Chapitre 24

Je rejoins Jules à notre lieu de rendez-vous. 

Sa proposition de discuter m'a étonné, mais ce qui m'a le plus surpris c'est que mes amis l'aient contacté pour leur avertir de mon état de santé.

 S'ils en sont venus par ce moyen pour que je me sente mieux cela ne peut signifier qu'une chose : je suis au fond du trou. 

Je suis vide à l'intérieur, brisé. 

S'ils estiment que j'ai besoin de Jules pour retrouver le moral c'est que je suis au plus bas. 

Mon ami d'enfance a toujours sû me réconforter et trouver les mots justes. Aujourd'hui j'espère que cela sera aussi le cas. 

Le faite qu'il ne m'est pas repoussé alors qu'il sait la vérité sur les sentiments que j'éprouvais autrefois à son égard me fait apprécier encore plus mon ami. 

Cela me montre son affection, son amitié. 

Cela me montre à quel point malgré ce que j'ai pu lui révéler, il tient à moi et ça ne change pas.

 Cela me touche tellement qu'il soit si gentil et si compréhensif. Il a le cœur sur la main. 

Il m'a embrassé, il a pris sur soi pour que je puisse tourner la page. Je sais que ça lui a demandé des efforts, ce n'est pas naturel de déposer un baiser sur les lèvres d'un garçon lorsque l'on est hétéro. 

Peu de gens auraient été capable de mettre ses sentiments de côté et de le faire avec cette bienveillance. 

 Grâce à ce geste qui a coûté mon couple avec Léo je sais que je peux faire confiance à Jules. Je sais que je peux lui parler en toute tranquilité, à coeur ouvert. 

Je sais qu'il ne me jugera pas quoi que je fasse. Je sais que l'opinion qu'il a de moi ne changera pas. 

Je sais que notre amitié perdurera. 

Elle a survécu toutes ces années, à la distance, à la vérité. 

Notre relation est solide et le restera. C'est rassurant de savoir que tu as quelqu'un sur qui compter, qui sera toujours là pour toi, dans les bons moments mais surtout dans les mauvais.

 C'est rassurant de savoir que l'on est soutenu, cela me montre que je ne suis pas seul. Dans les épreuves que j'affronte chaque jour, je suis accompagné et guidé par mes proches. 

Le faite qu'ils sachent ma douleur, qu'ils la comprennent et qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour y remédier me fait prendre conscience des êtres exceptionnels qu'ils sont. 

J'ai de la chance de les avoir. C'est pour eux, pour ceux qui sont là pour moi que je dois me battre pour les remercier. 

Pour les remercier d'être à mes côtés. Pour les remercier d'exister. 

Pour les remercier d'avoir croisé mon chemin et de ne pas l'avoir quitter.

 Pour les remercier d'avoir cru en moi, en mes rêves.

 Pour eux, je vais me ressaisir. Pour eux, je vais me relever et avancer pas après pas, jusqu'à ce que je puisse courir puis m'envoler de mes propres ailes.

 Élaborant un faible sourire que j'espère convaincant, je m'installe sur la chaise proche de Jules.

 Ce dernier me dévisage et dans son analyse je constate qu'il essaie d'évaluer mon état. Il ne dit rien et m'adresse son plus beau sourire. 

Un sourire qui autrefois chavirait mon cœur. Aujourd'hui c'est un autre sourire qui me fait cet effet là, et c'est celui de Léo. 

Nous commandons à boire et en attendant que nos boissons arrivent nous discutons. 

Au début, la conversation n'est qu'une suite de banalités : les cours, le sport, les séries... 

C'est un échauffement avant de passer aux choses sérieuses. 

Un silence s'installe signe que le sujet que nous allons évoqué est celui pour lequel nous sommes réunis à cette table.

Jules se racle la gorge et me demande d'une voix douce :

" Comment tu vas Aloïs ? Maxence et Alice s'inquiètent pour toi.

Je prends une grande inspiration pour me donner du courage et lui répondre le plus honnêtement possible :

- Je vais mal Jules. Je n'arrive pas à passer à autre chose, cela m'est impossible. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là.

- C'est normal que t'es le sentiment d'être au fond du rouleau. J'ai connu ça moi aussi, tout le monde est passé par là à un moment donné, personne n'y échappe. Ce n'est qu'avec le temps que ça s'atténue.

- Mais si je n'ai pas envie d'aller mieux ? Je n'ai pas envie de l'oublier. Je ne peux pas me résoudre à faire comme si nous deux ça ne rimait à rien. Je suis convaincu que notre histoire n'est pas fini. Il faut juste que je lui redonne espoir en nous. Je réplique d'une voix cassée trahissant ma souffrance. 

Je le regarde droit dans les yeux pour guetter sa réponse.

Ce dernier me reluque, le visage attristé et me questionne :

- C'est ma faute si vous avez rompu n'est-ce pas ? C'est à cause de l'histoire du baiser ?

- Ce n'est pas ta faute Jules, c'est moi qui t'ait demandé de m'embrasser. Le seul fautif ici c'est moi. Léo est persuadé que j'éprouve toujours des sentiments pour toi et c'est la raison pour laquelle il a décidé de mettre un terme à notre relation. Mais je te jure que c'est du passé, je te considère comme mon frère, mon meilleur ami, aucun baiser ne pourra changer cela. Je réponds désespéré.

- Je te crois Aloïs. " Dit-il en serrant ma main dans la sienne pour me témoigner de son support.

Comme si tenir sa main pouvait évacuer toute ma peine. Comme si cela pouvait être mon remède pour ne plus souffrir. Mais ce n'est pas le cas.

 La douleur est toujours là. La seule personne qui puisse l'effacer ne veut plus me voir.

 Elle m'a effacé de sa vie.

 Elle a rangé nos souvenirs et nos moments partagés dans une boîte qu'elle a enfermé à double tours. Il faut jusque je trouve cette clé pour l'ouvrir. 

Pour lui rappeler notre bonheur, la vie que nous pouvons avoir. Pour lui montrer que nous deux ensemble ce n'est pas une simple amourette. 

Nous deux c'est l'amour avec un grand A. Un amour digne d'une oeuvre d'art, sublime et unique dont seuls les amoureux comprennent le sens. 

Un amour qui fait rêver et pour lequel on pourrait mourir en paix. Un amour fort, puissant qui laisse des traces quoi qu'on fasse. Un amour qu'on ne peut ignorer. 

Un amour qui obnile tes pensées et qui te fait oublier le monde qui tourne autour de toi.

 Un amour comme celui -là n'arrive qu'une fois dans une vie. Un amour comme celui-là doit perdurer car il est trop beau pour qu'il ne cesse d'exister. 

Ce que j'avais avec Léo était unique, je ne retrouverai jamais une relation comme celle-ci. 

Je ne retrouverai jamais une relation où je me sens aussi bien et où nous sommes autant complice et en symbiose. 

Je ne retrouverai jamais rien de cela car je suis persuadé que Léo est l'homme qu'il me faut dans ma vie. Il est le garçon avec qui je veux vivre. 

 Il est la personne avec qui je veux un avenir. Je ne saurais pas l'expliquer mais j'ai l'intime conviction qu'il est celui qui pourra me combler le plus et personne d'autre.

 Mon cœur me dicte de ne pas le laisser filer et de tout faire pour le rattraper. 

Mon cœur qui est l'organe qui me maintient en vie sait ce qu'il me faut pour que j'aille bien.

 Et mon bonheur ne se résume à une seule personne, 3 petites lettres qui résonnent comme un tambour qui fait battre mon cœur.

 Comme cela se fait-il qu'une seule personne puisse avoir un tel impact dans votre vie ? Je me le demande bien. 

Toutes les décisions que nous menons amènent à des actes et définissent notre futur. Je ne peux pas laisser le choix de Léo affecter notre avenir. 

Il faut que je prenne notre destin en main pour le sauver. Je sais que j'en suis capable. 

Je ne peux pas échouer pas sur une chose aussi importante que notre couple. 

Je veux tellement que nous nous réunissons de nouveau. Je le souhaite de tout mon cœur. 

Mais à force d'espérer j'ai peur que cela me fasse plus de mal. 

J'ai peur de souffrir davantage en cas de déception. Je suis déjà accablé par la situation, je ne pourrais supporter un énième rejet de sa part. 

S'il m'abandonne encore une fois il m'hôtera le peu de volonté de vie qui me reste. Il éteindra l'étincelle de vie qui persiste. 

Je serai bon de nouveau pour l'hôpital, les séances de psy et je connaitrais une nouvelle fois cette spirale de l'enfer. 

Je ne peux pas revivre tout ça. Je ne peux pas faire ça à mes parents qui ont tellement souffert à ma première hospitalisation. 

Ils avaient tellement peur que je ne sorte pas de cette chambre au mur gris. 

Cette chambre qui me déprimait encore plus et qui me rendait malade. Je fixais ces murs aux couleurs ternes qui resemblaient à une prison et je me sentais compressé. 

Là-bas j'étais enfermé et j'avais le sentiment que cette chambre d'hôpital était plus une cellule qu'une chambre. 

Je n'avais qu'une envie : en sortir et ne plus jamais y remettre les pieds. 

Mes parents craignaient tellement que je ne m'en sortent pas. Je peux encore lire la détresse dans leur yeux me voyant dépérir sans qu'ils ne puissent pas agir.

 Ce sentiment d'impuissance a failli les anéantir. Mais j'ai commencé à me rétablir et ils ont jamais été aussi heureux de me voir manger, marcher, regarder la télé. 

Cela relevait du miracle. Et je les comprends. 

Je ne sais pas quel a été l'élément déclencheur de ma guérison. A part une intervention divine, je n'ai pas d'autre réponse. 

J'ai eu beaucoup de chance j'en ai conscience. 

Beaucoup de patients qui souffraient de dépression sévère comme moi n'ont pas retrouvé goût à la vie pour le plus grand malheur de leur proche.

 Je veux vivre, mais je veux que ma vie ait un sens. Et ce n'est que lorsque je suis avec Léo qu'elle prend tout son sens.

 Avec Léo c'est une évidence. Avec Léo c'est si familier, comme si on s'était toujours connus alors que cela fait seulement 2 ans qu'il est entré dans ma vie.

 Avec lui, je me sens à ma place. Avec lui, je sais la raison pour laquelle je fais partie de ce monde.

 Avec lui je sais pourquoi une personne aussi insignifiante que moi existe : pour tenir compagnie à ce bel Apollon. 

 Il est tout ce dont j'ai besoin, rien de plus, rien de moins. 

Sa simple présence réchauffe mon cœur et me maintient en vie.

 Il est mon soleil, je suis sa terre, je gravite autour de lui comme un aimant. Nos chemins ne peuvent pas se séparer c'est impensable. 

Il est mon refuge, mon foyer. Il est ma boussole, sans lui j'ai perdu mon chemin. Et pour le retrouver, il faut que je récupère son amour. 

Il faut que lui prouve que je vaux la peine d'être aimé. Il faut qu'il me croit quand je lui dis que mon amour à son égard est sincère. 

Il faut qu'il sache que notre relation est la chose la plus précieuse à mes yeux. 

~•~•~•~

Voilà le 24ème chapitre !

Vous aivez aimé ?

Dites moi tout en commentaires :) 

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