Chapitre 11
Après mon dernier cours, je reçois un message de Jules. Etonné, je le lis, il me propose qu'on se voit si j'ai rien de prévu.
Je demande à Léo si ça la dérange que je le vois et ce dernier me répond que non, il m'incite à le faire de toute façon il doit régler des choses avec ses parents.
Cela me gêne de le laisser seul affronter cette épreuve. Comme s'il lisait dans mes pensées, il me rassure en me disant qu'il doit le faire sans l'aide de personne pour avancer.
Je le prends dans mes bras et je lui demande de tout me raconter et que je serai là à n'importe quel moment s'il a besoin de moi. En guise de réponse il m'embrasse et nos chemins se séparent.
Je rejoins mon ami d'enfance à un bar avec mille et une questions.
Pourquoi il veut me voir maintenant ? Est-ce important ? Cela a un rapport avec moi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Il lui est arrivé quelque chose de grave ? Et s'il lui était arrivé un accident ?
Je me fais sûrement peur pour rien. Il veut juste me parler.
Il veut sûrement passer du temps avec un ami non ? Du moins je l'espère...
A tous les coups il va me dire qu'il part et que je ne le reverrais plus. Cela me déchirerait le cœur d'apprendre cette nouvelle alors que je viens de le retrouver après tant d'années.
Inquiet, je m'assois au comptoir et je compte les minutes avant son arrivé : 6 exactement.
Il me salue, s'installe à mes côtés et nous commandons un Coca pour moi n'étant pas féru d'alcool et lui une bière.
Il me lance un regard amusé et je comprends à cet instant précis que j'avais pas à m'en faire autant.
Je pense toujours au pire ce n'est pas ma faute c'est une technique de défense. En se préparant au pire, j'ai moins de chance d'être déçu.
J'ai moins de chance de souffrir. Moins de chance d'être blessé. Moins de chance de finir brisé et de ne pas être capable de me relever.
Je lui adresse un sourire intrigué, il sort un sac et me le tend. Avant de l'ouvrir, il prend la parole :
« J 'ai retrouvé cela par hasard en fouillant dans mes cartons. Cela te revient de droit.
Impatient de découvrir l'objet en question, je ne perds pas une minute de plus et j'ouvre le sac. Ce que je découvre me remplit de joie et de tristesse en même temps.
Cela me rappelle une époque qui n'existe plus. Cela me rappelle des sentiments qui doivent partir.
Des sentiments qui ne devraient pas exister. Des sentiments qui sont censés être enfuis depuis un moment.
Je ne pensais pas qu'un ours en peluche avait autant d'emprise sur moi. Je fixe la peluche et tous les souvenirs qui vont avec.
Je prends sur moi pour faire taire les sentiments qui ressurgissent d'un seul coup et tente d'agir normalement, comme un vieil ami le ferait.
- Monsieur Natanaël tu l'as retrouvé ! Merci mais c'est toi qui l'avait gagné je te rappelle !
- Oui, mais je te l'avais donné. J'aurais été ravi de le garder mais je tiens mes engagements ! Dit-il rieur.
- Tu avais usé toutes tes économies pour l'avoir, tu dois le garder rien que pour ça !
- Tu le voulais tellement à l'époque, tu m'avais confié qu'il te rappelait celui que ton grand père t'avait offert... C'est pour cela qu'il te revient de droit, en souvenir de ton grand père Aloïs. Réplique le blond d'une voix douce.
- Tu te rappelles de ça ! J'affirme étonné qu'il se souvienne de ces détails après toutes ces années.
- Je me souviens de tout Aloïs. Je n'ai rien oublié de notre enfance.
- Moi non plus...
- Je n'en doute pas ! De nous deux tu as toujours été celui qui avait le plus de mémoire. J'étais incapable de retenir une stupide leçon d'histoire alors que toi en une soirée c'était bouclé ! » Dit-il en rigolant.
Nous continuons de nous remémorer nos moments passés ensemble. Je pensais qu'on les avait déjà tous évoqués mais il en reste toujours à déterer au plus profond de nos mémoires.
A croire que nous avons passés notre vie ensemble et que nous nous sommes jamais quittés.
Mais ce n'est pas vrai. Et l'ours en peluche en est une preuve.
C'est à partir de lui que les instants passés auprès de Jules ont commencé à prendre une tournure différente.
C'est à partir de ce jour là que j'ai compris que ce n'était pas un simple ami. C'est à partir de ce jour là que tout a changé.
Si je le pouvais, j'aurais préféré que cette journée ne se soit jamais passé et continuer de vivre dans le mensonge.
Si cela avait été le cas, le déménagement aurait été plus simple à accepter.
Ma vie aurait été plus facile sans ces sentiments qui me torturaient à longueur de journée.
Sans ces sentiments que je ne comprenais pas. Sans ces sentiments que je ne devais pas ressentir.
Je m'étais interdit de les ressentir et pourtant ils étaient bien là. Ils étaient bien réels.
J'ai souffert de ma sexualité. J'ai souffert de la cacher pendant tant d'années. J'ai souffert qu'on ne m'ait pas expliqué plutôt ce qui m'ait arrivé.
J'ai souffert d'avoir attendu longtemps pour comprendre exactement ce qu'il se passait. J'ai souffert en découvrant la vérité à mon sujet.
J'ai souffert en apprenant que j'aimais les hommes.
Ce n'était pas la norme. Cela me rappelait encore une fois que j'étais quelqu'un à part. Quelqu'un de dérangé, de fou. Que je n'avais pas ma place dans ce monde.
Cela me rappelait les paroles blessantes de mes camarades de classe à mon sujet qui me traitaient de malade mental.
Ils n'avaient pas tord au final. Qui étais-je pour aimer les garçons à part un fou à lié ?
J'étais petit, jeune et je vivais dans un monde qui ne me comprenait pas. La situation a changé avec le temps.
Ce monde dans lequel j'évolue m'accepte petit à petit pour la personne que je suis mais la route pour l'acceptation totale est encore longue.
Toute ma vie, j'ai eu l'impression que c'était moi la personne anormale. Je n'entrais pas dans le cadre, je n'arrivais jamais à faire partie du décor et à me fondre dans la masse.
Pourtant c'était un de mes vœux les plus chères de me faire tout petit et de disparaître. Mais malgré tous mes efforts je n'y suis pas parvenu.
Alors si je ne pouvais pas me cacher et que j'étais destiné à être montré du doigt pour mes actes autant que cela soit fait pour la personne que je suis au fond de moi.
Que ces critiques, moqueries, injures soient destinés à la personne que je souhaite devenir. A la personne dont j'ai envie d'être fier.
Aujourd'hui, après de longues années de batailles contre moi-même et le monde entier, je m'assume.
J'assume mon orientation sexuelle et les conséquences qui vont avec.
La seule chose que je n'assume pas c'est les sentiments que j'ai éprouvé à l'égard de Jules.
Les sentiments qui surviennent quand j'observe cette peluche.
Je me déteste de ressentir ces émotions alors que j'ai un petit ami fabuleux qui mérite tout mon cœur et non pas une partie qui est destiné à un fantôme du passé.
Je dois trouver à tout prix une manière d'effacer ces sentiments. Il faut que je me guérisse, il faut que je trouve une solution pour régler ce problème.
Léo a besoin de moi, il a besoin de tout mon amour et mon soutien. Il faut que je sois là pour lui, lui qui a tant répondu présent quand j'étais au plus bas.
Il faut que je me batte contre moi-même pour oublier les agissements de mon cœur envers Jules.
Il faut que j'arrête à tout prix mes agissements. Il n'y a pas d'histoire possible entre nous deux. Il n'y en a jamais eu et il n'y en aura jamais.
Je pensais mettre fait à l'idée. Je pensais l'avoir accepté et avoir tourné la page. Je pensais que toute mon attention et tout mes sentiments étaient destinés à Léo que j'aime énormément.
Mais revoir cette foutu peluche m'a fait revenir à la réalité que je me cachais car je ne voulais pas le voir.
Je voulais croire que Jules c'était de l'histoire ancienne et je le pensais réellement.
Je voulais le croire du plus profond de mon cœur.
Je voulais croire que j'étais assez fort pour surmonter tout cela. Mais apparemment ce n'est pas le cas.
Il va falloir que je fasse un gros travail sur moi pour parvenir à me le faire sortir de ma tête, de mon cœur, de ma vie. Il n'y a plus qu'une seule chose à faire pour que tout s'arrange.
Il faut que j'accepte de l'oublier. Et la seule façon d'y parvenir c'est de ne plus le voir.
De ne plus donner l'occasion à mon cœur de s'emballer en le voyant.
Il faut que je le supprime de ma vie, c'est le mieux pour tout le monde. C'est le mieux pour moi et pour Léo.
Il faut que je pense à mon copain qui est à une phase de sa vie qui est déterminante et qui a besoin de tout mon soutien. Je ne peux pas laisser une vieille histoire tout gâcher.
Léo compte trop à mes yeux pour que je le laisse tomber.
Même si cela me crève le cœur de ne plus revoir Jules après l'avoir retrouvé après toutes ces années. Je sais que c'est la bonne décision à prendre. C'est la seule possible.
Il ne peut pas me donner ce que je lui demande. Il ne pourra jamais alors que Léo lui en est capable. Il a le pouvoir de me rendre heureux, ce que Jules ne sera jamais capable de faire entièrement.
J'ai été heureux de revoir Jules, sincèrement. J'espère qu'il prendra soin de lui, je sais qu'il fera de grandes choses. Il a une vie déjà comblée avec pleins d'amis et une superbe copine, je suis persuadé qu'un ami en moins ne fera pas la différence concernant son futur.
Mais moi son absence fera toute la différence. Il me permettra d'avoir accès à un bonheur qui avec lui m'ai refusé. Il me permettra de m'envoler pleinement sans un regard en arrière.
Sans me remémorer de toutes mes fêlures du passé, je n'aurais pas d'autre choix que d'avancer.
~•~•~•~
Voilà le 11ème chapitre !
Alors vous vous attendez à cette décision de la part d'Aloïs ?
Pensez-vous qu'il a fait le bon choix en supprimant Jules de sa vie ?
Dites moi tout en commentaires ;)
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