Anytime you need a friend

Dans ma chambre, je raccroche la veste de smoking et le pantalon sur un cintre.
Planquée dans la suite de luxe, bien à l'abri derrière le verrou de la 269, je me laisse aller sur le lit. En culotte.

Demain soir je revois Dylan. Pour boire un verre ?

— Et si vous en buvez trop ?

— Trop c'est à partir de combien ?

— Et s'il te propose autre chose ?

— Je ne vois pas vraiment de quoi tu parles, il a une petite amie.

— Ah oui, c'est vrai : les hommes en couple ne couchent qu'avec leur compagne. J'oublie toujours cette règle absolue qui ne souffre aucune exception. Elle s'applique aussi aux femmes d'ailleurs

— Acheter la culotte d'une autre n'est pas tromper. Là on se voit juste pour... parce que... pour discuter;

— Donc si je résume, tu as conscience que ce jeune homme est déjà engagé auprès d'une autre et donc tu ne tenteras rien de libidineux ? Tu vas juste discuter ?

Je te promets que je ne tenterai rien.

— Appelons Xavier pour valider tout cela. Sachant que je serai dans les parages et que contrairement à toi je n'ai rien promis sur mon comportement, dit-il avec sa grosse voix.

Le plaisir coupable est de courte durée, la tonalité est déjà en cours. Tant pis pour le décalage horaire, on verra bien si je dérange.

— Bonsoir Saah, comment vas-tu ?

— Ça va. Je ne te dérange pas.

— Du tout, on se fait un marathon F.R. I. E. N. D. S. , on allait se coucher. Ou regarder encore un épisode ou deux.

— Pierre va bien ?

— Oui, il va très bien. Et toi ? Où es-tu ? Tu t'es retrouvé un appart ?

— Oui, enfin, non. Je veux dire, j'ai retrouvé un logement mais je suis à New-York depuis ce matin.

— Ah.

— Tout va bien, Xavier, je suis seule dans ma chambre, tu peux être rassuré, je n'ai pas encore déconné à pleins tubes, mens-je en toute sincérité.

— Bien, voilà une première bonne nouvelle, tu peux supprimer le "encore" dans ta phrase, il est de trop. Ça se passe bien ?

— Pas terrible.

— Voyez-vous ça... Madame est à NYC dans un Palace et ça ne va "pas terrible" ? Ils ont oublié les putes et la coke dans ta chambre, ma Bichette ? Le chocolat a fondu sur l'oreiller ?

— Non, non, tout ça c'est bon, j'ai. Mais... J'ai pas la frite, Xavier. Je crois que je me suis plantée. Je ne sais pas ce que je fous là. On me parle​ d'une suite attendue avec impatience, l'éditeur, un gros con, commence déjà à donner des dates, j'écris rien et quand j'écris c'est mauvais. C'est pas ce que je voulais, je voulais tenter autre chose, et...

— Calme-toi, tu t'affoles pour un truc qui n'est pas encore lancé et ça ne résoudra rien. Tu lui as dit à ton éditeur que tu avais un autre projet ?

— Peux pas. Il a pas l'oreille attentive.

— Saah, il faut que tu lui dises. Tu ne vas pas te forcer à écrire un truc qui ne prend pas, me répond-il désespéré par mes jeremiades.

— Mais si je ne lui donne pas ce qu'il veut, comment je gagne ma vie ? Comment je pourrais être crédible auprès d'une autre maison d'édition ?

— Tu t'inventes de faux problèmes pour ne pas avoir à avancer. Règle les choses une par une. Premièrement sois franche avec ton éditeur et dis-lui que tu ne veux pas écrire de tome 2, dans un second temps tu lui parleras de ce que tu as déjà commencé à mettre en œuvre. Progresse avec tact.

— Huuumm, pas mon fort.

— Je sais.

Un rire idiot se fait entendre derrière le combiné, une pseudo dispute il me semble.

— Tout va bien ?

— Oui, c'est rien c'est Pierre qui... Non mais... Non, rends-moi ça, mais...

— Allô Saah ? C'est Pierre, tu vas bien ?

— Oui et toi ?

— Super, je voulais juste te dire un truc extrêmement important pour Xavier qu'il n'arrivera jamais à t'avouer.

— Il est hétéro et amoureux de ma mère ?

J'entends la voix de mon ami qui peste pour tenter de récupérer son appareil.

— Non, il est bien gay et si tu pouvais accepter l'invitation de ton ami comédien, au moins pour nous raconter comment il est à poil, on t'invite à manger de la raclette à ton retour. Et je te laisse choisir le vin, même.

Je me marre un peu avec Pierre avant de répondre en chuchotant :

— Chhhuuuttt, si Xavier apprenait que j'ai passé du temps avec lui tout nu, il me le ferait payer avec des "Mon Chéri" en dessert !

— Alors tu ne le raconteras qu'à moi et on le laissera tout seul avec ses chocolats de vieille fille, répond Pierre  à voix basse.

Xavier râle avec gentillesse avant de m'embrasser et de raccrocher. Ils me manquent tous les deux. L'amitié et les plaisanteries ne sont pas inclus dans le confort de mon hôtel multi-étoilé.

— Mais je suis là, moi, rugit la Bête.

— Huuumm. Et que suggères-tu pour la soirée ?

— Tu as eu le temps de tester tous les multi-jets de la douche ? Vraiment tous ?

— L'expérience est tentante, je le reconnais, mais non, pas ce soir.

 Tu as du travail de toutes manières, tu dois avancer dans tes chapitres si tu veux avoir un truc à présenter à ton boss dans les jours qui viennent.

Le poids de la journée commence à se faire ressentir. Je règle le réveil avec précaution, et une fois de plus j'essaie dresser une nouvelle liste de mes bonnes résolutions à venir.

Listes de bonnes résolutions à New-York :

*Écrire.
*Avoir le courage d'affronter mon éditeur.
*Dormir.
*Ne pas tourner en rond en attendant son prochain mail.
*Boire des Tourtels et des Bucklers si je sors.

"To do list" du Dragon à New-York :

*Re-goûter les "Mon Chéri". On en a peut-être un mauvais souvenir.


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Bonjour chers lecteurs,

Une petite dédicace pour LilyaRose et son thriller "La vie volée de Ruby". Qui est vraiment Hélèna ? Pourquoi fait-elle ces horribles cauchemars la nuit ? Va-t-elle réussir à intégrer son nouveau poste sans faire de vagues au sein du prestigieux cabinet d'avocats new-yorkais ? Promenons-nous dans les boooiiiis, pendant que le loup n'y est ppaaaaas....

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