Chapitre 18
Flashback quelques années plutôt...
Je me réveille le cœur lourd. Aujourd'hui est le jour où tout bascule.
Aujourd'hui est le jour où mon cœur se brise en mille morceaux.
Aujourd'hui est le jour où on me sépare de Jules.
On m'enlève mon meilleur ami, mon frère, mon amoureux, la personne que j'aime le plus et celle qui me connaît comme personne sur terre.
Je suis anéanti, brisé et je n'ai qu'une envie m'enterrer six pied sous terre.
Mon réveil sonne, je l'entends mais je l'ignore. Je ne veux pas quitter mon lit, je ne veux voir personne.
Je veux qu'on me laisse tranquille et qu'on le fiche la paix. Je veux retourner au moment où ma vie était paisible et où j'étais heureux.
Le bonheur était à ma portée car j'étais auprès de Jules. Ce garçon au sourire éclatant et à la bonne humeur contagieuse a conquis mon cœur.
Rien que visualiser son beau visage et ses bouclettes dorées me donne la chair de poule, j'en ai des frissons.
À chaque fois que je suis à ses côtés, mon cœur ne m'appartient plus, il lui est destiné.
Chaque fois que nos peaux se frôlent accidentellement j'ai du mal à agir comme si de rien n'était alors que ce n'est pas le cas.
J'ai de plus en plus de mal à contrôler mon corps quand je suis auprès de lui. Je fais un effort surhumain pour prendre sur moi.
Je me forge ce masque de meilleur ami, j'essaie de m'en convaincre. Mais je sais que ce n'est pas mon souhait.
J'aimerai être plus que son ami, j'aimerai partagé son cœur, j'aimerai qu'il me le donne en retour.
J'aimerai goûter à ses lèvres, j'aimerai faire des choses dont je ne devrais même pas penser.
J'aimerai lui avouer mon amour pour lui. J'aimerai trouver le courage de le faire. Mais je sais pertinemment que ce n'est pas réciproque.
Jules n'aime pas les garçons, il aime les filles. Lui est normal moi je suis à côté de la plaque.
Je ne sais pas pourquoi je suis différent, pourquoi je me complique la vie. Je me dis que l'univers doit bien avoir une explication à tout cela mais je n'en trouve aucune.
J'essaie de me persuader que de bonnes choses m'attende à être différent, unique.
Mais quand j'essaie d'imaginer le futur, je le vois très sombre et sans issue possible.
Cela est dû au fait que Jules, celui qui fait battre mon cœur n'en fait pas partie.
Cela est dû au fait que je suis condamné à ne pas connaître l'amour, personne ne m'aimera pour qui je suis.
Personne ressentira des sentiments aussi fort à mon égard que ceux que je ressens pour Jules.
Personne ne me comprendra ou m'acceptera à cause de mon homosexualité et de ma timidité.
Mes parents ne reconnaîtront plus leur fils quand ils l'apprendront.
Ils ne me verront plus de la même façon et essaieront de trouver une ressemble avec le garçon qu'ils connaissaient et qu'ils avaient éduqué mais ils n'en trouveront aucune.
Depuis que je suis parvenu à l'évidence que j'étais gay, cela a bouleversé ma vie. Me rendre compte si tôt de mon homosexualité a été un choc.
Moi un garçon de 11 ans qui découvre son orientation sexuelle est un phénomène troublant. Je me suis renseigné et la majorité des personnes qui se défissent gays s'en sont rendus compte pendant l'adolescence, à l'âge adulte.
Je suis encore une fois un cas à part.
Si j'avouais à mes parents mon homosexualité, ils ne comprendraient pas.
Ils me diraient que ce que je ressens pour Jules appartient au domaine de l'amitié mais je le sais au fond de moi que je l'aime et que cela n'a rien avoir avec de l'amitié.
C'est de l'amour j'en suis certain. Certes j'ai 11 ans, je ne connais pas grand chose en amour mais ce que je ressens à son égard est tellement fort, tellement puissant qu'il ne peut être ignoré.
Je n'ai jamais ressenti ce genre de choses avant sa rencontre. Je n'ai jamais envisagé la possibilité de croire en l'espoir avant qu'il me le suggère.
Je n'ai jamais cru que j'allais vaincre ma timidité avant lui.
Il a été ma bouée de sauvetage, il m'a sauvé alors que je pensais que mon sort était scellé.
Je pensais que j'étais destiné à être malheureux le restant de mes jours mais il m'a prouvé qu'un autre chemin pouvait s'ouvrir à moi.
Un chemin où le soleil brille de mille feux, où je suis heureux et épanoui, où la tristesse ne m'atteint pas.
Il est mon pilier, sans lui je m'effondre. Il me rend vivant, c'est grâce à lui que j'ai retrouvé goût à la vie.
Toutes les émotions que j'éprouve quand je suis avec lui me remplissent de bonheur, me prouvent que je ne suis pas une machine à suivre un programme précis.
Je ne suis plus cette machine où je me levais par instinct de survie et par automatisme et non par envie.
Je ne suis plus cette personne qui vivait dans l'ombre de soi-même. Maintenant je suis sur le devant de la scène. Je ne me cache plus.
Je suis le protagoniste, le réalisateur de ma propre vie où je ne m'imagine pas un avenir sans lui à mes côtés.
Quand je ferme les yeux et que j'essaie de me représenter un lendemain sans Jules, sans ses blagues, sans son rire, je n'y parviens pas.
C'est trop dur, impensable.
Et pourtant c'est ce qui va se passer. Rien ne pourra y changer.
Pourtant j'ai tout essayé, les pleurs, les menaces, l'ignorance, la famine, mais cela n'a pas marché.
Mon père est muté et je pars avec lui quoi qu'il arrive.
J'aimerai me réveiller de ce cauchemar, j'aimerai que tout cela ne se passe que dans ma tête et non pas dans la réalité.
J'aimerai pouvoir échapper à toute cette souffrance et cette douleur qui va m'habiter quand je partirai sans Jules avec moi.
J'aimerai pouvoir faire taire les pensées qui m'habitent et qui le concernent tous sans exception.
J'aimerai ne pas me soucier de ce que dicte mon cœur, de sa mise en garde.
L'organe qui me tient en vie sait que je ne vais pas tenir à cette séparation. Je ne vais pas m'en remettre. Je ne vais pas réussir à me relever. Je vais baisser les armes et arrêter le combat.
Plus rien n'aura d'importance sans sa présence. La vie n'aura pas de sens sans ce garçon à la chevelure dorée.
La vie ne vaudra pas la peine d'être vécu si je suis loin de lui.
Avec le peu d'énergie qu'il me reste, j'arrive à sortir de mon lit. J'enfile un short, un t-shirt et je rejoins mes parents dans la cuisine sans un regard.
Je mange mon bol de céréales en silence, le regard perdu, mon cœur vide en pensant en prochaines heures qui m'attendent.
Mes parents tentent de m'adresser la parole mais je les ignore. Ils ne méritent pas mon attention pas après que ce qu'ils me font subir.
Ils ne méritent rien de ma part sauf de la colère, de la haine. Je suis furieux et à cet instant précis je serai capable de tout casser rien que pour les punir.
Cependant je ne suis pas si méchant que cela, nous ne roulons pas sur l'or et détériorer tout les objets de notre maison ne mènera à rien et n'empêchera pas le déménagement.
La solution que j'ai donc adopté est de faire comme s'ils n'existaient pas.
Ça les blesse, tant mieux ils souffrent autant que moi je souffre.
Je prends mon sac à dos et je sors de la maison avec une boule dans gorge appréhendant la journée la plus difficile de toute ma vie.
Cependant lorsque je vois le visage souriant et bienveillant de Jules, tous mes soucis s'évaporent et nous nous dirigeons ensemble vers l'école.
Nous parlons comme chaque matin, il me met de bonne humeur et l'espace d'un instant j'oublie que ce soir je le quitterai.
Nous nous installons dans notre classe et le maître arrive et débute sa leçon. Jules m'adresse un clin d'œil complice constant que l'on étudie la première guerre mondiale, ma guerre préféré.
A cet instant, j'aurai préféré être dans les tranchés plutôt que de me séparer de Jules.
Mais on pas tout ce que l'on veut dans la vie et malheureusement je vais le découvrir dès ce soir...
***
L'école finit, nous retournons chez nous, tous les deux nous essayons de repousser le moment où nous serons rentrés car nous savons pertinemment que tout changera à partir de ce moment là.
Le duo Jules-Aloïs prendra fin.
Et cette idée est insupportable autant pour moi que pour Jules.
C'est avec tristesse que nous rentrons, nos parents respectifs nous attendant dans le jardin. Les cartons sont déjà sortis et prêts à être rangés dans le coffre de la voiture.
En voyant cette scène, mes larmes coulent à flot et je réalise que mon chemin va se séparer de celui Jules, c'est réel.
Et l'admettre cela me fait mal. C'est comme si on me plantait un couteau en plein cœur.
Jules me serre dans ses bras pour me réconforter mais je suis inconsolable.
Je ne veux pas partir loin de lui. Je ne veux pas aller à l'école sans lui, il est mon seul véritable ami, la seule personne qui m'apprécie.
Jamais je ne trouverai une autre personne que Jules dans ma nouvelle école.
Je ne veux pas le quitter, je ne veux pas me séparer de la seule personne qui apporte de la lumière dans ma vie.
Mon père commence à placer les bagages dans le coffre. Je le regarde faire, brisé.
Une fois qu'il a fini cette tâche, mes parents saluent les parents de Jules et m'appellent pour que je m'installe dans la voiture mais je suis cloué sur place.
Je suis incapable de bouger.
Ce n'est que lorsque Jules me prend la main et m'accompagne jusqu'au véhicule que je m'assois et que j'attache ma ceinture, chamboulé.
Jules m'assure qu'on va se revoir et que notre histoire n'est pas terminé.
Je veux le croire, je veux penser que cela ne peut pas se finir comme cela.
Mais je sais pertinemment que la distance nous séparera et que nos chemins ne se croiseront plus même si c'est ma volonté la plus chère.
Mon père met le contact et démarre la voiture.
Mes larmes ruisselent sur mes joues sans que je puisse les arrêter.
Je fixe Jules et j'essaie de me souvenir de son visage il me sourit et se réfugie dans les bras de sa mère. Je regarde la silhouette de Jules s'éloignait de moi à mesure que la voiture roule.
Au bout de quelques mètres je ne le vois plus et j'éclate en sanglots.
C'est le début d'un chapitre de ma vie que je n'ai pas envie d'écrire. Je vais laisser cette page blanche, vide.
Vide comme mon cœur.
Mon cœur qui a cessé de battre dès l'instant où je me suis installé dans cette voiture.
Mon coeur qui s'est arrêté dès l'instant où on m'a éloigné de la personne que j'aime le plus au monde.
Je ne connaîtrais plus jamais le bonheur.
Sans Jules à mes côtés, un avenir heureux m'est innaccessible.
~•~•~•~
Voilà le chapitre 18 qui est le fameux flashback de la séparation entre Aloïs et Jules !
Personnellement, j'ai adoré l'écrire !
J'espère que vous avez apprécié votre lecture.
Si c'est le cas, n'hésitez pas à appuyer sur la petite ☆ et à commenter cela fait toujours plaisir :)
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