C'est une pute prête à tout c'te meuf. Elle a ouvert un peu son jean et lui, il a mis la main dedans. J'te jure, elle a osé, Joséphine c'la vérité. Sous MES YEUX, LA VIE DE MA MÈRE !! 

Je n'en perds pas une miette mais je ne suis pas le reste qui n'est qu'un chapelet de noms d'oiseaux à l'intention de la jeune fille qui a ouvert son jean. Mes signaux de fumée partent dans la nuit. Je pense à ce jean qui s'est ouvert à la main d'un homme désiré. Je place le vêtement sur Clément. Sur Kilian. Le pantalon s'ouvre et s'ouvre encore. Un début d'idée cogne derrière la braguette à bouton. Je remercie chaleureusement l'amie de Joséphine avant d'écraser mon mégot et de repartir dans ma chambre. Une fois remontée dans ma tanière, je tire un carnet de mon sac pour noter l'idée de la main dans le froc en vitesse pendant que je retire mes chaussettes et mon pantalon avec force dandinements et tortillages des pieds. Après d'âpres hostilités de la part du réseau internet de l'immeuble je mets la radio pour écouter les infos qui parlent des sempiternels même conflits du monde et autres fantaisies militaires. Dans la salle de bain je fais couler l'eau dans la douche pendant que que je me débarrasse du reste de mes vêtements sur le lavabo. 

Sous l'eau mon esprit vagabonde au gré de mes dernières aventures, mon corps rend les armes un peu plus à chaque secondes. Je laisse le flux couler sur moi les yeux fermés -signature- pour mieux sentir chaque muscle qui se détend -gorgée de bière- après le long trajet -son bras moulé dans un pull noir- en voiture. Depuis combien de temps je ne me suis pas accordé un -ramène-moi ta culotte- vrai moment de bien-être ? Depuis combien -les trois derniers trucs qui t'ont excité ?- de temps je ne fais plus attention à moi ? Sur mes épaules le savon mousse, je masse -la naissance de tes seins- et je frotte. J'insiste et -le tissu a bougé sur ses cuisses- malaxe les membres endoloris.

 Les gouttes câlinent mon épiderme comme de multiples masseuses de passage. J'accorde un plaisir oublié et mérité à ma personne ; de réminiscences bachiques en insolescence lubrique je me satisfais dans la moiteur cheap de la cabine. Le souvenir du reflet du Léopard dans l'ascenseur, qui plonge sa main à l'intérieur de sa poche pour mieux tripoter ce qui fut ma culotte m'arrache un cri sous la douche et met alors un terme à ma petite entreprise :

Dylan, Oh Dylan !

Mais seule la paroi embuée répond à mon appel.


Une fois sèche j'enfile un vieux T-Shirt pour aller me mettre au lit. Un brossage de dents plus tard je coupe Miles Davis et me glisse sous les draps frais. En boule aux pieds du lit mon animal familier essaie de dissimuler ses ricanements sous ses ailes.

Alors ? On va bien aller au Hyatt n'est-ce pas ? T'as menti effrontément à Xavier hier soir !

 Je suis comme ça : la nuit je mens.

**********

Hello 

Ce chapitre sera dédié à 00008q qui me fait l'honneur de suivre mes chapitres depuis fort longtemps. Je n'ai toujours pas pris le temps d'avancer dans son histoire "Poupée Russe" et j'espère qu'elle ne m'en tiendra pas trop rigueur. Je procrastine dans ma bibliothèque c'est infernal : aucune organisation !

Je t'embrasse 😘.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top